• La fin du mandat de 16 ans d’Angela Merkel en tant que chancelière s’avère être particulièrement chargée. Alors que les débats en Allemagne portent désormais sur les élections fédérales qui se tiendront en septembre, la chancelière multiplie les visites officielles à l’étranger. Après s’être rendue à Washington le mois dernier, elle a rendu visite à Vladimir Poutine vendredi avant d’être attendue à Kiev ce dimanche 22 août.
  • À Moscou, les discussions ont surtout tourné autour de l’opposant Alexeï Navalny, emprisonné en février pour des raisons politiques après avoir été victime d’une tentative d’assassinat par empoisonnement. Dans un effort qui semble à bien des égards désespéré — tant Vladimir Poutine se montre inflexible sur ce qui se passe à l’intérieur des frontières russes et de l’espace post-soviétique —, la chancelière allemande a demandé (à nouveau) au président de la fédération de Russie de libérer Alexeï Navalny, assurant que l’Allemagne « restera sur cette affaire »1.
  • C’est dans une toute autre ambiance qu’Angela Merkel se rend aujourd’hui en Ukraine, à deux jours du trentième anniversaire de l’indépendance du pays de l’Union soviétique. Le symbole est particulièrement fort, alors que l’achèvement de la construction du gazoduc Nord Stream 2 touche à son terme en mer Baltique, après trois années de travaux.
  • L’Allemagne se trouve dans une position particulièrement inconfortable vis-à-vis de ce dossier. Pour rappel, l’exploitation de ce gazoduc aura pour conséquence de court-circuiter l’Ukraine — qui était jusqu’ici un pays de transit important pour le gaz russe à destination de l’Europe —, et pourrait ôter à Kiev des leviers de négociation dont le pays manque déjà cruellement, alors que la Crimée est occupée par la Russie depuis 2014.
  • Dans cette situation, Merkel se trouve dos au mur alors que l’Allemagne a décidé de fermer tous ses réacteurs nucléaires d’ici 2022, rendant le pays particulièrement dépendant du gaz russe. Dans la journée, la chancelière a « appelé à la conclusion d’un accord visant à prolonger le transit du gaz russe par l’Ukraine » (conformément à l’accord signé mi-juillet entre Washington et Berlin), avant de déclarer que « le gaz ne [devait] pas être utilisé comme une arme géopolitique »2.
  • S’il est permis de douter des effets concrets qui vont émerger de ces propos, l’Allemagne s’est toutefois engagée à soutenir financièrement l’Ukraine — à hauteur de 1,3 milliards d’euros — dans des projets de développement visant à diversifier le mix énergétique ukrainien, en accordant une part plus importante aux énergies renouvelables. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est attendu le 30 août à Washington où il y rencontrera Joe Biden, afin de discuter — entre autres — de Nord Stream 2, et de l’adhésion incertaine de l’Ukraine à l’OTAN.
Sources
  1. « Merkel urges Putin to free Alexei Navalny and says Germany will ‘stay on the case‘ », Euronews, 20 août 2021.
  2. Andreas Rinke et Pavel Polityuk, « Merkel offers reassurances on Russia pipeline, Ukraine urges greater clarity », Reuters, 22 août 2021.