À la recherche d’un coupable idéal ? Au-delà de La résistible ascension du néolibéralisme

Dans cette recension, l'économiste Guillaume Allègre ouvre une réflexion critique à partir de l'ouvrage de Bruno Amable, La résistible ascension du néolibéralisme. Plutôt que de simplement « penser contre », il appelle à dialoguer avec d'autres systèmes de pensée pour construire une réelle alternative au néolibéralisme.

Bruno Amable, La résistible ascension du néolibéralisme: Modernisation capitaliste et crise politique en France (1980-2020), Paris, La Découverte, «Economie politique», 2021, 368 pages, ISBN 9782348068904

Initialement publié en anglais en 2017, La résistible ascension du néolibéralisme de Bruno Amable, qui inclut un nouveau chapitre, retrace l’histoire de la «  néolibéralisation  » des politiques économiques en France entre 1980 et 20201. La thèse de l’auteur est celle de la responsabilité historique du Parti socialiste, découlant du choix en 1983 par François Mitterrand de la rigueur et de la construction européenne2. En conclusion, l’auteur retient ainsi deux dates charnières dans la transformation de l’économie politique française. 1983, soit le «  tournant de la rigueur  » ou le tournant européen impulsé par François Mitterrand. Cette date était déjà au cœur du livre L’illusion du bloc bourgeois, co-écrit avec Stefano Palombarini. La deuxième date est l’élection de François Hollande en 2012 qui marquerait la reconnaissance du choix des «  réformes structurelles  » et l’abandon du compromis avec les forces politiques situées à gauche. 

L’histoire racontée par l’auteur est séduisante. L’ouvrage est bien documenté, bien écrit, captivant et caustique. Outre la chronique politique émaillée d’anecdotes, l’ouvrage présente les résultats d’analyses post-électorales qui vont à l’encontre de certaines hypothèses contre-intuitives souvent relayées dans les médias : l’électorat d’extrême droite est assez proche de l’électorat de droite traditionnelle dans ses attentes  ; les extrêmes (droite et gauche) ne se touchent pas, les deux électorats ayant des valeurs différentes sur des points jugés essentiels  ; l’électorat centriste, anciennement de gauche ou de droite (le fameux «  bloc bourgeois  » plutôt aisé et éduqué) est très homogène mais sa base sociale est réduite  : le cœur du bloc ne représenterait que 13 % de l’électorat, et seulement 25 à 30 % avec ses périphéries  ; le bloc de gauche est lui traversé de contradictions majeures entre les classes populaires et les groupes sociaux hautement qualifiés en matière de réformes néolibérales et d’intégration européenne, ce qui obligerait la «  gauche de gouvernement  » à trahir ses promesses électorales une fois élue. En reformulant et en simplifiant, l’axe gauche-droite est ainsi toujours pertinent mais la gauche est divisée sur l’Europe et le néolibéralisme. 

L’ouvrage raconte une histoire politique. Le problème n’est pas tant ce qui est dans l’ouvrage que ce qui n’y est pas. Le schéma, puisqu’il est nécessaire de schématiser, est celui d’hommes politiques (ce sont surtout des hommes), entrepreneurs idéologiques, à la recherche d’une coalition sociale sur le marché électoral. Le livre ne montre que très peu de politique interne : le Parti socialiste (PS) n’a pas de conflit interne, de courants ou de congrès. L’ouvrage est sous-titré «  Modernisation capitalistique et crise politique en France  » mais la droite y est quasiment absente. Par construction, c’est une histoire française  : Clinton, Blair et Schröder n’apparaissent pas. D’ailleurs, Jospin, qui ne s’est pas associé à la «  troisième voie  » prônée par ces trois chefs de gouvernement (dont deux hors Zone Euro) est également quasiment absent. L’ouvrage s’occupe en fait, comme le souligne la 4ème page de couverture, du «  néolibéralisme de la deuxième gauche à Emmanuel Macron », soit dans l’ordre chronologique  : un Mitterrand dépassé conseillé par Jacques Delors, Michel Rocard (en pointillé), François Hollande puis Emmanuel Macron. C’est une histoire de dérive et de pente glissante. Il en existe d’autres où l’histoire n’était pas jouée d’avance (ce qui est aussi porteur d’espoir pour l’avenir). 

Outre la chronique politique émaillée d’anecdotes, l’ouvrage présente les résultats d’analyses post-électorales qui vont à l’encontre de certaines hypothèses contre-intuitives souvent relayées dans les médias.

guillaume allègre

L’auteur fait mine de trouver un paradoxe dans le fait que les deux dates charnières qu’il a choisies pour illustrer l’histoire du néolibéralisme en France concernent des gouvernements dits de gauche ou «  socialistes  » mais il n’y a aucun paradoxe dans la mesure où l’ouvrage n’est pas une histoire de la néolibéralisation du capitalisme français mais celle du Parti socialiste et de la deuxième gauche néolibérale  : autrement pourquoi faire commencer cette histoire à la veille de l’élection de François Mitterrand  ? Les dates, les faits que l’on choisit de présenter dépendent de l’histoire que l’on veut raconter. Une autre histoire du néolibéralisme aurait pu choisir comme dates charnières 1974 et 2017  : deux jeunes candidats, inspecteurs des finances anciennement ministres de l’Economie, se présentent à l’élection présidentielle dans le contexte d’un président sortant empêché (l’un définitivement), comme centriste, européen, libéral, moderne, en jouant tous deux le centre contre les extrêmes3. Libéraux, ils personnifient l’élection en jouant chacun de leurs initiales (VGE, EM). Ils font ensuite passer une partie des politiques libérales sur lesquelles ils ont été élus. Un chapitre de l’ouvrage est consacré à Macron, mais bien que Giscard soit clairement dépeint comme néolibéral, les politiques publiques mises en place durant sa présidence ne sont pas détaillées. Or, on peut arguer que le vrai tournant européen et libéral a lieu durant la présidence de Giscard, notamment avec la mise en place du Système monétaire européen  : le contrôle des prix est supprimé durant le septennat ; le CDD est instauré  ; Barre n’a pas attendu 1983 pour mettre en place des politiques d’austérité. Mais contrairement à Macron, Giscard a été élu avec les voix du bloc traditionnel de droite dans le contexte d’un clivage gauche-droite non bouleversé4. Cette histoire de libéraux qui accèdent au pouvoir de façon transparente intéresse moins l’auteur que celle de la trahison du Parti Socialiste. Pour comprendre cette approche, il faut accepter l’idée qu’une idéologie deviendrait dominante ou hégémonique lorsqu’elle est acceptée par l’opposition, lorsqu’elle concède en quelque sorte la bataille culturelle, d’où l’appel subliminal à la résistance («  la résistible ascension  »)5. Le problème c’est que l’histoire racontée est moins celle de la néolibéralisation du PS, que celle de la deuxième gauche néolibérale. Or, la première gauche est également absente. Les conflits internes au PS n’intéressent pas l’auteur  : Aubry est quasiment absente de même que les frondeurs. En l’absence de la droite, la figure du néolibéralisme n’est plus Friedman, Pinochet ou Thatcher mais Jacques Delors, probablement le personnage clé de l’ouvrage, celui qui fait le lien entre Mitterrand et Hollande6.

Parmi ce qui n’est pas dans l’ouvrage, le plus important est une définition suffisamment précise, discriminante et opératoire du néolibéralisme. Soyons clairs  : un terme utilisé de façon disqualifiante et avec des frontières floues est un outil politique servant à désigner l’adversaire plutôt qu’un objet analytique. Mon idée n’est pas de dire que «  le néolibéralisme n’existe pas  », dans le sens ou il ne s’agit pas de nier la réalité que ce terme tente de décrire, ni de dire que le terme néolibéral n’est jamais utilisé de façon utile et rigoureuse7, mais de souligner la faiblesse de l’argument principal de l’ouvrage qui procède par amalgame, et, par extension une certaine critique anti-néolibérale. 

Le terme est ici utilisé de manière suffisamment englobante pour pouvoir y inclure Mitterrand et Rocard, Hollande et Hamon8. Pour un ouvrage titré sur le néolibéralisme9, un début de définition n’arrive qu’en page 85  : «  Dans une société néolibérale, le rôle de l’État consisterait à fixer les règles et à intervenir en permanence pour préserver un ordre concurrentiel de marché, régulé par le mécanisme de prix  ». Cette définition, qui apparaît relativement précise, pose plusieurs problèmes, bien qu’une version de cette définition soit apparemment communément admise aujourd’hui par différents penseurs du néolibéralisme.  

Parmi ce qui n’est pas dans l’ouvrage, le plus important est une définition suffisamment précise, discriminante et opératoire du néolibéralisme.

guillaume allègre

La définition proposée n’est en un sens pas très discriminante et ne permet pas de tracer des frontières objectives au néolibéralisme. L’école néoclassique, et, d’ailleurs, le libéralisme classique, mettent déjà en avant concurrence, marché et prix. Le néo de néolibéralisme entendait alors s’opposer au laisser-faire en mettant en avant le rôle de l’État, mais cette dimension d’économie politique était déjà présente… chez Adam Smith. L’idée que les marchés concurrentiels ont besoin de l’intervention de l’État et notamment de la protection des droits de propriété n’est une idée nouvelle ni en 1930 ni en 1970. Friedman et Hayek eux-mêmes ont refusé de se dire néolibéraux, revendiquant un libéralisme classique. Aussi, il existe une ambiguïté sur le caractère néolibéral de certaines politiques alors même qu’elles sont très proches de la définition du néolibéralisme utilisée dans l’ouvrage. Ce dernier mentionne d’ailleurs les débats initiaux sur les lois anti-trust entre d’une part les pro-business et d’autre part les pro-concurrence. De même, l’introduction d’une taxe carbone serait-elle néolibérale  ? Pour l’auteur de l’ouvrage, peut-être, mais est-ce clair pour tous ses lecteurs  ? Il y a peu de politiques qui correspondent aussi bien aux caractéristiques associées au néolibéralisme (concurrence, mécanisme de prix, intervention de l’État pour créer un marché inexistant…). Il existe une critique anti-néolibérale des taxes carbones et certains arguments sont pertinents. Pourtant, lorsqu’on pense néolibéralisme, la taxe carbone n’est pas ce qui arrive en tête en premier, peut-être parce qu’elle n’est pas considérée à gauche comme étant entièrement négative. En fait, s’il existe une spécificité dans le néolibéralisme, elle ne peut se résumer en une phrase, ce qui pose problème si le terme est utilisé pour disqualifier telle ou telle politique10

La définition, à l’image de l’usage actuel du terme néolibéralisme, est péjorative. L’État intervient ainsi «  en permanence  », ce qui ne semble pas souhaitable à priori. Surtout, malgré les apparences et la présence de deux institutions (l’État et le marché), la définition décrit deux fondamentalismes (ou excès). Premièrement, le commun, le social, ne sont pris en charge que par le marché. Deuxièmement, dans cet objectif, l’État a les pleins pouvoirs. L’État ne tempère pas le marché, de même que le marché ne tempère pas l’État. C’est le message principal de la critique anti-néolibérale actuelle (caricaturé  : L’État comme instrument de la destruction du commun). Mais personne ne s’en revendique et pour cause  : décrit comme cela, le néolibéralisme n’est attirant pour personne. Pour reprendre un terme de Serge Audier, néolibéralisme est aujourd’hui un mot épouvantail. Comme Lagasnerie l’admet, pour la gauche radicale, penser, c’est penser contre le néolibéralisme11. Le néolibéralisme est ainsi défini comme l’adversaire, le monstre sans tête. Le travail intellectuel de la gauche radicale et de la pensée critique consiste alors à trouver un sens à la critique du néolibéralisme, et donc se définir contre un adversaire polymorphique12. C’est compréhensible en termes politiques mais pose un problème analytique puisqu’un terme doit avoir une définition stable et des caractéristiques qui ne se contredisent pas. Aujourd’hui les penseurs du néolibéralisme ne sont pas Friedman ou Hayek mais Foucault et Bourdieu, Foucault utilisant le terme de façon non péjorative. Sans faire une archéologie complète de la critique anti-néolibérale, on peut tout de même souligner des incohérences. Chez Foucault dans son fameux cours au Collège de France (1978-1979), le néolibéralisme se caractérise par la redéfinition de l’Homo oeconomicus comme «  entrepreneur de lui-même  ». De là découle l’idée de l’éducation comme «  capital humain  ». La critique (finalement assez explicite) est de plusieurs ordres  : l’individualisation (notamment des risques sociaux), l’économisme (l’application de la rationalité économique à des sujets divers tels l’éducation et le mariage), l’idée que la concurrence sur le marché est la forme la plus efficace de coordination13. Or, l’Homo oeconomicus entrepreneur a encore plus besoin de l’État que son prédécesseur (marginaliste) dans la mesure où l’entreprenariat nécessite des lois qui s’adaptent continuellement au contexte. Mais contrairement à la définition actuelle du néolibéralisme où l’État est tout-puissant au service du marché, Foucault souligne que la grille économique, la rationalité de marché, s’impose également à l’action publique  : «  Là, on retourne le laissez-faire en un ne-pas-laisser-faire le gouvernement, au nom d’une loi du marché qui va permettre de jauger et d’apprécier chacune de ses activités. Le laissez-faire se retourne ainsi, et le marché n’est plus un principe d’autolimitation du gouvernement, c’est un principe qu’on retourne contre lui  » (p. 253)14. Autrement dit, la rationalité de marché tempère la raison d’État. C’est d’ailleurs ce qui plaît peut-être à Foucault dans le néolibéralisme  : c’est une critique de l’étatisme. Au contraire, chez Harvey par exemple le néolibéralisme peut justifier la guerre en Irak, la dictature de Pinochet et l’autoritarisme de Thatcher15. De même, chez Barbara Stiegler (2020), les néolibéraux tentent d’utiliser la puissance de l’État pour réadapter la population à une compétition darwinienne. Foucault dit tout à fait l’inverse  : les néolibéraux prennent l’Homo oeconomicus comme il est, et n’essayent pas d’en faire un homme nouveau (au contraire des nazis et des soviétiques). On pourrait souligner que Foucault n’a pas vu 2021 et la pratique des néolibéraux depuis 30 ans. Mais comment une doctrine qui n’est plus soutenue par personne depuis des dizaines d’années peut-elle évoluer  ? Qu’est-ce qui a changé en 30 ans, le néolibéralisme, la critique anti-néolibérale, l’adversaire des anti-néolibéraux ou leur stratégie politique  ? Si l’on accepte l’idée des deux vagues de néolibéralisme (Reagan/Thatcher/Pinochet puis Blair/Clinton/Schröder), notons que la France se démarque de ce modèle. Premièrement, au début des années 1980, Mitterrand est au pouvoir et n’a, à l’époque, jamais été associé à Reagan ou Thatcher. Dans les années 1990, Jospin est évidemment plus proche de Blair et Schröder que ne l’était Mitterrand de Reagan et Thatcher mais il s’en démarque dans les écrits et dans la politique menée (comme on le verra)  : comme le note l’ouvrage, Delors refuse en 1995 de représenter le PS faute de pouvoir imposer une ligne modernisatrice (néo-travailliste) au parti  ; il n’est donc pas étonnant qu’en 1997, Jospin ne soit pas élu et ne gouverne pas sur cette ligne. 

Le terme «  néolibéralisme  » dans l’ouvrage est utilisé comme une direction, pour caractériser des politiques publiques, plutôt qu’un idéal-type, de façon anhistorique et/ou décontextualisée. En soi, cela n’est pas un problème  : on a le droit de définir le néolibéralisme comme des politiques publiques mises en place par l’État, pro-concurrence et pro-marché. De plus, cette définition permet d’expliquer l’histoire par autre chose que l’histoire. Elle rend compte, pêle-mêle, de réformes dans la finance (années 80), sur le marché du travail ou dans l’éducation (années 2010). En cela, l’usage du terme néolibéralisme est relativement constant dans l’ouvrage, mais assez peu spécifique  : l’auteur aurait pu parler de politique pro-marché, pro-concurrence, et même libérale, sans perte de sens significative. Ces termes ont l’avantage d’être à la fois beaucoup moins péjorativement connotés, et de marquer une direction et non un idéal-type. Ces deux caractéristiques sont liées  : là où on se trouve compte beaucoup pour juger de la pertinence d’une direction. Plus de concurrence peut, dans certains contextes, être bénéfique à la fois pour les consommateurs et les salariés, potentiellement victimes d’entreprises seules pourvoyeurs d’emplois, au dépens des actionnaires. Le marché, et même la gouvernementalité néolibérale dans la définition non péjorative de Foucault, peut avoir des aspects émancipateurs dans la mesure où il permet l’expression de la pluralité, sans opération de police. Pour reprendre une expression Beckerienne et un thème cher à Foucault, la plupart d’entre nous jugeons positif qu’il existe un «  marché  » matrimonial plutôt que des mariages arrangés, l’interdiction du divorce, de l’adultère et de l’homosexualité. Le marché du travail – y compris le marché international des professeurs d’université – est concurrentiel, mais c’est peut-être un progrès, en termes de libertés individuelles, par rapport au féodalisme. La critique des politiques pro-marché ne peut donc être universelle  : elle doit être contextualisée. Le néolibéralisme tel qu’il est souvent entendu doit être historicisé  : il s’est construit, à l’origine, comme critique de la pensée keynésienne, puis du compromis d’après-guerre que l’on peut appeler «  social-démocrate  » ou d’économie sociale de marché. Il serait ainsi paradoxal, historiquement, que la critique anti-néolibérale en vienne à critiquer le compromis social-démocrate / keynésien16.

Le terme «  néolibéralisme  » dans l’ouvrage est utilisé comme une direction, pour caractériser des politiques publiques, plutôt qu’un idéal-type, de façon anhistorique et/ou décontextualisée.

Guillaume allègre

Sur le fond des politiques, non seulement la deuxième gauche défend un compromis, elle défend comme son nom l’indique un nouveau compromis, ce qui veut dire céder sur certains points pour obtenir d’autres avancées. Au lieu d’analyser les discours, regardons les politiques des gouvernements Rocard, qui parla en premier de la «  deuxième gauche  », puis Jospin qui tente une synthèse entre les différents courants du PS, dont la deuxième gauche, ainsi qu’avec les partis alliés à la gauche plurielle (dans un vrai esprit trans-courant). Sur le plan économique, sous le gouvernement Rocard (1988-1991), le revenu minimum d’insertion est créé en 1989, financé par le rétablissement de l’impôt sur la fortune. Il n’est en rien constructif de mettre un label néolibéral sur ces mesures afin d’éviter une discussion sur leur pertinence. La création de la CSG est un peu plus ambiguë  : d’une part, elle étatise le financement de la protection sociale, mais d’autre part elle fait rentrer dans l’assiette de ce financement les revenus du patrimoine et trouve un nouveau financement à la protection sociale, ce qui permet selon ses défenseurs de sortir un peu des débats sur son sous-financement. Bref, on peut discuter de la mesure, mais la qualifier de néolibérale aurait également pour effet de clore la discussion plutôt que de la stimuler, étant donné le caractère péjoratif du terme. En politique, le gouvernement fait voter les lois sur les financements des partis qui vont plutôt dans le sens d’une démocratisation. Mais il est vrai que le gouvernement Rocard est décevant par rapport à la promesse initiale de l’autogestion (promesse qui avait apparemment la sympathie de Foucault). Concernant le gouvernement Jospin, il y a eu certes les privatisations, mais aussi les lois sur la réduction du temps de travail (à laquelle le patronat et la droite s’opposèrent fortement et bien longtemps après leur application), la CMU, la loi sur la rénovation urbaine, la création du congé de paternité, et, en politique, les lois sur la parité et une loi sur le non-cumul des mandats qui vont dans le sens d’une plus grande démocratisation. Parler de néolibéralisme de façon univoque serait réducteur, ce que ne fait d’ailleurs pas l’ouvrage, qui prend plutôt le parti de ne pas vraiment traiter cette période durant laquelle Jean-Luc Mélenchon fut ministre délégué. L’ouvrage est peu avare en anecdotes mais les lecteurs étrangers n’apprendront pas que Martine Aubry, la fille de Jacques Delors, était la ministre du Travail et qu’elle était honnie du Medef et de la droite commerçante et bourgeoise pour avoir fait passer les «  35 heures  ». Or, Aubry comme Delors ont été proches de représenter le Parti Socialiste aux élections présidentielles. Cela va à l’encontre de la narration de la pente glissante puisque, par construction, une génération sépare Delors et Aubry. 

L’auteur choisit deux dates charnières dans l’histoire politique du capitalisme français (1983 et 2012). J’ai suggéré que l’on aurait pu en choisir deux autres (1974 et 2017), soit celles du libéralisme décomplexé plutôt que celles du libéralisme masqué. En fait, et pour rester plus proche de l’intention de l’auteur (je suis adepte d’un certain compromis), on peut aussi en choisir deux autres  : 1984 et 2014. Comme le souligne l’auteur, la base sociale du «  bloc bourgeois  », celle qui approuve les réformes néolibérales, est très faible. Comment est-il alors arrivé au pouvoir  ? L’ouvrage est un livre d’histoire politique mais néglige dans sa schématisation les institutions électorales françaises17, et notamment l’effet de l’élection présidentielle à deux tours suivie de législatives au scrutin majoritaire. Un tel système a tendance à créer des majorités fortes, d’un seul parti ou d’un seul courant. C’est ainsi qu’en 1984 les communistes quittent le gouvernement, ou plutôt refusent de rejoindre le gouvernement Fabius et qu’en 2014 les écologistes refusent de rejoindre le gouvernement Valls, sans empêcher la création de ceux-ci. Pire, en septembre 2014, la gauche du parti socialiste, qui avait obtenu plus de 40 % des voix au deuxième tour de la primaire, n’est pratiquement plus présente au gouvernement. Arnaud Montebourg, qui avait pourtant appelé à voter Hollande dès le deuxième tour de la primaire (et qui avait obtenu 3 fois plus de voix que Valls au premier tour), n’y est pas non plus : il est remplacé par Emmanuel Macron. En septembre 2014, Laurent Fabius, Premier ministre en 1984 du gouvernement de non-union, est numéro deux du gouvernement, et Ségolène Royal, ex-conjointe de François Hollande, numéro trois. Les hommes qui suivent par ordre protocolaire sont  : Michel Sapin, Jean-Yves Le Drian, François Rebsamen, Bernard Cazeneuve, Stéphane Le Foll, et Emmanuel Macron, soit, à part ce dernier, ses fidèles historiques. 

Une coalition politique qui représente environ la moitié du PS (le score cumulé de Hollande, Royal, Valls et Baylet est de 52 % au premier tour de la primaire) arrive ainsi à gouverner seule, alors que le représentant du parti obtient 30 % des voix au premier tour de la présidentielle, y compris le vote utile (la candidate écologiste, Eva Joly, n’obtient que 2,3 % des voix), soit un «  bloc électoral  » qui représenterait au plus 15 % de l’électorat18. Si cette coalition politique arrive à gouverner seule, c’est que les institutions de la Vème République le permettent. Et si la social-démocratie, c’est le compromis, il ne peut se décider seul à l’Élysée par le candidat suffisamment centriste pour battre le président sortant (en l’occurrence Sarkozy, qui faisait l’unanimité contre lui à gauche). Selon cette hypothèse, c’est la présidentialisation accrue du régime, favorisée par le quinquennat et l’alignement des élections présidentielles puis législatives, qui expliquerait la possibilité du «  bloc bourgeois  » en France et de la dé-social-démocratisation, soit le détricotage d’institutions collectives régulant le capitalisme19. La dé-démocratisation électorale aurait ainsi provoqué la dé-démocratisation économique et sociale20. Ainsi, dé-néolibéraliser impliquerait de trouver une synthèse entre les différentes demandes à gauche, entre libertés individuelles et institutions collectives. Cela ne se fera pas à coups de hashtag ou de procès en néolibéralisme (ou à l’inverse en bolivarisme). Cela ne sera pas non plus le résultat d’une bataille culturelle gramscienne ni la victoire d’un entrepreneur en idéologie. Cela demande de recréer un collectif au sein duquel une nouvelle synthèse est discutée. Il faut ainsi inventer un collectif démocratique et représentatif des gauches sociales et écologistes, à la fois capable de gagner le pouvoir et désireux de le dissoudre. 

L’auteur choisit deux dates charnières dans l’histoire politique du capitalisme français (1983 et 2012). J’ai suggéré que l’on aurait pu en choisir deux autres (1974 et 2017), soit celles du libéralisme décomplexé plutôt que celles du libéralisme masqué.

guillaume allègre

Si la critique de Foucault du néolibéralisme a été particulièrement presciente, elle est aussi relativement datée. Pour faire vite, la critique en économisme individualiste et pro-concurrence de l’Homo oeconomicus marginaliste et même entrepreneur a mal survécu le tournant empirique de l’économie. Il est devenu aujourd’hui beaucoup plus mal vu de supposer que les marchés sont la forme supérieure de coordination  : il faudrait le prouver avec des expériences contrôlées ou naturelles (voir les travaux de Duflo, prix «  Nobel d’économie  » 2019). Certains dénoncent les excès de ce tournant empirique, dans certains cas à raison, mais la critique est à l’opposé de la critique anti-néolibérale initiale. L’Homo oeconomicus n’est plus rationnel non plus (Kahneman, prix Nobel 2002 pour ses travaux avec Tversky, psychologue). On peut dénoncer les nudge qui s’en suivent tout en soulignant que le nudge ne rentre pas facilement dans la définition présente du néo-libéralisme comme mise en concurrence (en l’occurrence, le nudge modère le choix de manière paternaliste et suppose un jugement de valeur de la part de l’architecte du type «  les carottes râpées sont meilleures que les frites, l’épargne que la non-épargne  », ce qui va également à l’opposé du projet néolibéral initial tel que décrit par Foucault). Aussi, la gouvernance économique des biens communs passe par des institutions autres que le marché et les droits de propriété classiques (Ostrom, politologue et prix Nobel 2009). Piketty et ses co-auteurs ont (re)mis la question des inégalités de revenus et de patrimoine au centre des débats (d’une manière dénoncée par les marxistes). La discipline a aussi intégré les questions féministe et écologiste, dans des paradigmes qui s’éloignent chacun à leur façon de l’Homo oeconomicus Beckerien. En politique, si on élargit le focus au-delà de l’élection de Macron, le caractère hégémonique de la pensée néolibérale semble remis en cause, suite peut-être à l’élection de Trump et à l’émergence économique de la Chine. Pour reprendre les termes de Milanovic, si le capitalisme est désormais seul, le «  capitalisme politique  » à la Chinoise concurrence désormais le «  capitalisme libéral méritocratique  » occidental21. Le succès économique de la Chine pourrait réduire la place des États-Unis (et de l’occident) comme producteur d’idéologies, ou au moins changer le contenu de ces idéologies22. Mais, évidemment, on peut toujours redéfinir le néolibéralisme pour coller au système économique chinois ou à la domination d’acteurs non-étatiques comme les GAFAs23… La pandémie aurait accéléré des tendances allant vers un recul du capitalisme libéral (Politiques macroéconomiques keynésiennes, État-investisseur, protectionnisme…24). Comme le capitalisme, le néolibéralisme, et donc sa critique, sont très malléables  : mais alors faut-il un même mot pour caractériser la politique de Mitterrand en 1983 et celle de Macron en 2020, d’autant que ce mot est également utilisé pour caractériser les politiques économiques de Pinochet, Thatcher et Trump  ? Ne vaut-il pas aussi séparer les questions en distinguant ce qui relève de la critique en nouvelle gestion publique, économicisme, néoclassicisme, politique de l’offre, politique de ruissellement, libre-échangisme, libéralisation financière… Compte tenu des mutations du néolibéralisme, il n’est pas certain que tous ces sujets se tiennent de façon cohérente et complémentaire  : l’actualité montre que, si nécessaire, il est possible d’abandonner une de ces branches tout en gardant les autres aspects plus ou moins intacts.  

Pour conclure, le néolibéralisme tel qu’appréhendé dans La résistible ascension du néolibéralisme est disqualifiant et a des frontières suffisamment floues pour désigner l’adversaire opportun (ici la deuxième gauche). Au-delà de cet ouvrage, la critique en néolibéralisme permet d’unifier les gauches radicales autogestionnaires, post-matérialistes et collectivistes. Elle est en cela totalement inoffensive car elle ne propose pas d’alternative, ce qui est justement la force de la «  pensée néolibérale  » qui n’est pas une utopie mais une contrainte en partie imaginaire et en partie réelle. Il est vain de penser contre le néolibéralisme  : on ne pense pas contre une pensée, à la limite on la déconstruit méthodiquement. Mieux, on construit sa propre pensée en dialoguant avec celles des autres, ce qui permettra de ne pas opposer au slogan thatchérien ‘There is no alternative’ un ‘No Future’ punk.

Sources
  1. De même que Bruno Amable, je ne parle pas de nulle part. Il peut être opportun de préciser ici que j’ai été adhérent du Parti Socialiste entre 2002 et 2014, participé à l’animation d’A gauche en Europe, Think Tank fondé par Dominique Strauss-Kahn et Michel Rocard, co-rédigé un rapport Terra Nova (sur l’autonomie des jeunes), et participé à la campagne de Dominique Strauss-Kahn lors de la primaire socialiste de 2007. Je suis aussi économiste à l’OFCE – Sciences Po. Mes travaux ont, entre autres, interrogé la notion de trappe à pauvreté et l’efficacité des incitations financières dans le bas de l’échelle des revenus, ainsi que le caractère (soit-disant) redistributif, juste et efficace de droits de scolarité dans l’enseignement supérieur.
  2. Une question à laquelle il faudrait répondre est de savoir si la rigueur était un choix ou non. En d’autres termes, la contrainte extérieure était-elle vraiment si forte  ? Une partie de la thèse de l’ouvrage repose sur l’idée, non démontrée, que la contrainte extérieure n’était pas si forte.
  3. Giscard dira pendant la campagne que le choix est entre le centre et l’extrême gauche. Il appelle explicitement les socio-libéraux qui rejettent le programme commun et le collectivisme à le rejoindre dans une majorité élargie ayant pour principe le resserrement des inégalités plutôt que la lutte des classes  : https://www.dailymotion.com/video/xfdx91. Michel Poniatowski étant à la tribune, on comprend que la majorité est élargie à ceux qui voudront bien s’y ranger.
  4. En 1976, dans l’encyclopédie des idées reçues, sous l’entrée de (néo)libéralisme  », Boltanski et Bourdieu utilisent une citation de Giscard  : «  La forme la plus savante de la pensée économique moderne est la pensée libérale. […] Elle comporte des idées très originales telles la théorie de la croissance continue, ou la théorie de la recherche de l’équilibre à un certain niveau économique. C’est donc une théorie très avancée et nouvelle. D’où, à mon avis, la nécessité de lui donner un nom moderne : néo-libéralisme. » Notons que les auteurs dénoncent ici le néo-libéralisme comme (1) lieu commun moderniste et (2) nouvelle forme de libéralisme, le néo étant entre parenthèses. Giscard est très cité dans le dictionnaire mais Delors illustre également quelques entrées. Les plus cités sont Jean Fourastié et Michel Poniatowski.
  5. «  Résistible  » n’est clairement pas une caractéristique propre à l’ascension du néolibéralisme tel que dépeint dans l’ouvrage qui montre plutôt une ascension irrésistible  ; l’adjectif doit se comprendre dans le sens normatif  : « à laquelle on se doit de résister  », et non «  à laquelle on peut résister (voici comment)  ».
  6. Historiquement, Delors était le ministre de l’économie lors des gouvernements Mauroy (1981-1984). Paradoxalement, il est donc le ministre de la relance (1981), du contrôle des changes (1981, 1982, 1983), du blocage des prix (1982), des dévaluations (1982 et 1983), de l’emprunt obligatoire (1983). Bérégovoy fut ensuite, également à contre-emploi, le ministre de l’économie du gouvernement Fabius.
  7. Par exemple chez Amable (“Les cinq capitalismes”), néolibéral est utilisé comme un idéal-type de façon non péjorative.
  8. En creux, puisque Mélenchon est qualifié comme unique candidat de gauche anti-néolibéral en 2017. Chacun peut en juger ici  : https://www.france-politique.fr/doc/PR-2017/2017-Hamon.pdf.
  9. En Français seulement, ce qui suggère que l’usage du terme dans le titre est un choix soit éditorial soit politique.
  10. Dans un workshop récent sur «  l’impôt négatif de Friedman au XXIème siècle  » auquel je participais, la question du néolibéralisme est apparue. En préparation de cet article, j’ai demandé à deux intervenants leur définition du néolibéralisme, l’un m’a répondu qu’il préférait ne pas répondre, l’autre que cette question prenait 70 pages dans sa thèse en cours.
  11. Dans une tentative de reproduction du geste foucaldien consistant à vouloir dialoguer avec le néolibéralisme, «  interrogation radicale sur la gouvernementalité étatique  ». https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2013-4-page-63.htm
  12. Mais qui se définissait lui-même en opposition à la social-démocratie et/ou à la pensée keynésienne.
  13. Selon Foucault, les néolibéraux parviennent à imposer que la charge de la preuve soit imposée à ceux qui s’opposent à une solution de marché. En d’autres termes  : par défaut, la solution de marché est jugée efficace et il faut une preuve de défaillance de marché pour s’en éloigner. Ce principe est en effet érigé comme principe de la discipline économique par Mankiw, professeur d’économie à Harvard qui a écrit les manuels d’économie les plus vendus et enseignés dans le monde dont Principles of Economics (1998)  : « Principle 6  : Markets Are Usually a Good Way to Organize Economic Activity  ; Principle 7 : Governments Can Sometimes Improve Market Outcomes », ce qui montre la prescience de Foucault.
  14. Au contraire, chez Bourdieu, «  le néolibéralisme est un étatisme  »  : c’est l’attaque de la «  main droite  » de l’État contre la «  main gauche  », la rationalité de la noblesse d’État contre les petits fonctionnaires chargés de remplir les fonctions sociales (Laval, 2018) https://www.cairn.info/foucault-bourdieu-et-la-question-neoliberale–9782707198693-page-214.htm
  15. https://oxford.universitypressscholarship.com/view/10.1093/oso/9780199283262.001.0001/isbn-9780199283262
  16. Social-démocrate n’est pas un mot-ami comme néolibéral est un mot-épouvantail. C’est un courant politique dont certains politiques se revendiquent (aujourd’hui Anne Hidalgo). Sont également parfois appelés sociaux-démocrates, les partis politiques membres de l’Internationale socialiste, qui regroupe la majeure partie des partis socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes du monde.  En sciences sociales, le terme désigne soit un idéal-type ou un régime ou une variété de capitalisme ou d’État-providence, soit une expérience historique s’en approchant («  La Suède des années 1970  »). Selon Esping-Anderson, dans le régime « social-démocrate », les politiques visent l’émancipation à la fois du marché et de la famille traditionnelle, dans le but d’étendre les capacités individuelles. Il y associe les pays scandinaves avant les réformes. Anne Hidalgo, l’Internationale Socialiste ou la Suède des années 1970 ne renvoient certes pas exactement à la même chose mais en termes de débat public et d’analyse, elles ont le mérite de ne pas être imaginaires  : les politiques proposées ou mises en place peuvent être critiquées et débattues.
  17. Paradoxalement, la vision schématique d’entrepreneurs idéologiques en quête d’une coalition sociale sur le marché électoral, sans intermédiations par des partis et des institutions entre des acteurs qui n’ont pas tous les mêmes objectifs, est une vision sans collectif… assez néolibérale (au sens de Foucault).
  18. 52 %*30 %. D’après Hollande lui-même  : «  En France, le président, même avec une majorité absolue à l’Assemblée nationale, est minoritaire dans le pays par la nature même du système politique et des clivages structurés par l’élection présidentielle. » Le Débat n°191. Il faudrait inverser cette proposition  : le système politique permet à un président minoritaire dans le pays, et à peine majoritaire dans son parti, d’avoir une majorité absolue à l’Assemblée Nationale, sans même les minoritaires de son parti.
  19. L’ouvrage fait peu de références à la littérature sur la crise de la social-démocratie, certes dominée par des auteurs qui cherchent à la renouveler dans un sens plus libéral. Giddens («  The Third Way : The Renewal of Social Democracy  ») ou Rosanvallon («  La crise de l’État-providence  ») sont rejetés sans être discutés.
  20. Une telle hypothèse découlant de l’analyse politique française ne prétend pas expliquer pourquoi le «  néolibéralisme  » semble hégémonique dans de nombreux pays, peut-être parce que ce que l’on appelle néolibéralisme n’est parfois que l’air du temps du capitalisme.
  21. Milanovic  : Le capitalisme sans rival  https://www.editionsladecouverte.fr/le_capitalisme_sans_rival-9782348055584
  22. Selon cette hypothèse, la pensée néolibérale aura été hégémonique entre la chute du mur de Berlin 1989 et l’année où le PIB de la Chine a dépassé celui des États-Unis en parité de pouvoir d’achat (2017).
  23. Comme le souligne Yann Giraud (https://www.youtube.com/watch?v=kXZylSZzZp0), une recherche Google permet de confirmer la malléabilité de la critique anti-néolibérale  : La Chine serait (peut-être) néolibérale : https://online.ucpress.edu/gp/article/1/1/12271/107349/Origins-of-China-s-Contested-Relation-with (de même que le traité de Lisbonne  ?)  ; Wikipedia est néolibéral  : https://www.degruyter.com/document/doi/10.4159/9780674495111-013/html  ; Bruno Latour est néolibéral  : https://salvage.zone/articles/neoliberalism-for-polite-company-bruno-latours-pseudo-materialist-coup/ .
  24. Ragot (2021)  : https://www.alternatives-economiques.fr/pandemie-conduit-a-fin-neoliberalisme/00101562
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