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  • Le jeudi 7 avril, Pedro Sánchez s’est rendu avec José Manuel Albares, le ministre espagnol des Affaires étrangères, à Rabat, où ils ont rencontré le roi du Maroc Mohammed VI. L’objectif de cette visite était de consolider la position de l’Espagne, qui a ouvert une nouvelle séquence dans les relations entre les deux pays. 
  • Cette nouvelle position représente un revirement dans la politique étrangère de l’Espagne, qui, pendant les presque 50 ans du conflit du Sahara, a maintenu une position neutre alignée sur celle de l’ONU. 
  • La proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara fait référence à celle présentée à l’ONU en 2007. Le territoire saharien ferait partie de l’État marocain en échange de certaines concessions d’autonomie, telles que certains pouvoirs administratifs, législatifs et exécutifs. La proposition n’envisage pas l’option de l’indépendance, ni la possibilité d’un référendum.
  • Le Sahara est devenu une colonie espagnole après la conférence de Berlin (1885), et même à cette époque, la question de la frontière posait problème, car le Maroc et la Mauritanie considéraient tous deux que le territoire leur appartenait.
  • Cependant, le problème qui perdure aujourd’hui a commencé avec le processus de décolonisation. L’Espagne a lancé les procédures pour un référendum sur l’indépendance du peuple sahraoui en 1974. Cependant, le référendum n’a jamais eu lieu, car le Maroc a fait irruption en revendiquant le territoire. En 1975, un accord tripartite a été signé par lequel l’Espagne s’est retirée du territoire, le cédant au Maroc et à la Mauritanie. 
  • Commence alors la guerre du Sahara, qui durera jusqu’en 1991, et opposera le Front Polisario, favorable à l’autonomie et à l’indépendance du Sahara, aux forces armées du Maroc et de la Mauritanie.
  • Le retrait de l’Espagne n’impliquait pas la décolonisation, et le Sahara a donc été placé sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU en attendant la décolonisation. Il figure toujours sur la liste aujourd’hui, avec dix-sept autres territoires. Etant donné le fait que l’Espagne a rejeté son obligation administrative et que le Maroc le considère comme faisant partie de son État, le Sahara est le seul territoire de la liste qui, de jure, n’a pas d’administration.
  • Depuis la transition espagnole, les gouvernements démocratiques successifs ont renié les accords tripartites et assumé une responsabilité non résolue. Malgré cela, l’Espagne n’a jamais pris position, la cordialité et les bonnes relations avec ses voisins marocains et algériens – pro-Saharawi – ayant prévalu. Les raisons en sont multiples : relations économiques, coopération migratoire, coopération policière avec le Maroc, gaz algérien. 
  • Ce changement de politique étrangère est dû, avant tout, à la grave crise diplomatique que les deux pays connaissent depuis l’année dernière. Le Maroc avait exigé de l’Espagne une plus grande détermination dans sa position sur le Sahara et, après l’accueil de Brahim Gali, leader du Front Polisario, dans un hôpital de Logroño, les relations se sont tendues. Le point culminant du conflit s’est matérialisé lorsque les autorités marocaines ont autorisé l’entrée non réglementée de 10 000 migrants à Ceuta pendant la pandémie.
  • A la suite de la visite espagnole à Rabat, le rétablissement des relations bilatérales et le début d’une nouvelle étape basée sur « la communication permanente, la transparence, le respect mutuel et le respect des accords signés » a été confirmé. Pour l’heure, les travaux ont commencé sur une feuille de route qui prévoit, entre autres, le retour à la normale des frontières de Melilla et Ceuta. De même, il a été convenu qu’un sommet bilatéral se tiendrait à la fin de cette année. 
  • Quant à la communauté internationale, des pays comme les États-Unis, la France et l’Allemagne ont déjà soutenu la proposition d’autonomie marocaine. Même l’ONU a commencé à parler de « recherche de solutions réalistes », prenant ses distances par rapport à l’indépendance des Sahraouis comme option viable. L’UE a soutenu la nouvelle position de l’Espagne. Même si elle s’était déjà positionnée en faveur de la proposition marocaine en 2019 en la qualifiant d' »effort sérieux et crédible ».
  • Malgré le positionnement politique international en faveur de Rabat, le statut juridique du territoire sahraoui en attente de décolonisation reste inchangé. Selon la résolution 690 des Nations unies, le peuple sahraoui a le droit à l’autodétermination et le choix entre l’indépendance ou l’intégration au Maroc. 
  • De son côté, le Front Polisario a critiqué publiquement la position espagnole, accusant le gouvernement de succomber aux pressions marocaines et considérant que « l’autonomie est une option, mais pas une solution, qui doit être basée sur le choix du peuple sahraoui ». Il existe un risque que ces actions incitent à la violence, à laquelle le Front Polisario n’a pas renoncé et qui est devenue latente avec le début des Confrontations du Sahara occidental en 2020. Le Secrétariat général du mouvement sahraoui a annoncé le 10 avril la suspension des contacts avec le gouvernement espagnol.
  • D’autre part, l’Algérie, un allié historique du peuple sahraoui, a également critiqué les actions de l’Espagne, soulevant des doutes quant à l’impact possible sur les relations entre les deux pays. 
  • Pour l’instant, le conflit du Sahara reste sans solution apparente. Pendant ce temps, le drame humanitaire persiste, avec des centaines de milliers de Sahraouis vivant dans des camps de réfugiés algériens. Ces camps sont situés dans des zones arides et survivent grâce à l’aide humanitaire internationale.