Pour le gouvernement Modi, le numérique constitue un levier en vue de moderniser l’Inde et de lui permettre de rejoindre la catégorie des pays à revenus intermédiaires. Dès 2015, il mettait donc l’accent sur ce domaine à travers le programme Digital India, avec l’objectif de transformer l’Inde en « une société digitale et une économie de la connaissance »1. Il s’agissait de mettre fin au paradoxe d’un pays qui joue un rôle crucial dans la transformation numérique des grandes entreprises à travers le monde, via ses géants des services informatiques, tout en étant peu connecté et numérisé.
Aujourd’hui, sous l’effet du développement de l’Internet mobile, il y a plus d’internautes en Inde2 qu’aux États-Unis, dans l’Union européenne et au Japon réunis. Si ces internautes n’ont pas le pouvoir d’achat des Occidentaux ou même des citoyens chinois, leurs revenus s’accroissent progressivement sous l’effet d’une croissance soutenue3. Les internautes indiens représentent donc un important marché, actuel et potentiel, pour les géants du numérique, principalement américains et chinois, qui dominent la conception et la production d’équipements, de logiciels et de plateformes. Ne s’y trompant pas, des entreprises comme Facebook, Xiaomi, Google ou Tik Tok ont fortement investi, depuis plus d’une décennie, dans le sous-continent.
L’ouverture et l’entrée d’acteurs étrangers permettent de contrebalancer les faiblesses de l’Inde : manque de capitaux, éloignement de la frontière technologique, lacunes en matière d’infrastructures. Mais dans une époque de tensions et de luttes politiques autour des technologies, le pays ne fait pas exception et cherche à développer son autonomie dans le domaine.
Le paradoxe de l’informaticien mal connecté
La direction des services informatiques du monde
L’Inde, en matière de numérique, est d’abord le haut lieu des services informatiques, du conseil, de l’infogérance et du développement d’applications métiers. Ce secteur s’est progressivement développé à partir des années 19704, d’abord afin de répondre aux besoins des entreprises et des administrations locales. Ainsi, en 1991, seuls 19 % de la production du secteur est exportée5. Mais sous l’effet de l’amélioration des communications et de l’ouverture économique de l’Inde, ce secteur va ensuite rapidement se développer et s’internationaliser, passant de 546 milliards de roupies de chiffre d’affaires en 2000 à 3 561 milliards en 2010, dont 74 % provenant des exportations.
Le secteur emploie 3,1 millions de personnes et a réalisé un chiffre d’affaires de 99 milliards de dollars sur l’année fiscale 2020-202167. Il est dominé par quelques grandes entreprises de service numérique étrangères puisque, sur la même année fiscale, les filiales indiennes de sociétés étrangères occupent 72 % des parts de marché contre 28 % pour les grandes sociétés indiennes de services informatiques (Tata Consulting Services, Infosys, Wipro, Tech Mahindra et HCL Technologies). Les ESN telles qu’Accenture, Capgemini ou Cognizant ont bien compris les bénéfices qu’elles pouvaient tirer d’une main-d’œuvre bon marché et bien formée et ont fortement investi en Inde. Ces trois entreprises disposent ainsi de centaines de milliers d’employés dans le pays8, ce qui représente 40 % à 70 % de leurs effectifs mondiaux.
Si l’Inde a d’abord été choisie comme destination pour implanter des activités à relative faible valeur ajoutée telles que l’externalisation de la maintenance et la numérisation de processus métiers, de nouvelles activités se développent. Les grandes ESN, mais également des entreprises multinationales déploient des Global Competence Centers et des Global Innovation Centers, centre de compétence et de R&D, afin de tirer parti de la montée en compétence de la main-d’œuvre indienne. Goldman Sachs a ainsi annoncé en juillet 2021 la création d’un centre de compétence spécialisé sur les services client bancaires et le machine learning9.
La très forte extraversion du secteur, environ 80 % de l’activité étant destinée à l’étranger, est liée à la forte présence de sociétés étrangères qui fournissent massivement des services dans leurs pays d’origine (les États-Unis constituent le premier marché puisque environ 70 % des exportations de services informatiques indiens s’y dirigent). Mais c’est également un témoignage du statut d’économie en développement de l’Inde, de l’importance du secteur informel et de la relativement faible numérisation de l’économie et de la société, qui conduisent à une faible demande en services informatiques.
Un pays en développement (informatique)
Si l’on porte le regard au-delà de Bangalore et d’Hyderabad, les deux centres du secteur des services numériques, pour le tourner vers l’Inde dans son ensemble, le retard en matière de transformation numérique devient visible. McKinsey trouve ainsi, dans un panel de 17 pays, que l’Inde est le dernier en matière d’adoption du numérique, notion qui tient compte des fondements numériques (la disponibilité du spectre, la vitesse de téléchargement), la portée du numérique (la taille de la base d’utilisateurs d’internet, la consommation de données par utilisateurs) et la valeur numérique (niveau d’utilisation de cas d’usage dans les paiements numériques ou le e-commerce).
L’Inde rattrape actuellement son retard en matière de développement des réseaux et d’accès de la population à Internet. Les réseaux fixes (wifi, fibre, etc.) ne concernent qu’une toute petite minorité de la population (1,6 abonnement pour 100 habitants) et les ordinateurs sont encore peu présents (seuls 11 % des ménages en possédaient un en 201910). Toutefois, le déploiement des réseaux mobiles 4G a permis d’accroître rapidement la proportion de la population accédant à internet, celle-ci restant toutefois plus faible qu’en Asie de l’est ou en Occident. En 2019, seuls 41 % des Indiens avaient accès à Internet, contre 65 % en Chine et 87 % dans l’Union européenne.
L’Inde fait également preuve d’une moindre maturité en matière d’usages. Tout d’abord, une grande partie de l’économie indienne est informelle11, et ne bénéficie donc pas de la sécurité juridique, de l’accès aux capitaux et des compétences nécessaires au déploiement des outils numériques professionnels. La consommation de services cloud ne s’élève ainsi qu’à 4,4 milliards de dollars en 2021, contre plus d’une dizaine en France, pour une économie de taille comparable. Concernant le e-commerce, celui-ci, bien qu’en croissance rapide, ne représente encore que 4 % du commerce de détail, contre plus de 10 % aux États-Unis ou environ 26 % en Corée du Sud12.
Digital India : du numérique en Inde au numérique pour l’Inde
Digital india : créer les infrastructures publiques de la transformation numérique
Le programme Digital India, annoncé en 2015 par le Premier ministre Modi recouvre un grand nombre d’initiatives portant sur la réduction de la fracture numérique, le e-gouvernement et la Tech publique.
Dans le premier domaine, le projet BharatNet vise à relier 600 000 villages au haut-débit en déployant la fibre et des bornes wifi. Une société publique dédiée à été créée dans ce but et a reçu une dotation de 6 milliards de dollars jusqu’en 2023. L’effort s’est poursuivi au travers de la mise en place, en 2019, de la National Broadband Mission13. Son objectif est de poser 3 millions de kilomètres de câbles de fibre optique et d’accroître la densité en antennes, afin de multiplier par plus de dix le débit. Pour ce faire, elle prévoit de mobiliser 100 milliards de dollars d’investissement, dont environ 10 % de fonds publics.
En matière de e-gouvernement, des efforts ont été lancés en vue de dématérialiser les relations entre les administrations et les citoyens (programme e-Kranti), de faciliter l’accès aux données publiques (data.gov.in) et les interactions avec le gouvernement (MyGov.in).
L’initiative la plus originale et la plus importante est sans doute l’India Stack. Ce terme désigne un ensemble d’API qui permettent d’accéder aux informations requises afin de fournir des services en ligne. Les principales briques de cette Stack concernent l’identité numérique et les paiements. Dans la première catégorie, on retrouve Aadhaar, le système d’identification qui associe à chaque citoyen indien des données biométriques et un numéro d’identification à 12 chiffres. L’État a également développé eKYC, pour les opérations de contrôle de l’identité d’un client en ligne, ou e-Sign, service de signature dématérialisée. Dans le domaine des paiements, le système United Payments Interface, développé par la National Payments Corporation of India, permet de réaliser des paiements de compte à compte via une application mobile. Cette API a provoqué une révolution dans les Fintech : elle a enregistré 3 milliards de transactions en août 2021 et environ 10 % du commerce de détail en Inde s’effectue au travers d’elle.
Ces briques publiques, open-source, peuvent être réutilisées par des acteurs privés afin de développer des services à destination des citoyens indiens. Ainsi, GooglePay, PhonePe ou Paytm s’appuient sur UPI. Des compétitions sont régulièrement organisées pour développer des services nouveaux à partir de l’India Stack.
La révolution Jio : de la croissance rapide de l’Internet mobile au premier Big Tech indien ?
Le groupe Reliance est un acteur de premier plan de l’économie indienne, présent notamment dans le secteur de la pétrochimie et de la grande distribution. En 2016, ce dernier est entré sur le marché des télécoms avec la création de sa filiale Jio et a initié une guerre des prix. Le coût d’un Gigaoctet est alors passé de 3 dollars à 16 cents entre 2016 et 2018, permettant à de nombreux Indiens d’accéder à Internet et d’offrir ainsi des débouchés aux acteurs de l’économie Internet (edTech, Fintech, etc.). Le nombre d’abonnés au haut-débit est ainsi passé de 150 millions à la mi-2016 à 785 millions au 31 juillet 2021.
Au-delà du rôle de bâtisseur d’infrastructures numérique et de FAI, avec le déploiement de la 4G et les récentes annonces de Mukesh Ambani sur le futur réseau 5G que sa compagnie se prépare à déployer, le groupe Reliance semble vouloir bâtir une plateforme intégrée sur le modèle des Facebook, Alibaba, Google ou des messageries du groupe Tencent. La compagnie de téléphonie Jio est maintenant chapeautée par la holding Jio Platforms qui détient des services de vidéo et de musique à la demande (JioCinema et JioSaavn), une application de messagerie (JioChat), des services de paiement en ligne (JioMoney) ou un site de e-commerce (JioMart) ainsi que des services aux entreprises.
Vers une économie de l’innovation ?
L’augmentation du nombre d’internautes et la fourniture d’infrastructures numériques par l’État ont fait naître un marché dynamique pour les entrepreneurs indiens. L’Inde compte ainsi 66 licornes à fin septembre 2021, 28 de plus qu’en 202014. Cette augmentation est portée par des investissements, en private equity ou en capital-risque, en forte croissance, puisqu’ils s’élèvent à 24 milliards sur les 9 premiers mois de 202115. Les secteurs les plus porteurs sont ceux de l’ed-Tech16, qui représente un marché de 2,8 milliards de dollars en 2020, des Fintech17 et du e-commerce. Les deux licornes dépassant une valorisation de 10 milliards de dollars sont ainsi Byju (18 milliards18), qui a développé une application éducative sur un modèle freemium, utilisée par 100 millions d’élèves dont 6,5 millions d’abonnés payants, et Paytm (16 milliards) qui propose un système de paiement par QR code, une place de marché (Paytm Mal) et d’autres services financiers.
Toutefois, en amont, l’Inde ne constitue pas aujourd’hui une grande puissance scientifique en mesure de repousser la frontière technologique. Si son système universitaire est fortement orienté vers les sciences, puisqu’en 2018 près de 32 % des diplômés, soit 2,7 millions d’étudiants, l’ont été en sciences et technologies (contre 700 000 aux États-Unis), « une écrasante majorité de ce vivier de talents se concentre sur le développement informatique de routine plutôt que sur la recherche et l’innovation » selon le Center on Security and Emerging Technology19. En termes de nombre de citations d’articles publiés dans le domaine de l’IA entre 2010 à 2016, l’Inde se classe ainsi au 5e rang, loin derrière la Chine et les États-Unis.
Le gouvernement Modi a lancé deux initiatives phares pour assurer que l’Inde tire les bénéfices des technologies de rupture : la stratégie nationale pour l’intelligence artificielle, proposée par la National Institution for Transforming India (NITI Aayog). Celle-ci propose de faire porter l’effort en priorité sur 4 secteurs : l’agriculture, la santé, l’éducation, les villes intelligentes et la mobilité. La National Mission on Quantum Technologies and Applications (NMQTA) a quant à elle été lancée en 2020, avec un budget de 1,2 milliard de dollars sur 5 ans afin de soutenir la recherche et l’innovation en matière d’informatique quantique et de communications quantiques.
L’Inde entre dépendance et désir de souveraineté numérique
Un marché clé pour les Big Tech américains et chinois
Le poids démographique de l’Inde, sa croissance économique et l’augmentation rapide du nombre d’internautes font de son marché intérieur une cible majeure pour les grands acteurs du numérique, qu’il s’agisse de plateformes, d’équipementiers ou de fournisseurs de logiciels.
L’augmentation du nombre d’internautes a nécessité, au-delà d’une offre de forfaits bon marché et couvrant largement le territoire, un accès plus large à des terminaux mobiles. Ce sont ainsi plus de 150 millions de smartphones qui ont été vendus en 2020 en Inde20. Cela s’est traduit par une rapide croissance de la production de smartphones, dont la valeur est passée de 3 à 30 milliards de dollars entre l’année fiscale 2014-2015 et l’année fiscale 2019-2020. Ceci s’inscrit dans une tendance plus large de rapide développement de l’industrie électronique21. Toutefois, l’Inde dépend encore largement d’importations de produits intermédiaires et joue un rôle d’assemblage, ce qui se traduit dans le fort déficit commercial du secteur. De plus, ce denier est dominé par des sociétés étrangères : en matière de téléphonie, les sociétés chinoises, principalement Xiaomi, Oppo et Vivo, détiennent environ 80 % du marché local.
Si l’on se tourne vers les plateformes, ce sont les sociétés américaines et chinoises qui dominent, avant que ces dernières ne subissent les contrecoups des tensions géopolitiques entre leur pays et l’Inde. Facebook et WhatsApp disposent respectivement de 330 millions et de 400 millions d’utilisateurs mensuels actifs. TikTok a compté jusqu’à 200 millions d’utilisateurs indiens. Google dispose d’une part de marché de 99,6 % dans le domaine des moteurs de recherche mobile à la mi-202122. Concernant les navigateurs, UC Browser, propriété d’Alibaba, équipait près de la moitié des téléphones indiens dans les années 2016-2017 avant de voir sa part de marché chuter de manière continue au profit de Chrome. En matière de e-commerce, le leader, Flipkart, appartient au groupe Walmart et c’est Amazon qui arrive en seconde place, avec environ 30 % du marché du commerce en ligne23.
L’attrait exercé par le marché indien s’est également traduit par d’importants investissements dans les entreprises locales de la Tech. Les capitaux chinois sont ainsi présents dans 18 des 30 licornes indiennes24 et ont apporté près de 4 milliards de dollars d’IDE entre 2015 et 2020. Ant, filiale d’Alibaba est le principal actionnaire du groupe Paytm. Les géants de la Tech américains ont également réalisé des prises de participation stratégiques, en particulier Facebook et Google dans Jio : ils ont acquis 9,99 % et 7,7 % de la compagnie pour 5,8 milliards et 4,5 milliards de dollars respectivement.
L’éviction de la Tech Chinoise
En juin 2020, un violent accrochage à la frontière sino-indienne a provoqué 20 morts dans les rangs indiens25. New Delhi a réagi en bannissant de nombreuses applications chinoises dont les activités sont jugées “préjudiciables à la souveraineté, à l’intégrité et à la sécurité de l’Inde”. La première liste dévoilée en juin 202026 concernait 59 applications, dont Tik Tok et WeChat, et elle a ensuite été progressivement rallongée pour toucher finalement, en novembre 2020, plus de 200 applications27. Le gouvernement a maintenu l’interdiction en janvier 202128. Toutefois, un certain nombre d’applications d’origine chinoise seraient entrées de nouveau sur le marché en changeant de nom et en camouflant leur origine29.
Cet épisode a conduit à une montée des préoccupations relatives à la présence des compagnies chinoises de la Tech dans le marché indien. L’Observatory Research Foundation et la Gateway Foundation se sont penchés sur la question, passant en revue les investissements chinois dans les startups indiennes30 et étudiant la place acquise par Huawei et ZTE dans les réseaux des opérateurs indiens. Ils suggèrent, pour assurer la sécurité nationale, de soutenir le développement du secteur du capital-risque et de mettre en place une commission de contrôle des investissements étrangers,
Concernant la 5G, les équipementiers chinois ne font pas partie de la liste des équipementiers retenus pour effectuer des tests (Ericsson, Nokia et Samsung)31. Pour autant, ils n’ont pas été exclus et Huawei a fait récemment montre de son optimisme quant à sa capacité à accéder au marché indien, bien que cela nécessitera que ses produits soient qualifiés comme « de confiance »32.
Souveraineté numérique dépendance : la relation indo-américaine
Comme mentionné précédemment, les entreprises de service numérique américaines ont fortement investi en Inde, souvent en vue de fournir des prestations à destination de leur marché domestique. Les Big Tech sont également présents en Inde et cherchent à s’adapter au marché local, à l’instar de Google qui développe actuellement, en collaboration avec JioPlatforms, un smartphone « très bon marché »33. Dans le sens inverse, les immigrants indiens jouent un grand rôle dans le secteur américain de la Tech, à l’instar de Sundar Pichai et Satya Nadella, PDG respectivement d’Alphabet et de Microsoft. Au-delà de ces succès individuels, les immigrés indiens sont plus de 89 000 à vivre dans la Silicon Valley et composent 11 % des fondateurs des 50 principales startups américaines actives dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Malgré ces liens, le fort attachement de New Delhi à sa souveraineté n’est pas sans provoquer des tensions. L’État indien a une pratique autoritaire de l’Internet, puisqu’il est le premier responsable de blocages et de coupures d’Internet34. De la même manière, il souhaite que les messageries en ligne soient en mesure de lui donner accès au contenu des communications, ce qui s’oppose au modèle de chiffrement de bout en bout mis en place par ces dernières, conduisant à des affrontements judiciaires. Dernier épisode en date, WhatsApp conteste la constitutionnalité des régulations IT du gouvernement devant la Haute Cour35. Les plateformes comme Twitter ont également suscité l’ire du gouvernement BJP en raison de leurs politiques de modération, celles-ci ayant été amenées à censurer certains membres du parti qu’elles considéraient comme des « médias manipulés »36. Les tensions peuvent également émerger dans le domaine économique, la rénovation de la réglementation sur le e-commerce a ainsi été critiquée par FlipKart, Amazon et la Chambre américaine de commerce3738.
Mais, compte tenu de leur commune rivalité avec la Chine, l’Inde et les États-Unis cherchent actuellement à développer leur coopération, dans les domaines stratégiques, notamment celui des nouvelles technologies. Au niveau bilatéral, un accord sur les technologies de défense et le commerce a été signé en 2019 et facilite l’exportation de biens à double usage. Au niveau multilatéral, la coopération passe en particulier par le Quad, qui réunit l’Inde, les États-Unis ainsi que le Japon et l’Australie. Celui-ci a mis en place un groupe de travail sur les technologies émergentes et critiques qui doit travailler sur la sécurité des chaînes d’approvisionnement, le développement de standards internationaux et le déploiement de réseaux de télécommunication (notamment 5G)39.
Atmanirbhar Bharat
Si l’Inde semble avoir aujourd’hui conscience de ses lacunes et de son besoin de coopérer et d’accueillir les investissements étrangers, le mantra du gouvernement Modi est bien Atmanirbhar Bharat (« l’Inde autosuffisante »). Si ce terme ne désigne pas une politique protectionniste, comme le Premier ministre s’attache à le rappeler, il s’agit d’accroître la place de l’Inde dans l’économie mondiale en s’appuyant sur ses propres forces. À terme, le Gouvernement souhaite donc assurer l’autonomie de son de son pays et de l’économie et attache donc une grande importance à sa souveraineté, y compris numérique. En période de tension avec un géant de la Tech ou son pays d’origine, il a déjà promu Koo40 contre Twitter ou Chingari plutôt que Tik Tok41 et pourrait être amené à systématiser cette approche.
Sources
- Press Information Bureau, Prime Minister to Launch Digital India Week on the First July
- Business Standard, Internet users up nearly 4 % to over 825 millions, 27 août 2021
- De 2010 à 2019, le taux de croissance a fluctué entre 5 et 9 pourcents par an.
- Tata Consulting Services est créé en 1974.
- Manzoor Hassan Malik, Information technology exports and India’s macro-economic indicators, International Trade, Politics and Development.
- The Times of India, IT industry to grow 2.3 % to $194 billions in FY 20-21 : NASSCOM
- Plus 1,4 millions d’employés et 38 milliards dans le domaine du business process management.
- 250 000 de ses 624 000 employés chez Accenture, 125 000 sur 270 000 chez Capgemini et 205 000 sur 290 000 chez Cognizant.
- The Times of India, Goldman Sachs opens new global competence center in Hyderabad, to hire over 2,500 by 2023
- IUT, Digital development Dashboard
- Organisation internationale du travail, Informal Employment Trends in the Indian Economy : Persistent informality, but growing positive development, 2019
- Medium, The Battle for Korea’s E-commerce Leadership, 26 aout 2021
- National Broadband Mission.
- Business Today, India adds 28 unicorns in 2021 to take total to 66, 28 septembre 2021
- Economic Times, Indian startups raise 10 billion in a quarter for the first time, 19 octobre 2021
- Ces sociétés offrent des cours de soutien, de la formation professionnelle, préparent aux tests et concours, etc.
- Ils proposent des services bancaires, de paiement, des prêts et l’accès à des investissements.
- Techcrunch, Indian Edtech giant Byju valued at 18 billion in new funding, 4 octobre 2021
- CSET, Mapping India’s AI Potential, Mars 2021
- The Week, No lockdown on phone sales : 150 millions smartphones sold in India in 2020, 27 janvier 2021
- La production est passée de 29 milliards de dollars en 2014-2015 à 70 milliards de dollars en 2019-2020.
- Statista, Share of Google in the mobile search engine market across India from April 2019 to July 2021
- Tandem Research, A Balancing Act : The Promise and Perils of Big Tech in India, Juillet 2020
- ORF, Battling Chinese Big Tech encroachment in India, 12 juillet 2021.
- NPR, India and China see most violent clash in decades at Himalayan border, 17 juin 2020
- The New York Times, India Bans nearly 60 chinese apps, including Tik Tok and WeChat, 30 juin 2020
- The Hindu, China slams India move to ban 42 more apps, 25 novembre 2020
- Reuters, India retains ban on 59 chinese apps including Tik Tok, 25 janvier 2021
- Times of India, Defying ban, Chinese apps quietly grow in India, again, 30 août 2021
- Gateway House, Chinese Investments in India, Février 2020
- Asia Nikkei, India Excludes Huawei and ZTE from participating in 5G trials, 5 mai 2021
- Financial Express, Optimistic of playing key role with 5G in India, says Huawei, 22 septembre 2021
- Techcrunch, Google and Jio Platforms announce World cheapest smartphone, 24 juin 2021
- The Times of India, 70 % of global internet shutdowns in 2020 were in India, 4 mars 2021.
- Wired, WhatsApp fight with India has Global Implications, 5 mai 2021
- The Guardian, India police visit Twitter offices after BJP tweet flagged as manipulated media, 25 mai 2021
- Reuters, India plan tighter e-commerce rules amid complaints over Amazon, Flipkart, 22 juin 2021
- Business Standard, New rules will choke e-commerce growth, Indo-American Chamber tells Govt, 6 juillet 2021
- Australian Government, Quad Critical and Emerging Technology Working Group
- BBC, Koo v Twitter : Why India’s government is favouring a social media newcomer, 14 février 2021
- The Indian Express, Chingari Co-founder on gaining from Atmanirbhar Bharat and not letting videos go viral immediately, 26 juillet 2020