• Les ministres des Finances de la zone euro discutent aujourd’hui des évolutions macroéconomiques dans l’Union européenne et débattront des mesures appropriées à prendre, en mettant l’accent sur les politiques budgétaires. Les discussions porteront aussi sur le renouvellement du poste de directeur général du Mécanisme Européen de Stabilité (MES). Enfin, les plans budgétaires actualisés pour l’année 2022 de l’Allemagne et du Portugal seront analysés à partir de l’avis rendu par la Commission. 
  • Les prévisions initiales de reprise économique post-pandémie ont été revues à la baisse à cause des conséquences de la guerre en Ukraine. Les prévisions de croissance dans l’Union sont maintenant de 2,7 % en 2022 et 2,3 % en 2023 — contre 4 % et 2,8 % dans les dernières prévisions précédant la guerre en Ukraine. La Commission précise que ces prévisions restent marquées par une forte incertitude concernant l’évolution de la situation géopolitique et de ses conséquences économiques.
  • Les prévisions d’inflation ont, elles, été revues à la hausse. L’inflation dans la zone euro est prévue à 6,1 % en 2022 et 2,7 % en 2023 — contre 3,5 % et 1,7 % respectivement dans les dernières prévisions de février 2022. Alors qu’une hausse des taux d’intérêt n’était pas à l’ordre du jour au début de l’année, la BCE devrait pour la première fois, depuis 2011, relever ses taux directeurs en juillet pour tenter de freiner l’inflation au sein de l’UE. Cette remontée des taux est périlleuse car elle pourrait aussi freiner la croissance — qui a déjà été revue à la baisse — et augmenter les écarts de taux d’intérêts sur les dettes publiques, le spread, entre les pays de la zone euro. 
  • Les règles budgétaires du Pacte de stabilité ne devraient finalement pas être remises en place l’année prochaine, contrairement à ce qui était prévu, en raison de la situation économique incertaine et du retour de l’inflation. La suspension du Pacte devrait donc durer jusqu’en 2024.
  • Le ministre fédéral allemand des Finances, Christian Lindner, a cependant déclaré samedi dernier, dans le Financial Times, que ce prolongement ne devait pas être considéré comme une première étape vers une réforme du Pacte de stabilité, et a réaffirmé sa position en faveur d’un arrêt de la politique budgétaire expansionniste menée par les États membres et de la réduction rapide de la dette publique1. C’est une position qu’il avait déjà exprimée en février dernier, dans une forme de réponse à la tribune conjointe de Mario Draghi et d’Emmanuel Macron, qui ont appelé en décembre 2021 à réviser les règles du pacte de stabilité budgétaire2.
  • Enfin, alors que le mandat de l’actuel directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES) touche à sa fin, quatre personnalités ont été suggérées par leurs gouvernements pour lui succéder.  Les ministres des Finances de la zone euro débattront sur celui qui viendra succéder à Klaus Regling — qui devra remporter 80 % des voix — le 16 juin prochain pour un mandat de cinq ans.
  • Les quatre candidats sélectionnés représentent l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal et le Luxembourg. L’Italie a proposé Marco Buti, ancien directeur général des Affaires économiques et financières à la Commission européenne de 2008 à 2019 avant de rejoindre le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni, en tant que chef de cabinet. Le gouvernement néerlandais a quant à lui proposé Menno Snel, secrétaire d’État aux Finances de 2017 à 2019 et le Portugal João Leão, ministre des Finances du gouvernement Costa de 2020 à mars 2022. Enfin, le quatrième candidat sera le luxembourgeois Pierre Gramegna, également ancien ministre des Finances, en poste de 2013 à janvier 2022.  
Sources
  1. Guy Chazan, « German finance minister urges EU to rein in public spending », The Financial Times, 21 mai 2022.
  2. Mario Draghi et Emmanuel Macron, « Mario Draghi and Emmanuel Macron : The EU’s fiscal rules must be reformed », The Financial Times, 23 décembre 2021.