En point d’orgue des célébrations monumentales organisées pour le centenaire de la naissance du Parti communiste chinois, le Président chinois et Secrétaire général du Parti s’est offert un discours de plus d’une heure. À la tribune de Tian’anmen, dominant l’immense esplanade, Xi Jinping, revêtu d’une veste Mao, s’adresse à la foule au-dessus du portrait massif du Grand Timonier. Dans ce discours exalté, parfois violent à l’égard des adversaires du « rêve chinois », Xi déroule une histoire téléologique du Parti, de sa création à Shanghai jusqu’à son propre règne personnel à la tête de ce qui est aujourd’hui l’une des deux grandes puissances mondiales.

Un examen de ce discours permet de mieux comprendre la posture adoptée par celui se positionne comme l’héritier naturel de Mao, en tension permanente entre la glorification de l’héritage du passé et les transformations qui vont avec l’accroissement du rôle de la Chine dans le monde. Ce «  renouveau » national – appelé de ses vœux par Xi – doit ainsi passer par une poursuite de la «  sinisation du marxisme ». 

Prétexte à la glorification de la nation, ces longues litanies sont aussi une occasion d’appeler le « peuple » à faire plus d’efforts pour parvenir au « rêve » et d’évoquer les sujets sensibles de Hong Kong et de Taïwan. Tout au long de son discours, prononcé officiellement pour honorer le Parti, et non la République populaire en soi, Xi Jinping entretient savamment la confusion entre Parti, État et peuple chinois. Une manière de présenter au monde un front uni, prenant soin d’occulter les multiples difficultés et revers auxquels le pays a à faire face. Pour comprendre les ressorts rhétoriques de ce discours, nous vous proposons de le lire dans son intégralité.

Camarades et amis,

Aujourd’hui est un jour important et solennel dans l’histoire du Parti communiste chinois et de la nation chinoise. Nous sommes réunis ici pour célébrer solennellement avec tout le Parti et tout notre peuple multiethnique le centenaire du Parti communiste chinois, pour passer en revue le parcours glorieux du Parti au terme d’une lutte d’un siècle, ainsi que pour envisager les perspectives radieuses du grand renouveau de la nation chinoise.

Au nom du Comité central, je tiens à adresser tout d’abord de chaleureux vœux de fête à tous les membres du Parti communiste chinois.

Au nom du Parti et du peuple chinois, je déclare ici solennellement que, grâce aux efforts inlassables déployés par tout le Parti et tout notre peuple multiethnique, nous avons réalisé l’objectif du premier centenaire  : nous avons édifié intégralement sur la vaste Chine la société de moyenne aisance et mis fin pour la première fois dans son histoire à la pauvreté absolue. Maintenant, avec une ardeur rayonnante, nous allons continuer la marche qui doit nous conduire à la réalisation de l’objectif du deuxième centenaire  : édifier un grand pays socialiste moderne dans tous les domaines. Gloire à la nation chinoise, gloire au peuple chinois et gloire au Parti communiste chinois  !

Le centenaire du PCC, créé à Shanghai en 1921, a été célébré en grande pompe en Chine le 1er juillet 2021. Devant un grand nombre de Chinois venus l’écouter sur la place Tian’anmen, Xi Jinping vante le bilan d’un parti qui aurait redonné à la Chine sa grandeur et fait sortir de la pauvreté un grand nombre de personnes. 

Puissance économique et militaire aujourd’hui majeure, la Chine compte désormais comme un partenaire commercial incontournable pour certains pays d’Afrique par exemple, et son influence militaire, dans les mers notamment, est importante. Pour autant, elle fait face à un ralentissement important de sa croissance économique ces dernières années, remettant en cause le modèle économique chinois et la grandeur affichée par le Secrétaire général du parti en ouverture de son discours.

La référence à ce « premier centenaire » du Parti vient en outre nous rappeler que ces célébrations sont aussi les répétitions générales d’un autre centenaire, de l’État celui-ci, que Xi Jinping s’est fixé comme horizon pour faire de la Chine la première puissance mondiale. En 2049 seront en effet célébrés les cent ans de la naissance de la République populaire de Chine proclamée le 1er octobre 1949 à Pékin par Mao Zedong.

Camarades et amis,

La nation chinoise est une grande nation. Au cours de son histoire cinq fois millénaire, elle a apporté des contributions impérissables au progrès de la civilisation humaine. Après la guerre de l’Opium en 1840, la Chine est tombée peu à peu dans l’état d’une société semi-coloniale et semi-féodale. Notre patrie a été humiliée, notre peuple, martyrisé, et notre civilisation, ternie. La nation chinoise a subi des souffrances et des désastres sans précédent. Dès lors, réaliser le grand renouveau national est devenu le plus grand rêve de tous les Chinois et de toute la nation chinoise.

Pour sauver la nation du péril, le peuple chinois luttait âprement, la voix des hommes épris d’idéal s’élevait de toutes parts  ; le mouvement des Taiping, le mouvement réformiste de 1898, le mouvement des Boxeurs et la révolution de 1911 éclatèrent l’un après l’autre, divers plans de salut national furent proposés, mais tous ces efforts échouèrent. La Chine avait besoin de toute urgence d’une nouvelle pensée qui pût guider les mouvements de salut national et d’une nouvelle organisation qui pût rassembler l’ensemble des forces révolutionnaires.

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Les salves de la Révolution d’Octobre apportèrent à la Chine le marxisme-léninisme. Grâce au réveil extraordinaire du peuple et de la nation et à l’alliance du marxisme-léninisme avec le mouvement ouvrier, le Parti communiste chinois vit le jour. Ce fut un événement d’une immense portée  : l’orientation et le processus de développement de la nation chinoise après l’époque moderne, l’avenir et le destin des Chinois et de la nation chinoise, ainsi que la configuration et la direction du développement mondial s’en trouvèrent radicalement modifiés.

Dès sa fondation, le Parti communiste chinois a pris pour engagement et pour mission d’œuvrer au bonheur du peuple chinois et au renouveau de la nation chinoise. Depuis un siècle, toutes les luttes, tous les sacrifices et toutes les initiatives du peuple sous la direction du Parti peuvent se résumer en un thème unique  : réaliser le grand renouveau de la nation chinoise.

— Pour réaliser le grand renouveau de la nation chinoise, le Parti communiste chinois a uni autour de lui le peuple chinois et l’a conduit dans des luttes acharnées et des combats sanglants, finissant par remporter le grand succès de la révolution de démocratie nouvelle. Nous avons mené successivement l’Expédition du Nord, la Guerre révolutionnaire agraire, la guerre de Résistance contre l’agression japonaise et la guerre de Libération nationale  ; opposé la révolution armée à la contre-révolution armée  ; renversé les trois grandes montagnes de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucratique  ; fondé la République populaire de Chine où le peuple est devenu le maître du pays  ; et réalisé l’indépendance nationale et l’émancipation du peuple. La révolution de démocratie nouvelle a mis fin à la société semi-coloniale et semi-féodale de l’ancienne Chine et à son état de désagrégation, aboli les traités inégaux imposés à la Chine par les puissances étrangères et supprimé toutes les prérogatives que les pays impérialistes s’étaient arrogées, créant ainsi les conditions sociales essentielles pour le grand renouveau national. Le Parti communiste chinois et le peuple chinois, au prix d’une lutte héroïque et opiniâtre, déclarent solennellement au reste du monde que le peuple chinois est désormais debout, et qu’est à jamais révolue l’époque où la nation chinoise était à la merci des puissances étrangères et essuyait affronts et outrages  !

Pour le leader du PCC, la Chine est parvenue à la grandeur à travers une histoire qu’il divise en différent temps, refusant par la même occasion d’en séparer les bons et les mauvais éléments. Xi Jinping rappelle l’époque de la domination occidentale de son pays et glorifie la lutte des Chinois, ayant permis – affirme t-il – de renouer avec la grandeur de l’Empire chinois d’avant les guerres de l’opium. À travers un récit guerrier glorifiant la lutte de son peuple, le dirigeant chinois cherche un renforcement du patriotisme et de la fierté nationale. Des intellectuels du Parti communiste chinois – comme Zhang Weiwei – participent à la construction d’un roman national en ayant recours à une forme de « marketing » mettant en avant la lutte populaire contre un ennemi capitaliste occidental, remodelant l’histoire de la nation chinoise. C’est ce passé mis en valeur que Xi Jinping utilise dans son discours.

— Pour réaliser le grand renouveau de la nation chinoise, le Parti communiste chinois a uni le peuple chinois et l’a dirigé dans l’accomplissement du grand exploit de la révolution et de la construction socialistes en comptant sur ses propres forces et en travaillant d’arrache-pied. Nous avons mené une révolution socialiste, mis fin au système d’exploitation et d’oppression féodales plusieurs fois millénaire, fait du socialisme le régime fondamental du pays et entrepris l’édification socialiste  ; déjoué les actes de subversion et contrecarré les défis armés de l’impérialisme et de l’hégémonisme  ; et réalisé finalement la transformation sociale la plus large et la plus profonde de l’histoire de la nation chinoise. La Chine a accompli l’exploit de passer en quelques enjambées de l’état de pays oriental surpeuplé et pauvre à celui d’une société socialiste. Tout cela a jeté, sur le plan tant politique qu’institutionnel, des bases solides pour réaliser le grand renouveau de la nation chinoise. Le Parti communiste chinois et le peuple chinois, à l’issue des luttes héroïques et opiniâtres qu’ils ont menées, déclarent solennellement au reste du monde que le peuple chinois est capable non seulement de détruire l’ancien monde, mais également d’en construire un nouveau  ; que seul le socialisme peut sauver la Chine et que seul le socialisme lui permet de se développer  !

— Pour réaliser le grand renouveau de la nation chinoise, le Parti communiste chinois a uni autour de lui le peuple chinois et l’a dirigé dans la réussite éclatante de la réforme, de l’ouverture et de la modernisation socialiste en faisant preuve d’ouverture d’esprit et en allant courageusement de l’avant. Nous avons réalisé un grand tournant ayant une signification profonde dans l’histoire du Parti depuis la fondation de la Chine nouvelle, défini la ligne fondamentale du Parti au stade primaire du socialisme, promu inébranlablement la réforme et l’ouverture, et surmonté les risques et les défis surgis de toutes parts, ce qui nous a permis de créer, maintenir, défendre et développer le socialisme à la chinoise. Nous avons ainsi réalisé des changements historiques remarquables  : notre pays est passé d’un régime d’économie planifiée hautement centralisé à un régime d’économie de marché socialiste plein de dynamisme  ; d’un état de fermeture ou semi-fermeture à une ouverture tous azimuts  ; d’un état relativement arriéré en matière de forces productives à la deuxième puissance économique du monde  ; d’un pays ayant du mal à satisfaire les besoins élémentaires à une société moyennement aisée dans les grandes lignes, avant d’aboutir à une société moyennement aisée à tout point de vue. Tout cela a permis de fournir au grand renouveau national des garanties institutionnelles pleines de vitalité et de créer des conditions matérielles en rapide expansion. Le Parti communiste chinois et le peuple chinois, au prix des luttes héroïques et opiniâtres, déclarent solennellement au reste du monde que la réforme et l’ouverture sont la clé pour décider de l’avenir et du destin de la Chine contemporaine et que la Chine est capable de suivre à grands pas l’évolution de notre époque  !

— Pour accomplir le grand renouveau de la nation chinoise, le Parti communiste chinois a uni et guidé le peuple chinois, fait preuve d’une confiance en soi et d’une volonté d’autoperfectionnement inébranlables, su innover tout en maintenant le bon cap, mené de front la grande lutte, la grande œuvre, la grande cause et le grand rêve, et réussi la grande réalisation du socialisme à la chinoise de la nouvelle ère. Depuis le XVIIIe Congrès du Parti, le socialisme à la chinoise étant entré dans une nouvelle ère, nous avons veillé à maintenir et renforcer la direction du Parti sur tous les plans, et fait progresser de façon synergique les dispositions d’ensemble du «  Plan global en cinq axes  » et les dispositions stratégiques des «  Quatre Intégralités  ». Nous avons maintenu et perfectionné le système socialiste à la chinoise, continué à moderniser notre système et notre capacité de gouvernance de l’État, insisté sur l’application des règlements dans les rangs du Parti et mis en place une réglementation relativement complète au sein du Parti. Nous avons surmonté toute une série de risques et de défis exceptionnels, réalisé l’objectif du premier centenaire et défini un arrangement stratégique pour atteindre l’objectif du deuxième centenaire. La cause du Parti et de l’État a enregistré des succès et transformations historiques. Tout cela a fourni une meilleure garantie institutionnelle, une base matérielle plus solide et une force spirituelle plus active pour réaliser le grand renouveau de la nation chinoise. Par leur lutte courageuse et opiniâtre, le Parti communiste chinois et le peuple chinois déclarent solennellement au reste du monde que la nation chinoise est en voie d’accomplir un grand bond, passant d’une nation qui s’est relevée à une nation prospère, puis à une nation puissante  ; et que la réalisation du grand renouveau de la nation chinoise est entrée dans un processus historique irréversible  !

Ce discours institue aussi l’idée d’une coïncidence entre le peuple chinois et le Parti. Cette idée s’inscrit dans une posture nationaliste fondée sur la grandeur idéalisée du passé. Si, à la prise de pouvoir du Parti en 1949 l’idéologie est réellement communiste, le Parti va peu à peu s’en détacher sous la direction successive de ses Secrétaires généraux, et en particulier de Deng Xiaoping qui consacre l’ouverture économique de la Chine. Le « socialisme chinois » n’a de réalité plus que son nom et est progressivement devenu un élément de distinction avec les pays occidentaux et la Russie. Sur le plan économique, le socialisme chinois s’apparente désormais à un capitalisme hautement contrôlé par l’Etat, tandis que sur le plan politique le socialisme chinois se rapproche d’un nationalisme. Xi Jinping, à travers son « rêve chinois » est l’acteur principal de ce nationalisme.

Le 18e Congrès national du Parti se déroule en novembre 2012. Lors de ce Congrès, Hu Jintao cède sa place de Président de la RPC et de Secrétaire général du PCC à Xi Jinping. Le plan global en cinq axes (économique, politique, culturel, social, écologique) et la stratégie des quatre intégralités (formation d’une société de classe moyenne comme premier objectif du centenaire, approfondissement de la réforme, gouvernance du Parti par la loi, discipline dans les rangs du Parti) ont été adoptées en 2017 lors du 19e Congrès national du Parti. La reconnaissance du droit et de sa nécessité par le PCC n’est que tardive. Auparavant vu comme un instrument de la bourgeoisie, c’est dans les années 1980 sous la direction de Deng Xiaoping qu’il est réhabilité. La Constitution de 1982 présente la Chine comme le modèle de l’Etat de droit socialiste. 

Depuis un siècle, le Parti communiste chinois, à la tête du peuple chinois, a fait preuve du courage qu’a décrit le poète en ces termes  : «  Par la mort des martyrs, nos cœurs sont renforcés, résolus à changer au ciel le soleil et la lune  ». C’est ainsi qu’il a réussi à composer l’épopée la plus sublime de l’histoire plusieurs fois millénaire de la nation chinoise. La grande voie que nous avons ouverte, la noble cause que nous avons fondée, les grandes réalisations que nous avons obtenues seront toutes inscrites dans les annales du développement de la nation chinoise, et même dans l’histoire de la civilisation humaine  !

On peut être surpris de ne voir apparaître que maintenant la figure de Mao Zedong (« le poète »), dont la présence est pourtant envahissante dans le dispositif imaginé pour ce discours. Xi Jinping, entouré des principaux dignitaires du Parti, est à la tribune de l’immense Porte de la paix céleste, sur la place Tiananmen. Il surplombe le monumental portrait de Mao qui domine l’esplanade couverte de spectateurs triés sur le volet et totalement intégrés à la mise en scène. Mieux, Xi a revêtu les mêmes habits que le Grand Timonier, donnant à sa personne une dimension quasi iconique.

Le Secrétaire général ménage une certaine tension dramatique en racontant depuis les origines l’histoire du Parti. Il reviendra plus longuement par la suite sur le rôle de Mao.

© AP Photo/Ng Han Guan

Camarades et amis,

Il y a un siècle, des pionniers fondèrent le Parti communiste chinois. C’est ainsi qu’est né l’esprit de la fondation du Parti  : défendre la vérité, persévérer dans l’idéal, tenir l’engagement initial, assumer la mission, lutter courageusement sans craindre les sacrifices, rester fidèle au Parti et se montrer digne de la confiance du peuple. Telle est la source morale du Parti communiste chinois.

Depuis un siècle, faisant rayonner ce noble esprit fondateur, le Parti communiste chinois a établi la généalogie spirituelle et les qualités politiques caractéristiques des communistes chinois au cours d’une longue lutte. De même que l’histoire s’écoule sans répit comme un grand fleuve, cet esprit se transmet de génération en génération. Nous devons faire revivre nos glorieuses traditions, préserver le principe de la consanguinité spirituelle, perpétuer et faire rayonner le noble esprit de la fondation du Parti  !

Au sujet de l’histoire du Parti, Xi en fait le fruit d’un processus collectif de défense de la vérité et des intérêts du peuple. Il présente le communisme chinois comme intemporel, traversant les générations et contribuant sans cesse au renouvellement du prestige de la nation chinoise. De fait, le Président chinois est lui-même le fils d’un haut cadre du parti qui a exercé aux côtés de Mao avant d’être déchu. 

Le renouveau de la Chine, prôné par Xi Jinping, s’incarne, notamment, par la perpétuation de la tradition et de l’héritage chinois à travers le monde et le temps, en témoigne les nombreuses expositions organisées en Chine pour le centenaire du parti et l’exportation de la culture chinoise dans le monde à travers l’implantation d’Instituts Confucius dans plusieurs pays.

Camarades et amis,

Tous les succès que nous avons remportés au cours du siècle découlé, nous les devons aux efforts conjugués des membres du Parti, du peuple chinois et de toute la nation chinoise. Les communistes chinois, avec les camarades Mao Zedong, Deng Xiaoping, Jiang Zemin et Hu Jintao en qualité de principaux représentants, ont accompli de grands exploits en faveur du grand renouveau de la nation chinoise qui brilleront à jamais dans l’histoire. Qu’il leur soit ici rendu hommage et respect  !

En ce moment précis, nous nous souvenons avec vénération des révolutionnaires de la vieille génération, entre autres Mao Zedong, Zhou Enlai, Liu Shaoqi, Zhu De, Deng Xiaoping et Chen Yun, qui ont apporté une contribution remarquable à la révolution, à l’édification et à la réforme de la Chine, de même qu’à la fondation, au renforcement et au développement du Parti communiste chinois. Nous nous souvenons avec la même vénération des martyrs révolutionnaires qui ont donné leur vie pour fonder, défendre et construire la Chine nouvelle, ainsi que de ceux qui ont consacré leur vie à la réforme, à l’ouverture et à la modernisation socialiste. Nous tenons également à rendre un vibrant hommage à tous les hommes et femmes de bonne volonté qui se sont lancés dans la lutte pour l’indépendance nationale et l’émancipation du peuple depuis les temps modernes. Que leurs contributions à la patrie et à la nation brillent éternellement dans l’histoire  ! Que leur noble esprit reste gravé à jamais dans le cœur du peuple chinois  !

En mettant sur le même plan Mao Zedong et les autres « camarades », secrétaires généraux et présidents de la République populaire successifs, Xi Jinping met en avant une logique linéaire conduisant jusqu’à lui-même.

Le peuple est le créateur de l’histoire et le vrai héros. Au nom du Comité central du Parti, je tiens ici à adresser mes plus respectueuses salutations aux ouvriers, aux paysans et aux intellectuels de tout le pays  ; aux divers partis et groupements politiques démocratiques, aux personnalités sans-parti, aux organisations populaires et aux personnalités patriotes des divers milieux  ; aux membres de l’Armée populaire de Libération, de la police armée, de la sécurité publique et du corps des sapeurs-pompiers  ; à tous les travailleurs socialistes  ; et aux membres du front uni  ! J’adresse aussi mes salutations chaleureuses aux concitoyens des régions administratives spéciales de Hong Kong et de Macao, aux compatriotes de Taiwan et aux ressortissants chinois à l’étranger  ! J’adresse enfin mes vifs remerciements aux peuples et amis de tous les pays qui vivent en bons termes avec le peuple chinois et soutiennent la révolution, l’édification et la réforme chinoises  !

Xi Jinping, qui rend hommage aux anciens secrétaires généraux du Parti, défend une vision téléologique de l’histoire communiste de la Chine suivant un progrès régulier. Cet hommage aux grands hommes du peuple chinois peut se lire comme une étape dans la construction d’une « mythologie » du Parti communiste et de la Chine. Le récit mythologique de la Chine communiste tend à remplacer l’histoire réelle de cette période. L’hommage au peuple chinois est l’occasion de réaffirmer qu’Hong Kong et Macao, bien que sous statuts administratifs spéciaux sont des territoires chinois, et que le peuple taïwanais est considéré comme lié à la Chine.

Camarades et amis,

Il est facile de prendre un noble engagement, mais il est difficile de le vivre toute sa vie. Comme le passé est un miroir qui nous permet de réfléchir à l’essor et au déclin des nations, nous devons nous référer à l’histoire pour interpréter le présent et nous préparer à l’avenir. En jetant un regard sur les cent ans de lutte du Parti, nous pouvons comprendre pourquoi nous avons réussi dans le passé et comment nous pourrons continuer à réussir dans l’avenir  ; et nous nous rendrons ainsi, dans notre nouvelle marche, plus fermes et plus actifs dans la poursuite de notre engagement initial et de notre noble mission, et dans la création d’un avenir radieux.

— Pour créer un bel avenir en nous inspirant de l’histoire, il faut maintenir la direction ferme du Parti communiste chinois. La clé pour mener à bien les affaires chinoises réside dans le Parti. Les plus de 180 ans écoulés depuis le début des temps modernes de la nation chinoise, les cent ans écoulés depuis la naissance du Parti communiste chinois, les plus de 70 ans écoulés depuis la fondation de la République populaire de Chine, toute cette histoire passée démontre incontestablement que, sans le Parti communiste chinois, il n’y aurait pas eu de Chine nouvelle et que, sans lui, il n’y aura pas non plus de grand renouveau de la nation chinoise. Ce sont l’histoire et le peuple qui ont choisi le Parti. La direction du Parti est la marque essentielle du socialisme à la chinoise, le plus grand avantage du régime socialiste à la chinoise, la question de vie ou de mort pour le Parti et l’État, ainsi que la clé des intérêts et du destin de notre peuple multiethnique.

Dans notre nouvelle marche, nous devons maintenir la direction du Parti sur tous les plans en l’améliorant constamment, renforcer les «  quatre consciences  » et la «  quadruple confiance en soi  », et préserver résolument la position centrale du secrétaire général dans le Comité central et le Parti ainsi que l’autorité et la direction centralisée et unifiée du Comité central du Parti. Nous devons, en gardant toujours à l’esprit les intérêts suprêmes du pays, élever sans cesse l’aptitude du Parti à exercer le pouvoir conformément à la loi et dans un esprit scientifique et démocratique, et faire pleinement valoir le rôle central du Parti dans la maîtrise de l’ensemble de la situation et la coordination des actions de toutes les parties.

— Pour créer un bel avenir en nous inspirant de l’histoire, il nous faut unir et conduire le peuple chinois pour œuvrer ensemble à une vie meilleure. L’État, c’est le peuple  ; et le peuple, c’est l’État. Pour prendre le pouvoir et bien gouverner, il faut obtenir le soutien du peuple. C’est dans le peuple que le Parti prend ses racines  ; c’est avec le peuple qu’il noue des liens de sang  ; c’est dans le peuple qu’il trouve sa force. Représentant toujours les intérêts fondamentaux de l’immense majorité du peuple et partageant avec lui les joies, les peines et la vie, le Parti n’a aucun intérêt égoïste, il n’incarne aucun groupe d’intérêt, aucune clique influente, ni aucune classe privilégiée. Toute tentative de séparer le Parti communiste chinois du peuple chinois, voire de les opposer l’un à l’autre, est vouée à l’échec  ! Les plus de 95 millions de communistes ne l’accepteront pas, pas plus que les plus de 1,4 milliard de Chinois  !

Dans notre nouvelle marche, nous devons nous appuyer étroitement sur le peuple pour créer l’histoire, rester fidèles à l’objectif fondamental de servir le peuple de tout cœur, prendre la position du peuple, appliquer la ligne de masse du Parti, respecter l’esprit d’initiative du peuple, concrétiser le concept de développement centré sur le peuple, développer la démocratie populaire dans tout processus, défendre l’équité et la justice sociales, et chercher à résoudre le problème du développement déséquilibré et insuffisant, ainsi que les problèmes épineux qui préoccupent les masses populaires et qui réclament d’urgence une solution. C’est ainsi que nous pourrons remporter des progrès substantiels et notables dans la promotion de l’épanouissement de l’individu et de l’enrichissement commun de la population  !

Xi Jinping dresse un bilan de l’histoire récente de la Chine, afin de définir les perspectives d’action futures du régime communiste chinois. Les fondements de la Chine d’aujourd’hui doivent rester les mêmes que ceux défendus par les prédécesseurs de Xi, à commencer par le rôle prédominant du Parti, principe déjà défini par Mao et gravé dans la Constitution de 1982 dès son article premier. De manière générale, c’est la continuité dans la forme institutionnelle qui est défendue. Xi Jinping s’est approprié cette organisation institutionnelle, notamment grâce à la réforme de la Constitution de 2018 qui supprime la limite du nombre de mandats que peut exercer le Président de la République populaire, renforçant, de fait, le pouvoir de celui qui est de façon générale, simultanément à la tête du parti et de l’armée. Le Président chinois défend cela en affirmant que l’intérêt du Parti, et donc de l’État, est l’intérêt du peuple.

Le dirigeant chinois se pose également en protecteur du peuple, affirmant que toute tentative d’atteinte à l’unité chinoise est vaine. Il lance un avertissement et une menace claire à qui tentera de menacer l’équilibre de la société chinoise. Ces propos trouvent une résonance particulière lorsqu’ils sont mis en perspective avec les tensions entre la Chine et les États-Unis. Depuis 2018, les deux puissances se livrent à une véritable guerre économique et commerciale, chacune infligeant à l’autre des hausses de droit de douane ou encore des pénalisations pour les accords inter-entreprises. Xi Jinping rejette les menaces occidentales tout en renforçant la cohésion du peuple chinois face à une menace extérieure commune.

— Pour créer un bel avenir en nous inspirant de l’histoire, il nous faut poursuivre la sinisation du marxisme. Le marxisme est la pensée directrice fondamentale du Parti et de l’État. Il est l’âme et le drapeau du Parti. En maintenant les principes fondamentaux du marxisme, en recherchant la vérité dans les faits et en partant des conditions spécifiques de la Chine, le Parti communiste chinois a su identifier les tendances de chaque époque, prendre l’initiative tout au long de l’histoire, mener un dur travail de recherche, faire avancer sans cesse la sinisation et l’actualisation du marxisme et diriger le peuple chinois dans la poursuite continue d’une grande révolution sociale. Pourquoi le Parti communiste chinois a-t-il réussi dans toutes ses entreprises  ? Pourquoi le socialisme à la chinoise est-il la bonne voie  ? La raison, c’est que le marxisme, en fin de compte, est dans le vrai  !

Dans notre nouvelle marche, nous devons, en persévérant dans le marxisme-léninisme, la pensée de Mao Zedong, la théorie de Deng Xiaoping, la pensée importante de la «  Triple Représentation  » et le concept de développement scientifique, appliquer sur toute la ligne la pensée sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère. Nous avons à combiner les principes fondamentaux du marxisme avec les réalités chinoises et les bonnes traditions culturelles chinoises  ; à nous appuyer sur le marxisme pour observer, maîtriser et diriger notre temps  ; et à continuer à développer le marxisme de la Chine contemporaine et du XXIe siècle.

— Pour créer un bel avenir en nous inspirant de l’histoire, il nous faut maintenir et développer le socialisme à la chinoise. Suivre notre propre voie, c’est non seulement le point d’appui sur lequel toutes les théories et pratiques du Parti reposent, mais aussi une conclusion historique que notre parti a tirée de ses cent ans de lutte. Le socialisme à la chinoise, résultat essentiel obtenu par le Parti et le peuple au prix d’immenses efforts et peines, est la juste voie qui permettra de réaliser le grand renouveau de la nation chinoise. Nous avons maintenu et développé le socialisme à la chinoise, fait progresser le développement coordonné des civilisations matérielle, politique, spirituelle, sociale et écologique, et réussi à ouvrir une nouvelle voie en faveur de la modernisation aux caractéristiques chinoises et à créer une nouvelle forme de la civilisation humaine.

Dans notre nouvelle marche, nous devons suivre fermement la théorie, la ligne et la stratégie fondamentales du Parti, mettre en œuvre de façon synergique les dispositions d’ensemble du «  Plan global en cinq axes  » et coordonner la mise en œuvre des dispositions stratégiques des «  Quatre Intégralités  ». Nous avons à approfondir tous azimuts la politique de réforme et d’ouverture  ; en nous focalisant sur le nouveau stade de développement, à appliquer de façon complète, précise et intégrale la nouvelle vision du développement, à mettre en place un nouveau modèle de développement et à promouvoir le développement centré sur la qualité  ; ainsi qu’à promouvoir l’autonomie et la montée en puissance de nos sciences et technologies. Nous veillerons à garantir la souveraineté populaire, à gouverner l’État en vertu de la loi et à valoriser le système de valeurs essentielles socialistes. Nous garantirons et améliorerons le bien-être de la population tout en nous développant, et favoriserons la coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature. Nous unirons nos efforts pour rendre plus riche le peuple, plus puissant l’État et plus beau le pays.

Xi Jinping met l’accent sur l’importance du développement du marxisme adapté au modèle chinois. Dans la Constitution chinoise, l’idéologie marxiste-léniniste est inscrite dès le préambule, ce qui en fait une idéologie d’État, une matrice d’action pour le régime – bien que l’existence d’une constitution en Chine soit plus le fruit d’une exigence internationale qu’une volonté d’édifier un ordre juridique avec au sommet une loi fondamentale. 

S’appuyant sur les réalisations et les succès du Parti au cours de ses 70 années au pouvoir (réduction de la pauvreté, développement de la puissance chinoise etc.), Xi Jinping souligne le fait que le succès chinois est la preuve du succès d’une telle doctrine, après l’échec des Républiques communistes dans les années 1990. 

Le Parti fonde sa politique en s’appuyant sur les principes élémentaires de la doctrine marxistes, éclairés par les contributions de Mao Zedong, de Deng Xiaoping, mais également de Xi Jinping, tous étant cités dans le préambule de la constitution chinoise. Pour contribuer au rayonnement du socialisme chinois, le PCC s’appuie sur la stratégie des cinq axes telle que défendue dans les statuts du parti. Cette stratégie a été établie en 2017 et comprend une dimension écologique – répondant plus à une préoccupation de santé publique qu’à une véritable conscience environnementale – et s’axant sur une doctrine de développement humain au service du renforcement idéologique du Parti.

La nation chinoise possède une brillante civilisation qui s’est formée au cours d’une histoire cinq fois millénaire  ; le Parti communiste chinois a à son actif un siècle de pratique dans la lutte et possède une expérience de plus de 70 années en matière d’exercice du pouvoir et d’administration du pays. Nous sommes prêts à nous inspirer de tous les fruits de la civilisation mondiale et à écouter tout bon conseil et toute critique constructive, mais nous n’accepterons jamais de nous faire tancer par de mauvais maîtres  ! La tête haute, le Parti et le peuple chinois feront de grands pas en avant dans la voie qu’ils ont eux-mêmes choisie et prendront fermement en main leur propre destin, qui est de se développer et de progresser sans cesse  !

— Pour créer un bel avenir en nous inspirant de l’histoire, il nous faut accélérer la modernisation de l’armée et de la défense nationale. Édifier un État puissant requiert une armée puissante, car seule une armée puissante peut assurer la sûreté de l’État. Le Parti doit «  commander aux fusils  » et disposer de sa propre armée populaire  : voilà une vérité solide comme le roc que le Parti a découverte au cours de sa lutte sanglante. Notre armée populaire a réalisé des exploits impérissables pour le Parti et le peuple chinois  ; elle est le pilier solide qui nous permet de défendre la Chine socialiste et de préserver la dignité de la nation  ; elle est aussi une force puissante de maintien de la paix régionale et mondiale.

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Dans notre nouvelle marche, nous devons appliquer sur toute la ligne la pensée du Parti sur la montée en puissance de l’armée dans la nouvelle ère  ; suivre la stratégie militaire de la nouvelle ère  ; maintenir la direction absolue du Parti dans l’armée  ; et nous engager dans une voie de renforcement de l’armée à la chinoise, en l’édifiant sur le plan politique, en la renforçant grâce à la réforme, aux sciences et technologies et à l’amélioration de la qualité de ses effectifs, et en assurant son administration en vertu de la loi. C’est ainsi que notre armée populaire sera en mesure de se hisser au premier rang mondial, de se munir de meilleures capacités et de moyens plus fiables pour sauvegarder la souveraineté et la sécurité de l’État et défendre nos intérêts en matière de développement  !

Outre les considérations économiques et sociales, le discours de Xi Jinping est également l’occasion pour lui de s’adresser au monde entier en décrivant cette « nouvelle marche ». S’il affirme accepter d’intégrer au modèle chinois, des éléments culturels étrangers, il refuse que d’autres puissances interfèrent dans les affaires chinoises. De cette façon, il balaye les requêtes et condamnations internationales sur le sort réservé aux Ouïghours par les autorités chinoises. Il rejette également les accusations de non-respect des droits de l’Homme, fréquemment adressées à la Chine, qu’il s’agisse des camps de « rééducation » pour les Ouïghours ou du traitement des manifestations à Hong Kong. Xi Jinping rejette les critiques adressées par les Occidentaux, affirmant que le Parti agit toujours dans l’intérêt général et que cette politique est la seule parvenant à la réduction de l’extrême pauvreté.

En tant que président de la Commission militaire centrale (CMC), le dirigeant chinois se félicite de la modernisation en cours des forces armées de son pays, qu’il souhaite encore amplifier. L’architecture de l’État chinois est originale puisque c’est bien le Parti qui y dirige l’État et l’armée doit lui être affiliée en vertu de la doctrine the party commands the gun. Xi Jinping insiste sur l’importance de renforcer la puissance militaire chinoise, pour parer les menaces extérieures et assurer la paix dans le monde. La position chinoise de défense de la paix se heurte à une attitude offensive de la part des forces armées chinoises au large de Taïwan et en mer de Chine méridionale – la Chine revendiquant 80 % des eaux de la mer de Chine, aux dépens de Taïwan, de l’Indonésie, du Vietnam ou de la Malaisie notamment.

— Pour créer un bel avenir en nous inspirant de l’histoire, il nous faut œuvrer constamment à la construction de la communauté de destin pour l’humanité. La paix, l’entente et l’harmonie sont des concepts que la nation chinoise a recherchés et perpétués pendant plus de cinq millénaires. Ni l’agression ni l’hégémonisme ne font partie de l’ADN des Chinois. Le Parti communiste chinois se soucie de l’avenir et du destin de l’humanité, et marche main dans la main avec les éléments progressistes du monde entier. La Chine est toujours prête à construire la paix mondiale, à contribuer au développement planétaire et à sauvegarder l’ordre international  !

Dans notre nouvelle marche, nous devons porter haut levé l’étendard de la paix, du développement, de la coopération et du principe gagnant-gagnant, poursuivre notre politique extérieure d’indépendance et de paix, persévérer dans la voie du développement pacifique, contribuer à l’établissement d’un nouveau type de relations internationales, promouvoir la construction d’une communauté de destin pour l’humanité, œuvrer ensemble à la mise en œuvre de l’initiative «  Ceinture et Route  » en mettant l’accent sur la qualité, et fournir de nouvelles opportunités au reste du monde grâce au nouveau développement de la Chine. Avec tous les pays et peuples épris de paix, le Parti communiste chinois continuera à mettre à l’honneur ces valeurs communes à toute l’humanité que sont la paix et le développement, l’équité et la justice, la démocratie et la liberté, en adhérant à la coopération plutôt qu’à la confrontation, à l’ouverture plutôt qu’à la fermeture, et au gagnant-gagnant plutôt qu’au jeu à somme nulle, et en s’opposant à l’hégémonisme et à la politique du plus fort, tout cela afin de faire avancer le courant de l’histoire vers un avenir radieux  !

Le peuple chinois est très attaché à la justice et n’a jamais cédé devant la violence. La nation chinoise a un vif sentiment de fierté et de confiance en soi. Le peuple chinois n’a jamais malmené, opprimé, ni asservi d’autres peuples. Il ne l’a jamais fait et il ne le fera jamais. En même temps, il ne saurait tolérer en aucune manière qu’une force étrangère en use de la sorte à son égard. Quiconque tentera d’agir ainsi se brisera sur la Grande Muraille d’airain que plus de 1,4 milliard de Chinois ont érigée avec leur chair et leur sang  !

Cette dernière phrase est l’un des exemples où le communiqué officiel diffusé sur le média d’État Xinhuanet (Agence Chine Nouvelle) diffère, semble-t-il, du prononcé de Xi. La formule initiale, reprise en anglais par la plupart des grands médias anglo-saxons, dont le Washington Post, était « heads bashed bloody » qu’on ne retrouve nulle part dans le communiqué officiel publié par la suite. À la place, le communiqué préfère parler d’une « collision course« , et emploie seulement le verbe « briser » dans la version française définitive.

Comme le confirme pourtant le chercheur de la FRS Antoine Bondaz sur Twitter, l’expression 头破血流 signifie bien littéralement « écraser/briser la tête et faire couler le sang ».

— Pour créer un bel avenir en nous inspirant de l’histoire, il nous faut mener une grande lutte aux nombreuses caractéristiques historiques nouvelles. Le Parti communiste chinois puise son invincibilité dans sa volonté de combattre et de triompher. La réalisation du grand rêve réclame une lutte acharnée et sans relâche. Aujourd’hui, plus proches que jamais de l’objectif du grand renouveau national, et plus que jamais confiants et capables de l’atteindre, nous devons être prêts à y consacrer des efforts plus âpres et ardus.

Dans notre nouvelle marche, nous devons garder l’esprit vigilant contre tout risque même en temps de paix, appliquer le concept global de sécurité nationale, envisager simultanément le développement et la sécurité, et considérer globalement la stratégie du grand renouveau de la nation chinoise et la grande transformation du siècle, en maîtrisant les nouvelles caractéristiques et exigences issues de la transformation de la principale contradiction au sein de la société chinoise et en appréhendant correctement les nouvelles contradictions et les nouveaux défis dus à la complexité de l’environnement international. Il nous faut avoir le courage de combattre et aussi savoir le faire. Nous devons être capables de surmonter tout obstacle, qu’il s’agisse d’une montagne ou d’un fleuve, de relever dans l’audace tous les défis et d’affronter tous les risques  !

En plus de sa volonté affichée de renforcer sa puissance militaire, la Chine souhaite renforcer son influence et sa puissance diplomatique. La grandeur de l’Empire, que la Chine cherche à retrouver, doit passer par un travail sans relâche de la part de tous les acteurs et du Parti, affirme Xi. 

Pour étendre son influence dans le monde, et ainsi se rapprocher du rêve chinois – dont Xi Jinping a fait sa devise – le régime porte l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie. Ce projet, centré sur l’utilisation de canaux de communication routiers, maritimes et ferroviaires notamment, met en relation 68 pays et touchera à terme 44 % du PIB mondial. Il a avant tout pour objectif la diffusion de la puissance chinoise dans le but d’en faire un acteur diplomatique et stratégique incontournable. De manière complémentaire à l’ouverture diplomatique internationale, l’accent est mis sur la sécurité nationale et sur une vigilance globale face aux risques que pourrait représenter cette ouverture à l’étranger. 

— Pour créer un bel avenir en nous inspirant de l’histoire, il nous faut renforcer la grande union de toutes les filles et de tous les fils de la nation chinoise. Au cours de ses cent ans de lutte, le Parti communiste chinois, accordant toujours une importance particulière au front uni, a consolidé et développé le front uni le plus vaste, réuni toutes les forces susceptibles de l’être, mobilisé tous les facteurs positifs, et rassemblé le maximum de forces pour mener une lutte commune. Le front uni patriotique est un atout majeur qui permet d’unir tous les Chinois résidant à l’intérieur comme à l’extérieur du pays pour réaliser le grand renouveau de la nation chinoise.

Dans notre nouvelle marche, nous devons persévérer dans la grande solidarité et la grande unité, concilier en tout temps l’homogénéité et l’hétérogénéité, renforcer l’orientation sur le plan politico-idéologique, créer un large consensus, rassembler des compétences provenant des quatre coins du monde, et nous efforcer de trouver le plus grand commun diviseur ainsi que le plus grand des cercles concentriques. Nous veillerons à ce que tous les Chinois, qu’ils résident en Chine ou à l’étranger, puissent réaliser une union de cœur et œuvrer de concert, et que d’immenses forces favorables au renouveau national soient ainsi rassemblées  !

— Pour créer un bel avenir en nous inspirant de l’histoire, il nous faut poursuivre sans cesse la grandiose œuvre nouvelle qu’est l’édification du Parti. Avoir le courage de s’imposer une révolution distingue clairement le Parti communiste chinois des autres partis politiques. Si notre parti est passé par mille épreuves tout en conservant sa vitalité juvénile, l’une des raisons importantes en est qu’il contrôle strictement le comportement de ses membres, fait régner une discipline rigoureuse dans ses rangs, et sait faire face aux risques et épreuves durant les différentes périodes historiques. Cela a permis au Parti de se tenir à l’avant-garde de l’époque chaque fois que la conjoncture mondiale a connu des changements importants, et de demeurer le pilier sur lequel le peuple entier a pu s’appuyer pour faire face aux risques et défis tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Dans notre nouvelle marche, nous devons garder en mémoire que «  pour forger le fer, il faut soi-même être fort  »  ; renforcer notre conscience politique de la nécessité de faire régner en tout temps une discipline rigoureuse au sein du Parti  ; prendre pour guide l’édification politique du Parti  ; continuer à faire progresser la grande et nouvelle entreprise d’édification du Parti dans la nouvelle ère  ; rendre plus rigoureuse son organisation  ; déployer de grands efforts pour former des cadres d’élite à la fois compétents et d’une haute moralité  ; renforcer sans hésitation la lutte pour l’intégrité et contre la corruption  ; extirper tous les facteurs préjudiciables à la pureté et au caractère avancé du Parti et éliminer tout virus nuisible à sa santé  ; et veiller à ce que la nature, la couleur et le style du Parti demeurent inchangés. Il faut que le Parti reste éternellement le noyau dirigeant solide pour le maintien et le développement du socialisme à la chinoise dans la nouvelle ère  !

Le Président Xi, affiche l’unité et la force d’un parti rassemblant aujourd’hui près de 95 millions d’adhérents, bien que moins d’1 % de ses partisans ne soient des militants actifs. Il affirme que la Chine a acquis sa grandeur en restant unie, et que c’est ce « front uni patriotique » qu’il est essentiel de conserver pour le futur. 

Le parti est ainsi géré « strictement », en vertu du quatrième volet des quatre intégralités chinoises. Xi Jinping vante à ce titre la volonté réformatrice et le dynamisme revendiqué de son parti, se réformant pour, dit-il, servir au mieux le peuple. Pour cela, le Parti dispose d’un large vivier de fonctionnaires d’État, au nombre d’environ 7 millions, dont le rôle est la mise en oeuvre du programme du Parti, et l’administration « sur tous les plans » défendue par Deng Xiaoping et formant l’un des volets des quatre intégralités. L’État chinois contrôle son administration, par le moyen commission nationale de supervision instituée par la révision constitutionnelle de 2018, chargée de veiller à la « bonne discipline » des fonctionnaires. Xi met en avant l’importance de cette discipline pour préserver le parti et l’intérêt populaire. La révolution culturelle (1976-1986), au cours de laquelle une épuration massive de la fonction publique a eu lieu, était déjà justifiée en son temps, par la nécessité de préserver le Parti.

Camarades et amis,

Nous devons appliquer intégralement et avec précision les principes dits «  un pays, deux systèmes  », «  administration de Hong Kong par les Hongkongais  », «  administration de Macao par les Macanais  » ainsi que le principe consistant à leur accorder un haut degré d’autonomie  ; exercer le pouvoir de gouvernance globale de l’autorité centrale à l’égard des régions administratives spéciales de Hong Kong et de Macao  ; veiller à l’application de leur législation et de leurs mécanismes exécutifs destinés à sauvegarder la sûreté de l’État  ; préserver la souveraineté et la sécurité nationales et nos intérêts en matière de développement  ; assurer la stabilité sociale de ces deux régions  ; maintenir la prospérité et la stabilité à long terme de Hong Kong et de Macao.

Résoudre le problème de Taiwan et réaliser la réunification totale de la patrie constituent la tâche historique et immuable du Parti communiste chinois et correspondent également à l’aspiration commune de tous les Chinois. Il faut, en maintenant le principe d’une seule Chine et le «  Consensus de 1992  », travailler à faire progresser la réunification pacifique de la patrie. Les compatriotes des deux rives du détroit de Taiwan et les autres filles et fils de la nation chinoise doivent s’unir pour le meilleur et pour le pire, avancer main dans la main, faire résolument échec à toute tentative visant à l’«  indépendance de Taiwan  » et créer ensemble un bel avenir pour le renouveau national. Nul ne doit sous-estimer la détermination, la volonté et la compétence du peuple chinois pour défendre la souveraineté nationale et l’intégrité du territoire  !

Xi Jinping évoque le sujet de Taïwan et Hong Kong en affirmant agir pour protéger ces deux territoires. Les récentes émeutes à Hong Kong, suite à la mise en place d’une loi sur la sécurité par le gouvernement chinois ont généré d’importantes tensions sur ce territoire. La date du 1er juillet est d’ailleurs également celle de la rétrocession d’Hong Kong à la Chine (voir notre article à ce sujet). Xi salue les citoyens chinois d’Hong Kong, alors même que seulement 20 % des habitants de cette région affirment se sentir chinois.

L’idée de la réunification de la Chine, en réintégrant Taïwan dans le giron de la République populaire, est une tâche à laquelle le Parti communiste chinois tente de répondre depuis la scission. Xi affirme œuvrer pour rassembler les chinois de Taïwan et de la République populaire, en vertu de l’intérêt national, alors même que les citoyens taïwanais ne semblent pas vouloir prendre cette voie. Il met également en garde contre toute tentative d’indépendance de la part de la péninsule que la Chine ne saurait laisser faire. C’est notamment pour rappeler sa présence et mettre la pression sur l’île que la Chine de Xi Jinping envoie fréquemment sa marine au large de Taïwan.

Camarades et amis,

L’avenir appartient à la jeunesse, et nos espoirs doivent être placés en elle. Il y a un siècle, un grand nombre de jeunes éclairés, en portant bien haut le flambeau de la pensée marxiste, a recherché à tâtons des solutions capables de redresser une Chine qui avait sombré dans le plus grand désordre politique et social. Durant les cent années passées, sous le drapeau du Parti communiste chinois, les jeunes ont de génération en génération consacré leur jeunesse à la cause du Parti et du peuple, devenant l’une des forces d’avant-garde du grand renouveau national. Les jeunes de la nouvelle ère doivent, en s’imposant le devoir de réaliser le grand renouveau de la nation, avoir la détermination, l’intégrité et la confiance en soi nécessaires pour être de bons citoyens chinois, faire ce qui est digne de notre temps, ne pas laisser faner la fleur de leur jeunesse, et ne pas décevoir les espoirs les plus ardents que le Parti et le peuple placent en eux.

Xi Jinping incite la jeunesse à s’engager en faveur du Parti en rappelant le rôle moteur qu’elle a eu pour l’édification de la République populaire et pour le mouvement de rajeunissement de la nation. C’est devant une place Tienanmen très largement remplie de jeunes, que Xi clame que « le peuple chinois s’est levé ». Si le projet marxiste a initialement été porté par un groupe de jeunes, le Parti mobilise à son tour la jeunesse en l’enrôlant dans des organisations pour la jeunesse. C’est par ce biais, et en initiant tôt les jeunes chinois à la doctrine du Parti, que la Chine s’assure de l’engagement futur et le soutien des jeunes auprès du PCC.

© AP Photo/Andy Wong

Camarades et amis,

Le Parti, qui ne comptait qu’une cinquantaine de militants à sa naissance il y a un siècle, en possède aujourd’hui plus de 95 millions et dirige un grand pays peuplé de plus de 1,4 milliard d’habitants, ce qui lui a permis de devenir le plus grand parti politique au pouvoir dans le monde, un parti dont l’influence se fait nettement sentir à l’échelle internationale.

Il y a un siècle, la Chine n’a pu montrer au reste du monde que l’aspect d’un pays en plein déclin. Aujourd’hui elle lui a prouvé par les faits qu’elle est devenue un État prospère qui avance à pas résolus vers son grand renouveau national.

Durant les cent dernières années, le Parti a remis au peuple et à l’histoire une excellente réponse à leurs questions d’examen. Maintenant, ayant uni le peuple chinois autour de lui, il le conduit à aller passer un nouvel examen  : l’atteinte de l’objectif du deuxième centenaire.

Membres du Parti communiste chinois, le Comité central vous appelle tous à tenir dûment votre engagement initial, à garder à l’esprit votre mission, à raffermir votre idéal et vos convictions, à poursuivre l’objectif fondamental du Parti, à resserrer les liens de chair et de sang avec le peuple, à penser à ce qu’il pense, à travailler avec lui en bravant vents et tempêtes sur le même bateau, à demeurer solidaires avec lui pour le meilleur et pour le pire, à poursuivre sans relâche vos efforts pour satisfaire l’aspiration de la population à une vie meilleure, et à œuvrer inlassablement afin d’accomplir davantage d’exploits pour le Parti et le peuple  !

Camarades et amis,

Le Parti communiste chinois se dévoue entièrement à la cause grandiose de la nation chinoise, un effort qui prendra des générations. Un siècle après sa fondation, il a la chance d’être dans la force de l’âge. En jetant un regard rétrospectif et en nous tournant vers l’avenir, nous sommes convaincus que, sous la ferme direction du Parti et grâce à la solidarité profonde qui lie tout le peuple multiethnique, nous parviendrons à réaliser nos objectifs  : faire de la Chine un grand pays socialiste moderne et transformer en réalité notre rêve du grand renouveau de la nation  !

Il conclut son discours en annonçant que le Parti compte désormais 95 millions de membres, même s’il faut relativiser l’engagement plus ou moins important de chacun au sein de la machine du PCC. Environ 600 000 Chinois sont investis de manière régulière au sein du Parti. Xi donne l’image d’un parti fort, dynamique, séduisant les citoyens chinois. Il donne au Parti, et aux chinois, la tâche d’agir en recherche du deuxième objectif du centenaire : faire de la Chine un grand pays socialiste moderne.

Il rappelle le bilan de l’existence centenaire du Parti et de ses réalisations, mettant en avant la place centrale qu’occupe désormais la Chine au sein du concert des nations. Avec ce bilan, Xi Jinping occulte un certain nombre de menaces qui touchent aujourd’hui le modèle chinois. Le ralentissement économique, dû notamment à la crise de 2020, tend à remettre en question le modèle chinois. La gestion de la crise sanitaire et les soupçons autour de la conduite de Pékin lors de la crise du Covid-19, ainsi que le traitement infligé aux minorités ethniques, ternissent le bilan de la République populaire de Chine sur le plan international.

Vive le grand, glorieux et juste Parti communiste chinois  !

Vive le grand, glorieux et héroïque peuple chinois  !

Crédits
Le texte utilisé ici est la traduction fournie par le média d'État chinois. Comme expliqué dans le commentaire, il semble que les traductions « officielles » atténues parfois le propos par rapport au prononcé du discours de Xi Jinping le 1er Juillet.
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