• Sergueï Lavrov entame aujourd’hui une tournée de visites diplomatiques qui l’amènera, après Budapest, en Autriche puis en Italie. Depuis l’arrivée au pouvoir de Viktor Orbán en 2010, la Hongrie promeut et défend les intérêts russes en Europe, notamment en appelant de manière répétée à la fin des sanctions prises contre la Russie après l’invasion de la Crimée en 2014.
  • Le principal sujet de discussion à l’agenda concerne un accord — dont la phase de négociations est déjà bien avancée — qui permettrait à la Hongrie de produire sur son sol des vaccins Spoutnik V, développés par l’Institut de recherche Gamaleïa (relevant du ministère de la Santé). La fédération de Russie accorderait une licence à la Hongrie qui lui permettrait de débuter la production à partir de la fin de l’année 2022.
  • La Hongrie est le premier pays de l’Union européenne à avoir vacciné sa population avec le vaccin Spoutnik V, depuis février, agissant ainsi avant l’avis rendu par l’Agence européenne du médicament (qui était initialement prévu pour juin, mais a été retardé jusqu’à au moins septembre1) et par l’OMS, qui a dernièrement appelé les pays occidentaux à vacciner leur population avec le vaccin russe2. Depuis juin dernier, la Slovaquie a rejoint la Hongrie, devenant le deuxième pays de l’Union européenne à utiliser le vaccin russe3.
  • La rencontre a également présenté l’occasion d’avancer sur les discussions concernant la signature d’un nouveau contrat d’approvisionnement en gaz naturel pour une durée de 15 ans, fourni par le géant russe Gazprom (qui exploitera le gazoduc Nord Stream 2, dont la construction touche à sa fin). Les deux gouvernements espèrent parvenir à un accord cet automne.
  • Lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre entre les deux ministres, Sergueï Lavrov a déclaré que « la Russie appréciait la position sobre et pragmatique de la Hongrie », en comparaison de « l’agenda anti-russe imposé par des minorités russophobes promu par l’Union européenne ». Par la suite, le ministre russe a déclaré à propos du sommet international sur la Crimée (The Crimea Platform) — qui défend la souveraineté ukrainienne en condamnant l’annexion de la région par la Crimée, et auquel la Hongrie participe — qui se tient aujourd’hui que les participants « tenteront de soutenir artificiellement le sentiment anti-russe afin de servir de faire-valoir aux mouvements néo-nazis ultra-radicaux dans l’Ukraine moderne. »
  • La Russie et la Hongrie collaborent étroitement dans plusieurs domaines stratégiques, notamment le nucléaire. Depuis 2014, un accord concernant la construction de deux nouveaux réacteurs dans la centrale nucléaire de Paks, en Hongrie, a été signé avec la Russie, permettant à l’entreprise publique Rosatom de mener les travaux. La Commission européenne a donné son accord à ce projet en 2017, qui sera financé à 80 % par des prêts accordés par la Russie4.