L’Inde moderne a vu le jour en 1947, avec une vision claire de la façon dont ses dirigeants voulaient que le monde soit. Elle était ambitieuse, mais peut-être pas aussi radicale que certaines alternatives du XXe siècle. Elle n’a pas non plus apporté tous les changements que les dirigeants indiens souhaitaient voir, ni réussi – comme ses partisans l’espéraient – à positionner le pays comme un leader du monde postcolonial. La vision de l’Inde postcoloniale était réformiste plus que révolutionnaire, et, avec le temps, a été mise de côté par des alternatives moins modérées avancées par des régimes moins scrupuleux. Mais en même temps, cette vision n’était pas inconséquente. Dans les années 1950 en particulier, elle a inspiré une diplomatie audacieuse et aventureuse. Le premier Premier ministre indien Jawaharlal Nehru et ses ambassadeurs militants ont joué un rôle central dans une succession de crises, de la guerre de Corée aux conflits en Indochine, en Hongrie, à Suez et au Congo, et ont en particulier soumis l’Occident à un examen minutieux et éloquent. Ils ont de plus contribué à délégitimer le colonialisme et la discrimination raciale, à un effort plus large aux fins de freiner la course aux armements nucléaires et ont fait entendre une voix puissante en faveur des préoccupations du Sud1.

En tant qu’ensemble d’idéaux, cette vision du monde a persisté longtemps après la mort de Nehru, son principal architecte, en 19642. Mais en tant que guide de la politique étrangère indienne, elle est devenue de moins en moins influente au fil du temps. Pendant les quatre décennies suivantes, New Delhi a dû faire face à de nombreux défis sur de multiples fronts, certains nationaux et d’autres internationaux. Dans ces circonstances difficiles, l’approche de l’Inde s’est écartée des principes de Nehru – souvent par nécessité –, sans pour autant qu’une nouvelle vision n’apparaisse pour la remplacer. D’autres ont fait l’objet de débats, mais en manquant de défenseurs de la stature de Nehru. Au lieu de cela, ses successeurs se sont pour la plupart contentés d’adhérer du bout des lèvres à la vision de leur grand prédécesseur et d’être pragmatiques dans leurs actions3.

Tout cela a changé avec l’ascension de Narendra Modi, certainement le dirigeant le plus puissant que l’Inde ait connu depuis Indira Gandhi – qui a dominé la politique indienne dans les années 1970 et au début des années 1980 –, et peut-être le plus puissant depuis Nehru lui-même. Contrairement aux Premiers ministres précédents, Modi a tenté, en toute conscience, de balayer la vision néhruvienne du monde et de la remplacer par une nouvelle. Au lieu du Panchsheel – les «  cinq principes de la coexistence pacifique  » qui sous-tendaient la vision de Nehru – Modi et ses alliés ont proposé un Panchamrit, cinq nouveaux principes, dont le nom fait allusion à la pratique dévotionnelle hindoue. Au lieu de la stratégie de «  non-alignement  » de Nehru, ils poursuivent le «  multi-alignement  », cherchant à positionner l’Inde comme une «  puissance dominante  ». Et pour le public national et international, ils parlent de la mission spéciale de l’Inde dans le monde, en tant que dépositaire d’une sagesse ancienne qui transformera un jour nos modes de vie à tous. Modi et ses partisans évoquent un monde qui semble très différent de celui d’aujourd’hui, ou de celui imaginé par Nehru : un monde dans lequel les grandes civilisations et non les simples États souverains sont les principales unités politiques, et dans lequel la diffusion de certaines idées religieuses transformera les relations entre les communautés et les peuples de manière beaucoup plus spectaculaire que Nehru ne l’a jamais envisagé.

Principe et puissance

L’Inde de Nehru n’a pas cherché à balayer les éléments fondamentaux du système international moderne, dont les règles avaient été réitérées et les institutions renforcées à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle était heureuse d’accepter un système d’États reconnaissant l’égalité souveraine des uns et des autres et adhérant aux normes d’autodétermination, de non-intervention et de non-ingérence. En effet, à l’instar des nationalistes anticoloniaux du monde entier, les dirigeants indiens souhaitaient que ces droits et ces règles soient étendus à tous les peuples qui émergeaient ou allaient bientôt émerger d’une domination étrangère. Ils étaient également satisfaits de l’Organisation des Nations unies (ONU) en tant qu’institution faisant autorité, malgré les réserves émises sur la composition et les pouvoirs du Conseil de sécurité et la débâcle de l’implication de l’ONU au Cachemire à la fin des années 19404. En effet, les rédacteurs de la Constitution indienne se sont fait l’écho de la Charte des Nations unies dans ses sections sur la politique étrangère, engageant le pays – au moins rhétoriquement – à respecter ses principes5. Et très tôt, les dirigeants indiens – en particulier Nehru – ont reconnu que, malgré ses faiblesses manifestes, l’ONU offrait une plate-forme très utile non seulement pour la diplomatie interétatique, mais aussi pour les appels ouverts au pouvoir de l’opinion publique mondiale6.

À l’instar des nationalistes anticoloniaux du monde entier, les dirigeants indiens souhaitaient que ces droits et ces règles soient étendus à tous les peuples qui émergeaient ou allaient bientôt émerger d’une domination étrangère.

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Si l’Inde était satisfaite de la structure essentielle du système international de l’après-guerre, ses dirigeants étaient également convaincus qu’il restait du travail à accomplir. Ils attendaient un monde au-delà de la « politique de puissance », un monde sans guerre, sans coercition, sans impérialisme et sans exploitation. Nehru et son cercle croyaient non seulement que ces maux pouvaient être purgés du système, mais qu’ils pouvaient l’être sans en changer la structure de base. Nationalistes jusqu’au bout des ongles, ils souhaitaient que les principes et les protections de la souveraineté et de l’autodétermination des États soient respectés et ne les percevaient pas comme des sources possibles de conflit. Ils ont implicitement rejeté l’argument alors populaire selon lequel l’existence même d’États souverains ne reconnaissant aucune autorité supérieure rendait la guerre entre eux inévitable7. Au lieu de cela, Nehru soutenait que les conflits, la coercition et le colonialisme résultaient de la cupidité, du racisme et de la ferveur idéologique des dirigeants et des populations, ainsi que des effets à la fois sur les dirigeants et sur les dirigés de la corruption inhérente à l’oppression des peuples-sujets8. Avec un respect mutuel et un engagement en faveur d’un règlement pacifique et négocié des différends, il pensait que ceux-ci pouvaient être surmontés, permettant à chacun de se développer selon ses propres aspirations, sans crainte d’être intimidé ou subordonné aux autres9.

La stratégie de « non-alignement » de Nehru visait à contribuer à la promotion de ce nouveau modèle de relations internationales, ainsi qu’à défendre les intérêts de l’Inde. D’une part, elle visait à éviter qu’un pays pauvre ne soit entraîné dans les conflits des autres et lui permettre d’obtenir l’aide du plus grand nombre de partenaires possibles. Il s’agissait ainsi de minimiser les dépenses de défense et de concentrer les ressources de l’Inde sur son développement économique et social. D’autre part, le non-alignement était une stratégie conçue pour tenir Nehru et ses diplomates à l’écart de la guerre froide et d’autres situations compromettantes, leur permettant de critiquer et de faire campagne pour le changement. Si l’Inde n’avait ni alliés éternels ni ennemis perpétuels, pour reprendre la célèbre phrase de Lord Palmerston, elle pourrait non seulement défendre ses intérêts, mais aussi dénoncer l’injustice sans être compromise par association. Le non-alignement a donné à l’Inde un répit, une certaine autonomie diplomatique et une autorité morale. Nehru s’empara de tout cela avec enthousiasme, faisant campagne pour la décolonisation des empires européens d’outre-mer, la fin des préjugés raciaux, en particulier en Afrique australe, le désarmement conventionnel et nucléaire, et la diminution des tensions de la guerre froide10.

Bien entendu, l’Inde postcoloniale n’a pas atteint tous ces objectifs. Il y eut certes des succès, notamment dans l’effort d’extension de l’autodétermination au reste de l’Asie et de l’Afrique ; et les diplomates de Nehru jouèrent un rôle important et positif dans une série de crises – en aidant au rapatriement des prisonniers de guerre après l’armistice coréen, en mettant fin au conflit en Indochine et en maintenant la paix au Congo11. Après la mort de Nehru cependant, ses successeurs eurent plus de mal à s’en tenir à ses principes, et encore moins à convaincre les autres d’abandonner la politique de puissance. Comme beaucoup d’autres États postcoloniaux, l’Inde a été secouée par la concurrence des superpuissances. Dans les années 1960 et 1970, elle a fait la guerre à la Chine et au Pakistan et, en quête d’une aide économique et militaire, s’est rapprochée de l’Union soviétique12. Elle a débuté un programme visant à se doter d’armes nucléaires. Sur le plan intérieur, la croissance s’est ralentie et New Delhi a dû faire face à des insurrections prolongées et à des crises politiques périodiques. La gestion douteuse de ces défis intérieurs par l’Inde a sapé son autorité morale à l’étranger. Dans le même temps, elle est devenue de plus en plus méfiante et s’est éloignée de l’Occident, en particulier des États-Unis. Il est vrai qu’elle a joué un rôle de premier plan dans la promotion de l’idée d’un nouvel ordre économique international et dans l’incitation à une action internationale en matière d’environnement13. Mais à mesure que la guerre froide se prolongeait, son programme réformiste a été dépassé par des visions plus radicales et anti-occidentales du monde, ses relations avec l’Occident se sont détériorées et se sont atténuées, et ses liens avec ses voisins d’Asie du Sud se sont effilochés.

La stratégie de « non-alignement » de Nehru visait à contribuer à la promotion de ce nouveau modèle de relations internationales, ainsi qu’à défendre les intérêts de l’Inde.

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Dans l’ombre de Nehru

Malgré ces revers, pendant près de cinquante ans, du milieu des années 1960 au milieu des années 2010, les gouvernements et analystes successifs ont bricolé sur les bords de ce qu’ils avaient hérité du premier Premier ministre indien. Ils sont restés dans « l’ombre de Nehru », comme le dit si bien Pratap Bhanu Mehta. La qualité et la complexité de la vision qu’il avait construite étaient trop intimidantes pour être démantelées14. Il a été reconnu que la diplomatie de Nehru n’avait pas toujours réussi, et que dans certains domaines – notamment en ce qui concerne la politique chinoise – ont été sujets à des bévues aux conséquences désastreuses15. Mais il y avait néanmoins beaucoup d’affection résiduelle pour sa figure, en particulier au sein du Parti du Congrès qu’il avait autrefois dirigé, et le respect du fait qu’il avait concocté un rôle significatif pour l’Inde indépendante à partir de presque rien. Personne n’a trouvé la capacité ou le courage de remettre en cause l’ensemble de sa vision du monde. 

Au lieu de cela, les dirigeants indiens ont mélangé des éléments de la vision de Nehru avec une forte dose de Realpolitik, une touche occasionnelle de marxisme, et plus tard, les perspectives du pays se sont améliorées, une plus grande part d’internationalisme. Ils se sont débarrassés de sa vision optimiste selon laquelle la politique de puissance pouvait être transcendée. Ils sont devenus piquants et défensifs, percevant le monde extérieur comme hostile à l’Inde et désireux de la miner. Ils ont déterminé que la sécurité nationale dépendait davantage de la puissance militaire que de la diplomatie adroite que Nehru avait préférée16. Ils sont devenus, selon la description habile de Stephen P. Cohen, des « Néhruviens militants »17. Leurs objectifs étaient de maximiser l’« autonomie stratégique » et de faire en sorte que le statut de l’Inde soit respecté par les autres grandes puissances. Ces deux objectifs exigeaient de l’Inde qu’elle évite les alliances et construise une autonomie économique, comme l’avait jadis fait Nehru, mais aussi qu’elle détourne des ressources plus rares pour développer et moderniser ses forces armées, auxquelles il avait surtout résisté18. On a également estimé qu’elles nécessitaient la mise en place d’une dissuasion nucléaire, d’abord sous une forme latente, puis, après une série d’essais d’armes en 1998, sous une forme manifeste19. Et les militants néhruviens ont poussé l’Inde à recalibrer ses relations avec le reste de l’Asie du Sud. New Delhi devait faire comprendre, selon eux, que l’Inde était tout simplement plus puissante que ses voisins et qu’elle agirait pour défendre ses intérêts, en recourant à la force si nécessaire20.

Dans la dernière partie de la guerre froide, le marxisme s’est introduit dans la pensée des militants néhruviens et a contribué à aiguiser leurs critiques du comportement de l’Occident et surtout des États-Unis21. Il a également facilité l’alignement partiel de New Delhi sur l’Union soviétique après la conclusion d’un traité de paix et d’amitié en 1971, qui a permis à l’Inde d’avoir accès au soutien économique et aux armes modernes de Moscou22. Parallèlement, une école de Realpolitik plus dure a émergé ailleurs à New Delhi, notamment dans le cercle de penseurs stratégiques formé autour de Krishnaswamy (conventionnellement, K.) Subrahmanyam à l’Institut d’études et d’analyses de la défense23. Ce groupe a également eu une influence considérable, Subrahmanyam ayant contribué à persuader Indira Gandhi d’intervenir au Pakistan oriental (aujourd’hui le Bangladesh) en 1971 et de tester un dispositif nucléaire trois ans après24. Plus tard, dans les années 1990, l’internationalisme libéral a également trouvé des partisans, car il est apparu que la mondialisation produisait un monde plus interdépendant et moins sujet aux conflits armés. Ses partisans ont exhorté les décideurs politiques – avec un certain succès – à se montrer moins méfiants à l’égard de l’ouverture et des vicissitudes de l’économie mondiale, dans l’intérêt d’une croissance plus forte et d’un meilleur niveau de vie25.

Dans la dernière partie de la guerre froide, le marxisme s’est introduit dans la pensée des militants néhruviens et a contribué à aiguiser leurs critiques du comportement de l’Occident et surtout des États-Unis.

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Cependant, la plupart des dirigeants indiens étaient pragmatique, et aucune vision du monde complètement nouvelle et recueillant un large soutien n’est apparue. L’autonomie et le statut sont restés des objectifs clés pendant une bonne partie des années 2000. Mais les moyens de les atteindre ont changé, car New Delhi a ouvert l’économie au commerce et aux capitaux étrangers, s’est réengagé avec les États d’Asie de l’Est et a tiré les leçons de leurs récentes expériences de développement rapide, a rejoint des institutions régionales comme le Sommet de l’Asie orientale et a établi de nouveaux partenariats stratégiques, notamment avec le Japon et les États-Unis26. Le succès de ces initiatives a suscité la confiance, tout comme l’économie florissante de l’Inde, qui a connu une croissance rapide dans les années 1990 et 2000, et le désir de voir New Delhi être plus ambitieuse, suscitant un débat sur sa place dans le monde et son rôle global27

Au début des années 2010, cette confiance en soi s’est toutefois dissipée. La croissance économique s’est ralentie. Les scandales de corruption ont déclenché des protestations publiques. Une insurrection maoïste dans l’est du pays a éclaté. L’autorité du Premier ministre Manmohan Singh et de son gouvernement dirigé par le Congrès s’est effritée. Sur le plan international, il est également apparu que la position de l’Inde semblait se détériorer28. Le fait que Manmohan Singh, qui a fêté ses 80 ans en 2012, ne se rende que rarement aux sommets et semble incapable de tracer une voie pour l’avenir n’aide pas. En conséquence, des relations clés se sont détériorées. Le partenariat tant vanté avec les États-Unis semble s’essouffler au moment même où la Chine, de plus en plus puissante de l’autre côté de l’Himalaya, s’affirme de plus en plus, y compris à la frontière sino-indienne contestée29. Les liens avec le Pakistan, quant à eux, ne se sont pas améliorés dans un contexte de terrorisme et d’insurrection continus. En résumé, il semblait que l’autonomie et le statut que New Delhi recherchait depuis longtemps – et était sur le point d’obtenir – lui échappaient. 

Gourou pour le monde

Ce sentiment de dérive de la nation a permis au parti nationaliste hindouiste Bharatiya Janata (BJP) de Narendra Modi d’accéder au pouvoir en mai 2014. Durant la campagne électorale, Modi ne parlait que rarement de politique étrangère et seulement en termes généraux, se concentrant plutôt sur les questions économiques et promettant de fournir aux Indiens les « acche din » (bons jours) dont ils avaient besoin30. Mais les électeurs ont néanmoins perçu Modi comme un leader qui présenterait une image plus forte et plus confiante de l’Inde à l’étranger, tant à ses partenaires qu’à ses rivaux, ainsi qu’aux investisseurs étrangers31

Une fois en poste, Modi et ses alliés ont rapidement consolidé cette image par une série de mouvements audacieux et soigneusement chorégraphiés32. Tout d’abord, ils ont invité tous les dirigeants des pays voisins de l’Inde en Asie du Sud à assister à la prestation de serment de Modi – ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait pensé faire. Ensuite, il s’est lancé dans une série de visites à l’étranger. En sept mois, il s’est rendu dans neuf pays et a assisté à quatre grands sommets, dont une réunion du BRICS avec les dirigeants du Brésil, de la Russie, de la Chine et de l’Afrique du Sud au Brésil, un sommet de l’Asie de l’Est au Myanmar, un G20 en Australie et une conférence de l’Association sud-asiatique pour la coopération régionale au Népal – ainsi que la session d’ouverture de l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Ces événements ont permis à M. Modi de faire la connaissance de ses homologues étrangers, de mettre en avant l’Inde et les opportunités qu’il entend ouvrir à ses partenaires et investisseurs.

En sept mois, Modi s’est rendu dans neuf pays et a assisté à quatre grands sommets, dont une réunion du BRICS avec les dirigeants du Brésil, de la Russie, de la Chine et de l’Afrique du Sud au Brésil, un sommet de l’Asie de l’Est au Myanmar, un G20 en Australie et une conférence de l’Association sud-asiatique pour la coopération régionale au Népal – ainsi que la session d’ouverture de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.

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En parallèle, le gouvernement de Modi a pris une série d’initiatives en matière de politique étrangère. La politique indienne « Look East », vieille de deux décennies et visant à approfondir l’engagement avec la région Asie-Pacifique, est devenue « Act East », pour signaler la nouvelle énergie avec laquelle elle était censée être poursuivie. Modi a promis de faire passer le « voisinage en premier » et de revigorer les relations de l’Inde avec le reste de l’Asie du Sud. Il a lancé « Link West » pour améliorer les liens avec une série d’États du Moyen-Orient. Il s’est engagé publiquement à recentrer l’engagement diplomatique de l’Inde sur les besoins économiques et de développement du pays. Il s’est empressé d’approfondir et de dynamiser les principaux partenariats stratégiques. Avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe, Modi a accepté de mettre en place un « partenariat stratégique et mondial spécial ». Avec le président Barack H. Obama, qui s’est rendu à New Delhi pour célébrer la fête de la République indienne en janvier 2015, il a dévoilé une nouvelle vision stratégique commune avec les États-Unis. Enfin, New Delhi a adopté des positions plus fermes à l’égard de la Chine et du Pakistan, en invitant le premier à investir et à dialoguer avec le second, mais en définissant plus clairement les lignes rouges et ses engagements à les défendre33.

De manière significative, Modi et ses alliés ont également commencé à parler de la place de l’Inde dans le monde et de ses relations internationales dans une nouvelle langue. Ils ont abandonné les termes associés à des visions du monde plus anciennes, en particulier celle de Nehru et des néhruviens plus récents. Toute référence au « non-alignement » a disparu du discours diplomatique indien, tout comme l’expression « autonomie stratégique »34. Au lieu de cela, l’Inde a été refondue en « puissance principale » recherchant des partenariats multiples avec un éventail de grandes puissances, fournissant sécurité et aide d’urgence en Asie du Sud et dans les régions de l’Océan indien en tant que « premier intervenant », et jouant un rôle plus important dans la gouvernance mondiale35.

Au lieu du Panchsheel et du non-alignement de Nehru, certains partisans de Modi ont également proposé une nouvelle série de concepts, exprimés en hindi ou en sanskrit, qui témoignent d’une vision du monde très différente de celle qui prévalait dans l’Inde postcoloniale. Le manifeste électoral du BJP avait promis – sans grande clarté – « un paradigme socio-économique et politique de gouvernance tiré de la conscience civilisationnelle de l’Inde » pour remplacer celui que Nehru avait construit et permettre à l’Inde de « jouer le rôle qui lui est destiné dans le comité des nations36. Début avril 2015, lors de la réunion de l’exécutif national du parti au Bengaluru (anciennement Bangalore), le parti a commencé à préciser ce que cela signifiait. Il a publié une résolution sur la politique étrangère rédigée par le fonctionnaire du BJP Ram Madhav, introduisant l’idée du Panchamrit – une référence claire, et non pas seulement à une pratique religieuse hindoue37. Le gouvernement du BJP s’est engagé, selon lui, à respecter cinq principes : assurer la protection du samman (dignité ou honneur) de l’Inde ; encourager un plus grand samvad (dialogue) entre les nations et les civilisations ; construire le samriddhi (prospérité partagée) ; poursuivre le suraksha (sécurité) pour le pays et la région ; et promouvoir le sanskriti evam sabhyata (liens culturels et civilisationnels)38. Elle a cherché à obtenir une Inde « forte et respectée » avec une « stature internationale renforcée »39

Bien que ces termes n’aient pas été utilisés de manière cohérente dans les déclarations politiques ultérieures du BJP ou du gouvernement, ils ont montré une détermination à déplacer la pensée néhruvienne et à la remplacer par une idée de l’Inde, un compte rendu de son rôle mondial, et du monde en général, tirée de la tradition nationaliste hindoue de la pensée40. De même que les fréquentes références de Modi à l’Inde en tant que vishwaguru ou « gourou mondial » – une idée empruntée à deux penseurs importants de cette tradition : Swami Vivekananda (1863-1902) et Aurobindo Ghose (1872-1950), que le Premier ministre cite régulièrement dans ses discours41. Convaincus que l’Inde possédait un ensemble d’enseignements philosophiques et religieux d’une perspicacité unique, transmis depuis les temps anciens, ces deux hommes ont fait valoir qu’une fois qu’elle aurait retrouvé sa force après les déprédations de la domination musulmane puis britannique, elle prendrait la place qui lui revient dans le monde comme une sorte de guide spirituel. En particulier, Vivekananda et Aurobindo ont fait valoir que l’Inde et l’hindouisme comprenaient la constitution du monde en tant que famille, et que toutes les traditions religieuses constituent des chemins valables vers Dieu. Pour eux, la reconnaissance de ces deux faits était l’une des clés pour mettre fin aux conflits civils et internationaux, et l’Inde avait une mission spéciale dans l’information du monde à ce sujet42.

Pour les personnes extérieures, ce genre de réflexion peut sembler ésotérique – et pour cause. Vivekananda et Aurobindo, ainsi que de nombreux nationalistes hindous contemporains, ont une conception du monde et des relations internationales radicalement différentes des conceptions conventionnelles, du moins en Occident43. Ils voient un monde de civilisations, et non d’États souverains, défini par leurs croyances religieuses ou, dans le cas de cultures plus matérialistes, par l’absence de celles-ci. Ils considèrent ces croyances comme les principaux moteurs de l’action et voient donc les conflits de croyances ou de croyants comme des sources majeures de conflit. Cela met en avant la sagesse hindoue, telle qu’ils la conçoivent, l’Inde elle-même en tant que détentrice de cette sagesse, et le dialogue interreligieux et intercivilisationnel (samvad et sanskriti evam sabhyata, selon les termes de Madhav) au lieu d’une simple diplomatie d’État à État. Il appartient à l’Inde, en tant que ce qu’un nationaliste hindou appelle la « mère spirituelle » et le « centre du cœur » du monde, de montrer la voie vers un monde plus pacifique et plus éclairé44. Elle peut et doit nous enseigner que, malgré notre diversité, nous sommes unis, qu’il y a une unité dans la diversité et qu’il est possible de vivre en harmonie avec les autres et avec la nature en reconnaissant cette vérité.

Conclusion

La question de savoir si ces arguments séduiront le monde n’a pas encore été correctement testée. Jusqu’à présent, les idées comme le Panchamrit ont surtout été formulées pour des publics nationaux, comme moyen de faire connaître la politique étrangère du gouvernement Modi aux électeurs sympathisants de l’idéologie nationaliste hindoue45. Elles servent un objectif utile, en consolidant l’image d’un Premier ministre et d’une administration qui apporte un changement transformationnel et qui donne naissance à une « Nouvelle Inde »46. En dehors de l’Inde, cependant, l’hindouisme et la marque d’« hindouisme politique » de Modi ne sont pas bien compris47. Pour cette seule raison, il est difficile de voir la nouvelle vision du monde promue par son gouvernement et ses partisans trouver un large écho à l’étranger. Mais il y a aussi deux autres problèmes. Le premier est que la vision nationaliste hindoue manque tout simplement de détails : il est difficile de voir exactement quelle sagesse le vishwaguru doit enseigner en termes de gestion des relations internationales ou d’amélioration de la gouvernance mondiale48. Il y a peut-être des leçons à tirer, comme Modi l’a lui-même suggéré, en ce qui concerne les modes de vie qui ont des effets positifs sur la santé humaine et des impacts plus légers sur l’environnement naturel, mais au-delà de cela, les enseignements sont moins clairs49. Le fossé entre le monde du dialogue des civilisations et de l’unité dans la diversité, et les aspects pratique de notre ordre international, est trop grand.

Il est peu probable que les États-Unis ou le Japon, ou encore l’Australie et la France abandonnent les partenariats stratégiques étroits qu’ils ont noués avec l’Inde au cours des dix dernières années. La nécessité de gérer collectivement l’ambition de la Chine est trop pressante. Mais alors que la croissance de l’Inde ralentit et que le gouvernement Modi s’intéresse davantage à la politique identitaire qu’aux réformes économiques de fond, il est tout aussi peu probable qu’ils adoptent la nouvelle vision du monde de New Delhi.

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Le deuxième problème – et sans doute le plus important – est que la construction de la Nouvelle Inde chez nous semble miner l’image du pays à l’étranger, avec des répercussions sur la vision du monde que le gouvernement Modi veut promouvoir. Son premier mandat s’est accompagné d’une recrudescence des attaques contre les musulmans, qui se sont souvent heurtées à l’indifférence des dirigeants indiens. Certains ont été harcelés et battus pour avoir soi-disant courtisé des jeunes filles hindoues loin de leur communauté dans le cadre de ce que l’on a appelé un « jihad d’amour », tandis que d’autres ont subi des agressions et même des lynchages au nom de la « protection des vaches »50. Le deuxième mandat de Modi a d’ailleurs vu une série d’actions interprétées par certains observateurs extérieurs comme visant à consolider le majoritarisme hindou51. Il s’agit notamment des modifications apportées au statut du Cachemire à majorité musulmane et aux lois concernant les personnes autorisées à demander la citoyenneté indienne, qui interdisent de fait les migrants musulmans en situation irrégulière. On craint que le Gouvernement n’envisage également d’utiliser un registre national des citoyens pour identifier et détenir les migrants sans papiers et de regrouper toutes les lois relatives au mariage et à l’héritage sous un seul code, empêchant ainsi les musulmans et les autres minorités de suivre leurs propres coutumes. Les protestations contre ces actions – la plus notable étant un sit-in de longue durée des femmes à Shaheen Bagh à Delhi – ont été accueillies par des menaces et des violences, notamment envers des étudiants d’université. Les émeutes déclenchées en partie par les protestations de la fin février 2020 ont fait plusieurs dizaines de morts, dont une majorité de musulmans.

Ces problèmes n’affecteront pas certains des liens de l’Inde. Pékin a montré peu ou pas d’intérêt pour la vision du monde de Modi et il est peu probable qu’elle change de comportement envers New Delhi si elle progresse dans son effort pour devenir un vishwaguru ou si elle échoue. Islamabad affirme que la violence a simplement démontré ce que le Pakistan soutient depuis longtemps : que les nationalistes hindous veulent mettre les musulmans de l’Inde dans une position de subordination permanente. Mais ailleurs, il est clair que les politiques du BJP et la violence antimusulmane ternissent l’image de l’Inde et sapent tous les arguments qu’elle a pour sa nouvelle vision du monde. L’administration Trump a montré peu d’intérêt pour ces questions, en grande partie parce que Modi a assidûment cultivé et flatté le président Donald J. Trump. Mais tant les démocrates que les républicains ont exprimé leur inquiétude52. Les législateurs britanniques ont débattu des actions du gouvernement Modi et le Parlement européen a adopté une série de résolutions concernant ses modifications des lois sur la citoyenneté53. Le plus inquiétant est peut-être le fait que Shinzo Abe, jusqu’à présent l’un des plus fidèles partenaires de Modi, a reporté sa visite en Inde en décembre 2019, en partie en raison de la montée de la violence.

Il est peu probable que les États-Unis ou le Japon, ou encore l’Australie et la France abandonnent les partenariats stratégiques étroits qu’ils ont noués avec l’Inde au cours des dix dernières années. La nécessité de gérer collectivement l’ambition de la Chine est trop pressante. Mais alors que la croissance de l’Inde ralentit et que le gouvernement Modi s’intéresse davantage à la politique identitaire qu’aux réformes économiques de fond, il est tout aussi peu probable qu’ils adoptent la nouvelle vision du monde de New Delhi. Il y a tout simplement un trop grand fossé entre l’affirmation selon laquelle l’Inde possède une sagesse qui pourrait conduire à un monde plus pacifique et les troubles et l’injustice apparemment engendrés par l’approche actuelle de l’administration pour gérer la diversité à l’intérieur de ses propres frontières.

Sources
  1. Andrew B. Kennedy, The International Ambitions of Mao and Nehru : National Efficacy Beliefs and the Making of Foreign Policy, New York : Cambridge University Press, 2012, pp.201-237.
  2. Ian Hall, « The Persistence of Nehruvianism in India’s Strategic Culture » in Ashley J. Tellis, Alsion Szalwinski et Michael Wills (eds.), Strategic Asia 2016-17 : Understanding Strategic Cultures in the Asia-Pacific, Seattle and Washington, DC, The National Bureau of Asian Research, 2016, pp.141-168.
  3. Cela était vrai même lorsque le parti nationaliste Hindu Bharatiya Janata était au pouvoir entre 1998 et 2004, sous le gouvernement d’Atal Bihari Vajpayee. Voir Christopher Ogden, Hindu Nationalism and the Evolution of Contemporary Indian Security Policy : Portents of Power, New Delhi, Oxford University Press, 2014.
  4. Pour un exposé quasi contemporain, voir Michael Brecher, The Struggle for Kashmir, Toronto, Ryerson Press, 1953.
  5. Rahul Sagar and Ankit Panda, « Pledges and Pious Wishes : The Constituent Assembly Debates and the Myth of a “Nehruvian Consensus” », India Review 14(2), 2015, pp. 203-220.
  6. Voir l’entretien de Michael Brecher avec l’allié clé de Nehru, V. K. Krishna Menon, ambassadeur de l’Inde aux Nations-Unies de 1949 à 1962 : India and World Politics : Krishna Menon’s View of the World, London, Oxford University Press, 1968, pp. 113-120.
  7. Voir notamment G. Lowes Dickinson, The International Anarchy, 1904-1914, London, Allen and Unwin, 1926.
  8. Jawaharlal Nehru, The Discovery of India, New Delhi, Penguin, 2004, pp. 611-614.
  9. Nehru attendait avec impatience une fédération internationale, mais se montrait vague à propos de la manière dont elle aurait pu fonctionner. Voir Manu Bhagavan, India and the Quest for One World : The Peacemakers, New York, Palgrave, 2013.
  10. Voir A. P. Rana’s classic study, The Imperatives of Nonalignment : A Conceptual Study of India’s Foreign Policy Strategy, Delhi, Macmillan, 1976.
  11. Pour une perspective de premier plan – si ce n’est une vision objective de ces évènements par un protagoniste –, voir Brecher, India and World Politics.
  12. En 1971, l’Inde a conclu un traité d’amitié et de coopération avec l’Union des républiques socialistes soviétiques qui lui a donné accès à l’assistance technique et à l’aide économique soviétiques, ainsi qu’aux armes et équipements soviétiques dont elle avait besoin pour moderniser ses forces. Le traité n’était pas une alliance, et n’a donc pas affecté le statut de non-aligné de l’Inde au sens technique du terme.
  13. Surjit Mansingh, « Indira Gandhi’s Foreign Policy : Hard Realism ? » dans David M. Malone, C. Raja Mohan et Srinath Raghavan (eds.), The Oxford Handbook of Indian Foreign Policy, New Delhi, Oxford University Press, pp. 104-116. Indira Gandhi s’est exprimée avec force en faveur de l’action lors de la Conférence des Nations unies sur l’environnement humain de 1972.
  14. Pratap Bhanu Mehta, « Still Under Nehru’s Shadow ? The Absence of Foreign Policy Frameworks in India », India Review 8(3), 2009, pp. 209-233.
  15. Voir le classique de Neville Maxwell, India’s China War, revised edition, Dehra Dun, Natraj Publishers, 2015.
  16. Voir notamment Raju G. C. Thomas, Indian Security Policy, Princeton, Princeton University Press, 1986.
  17. Stephen P. Cohen, India : Emerging Power, Washington, DC : Brookings Institution Press, 2001, pp.41-43.
  18. Sur la recherche d’une autonomie stratégique, voir Teresita C. Schaffer et Howard B. Schaffer, India at the Global High Table : The Quest for Regional Primacy and Strategic Autonomy, Washington, DC, Brookings Institution Press, 2016, et sur la recherche de statut, voir Baldev Raj Nayar et T. V. Paul, India in the World Order : Searching for Major-Power Status, New York, Cambridge University Press, 2003.
  19. Harsh V. Pant and Yogesh Joshi, Indian Nuclear Policy, New Delhi : Oxford University Press, 2018, pp.47-78.
  20. Devin T. Hagerty, « India’s regional security doctrine », Asian Survey 31(4), 1991, pp.351-363.
  21. Des personnalités comme le conseiller d’Indira Gandhi, P. N. Haksar, étaient des marxistes convaincus. Voir son Indian Foreign Policy and its Problems, New Delhi, Patriot Publishers, 1989.
  22. See Vojtech Mastny, « The Soviet Union’s Partnership with India », Journal of Cold War Studies 12(3), 2010, pp.50-90.
  23. L’IDSA a récemment été rebaptisé Institut Manohar Parrikar d’études et d’analyses de la défense (MP-IDSA). Pour un aperçu éclairant de la pensée de Subrahmanyam, voir Anit Mukherjee, « K. Subrahmanyam and Indian Strategic Thought », Strategic Analysis 35(4), 2011, pp.710-713.
  24. Sur la première décision, voir Srinath Raghavan, 1971 : A Global History of the Creation of Bangladesh, Ranikhet : Permanent Black, 2013, pp.69-70 and pp. 209-210, et sur la seconde, K. Subrahmanyam, « Indian Nuclear Policy : 1964–98 (A Personal Recollection) », Strategic Analysis 42(3), 2018, pp. 293-311.
  25. Sur le libéralisme internationaliste en Inde, voir Kanti Bajpai, « Indian Grand Strategy : Six Schools of Thought », in Kanti Bajpai, Saira Basit and V. Krishnappa (eds.) India’s Grand Strategy : History, Theory, Cases, New Delhi, Routledge, 2014, pp. 118-119.
  26. C. Raja Mohan, Crossing the Rubicon : The Making of India’s New Foreign Policy, New York : Palgrave.
  27. Rahul Sagar, « State of mind : what kind of power will India become ? », International Affairs 85(4) (2009), pp. 801-816.
  28. Manjari Chatterjee Miller, « India’s Feeble Foreign Policy : A would-be great power resists its own rise » Foreign Affairs 92, 2013, pp. 14-19.
  29. Nicholas Burns, « Passage to India : What Washington can do to revive relations with New Delhi », Foreign Affairs 93, 2014, pp.132-141. Pour un aperçu des préoccupations de l’Inde à l’égard de la Chine en ce moment, voir Non Alignment 2.0 : A Foreign and Strategic Policy for India in the 21st Century, https://www.cprindia.org/research/reports/nonalignment-20-foreign-and-strategic-policy-india-twenty-first-century, et Bharat Karnad, Why India is Not a Great Power (Yet), New Delhi : Oxford University Press, 2015.
  30. Voir Christophe Jaffrelot, « The Modi-centric BJP 2014 election campaign : New techniques and old tactics », Contemporary South Asia 23(2), 2015), pp.151-166
  31. Eswaran Sridharan, « India’s Watershed Vote : Behind Modi’s Victory », Journal of Democracy 25(4), 2014, pp. 20-33.
  32. Ian Hall, Modi and the Reinvention of Indian Foreign Policy, Bristol, Bristol University Press, 2019, pp. 3-10.
  33. Kanti Bajpai, « Narendra Modi’s Pakistan and China Policies : Assertive Bilateral Diplomacy, Active Coalition Diplomacy », International Affairs 93(1) (2017), pp. 51-68.
  34. “ « L’autonomie stratégique » apparaît bien dans un des discours de Modi, mais est mentionnée rapidement, dans le cadre d’une discussion sur le partenariat de l’Inde avec la Russie. Voir « Prime Minister’s Keynote Address at Shangri La Dialogue », Ministry of External Affairs, 1 June 2018, https://www.mea.gov.in/Speeches-Statements.htm?dtl/29943/Prime+Ministers+Keynote+Address+at+Shangri+La+Dialogue+June+01+2018. Sur ce sujet, voir également Sumit Ganguly, « Has Modi Truly Changed India’s Foreign Policy ? », The Washington Quarterly 40(2), 2017, pp.131-143.
  35. Conférence Fullerton de l’IISS par le Dr. S. Jaishankar, Foreign Secretary in Singapore, 20 July 2015, https://www.mea.gov.in/Speeches-Statements.htm?dtl/25493/iiss+fullerton+lecture+by+dr+s+jaishankar+foreign+secretary+in+singapore.
  36. Ek Bharat, Shreshtha Bharat – Sabka Saath, Sabka Vikas : Election Manifesto 2014, New Delhi, Bharatiya Janata Party, 2014, pp. 1-2.
  37. Les Panchamrit sont cinq aliments mélangés en guise d’offrande.
  38. Résolution spéciale du BJP sur la politique étrangère, BJP National Executive, Bengaluru (Karnataka), 3 avril.
  39. Pour une discussion plus étendue sur le Panchamrit, voir Hall, Modi and the Reinvention of Indian Foreign Policy, p. 9.
  40. On en trouve une version dans le discours du Shangri La de Modi en 2018, qui parle de samman, samvad et samriddhi, mais substitue sahyog (coopération) et shanti (paix) à suraksha et sanskriti.
  41. Ian Hall, « Narendra Modi and India’s normative power », International Affairs 93(1) (2017), pp.127-131.
  42. Sur Vivekananda et Aurobindo, voir notamment Jyotirmaya Sharma, Hindutva : Exploring the Idea of Hindu Nationalism, New Delhi, Penguin, 2006.
  43. Voir notamment Rahul Sagar, « “Jiski Lathi, Uski Bhains” : The Hindu Nationalist View of International Politics », dans Kanti Bajpai, Saira Basit and V. Krishnappa (ed.) India’s Grand Strategy : History, Theory, Cases, New Delhi, Routledge, 2014, pp. 234-257.
  44. David Frawley, Arise Arjuna : Hinduism Resurgent in a New Century, new edition, New Delhi, Bloomsbury, 2019, pp. 9-10.
  45. Hall, Modi and the Reinvention of Indian Foreign Policy, pp.149-154.
  46. L’idée d’une Inde nouvelle est un élément clé dans le récit du gouvernement Modi. Voir, par exemple, l’appel lancé aux partisans pour qu’ils s’engagent à contribuer à sa construction : https://www.narendramodi.in/newindia/index.
  47. Sur la notion d’« hindouisme politique », voir Vijay Lal (ed.), Political Hinduism : The Religious Imagination in Public Spheres, New Delhi, Oxford University Press, 2009.
  48. Voir Sagar, « “Jiski Lathi, Uski Bhains” », pp. 252-257.
  49. Modi a été un fervent défenseur du yoga – désormais reconnu, grâce à un important effort diplomatique aux Nations unies, par une Journée internationale du yoga tous les 21 juin – et du végétarisme.
  50. Eliza Griswold, « The Violent Toll of Hindu Nationalism in India », The New Yorker, 5 March 2019, https://www.newyorker.com/news/on-religion/the-violent-toll-of-hindu-nationalism-in-india.
  51. Voir Angana P. Chatterji, Thomas Blom Hansen et Christophe Jaffrelot (eds.), Majoritarian State : How Hindu Nationalism in Changing India, New Delhi, HarperCollins, 2019.
  52. Voir la résolution parlementaire proposée par le représentant Pramila Jayapal (H.Res.745) sur le Jammu-et-Cachemire, appuyée par 65 membres du Congrès.
  53. Voir, par exemple, la résolution du Parlement européen B9-0082/2020 sur la citoyenneté indienne (amendement) Act, 2019 (2020/2519(RSP), https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/B-9-2020-0082_EN.html.
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Dans l’objectif partagé d’avancer des solutions de gouvernance mondiale face aux grands défis contemporains, Le Grand Continent s’associe au Forum de Paris sur la Paix. Cet évènement annuel rassemble les parties prenantes pour l'action collective et sert également de plateforme permettant de faire avancer des initiatives concrètes. Cet article est publié dans le cadre d’un appel à contribution rendu possible grâce à ce partenariat. D’autres contributions en anglais sont accessibles sur le blog Medium du Forum de Paris sur la Paix.