• Samedi 16 juillet, la Macédoine du Nord a ratifié un protocole d’accord commun pour régler le différend linguistique et historique qui opposait Sofia et Skopje. La France, qui présidait le Conseil de l’Union européenne du 1er Janvier au 30 juin 2022, a grandement participé à la recherche d’un compromis entre les deux parties afin de lever le veto bulgare sur l’ouverture des négociations d’adhésion de la Macédoine du Nord1.
  • Le protocole commun a été voté par 68 députés sur 120 au Parlement macédonien. Le Premier ministre social-démocrate, Dimitar Kovachevski, a salué le choix “d’un avenir européen” fait par les députés, malgré la vive opposition de la droite nationaliste, de la gauche radicale et de manifestants présents à l’extérieur du Parlement. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, s’était rendue à Skopje le 14 juillet pour promouvoir l’accord négocié sous l’égide de la France, entre la Bulgarie et la Macédoine du Nord. Malgré le vote d’une motion de censure contre le gouvernement de Kiril, le Parlement bulgare a également ratifié le protocole commun le 24 juin
  • L’accord commun entre la Bulgarie et la Macédoine du Nord doit conduire à l’inscription de la particularité linguistique et historique de la minorité bulgare de Macédoine du Nord dans la Constitution macédonienne, et doit faciliter la pleine application d’un accord d’amitié entre les deux pays signé en 2017. En contrepartie, la langue macédonienne devra être reconnue comme langue officielle dans l’Union européenne.
  • La présidence tchèque du Conseil de l’Union s’est félicitée de cette avancée diplomatique, l’une de ses priorités. L’Albanie, dont l’ouverture des négociations d’adhésion était liée à celle de la Macédoine du Nord, pourra aussi commencer officiellement à négocier son adhésion à l’Union européenne. L’Albanie et la Macédoine du Nord avaient obtenu le statut de candidat officiel depuis 2014 et 2005 respectivement. La Macédoine du Nord avait d’ailleurs dû changer de nom — de Macédoine à Macédoine du Nord — en 2018 pour lever le veto grec. La longue attente de ces deux pays avait suscité des tensions au sommet UE-Balkans du 22-23 juin dernier, alors que l’Ukraine et la Moldavie avaient obtenu le statut de candidat officiel à l’Union, seulement trois mois après leur demande d’adhésion
  • Lundi 18 juillet, les 27 membres de l’Union ont officiellement décidé à l’unanimité d’ouvrir les négociations d’adhésion des deux pays2. Les dirigeants albanais et macédonien, Edi Rama et Dimitar Kovachevski, se rendent aujourd’hui à Bruxelles pour marquer le début des discussions. Néanmoins, les négociations d’adhésion s’annoncent difficiles. La réforme de la Constitution macédonienne nécessitera un vote des deux tiers du Parlement. Les dirigeants du parti nationaliste, VMRO-DPMNE — principal opposant du gouvernement au Parlement avec 36 députés — ont récemment qualifié le Premier ministre macédonien de “traître”3.
Sources
  1. Marton Dunai, « North Macedonia approves EU proposal to start accession talks », The Financial Times, 16 juillet 2022.
  2. « EU starts membership talks with Albania, North Macedonia », The Washington Post, 19 juillet 2022.
  3. « The traitor Kovacevski will go to prison for what he is doing to Macedonia and the people », Republika English, 15 juillet 2022