• Après la reconnaissance de l’indépendance des républiques séparatistes de Donetsk et Lougansk le 21 février par Moscou, l’Union a sanctionné les 351 membres de la Douma russe et restreint l’accès de la Russie aux marchés de capitaux européens. Les États-Unis ont restreint leur commerce avec les deux régions séparatistes et ont sanctionné deux banques nationales russes – VEB et PSB – avant de sanctionner d’autres banques trois jours plus tard – VTB Bank, Otkritie, Novicom, et Socom. Le 22 février, l’Allemagne a décidé de suspendre le gazoduc Nord Stream 2. 
  • Mais c’est à partir du 24 février et de l’invasion de l’Ukraine que le processus d’adoption des mesures restrictives à l’encontre de la Russie s’est accéléré. Le 25 février, les avoirs de Vladimir Poutine et de Sergueï Lavrov ont été gelés et le 26 février, 300 milliards de dollars de réserves de change de la Banque centrale russe présentes dans des banques étrangères ont été bloqués. Le 28 février, sept banques russes – Bank Otkritie, Novikombank, Promsvyazbank, Bank Rossiya, Sovcombank, Vnesheconombank (VEB), et VTB Bank – étaient débranchées du système de messagerie international SWIFT par l’Union. 
  • Le 8 mars, Joe Biden a annoncé un embargo sur les importations d’hydrocarbure russe. L’Union européenne exclut, pour l’instant, des sanctions contre le secteur énergétique. La Commission européenne a présenté le 8 mars le plan Repower EU, qui vise à «  rendre l’Europe indépendante des combustibles fossiles russes bien avant 2030 ». Le plan prévoit de se passer de deux tiers des importations d’hydrocarbures russes d’ici à l’année prochaine grâce à une diversification des fournisseurs (États-Unis, Azerbaïdjan, Qatar, Algérie, Norvège…), au développement des énergies renouvelables et des terminaux méthaniers pour accroître les importations du gaz naturel liquéfié et aux économies d’énergies. 
  • Un quatrième train de sanctions contre la Russie a été adopté au niveau européen le 15 mars, qui cible les importations russes de fer et d’acier et les exportations de produits de luxe vers la Russie. Au total, 877 personnalités sont ciblées par les quatre trains de mesures restrictives décidées par l’Union.
  • La Biélorussie, qui appuie implicitement la Russie dans ses manœuvres militaires en Ukraine, a été sanctionnée par l’Union et les États-Unis. Le 24 février, les États-Unis ont sanctionné 24 personnes et entités biélorusses en lien avec le secteur de la défense et les institutions financières. Le 9 mars, l’Union européenne excluait trois banques biélorusses – Belagroprombank, Bank Dabrabyt et la Banque de développement – du système SWIFT. 
  • Pour l’économie russe, les sanctions sont sans précédent. Pourtant, une grande partie des exportations russes en lien avec le secteur énergétique – 60 % du total des exportations – est épargnée pour le moment. Joe Biden s’entretient aujourd’hui avec le président chinois, Xi Jinping, au sujet de l’invasion de la Russie en Ukraine et de ses conséquences au niveau mondial. Si la Chine a fait savoir qu’elle ne voulait pas être affectée par les sanctions occidentales, le refus de condamner l’invasion est une source de frustration pour les responsables européens et américains. L’Inde, qui s’était également abstenue de condamner l’invasion, négocie déjà avec Moscou des contrats de pétrole à bas prix1.
  • Au niveau mondial, les sanctions économiques devraient ralentir la croissance et renforcer l’inflation. La croissance mondiale en 2022 devrait être amputée de 1,08 %, avec des pertes de croissance respective de 1,4 % pour la zone euro et 0,88 % pour les États-Unis. L’impact de la guerre et des sanctions sur l’augmentation des prix se situe autour de 2,03 % d’inflation supplémentaire en zone euro et 1,36 % aux États-Unis2. L’effet le plus important des sanctions est sans doute celui sur les prix agricoles. La Russie et l’Ukraine représentent 30 % des exportations de blé dans le monde. Selon l’OCDE3, les prix du blé ont augmenté de plus de 80 % et ceux du maïs de 40 % depuis janvier 2022. Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations unies, a déclaré qu‘il s’attendait à « un ouragan de famines » dans le monde. Il a précisé que «  quarante pays africains et pays les moins avancés importent au moins un tiers de leur blé d’Ukraine ou de Russie – 18 de ces pays en importent au moins 50 %. Cela comprend des pays comme le Burkina Faso, l’Égypte, la République démocratique du Congo, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen ».