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Key Points
  • La possibilité d’une pause russe pendant quelques jours existe, avant de renouveler les attaques limitées sur Kiev. En attendant, les efforts se poursuivent sur Chernihiv et surtout Soumy.
  • L’inadéquation totale des moyens russes avec le combat urbain est patente, dans un pays où le maillage urbain est, précisément, très important – une ville de 10 000 habitants tous les 20 kilomètres, une de 100 000 ou plus tous les 100 kilomètres.
  • De part et d’autre, les appels à volontaires étrangers se multiplient. Les Ukrainiens parlent de 20 000 volontaires dans 82 pays. La Russie fait quant à elle appel à 16 000 combattants du Moyen-Orient (Syrie, Irak). L’internationalisation du conflit se fait « par le bas », sans l’implication officielle des États.

La version d’hier est disponible ici. L’archive des analyses quotidiennes de Michel Goya est disponible à ce lien.

Situation générale

La progression des forces russes est très lente. Elles se trouvent pour l’instant en incapacité de prendre Kiev avec les moyens et les méthodes actuels ; l’ensemble de ses sièges sont ralentis.

Situation par zone

Zone Ouest

La situation générale reste inchangée. Si la 35e Armée commence se débloquer mais nous ne savons pas pour l’instant où vont ses forces, sans doute vers l’Est avec la 36e Armée.

Zone Kiev

Dans le secteur Nord, la résistance de Chernihiv et de la poche de Nyzhim, face à la 41e Armée (forte de 10 GTIA) et la 2e Armée de la Garde (AG), forte de 10 GTIA, tient encore NOTEUn groupement tactique interarmes, ou GTIA est composé d’entre 500 et 1000 hommes et d’environ 100 blindés (chars-infanterie-artillerie)NOTE.

À l’Est de la capitale, avec 24 groupements tactiques interarmes (GTIA), la 1ère ABG est la plus puissante armée russe en Ukraine, mais ses forces sont dispersées. Un tiers est autour de Soumy, un tiers sur l’axe Soumy-Kiev et un tiers à l’Est de Kiev. L’attaque dans la région de Skubyn-Brovary (à 20 km à l’est de Kiev) a vraisemblablement été repoussée.

À l’Ouest de Kiev, l’effort de la 36e Armée (forte de 18 GTIA) en direction d’Irpin avec une  infanterie d’élite (76e Division aéroportée, DA, 98e DA , 31e Brigade d’assaut par air ou BAA) se poursuit, mais avec peu de succès.

La progression – limitée pour l’instant – vers le Sud et le Sud-Ouest de Kiev pour couper les sorties de la ville avec 4 GTIA, reste la principale menace. La possibilité d’une pause russe pendant quelques jours existe, avant de renouveler les attaques limitées sur Kiev. Les efforts se poursuivent sur Chernihiv et surtout Soumy.

Zone Est 

À l’Est de l’Ukraine, la 6e (composée probablement de 10 GTIA), la 20e (peut-être 8 GTIA) et la 8e Armée (peut-être 10 GTIA) sont à la manœuvre.

L’effort russe est porté sur la région d’Izium, afin de joindre les zones d’action des trois armées et d’encercler les forces ukrainiennes. Une importante contre-attaque ukrainienne est portée dans la région de Kharkov.

Zone Sud-Est  

On assiste à une poussée des 1ers corps d’armée (les milices de Donetsk) et des 2e CA (milices Louhansk) le long de la zone de contact. Le 1er CA tente de prendre contact avec la 58e Armée (forte de 18 GTIA) sur l’axe Donetsk-Zaporijia. Les forces ukrainiennes résistent et opposent aux Russes sur le front Sud-Est une pression importante.

Zone Sud-Ouest 

Les opérations de la 49e Armée se déplacent vers l’Ouest. Elles sont bloquées à Mykolaev mais progressent au Nord vers Vozesensk. En Transnistrie, la 14e Armée se trouve très réduite en volume et sans vraie possibilité de manœuvre.

Hypothèses

Actuellement, trois hypothèses sont possibles :

  1. Un blocage généralisé de longue durée jusqu’à ce que l’un des deux camps dispose sur le long terme de suffisamment de ressources nouvelles pour relancer les opérations offensives victorieuses (cf. le précédent de 1918 sur le front Ouest).
  2. Un effet de cascade en faveur des Russes qui pourraient se matérialiser dans la séquence : prise d’une ville (Marioupol, puis Soumy, puis Chernihiv, puis Kharkiv), puis renforcements extérieurs permettent de couper forces Ukrainiennes du Dniepr et/ou de relancer le siège ou l’assaut de Kiev avec des forces suffisantes (cf. guerre en Syrie).
  3. Effondrement progressif de l’armée russe (cf. le scénario de 1917 sur le front Est).

Difficultés urbaines et internationalisation par le bas

Les Russes ont toujours une grande difficulté à organiser des opérations coordonnées de grande ampleur – au-delà de la brigade de 3 ou 4 GTIA.

L’inadéquation totale des moyens russes avec le combat urbain est patente, dans un pays où le maillage urbain est, précisément, très important – une ville de 10 000 habitants tous les 20 kilomètres, une de 100 000 ou plus tous les 100 kilomètres. Toute ville défendue fermement avec une infanterie nombreuse, motivée et bien armée – grande densité d’armes antichars portables – devient un problème difficile. L’armée russe, incapable de prendre d’assaut une ville, choisira de passer par une pression sur la population – en assiégeant et affamant.

De part et d’autre, les appels à volontaires étrangers se multiplient. Les Ukrainiens parlent de 20 000 volontaires dans 82 pays. La Russie fait quant à elle appel à 16 000 combattants du Moyen-Orient (Syrie, Irak). L’internationalisation du conflit se fait « par le bas », sans l’implication officielle des États.