La transition écologique en Chine : à quel coût ?

Dans cette interview, les auteurs de China Goes Green (Polity, 2020) nous livrent leur interprétation de l'approche de l'écologie par l'État chinois, qui en fait un instrument de renforcement du contrôle autoritaire, avec le danger que le climat ne finisse par éclipser d'autres enjeux sociaux et écologiques fondamentaux.

Yifei Li, Judith Shapiro, China Goes Green: Coercive Environmentalism for a Troubled Planet, Polity, 2020, 240 pages, ISBN 9781509543113

Dans China Goes Green, vous faites une distinction entre autoritarisme écologique et écologie autoritaire. Pourriez-vous nous expliquer cette différence et en quoi les politiques climatiques de la Chine ont évolué ?

Yifei Li  : Nous avions entrepris une recherche sur l’écologie autoritaire, mais notre enquête nous a menés vers des terres imprévues. Les gens sont frustrés par le fait que les démocraties semblent incapables de produire des réponses solides et efficaces aux défis écologiques. Nous pourrions même aller jusqu’à dire qu’il y une admiration occidentale pour les approches autoritaires et résolues de la Chine en matière d’environnement. En d’autres termes, si la fin que constitue la durabilité de l’environnement est assez noble, elle peut justifier les moyens, c’est-à-dire des attitudes autoritaires dans le chef de l’État. Toutefois, à l’issue d’un examen systématique du pouvoir écologique chinois sur le terrain, nous avons découvert que la protection de l’environnement, plutôt que d’être la fin, devient peu à peu un prétexte à l’intensification du contrôle autoritaire sur le plan intérieur, à l’exercice d’une puissance géopolitique et à toutes sortes de jeux d’influence internationaux.

Judith Shapiro  : Pour ma part, je crois que l’admiration occidentale pour la détermination chinoise en matière d’environnement prend en quelque sorte ses désirs pour des réalités, et provient du sentiment que la planète est à court de temps. Nous sommes tombés sous le charme de la notion de «  civilisation écologique  » parce qu’elle convoque des images avant-gardistes.

Vous avez décrit l’approche très centralisée de la Chine en matière de politique écologique. Dans quelle mesure ce choix peut-il être problématique pour une élaboration efficace des politiques ?

Judith Shapiro   : D’une part, comment ne pas admirer l’État chinois qui investit des fonds considérables et accorde un soutien institutionnel sans faille à l’innovation technologique et à d’autres sujets de préoccupation écologique, que ce soit sous la forme de groupes de réflexion ou de lieux tels que l’université de Tsinghua. Les États-Unis ne peuvent qu’applaudir. Il n’existe pas de financement de la US National Science Foundation poussé à un tel degré. D’autre part, au-delà de l’intérêt évident suscité par cette attitude, elle reflète aussi une sorte d’approche technocratique des politiques écologiques où les ingénieurs mènent le processus tandis que les citoyens n’ont rien à dire. De temps à autres, ces ingénieurs inventent quelque chose, comme ces chambres à combustible capables d’envoyer de l’iodure d’argent dans la mousson en provenance d’Inde pour créer une «  rivière d’argent  » sur le plateau tibétain. Puis, tout à coup, ils veulent installer 10.000 de ces machines. Mais qu’en est-il des Indiens, qui ont aussi besoin de cette eau, ou des Tibétains, dont les convictions n’autorisent pas ce type d’intervention ? Il existe ici l’impression que la race humaine peut conquérir la nature. Il y a des années, j’ai travaillé sur «  La Guerre du Président Mao contre la nature  », qui tourne entièrement autour de cette thématique – et qui repose sur le même engouement pour le modernisme que celui décrit par le politologue états-unien James Scott en 1999 dans Seeing Like a State.

Yifei Li  : Quand la capacité d’innovation, le pouvoir épistémique ou le savoir sont aussi centralisés, la conséquence est souvent que les fonctionnaires de l’État chinois, aussi bien intentionnés soient-ils, n’ont tout simplement pas connaissance de ce qui se passe sur le terrain. Au point d’ignorer les apports des groupes ethniques minoritaires et des scientifiques indépendants. Dans ce cas, la centralisation rend un mauvais service à l’État chinois. La façon dont ils envisagent ce qu’est la Chine d’aujourd’hui et ce que pourrait être la Chine du futur est unidimensionnelle. En se montrant totalement insensibles à la complexité de la nation comme à la diversité de la société, les acteurs de l’État chinois sapent sa capacité à bien gouverner.

Judith Shapiro  : D’une certaine façon, cette idée que le parti représente le peuple mais qu’en même temps il sait mieux que le peuple est présente dans le système de gouvernance du Parti communiste chinois (PCC) depuis les premiers jours.

Comment interagit cet écomodernisme avec la notion de civilisation écologique ?

Yifei Li  : La civilisation écologique est une stratégie gouvernementale globale. De nombreux observateurs – tant en Chine qu’à l’extérieur du pays – s’empressent de ne rien y voir d’autre que de la propagande. En réalité, la civilisation écologique constitue la seule «  innovation  » apportée par le marxisme chinois à la formulation marxiste classique des étapes de développement par lesquelles passent les sociétés  : de l’agriculture à l’impérialisme, de l’impérialisme au capitalisme, puis au socialisme et, enfin, au communisme. Les marxistes parrainés par l’État chinois suggèrent en substance que la civilisation écologique est l’étape transitoire entre le socialisme et le communisme. En d’autres termes, ils soutiennent que la Chine vit une expérience de nature marxiste mais que Karl Marx lui-même n’a pas connu. En ce sens, la civilisation écologique constitue une contribution intellectuelle unique.

La Chine affirme par ailleurs qu’avant les guerres de l’opium, vers le milieu du XIXe siècle, elle figurait parmi les civilisations les plus avancées de la planète, mais qu’elle a vécu par la suite un siècle d’humiliation. Le PCC se perçoit comme une organisation qui dépoussière la «  nation chinoise  » et la rétablit dans sa gloire passée : il ne construit pas un type quelconque de civilisation, il construit un type de civilisation unique en son genre, une civilisation écologique. Telle est en quelque sorte ce que devient actuellement la marque de fabrique du PCC en Chine. Il est essentiel de reconnaître la centralité de la civilisation écologique dans la façon dont l’État chinois se conçoit. A l’avenir, la protection de l’environnement continuera d’occuper une place très importante dans les politiques étatiques chinoises.

Judith Shapiro  : Il faut rappeler que cette notion a été incluse dans la Constitution de l’État chinois ainsi que dans les plans quinquennaux : ils auraient très bien pu utiliser l’expression «  développement durable  », mais ont préféré l’éviter parce que c’eût été une importation de l’Occident.

Pouvez-vous dire un mot du phénomène de «  l’accaparement vert  » et de ce qu’il révèle de l’attitude du gouvernement chinois par apport à la transition énergétique sur le terrain ?

Judith Shapiro  : Dans ses divers programmes environnementaux, l’État chinois s’efforce d’atteindre ses objectifs vis-à-vis des institutions et des citoyens ordinaires. Par exemple, la Chine construit des barrages depuis longtemps. Et ces barrages servent souvent les intérêts des fonctionnaires locaux qui profitent de la vente de l’électricité. Mais aujourd’hui, vu l’engagement pour la neutralité carbone d’ici 2060, il est devenu beaucoup plus facile pour l’État de justifier la construction de ces barrages dans le cadre d’un portefeuille d’énergies renouvelables. Les barrages hydroélectriques sont déjà terriblement controversés, tant en Chine qu’à l’étranger. Les communautés qu’ils déracinent leurs résistent. Les pays situés en aval du Mékong, comme le Vietnam, ont été fortement impactés par les constructions de barrages en Chine. L’Inde est également très préoccupée par les projets de barrage de la Chine sur le Brahmapoutre.

En écoutant les voix de celles et ceux qui s’opposent aux barrages, l’État peut éviter de commettre de graves erreurs. Par exemple, le barrage prévu pour les gorges du Saut du tigre, dans la province du Yunnan, aurait causé des préjudices catastrophiques au patrimoine immatériel de la Chine. Il a été abandonné en 2007 à la suite d’une campagne massive, mais certains projets sont de nouveau sortis des cartons et nous devons garder un œil sur ces nouveaux prétextes brandis pour développer l’énergie hydroélectrique, qui est très mauvaise pour la diversité, le droit du paysage, et les droits de l’homme.

Yifei Li  : L’admiration internationale pour l’écologie chinoise provient en grande partie de la promotion des énergies renouvelables par le gouvernement. Une certaine prudence devrait plutôt s’imposer à cet égard. Si l’hydroélectricité est effectivement renouvelable sur le plan énergétique, les barrages ont surtout pour conséquence de détruire les écosystèmes fluviaux et de générer de terribles impacts sociaux et économiques à long terme sur les communautés locales. La question que nous devons nous poser est : quel est le prix que la Chine paie pour la mise en œuvre de ses politiques en matière d’énergies renouvelables ?

Dans quelle mesure la transition chinoise aggrave-t-elle les inégalités sociales, tant dans le pays qu’à l’étranger ?

Judith Shapiro  : Le déplacement environnemental est un aspect crucial de la justice climatique. Des barrages sont construits par-delà les frontières sur le Mékong pour répondre aux besoins énergétiques de la Chine. Même le long de la nouvelle route de la soie, son programme d’infrastructures visant à relier l’Asie à l’Afrique et à l’Europe par des réseaux terrestres et maritimes, la Chine exporte des centrales électriques au charbon et recherche et extrait des matières premières, ce qui a de graves répercussions sur l’environnement. Les déplacements environnementaux sont de plus en plus repoussés vers l’étranger, vers des communautés plus pauvres, dont la position est trop faible pour résister, que ce soit en Afrique, en Amérique latine ou même le long de la nouvelle route de la soie. Aujourd’hui, la nouvelle route de la soie est présentée comme une solution gagnante pour la Chine et pour ses partenaires. Elle fait écho à la théorie selon laquelle le capitalisme, au stade avancé, doit constamment rechercher de nouveaux marchés et de nouvelles matières premières.

Yifei Li  : La politique de recyclage de la ville de Shanghai est un bon exemple d’inégalité entre villes et campagnes. Le recyclage existe dans cette ville depuis des décennies et il constitue une source de revenus principale pour de nombreux travailleurs migrants. Le gouvernement tente désormais de mettre en place dans la ville un système de recyclage plus formalisé en chassant les migrants et en les remplaçant par des travailleurs locaux. En parallèle, cette politique gentrifie la ville et restreint l’espace économique des travailleurs migrants, au point qu’il ne leur est plus possible de prospérer dans les grands centres métropolitains que sont Shanghai et Pékin. Nous observons cette tendance dans d’autres endroits également.

Quelles sont vos réflexions sur la logique économique de l’équilibre coût-bénéfice qui sous-tend les ambitions écologiques du gouvernement chinois ?

Yifei Li  : La Chine se sert de l’initiative de la nouvelle route de la soie comme d’un mécanisme destiné à absorber ses excédents économiques. Elle exporte des technologies ferroviaires à grande vitesse à ses partenaires de la nouvelle route de la soie alors que son marché intérieur est saturé. La nouvelle route de la soie est en train de devenir une stratégie de croissance économique. C’est assez ahurissant de voir comment les acteurs étatiques chinois continuent, malgré la destruction de l’environnement causée par la nouvelle route de la soie, de la qualifier de «  verte, intelligente, win-win  ». Il existe de nombreuses preuves attestant de la destruction des habitats écologiques, des dommages que les ports en eau profonde infligent aux systèmes marins et des émissions de carbone dans l’atmosphère causées par les centrales électriques au charbon.

La Chine a annoncé un plan visant à atteindre un pic de ses émissions de carbone au plus tard en 2030, puis la neutralité carbone d’ici 2060. La véritable question est : comment vont-ils y parvenir ? Diverses expériences locales cherchent à rendre compte de la neutralité carbone. À Pékin, par exemple, toute organisation ou personne souhaitant organiser un événement sportif doit faire un «  inventaire carbone complet » et calculer les quantités d’énergie, de carburant, d’eau, etc. requises par l’événement. Le total sera ensuite comparé au quota de carbone attribué par le gouvernement. Quiconque dépasse son quota doit se tourner vers le mécanisme de plafonnement et d’échange de droits d’émission de carbone de Pékin pour acheter plus de crédits carbone. Cette expérience me semble très risquée. Elle donne aux acteurs du gouvernement chinois une autorité considérable dans la détermination de la quantité de carbone que tout événement est habilité à émettre. Il n’est pas si exagéré que cela d’imaginer un scénario où les événements qui sont mieux alignés sur les ambitions de l’État obtiennent davantage de crédits. Si l’engagement de la neutralité carbone d’ici 2060 devait être concrétisé de cette manière, ce serait très inquiétant.

La Chine a-t-elle l’intention d’acquérir un leadership intellectuel mondial sur la manière dont les États peuvent concilier développement économique et transition écologique ?

Yifei Li  : Les diplomates chinois sont largement mus par l’idée que l’approche économique chinoise puisse être répliquée avec succès dans d’autres régions du monde comme l’Afrique et l’Amérique du Sud. L’État chinois veut être un chef de file mondial en matière de protection de l’environnement. Sous Trump, les États-Unis ont démantelé une grande partie de leur appareil environnemental. La Chine semble très désireuse de combler ce vide. Par contre, si elle veut être à la hauteur de son potentiel de leader mondial, la Chine devra apprendre à écouter les acteurs non étatiques. ll lui faudra apprendre à être sensible aux autres conceptions du développement et aux préoccupations qui peuvent ou non s’aligner sur sa vision du développement centrée sur les villes, qui semble être si profondément ancrée dans l’État chinois. 

Pourriez-vous nous en dire davantage sur les impacts environnementaux non climatiques en Chine ?

Judith Shapiro  : Quand on n’examine que le carbone, on néglige de nombreux autres types d’impacts écologiques. Les mégabarrages chinois, par exemple, ont des répercussions gigantesques sur toutes sortes d’écosystèmes. Avec l’urgence de la crise climatique, il nous arrive parfois d’oublier qu’il y a d’autres enjeux écologiques.

Yifei Li  : Une des conclusions les plus importantes des études sur l’environnement est l’interconnexion entre tout ce qui existe. Nous ne pouvons pas isoler des activités telles que les monocultures de maïs ou de soja du système plus large qui les génère, ni des dommages qu’elles infligent à d’autres partie de l’écosystème. Que l’on considère une forêt, un écosystème marin ou même un écosystème urbain, tout projet doit être sensible non seulement aux impacts écologiques à long terme, mais également aux impacts qui ne sont peut-être pas immédiatement apparents. Prenez le cas du barrage des Trois-Gorges : des inquiétudes s’étaient déjà fait entendre avant même sa construction, avant que ne se produisent un grand nombre des conséquences écologiques qui avaient été prévues. Ce n’est qu’après dix ou vingt ans que nous commençons à observer la disparition de la sédimentation à long terme, avec ses conséquences sur les communautés vivant en aval. Ce phénomène était jusque-là inconnu, tout simplement parce que les humains n’avaient jamais expérimenté un impact similaire à une telle échelle. Désormais, nous savons pertinemment qu’à cause du barrage des Trois-Gorges la ville de Shanghai ne reçoit pas assez de sédiments, si bien que ceux-ci sont peu à peu emportés dans la mer de Chine orientale parce que les eaux océaniques sont salées et érosives. Les conséquences écologiques mettront très longtemps à se manifester. Si nous ne sommes pas attentifs maintenant, les conséquences peuvent se révéler très coûteuses plus tard.

Est-ce que la Chine investit dans son adaptation aux effets actuels du changement climatique ? Dans quelle mesure cette priorité est-elle importante pour le gouvernement chinois ?

Yifei Li  : C’est une priorité absolue. La ville de Shanghai, où je suis né et où j’ai grandi, risque de subir de graves perturbations climatiques si le niveau de la mer continue à monter. Les hauts dirigeants en sont pleinement conscients et investissent dans une digue comparable à celle de Venise. Dans le même temps, Shanghai a investi dans plus de 600 pompes installées sur ses voies navigables afin de pomper l’eau et de limiter les impacts sur les établissements humains en cas de tempête. La ville investit aussi dans des projets de renforcement de ses berges tout au long de l’année. Cette lutte est permanente : Shanghai est le centre métropolitain le plus important pour l’économie chinoise. Le pays ne peut tout simplement pas se permettre de le perdre en raison du changement climatique. Il est cependant frappant de constater qu’à côté de ces efforts considérables pour rendre Shanghai climatiquement résiliente, l’économie chinoise continue d’émettre du carbone et toutes sortes de gaz à effet de serre qui assombrissent toujours davantage les perspectives climatiques à long terme.

Judith Shapiro  : Dans l’ensemble, l’État chinois est beaucoup plus conscient du changement climatique que le grand public. D’une façon générale, les Chinois se préoccupent beaucoup plus de l’impact de la pollution de l’air ou de l’eau sur leur santé publique. Même au sein des couches les plus instruites, le changement climatique semble n’être qu’un concept abstrait. Quelques jeunes gens suivent l’exemple de militantes telles que Greta Thunberg, mais la pollution atmosphérique au niveau du sol a un caractère beaucoup plus urgent quand tout le monde tousse et que les enfants ne peuvent pas sortir pour jouer.

Comment voyez-vous la coopération internationale entre l’Europe et la Chine en matière d’environnement, de priorités et de projets communs  ?

Yifei Li  : L’ environnement, et le climat en particulier, est un domaine qui offre un vrai potentiel en termes de partenariat entre la Chine et l’Europe, mais aussi entre la Chine et les États-Unis. L’Europe possède une telle expérience dans le plafonnement et l’échange d’émissions de carbone, par exemple, et la Chine semble désireuse d’acquérir ces connaissances et de s’en servir. En outre, à la différence de nombreux partenaires de la Chine dans le projet de la nouvelle route de la soie en Afrique et en Asie centrale, l’Europe dispose de nombreuses institutions juridiques solides. Les directions générales de l’Énergie et de l’Environnement de la Commission européenne disposent toutes deux de règles en vigueur qui ont largement fait leurs preuves. A mesure que la nouvelle route de la soie continue de s’enraciner dans des pays tels que l’Italie ou l’Allemagne, il sera intéressant de voir si les fonctionnaires de l’UE parviennent à tenir les investisseurs publics chinois responsables devant la législation européenne et non devant la législation chinoise. La Chine et ses partenaires étrangers ne disposent pas d’institutions juridiques globales capables de chapeauter les projets de la nouvelle route de la soie : la Chine se contente de se conformer aux dispositions juridiques locales et aux codes réglementaires locaux. Le vrai scénario gagnant-gagnant qui pourrait se concrétiser serait que les projets de la nouvelle route de la soie s’avèrent bénéfiques pour les Européens tout en ayant un sens pour les investisseurs économiques publics chinois. Pour l’instant, nous pouvons tout au plus constater que la Chine noue des partenariats avec des pays tels que le Sri Lanka, Djibouti et la Tanzanie, dans des contextes politiques où le régime réglementaire local peut être corrompu, minimal ou simplement inefficace. L’UE sera donc un test crucial pour la nouvelle route de la soie.

Judith Shapiro  : Les commentateurs ont suggéré que les relations entre les États-Unis et la Chine ont été tellement endommagées par la guerre commerciale de Trump que la politique climatique sera axée sur la concurrence plutôt que sur la coopération. Je ne pense pas qu’il en sera forcément ainsi. Lors du sommet de l’APEC de 2014, Barack Obama et Xi Jinping s’étaient engagés à travailler ensemble sur le climat. Ces enjeux peuvent faire office de points d’ancrage afin de renouveler un partenariat lus à rude épreuve. Ayant consacré ma vie aux relations entre les États-Unis et la Chine, j’aimerais savoir si nous pouvons nous accrocher à la possibilité que les États-Unis et la Chine travaillent en étroite collaboration sur cette question. Ce qui ne signifie pas que la Chine doit être excusée pour ses violations des droits de l’homme au Xinjiang et au Tibet, par exemple, ou pour la situation en mer de Chine méridionale – mais sur le seul plan climatique, les États-Unis et la Chine ont largement matière à collaborer.Yifei Li  : Il ne s’agit pas de savoir si la Chine et l’UE ou les États-Unis choisissent de travailler main dans la main. Nous sommes dans une crise planétaire qui est tout simplement trop urgente. Si nous voulons vraiment faire en sorte que cette planète soit habitable, la seule option est de travailler ensemble.

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