- L’accord UE-Chine avait été signé en urgence fin 2020 sous la présidence tournante allemande de l’Union, avec le soutien appuyé d’Angela Merkel, malgré le contexte déjà connu et médiatisé de la répression des Ouïghours au Xinjiang et la mise en place, en juin 2020, de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, qui a rendu caduque le principe « d’un pays, deux systèmes ».
- L’accord avait pour objectif d’atteindre une meilleure réciprocité entre les investissements chinois en Europe et les investissements européens en Chine. Ces derniers sont encore fortement contrôlés par le pouvoir central chinois, et le transfert de technologie forcé a souvent nuit aux entreprises ayant obtenu l’autorisation d’investir en Chine. L’accord portaient en particulier sur l’industrie manufacturière, le secteur automobile, le secteur financier, la recherche et le développement dans les secteurs biologiques ou encore les services informatiques.
- Néanmoins, comme pour tout accord commercial négocié par la Commission et approuvé par les États membres, le Parlement européen devait ratifier le texte. Or, en mai 2021, les sanctions européennes contre des responsables impliqués dans la répression des Ouïghours, doublées des contre-sanctions chinoises, ont poussé le vice-président exécutif de la Commission, Valdis Dombrovskis, à considérer le moment « peu propice » à la ratification de l’accord.
- Le 21 mai, les eurodéputés votaient ensuite à une large majorité — 599 voix pour, 30 contre et 58 abstentions — le gel de la ratification du traité, tant que de nouvelles garanties plus solides sur le travail forcé n’étaient pas incluses dans celui-ci. Si l’accord est aujourd’hui au point mort, a fortiori en raison des positions chinoises face à la guerre en Ukraine, l’Union européenne et la Chine conservent néanmoins de fortes relations économiques puisqu’elles sont le premier partenaire commercial l’une de l’autre.
- Les relations se sont pourtant tendues entre la Chine et un membre de l’Union en particulier, la Lituanie, au cours de l’année dernière. Vilnius venait d’ouvrir, en mai 2021, un bureau de représentation de commerce de Taïwan qui a provoqué une réaction agressive de la Chine — cette dernière considérant Taïwan comme une partie intégrante de son territoire. Pékin a ensuite commencé à bloquer les importations lituaniennes sur son marché, et a poussé les multinationales à retirer leurs composants lituaniens pour pouvoir continuer à avoir un accès au marché chinois.
- Le 27 janvier 2022, l’Union européenne a saisi l’OMC pour dénoncer les pratiques commerciales déloyales de la Chine envers la Lituanie, qui menacent l’intégrité du marché unique européen. Enfin, la Lituanie a quitté en mai 2021 le groupe informel 17 +1 (faisant passer celui-ci à 16) rassemblant la Chine, de nombreux pays d’Europe centrale et orientale ainsi des pays des Balkans occidentaux.
- Le sommet Union Chine d’avril 2022 n’a pas permis de relancer le traité sur les investissements, alors que les deux parties avaient négocié ce traité pendant sept ans, entre 2013 et 2020. En somme, la Chine est bien un « partenaire » pour l’Union, mais elle se présente aussi comme « un rival systémique », comme l’avait défini la Commission en mars 2019. L’abstention de la Chine lors du vote aux Nations unies sur la résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie est un signe de plus qui témoigne des positions divergentes de l’Union et de la Chine en matière de politique étrangère, rendant de facto les relations commerciales ainsi que les investissements plus difficiles.