• Lors de sa conférence de presse sur les priorités de la présidence française du Conseil du 9 décembre 2021, le président Macron a annoncé l’organisation d’une conférence pour les Balkans occidentaux, dont l’objectif était de montrer le réengagement de l’Union dans la région, notamment sur les questions d’économie, de transition énergétique et de mobilité. 
  • Cependant, dans le contexte de la guerre en Ukraine, l’objectif de la rencontre qui a eu lieu hier, en amont du Conseil, était surtout de lever le veto de la Bulgarie à l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Macédoine du Nord, ce qui aurait également permis l’ouverture des négociations avec l’Albanie. Dans un premier temps, la levée du veto, que le gouvernement bulgare était prêt mettre en œuvre, a été mise en péril par le vote de confiance qui a eu lieu mercredi. Dans un second temps, le Parlement bulgare a finalement accepté de voter ce vendredi en faveur d’une levée du veto, en raison d’un changement de position du principal parti d’opposition, GERB (Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie). Emmanuel Macron a déclaré que « la présidence française du Conseil travaillera dans les prochaines heures pour traduire ce texte en un accord au niveau européen ».
  • Selon le compromis proposé, Skopje doit s’engager à modifier sa Constitution pour inclure les Bulgares dans les groupes ethniques reconnus par la Macédoine du Nord et mettre en place un traité d’amitié de 2017 visant à supprimer les discours de haine. Les contentieux restent cependant nombreux et le premier ministre macédoinien, Dimitar Kovachevski, jugeait encore hier inacceptable cette forme de compromis. La Macédoine du Nord avait déjà dû satisfaire les exigences de la Grèce et changer de nom en 2018 pour espérer intégrer l’Union.
  • L’obtention en moins de quatre mois, du statut de candidat officiel à l’adhésion de l’Ukraine et de la Moldavie suscite malentendus et incompréhensions. La Serbie et le Monténégro avaient respectivement attendu trois ans (2009-2012) et deux ans (2008-2010) avant d’obtenir le statut de candidat officiel. De son côté, la Macédoine du Nord est candidate officielle depuis dix-sept ans (2005) et l’Albanie depuis huit ans (2014), comme l’a rappelé amèrement le président albanais, Edi Rama à la fin du sommet Union-Balkans, avant d’ajouter espérer que le “peuple ukrainien ne se fasse pas d’illusions”1
  • Par ailleurs, la Serbie et le Monténégro voient leurs négociations au point mort, avec seulement  2 chapitres sur 35 de négociations clôturés pour la Serbie et 3 sur 33 pour le Monténégro. La Serbie et l’Union sont également dans une impasse en ce qui concerne la reconnaissance du Kosovo – condition inscrite au chapitre 35 pour l’adhésion de la Serbie à l’Union –, mais également en ce qui concerne les sanctions européennes contre la Russie.
  • Avec la levée du veto de la Bulgarie, l’Albanie, dont le processus d’adhésion est liée à celui de la Macédoine du Nord, verra ses négociations officiellement ouvertes3. Le premier ministre Edi Rama, s’en est félicité aujourd’hui, en remerciant le chef de l’opposition bulgare et ancien premier ministre, Boïko Borisov.