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Panarchie. Jalons d’une doctrine

« Je veux être libre de choisir mon mode de gouvernement. » Comment une idée née dans la tête d'un botaniste en Belgique au XIXe siècle a-t-elle irrigué la pensée politique jusqu'à l'ère de la communication globale ?

Auteur
Gian Piero de Bellis
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/ Burning Man Festival
Image art contemporain Panarchie. Jalons d’une doctrine

Le terme panarchie semble avoir été utilisé pour la première fois par un philosophe cosmopolite, Frane Petric (Franciscus Patricius), née en 1529 sur l’île de Cres, au large de la Dalmatie, et qui mourut à Rome en 1597. Dans son traité (Nova de universis philosophia – Nouvelle philosophie concernant les univers) publié en 1591 (avec une deuxième édition modifiée en 1593), il présente en quatre parties (« Panaugia » – « Panarchie » – « Pampsychia » – « Pancosmia ») sa vision du monde où l’univers, la nature et la connaissance sont considérés comme un tout intégré. Cette approche explique l’insistance sur l’utilisation du préfixe Pan qui signifie Tout en grec.

Cependant, ce n’est que trois siècles plus tard qu’un scientifique (botaniste) et érudit nommé Paul-Émile de Puydt a utilisé le terme panarchie avec le sens qui sera examiné ici.

En 1860, il publie dans la Revue Trimestrielle, à Bruxelles, un article extrêmement original intitulé Panarchie. L’auteur applique aux relations sociales et politiques l’idée de concurrence économique (laissez-faire, laissez-passer) dérivée de la pratique et de la théorie économiques.

Dans la conception de de Puydt, de nombreux gouvernements librement choisis par les individus, peuvent coexister côte à côte sur le même territoire et produire, de manière plus efficace et plus économique, tous ces services qui sont actuellement fournis, très souvent de manière inefficiente et coûteuse, par un Etat à souveraineté territoriale monopolistique. Dans la conception de la panarchie, la fin de tout monopole politique et la liberté de choisir entre des gouvernements concurrents, existants sur le même territoire, seraient des facteurs décisifs, sinon indispensables, pour obtenir des services sociaux meilleurs et moins chers.

Dans ce dossier on passera en revue, comme dans une pièce de théâtre, quelques auteurs qui ont jeté les bases pour l’idée moderne de panarchie, l’ont développée et diffusée et qui sont en train de la proposer et de la diffuser sur la scène mondiale par une série de moyens de communication.

Acte I. Début de l’idée

Où un économiste libéral a une idée brillante pour promouvoir la liberté, la justice et la paix.

Gustave de Molinari, De la production de la sécurité (1849)

Que l’intérêt du consommateur d’une denrée quelconque doit toujours prévaloir sur l’intérêt du producteur.

Or, en suivant ces principes, on aboutit à cette conclusion rigoureuse :

Que la production de la sécurité doit, dans l’intérêt des consommateurs de cette denrée immatérielle, demeurer soumise à la loi de la libre concurrence.

D’où il résulte :

Qu’aucun gouvernement ne devrait avoir le droit d’empêcher un autre gouvernement de s’établir concurremment avec lui, ou obliger les consommateurs de sécurité de s’adresser exclusivement à lui pour cette denrée.

De cette faculté laissée au consommateur d’acheter où bon lui semble la sécurité, naît une constante émulation entre tous les producteurs, chacun s’efforçant, par l’attrait du bon marché ou d’une justice plus prompte, plus complète, meilleure, d’augmenter sa clientèle ou de la maintenir.

Que le consommateur ne soit pas libre, au contraire, d’acheter de la sécurité où bon lui semble, et aussitôt vous voyez une large carrière s’ouvrir à l’arbitraire et à la mauvaise gestion. La justice devient coûteuse et lente, la police vexatoire, la liberté individuelle cesse d’être respectée, le prix de la sécurité est abusivement exagéré, inégalement prélevé, selon la force, l’influence dont dispose telle ou telle classe de consommateurs, les assureurs engagent des luttes acharnées pour s’arracher mutuellement des consommateurs ; on voit, en un mot, surgir à la file tous les abus inhérents au monopole ou au communisme.

Sous le régime de la libre concurrence, la guerre entre les producteurs de sécurité cesse totalement d’avoir sa raison d’être. Pourquoi se feraient-ils la guerre ? Pour conquérir des consommateurs ? Mais les consommateurs ne se laisseraient pas conquérir. Ils se garderaient certainement de faire assurer leurs personnes et leurs propriétés par des hommes qui auraient attenté, sans scrupule, aux personnes et aux propriétés de leurs concurrents. Si un audacieux vainqueur voulait leur imposer la loi, ils appelleraient immédiatement à leur aide tous les consommateurs libres que menacerait comme eux cette agression, et ils en feraient justice. De même que la guerre est la conséquence naturelle du monopole, la paix est la conséquence naturelle de la liberté.

Acte II. Formulation de l’idée

Où un botaniste reprend et développe de manière autonome les semences de la proposition, lui donne un nom et la lance, comme un message dans une bouteille, dans la mer des idées.

Paul-Émile de Puydt, Panarchie (1860)

Notre panacée, si l’on veut employer ce mot, c’est donc la libre concurrence en matière de gouvernement. C’est le droit pour chacun de chercher son bien-être où il croit le voir, et de se fournir de sécurité aux conditions qui lui plaisent. C’est, d’autre part, le progrès assuré, par une lutte d’émulation entre les gouvernements, obligés de se disputer incessamment la clientèle. C’est la liberté vraie inaugurée dans le monde entier, la liberté qui ne s’impose à personne, qui est pour chacun tout juste ce que chacun veut qu’elle soit, qui n’opprime ni ne trompe et contre laquelle l’appel est toujours ouvert. Pour chercher cette liberté-là il ne faudra renoncer ni aux traditions de la patrie ni aux douceurs de la famille, il ne faudra point apprendre à penser dans une langue étrangère ; point ne sera besoin de passer les fleuves et les mers, emportant avec soi les ossements de ses aïeux. Il ne s’agira plus que d’une simple déclaration devant l’état politique de sa commune, et sans avoir ôté sa robe de chambre ni ses pantoufles, on se trouvera à son gré passé de la république à la monarchie, du parlementarisme à l’autocratie, de l’oligarchie à la démocratie ou même à l’an-archie de M. Proudhon.

(…) Ce qu’il y a d’admirable dans cette découverte, c’est qu’elle supprime à tout jamais révolutions, émeutes, désordres de la rue et jusqu’aux moindres émotions, de la fibre politique. Vous n’êtes pas content de votre gouvernement ? Prenez-en un autre. … c’est-à-dire passez au bureau de l’état politique, ôtez votre chapeau au commis-chef, priez-le, en bons termes, de vous rayer de la liste où vous figurez et de transférer votre nom sur celle de … il n’importe laquelle.

Le commis-chef mettra ses lunettes, ouvrira le registre, inscrira votre déclaration, vous en donnera récépissé. Vous le saluerez derechef, et la révolution sera accomplie, sans autre effusion que celle d’une goutte d’encre. Accomplie pour vous seul, j’en conviens. Votre changement n’obligera personne, et ce sera son mérite.

Acte III. De l’anarchie à la panarchie

Où certains anarchistes, y compris le plus grand historien de l’anarchie, avancent ou redécouvrent l’idée, la considérant comme le meilleur moyen de promouvoir et de réaliser l’organisation sociale souhaitée par les anarchistes.

Max Nettlau, Panarchie. Une idée oubliée de 1860 (1909)

Depuis longtemps je suis fasciné par l’idée qu’il serait beau si, enfin, dans l’opinion générale, le mécanisme de succession un après l’autre était remplacé par le simple et si naturel un à côté de l’autre. « À bas l’État ! » – « Uniquement sur les débris de l’État… » expriment les émotions et les désirs de  beaucoup de gens, mais probablement seulement l’expression calme « Sortir de l’État » (n. 2 du Sozialist) pourra aider à les réaliser.

À la parution d’une nouvelle idée scientifique, les convaincus suivront le nouveau chemin, sans les vieux professeurs qui ne veulent ou ne peuvent pas suivre, sans vouloir les convaincre ou les obliger à accepter cette nouvelle pensée, ni pour autant les éliminer. Ces derniers se retrouveront à l’écart, repliés et desséchés, si la nouvelle voie s’avère juste. Cependant, la mauvaise foi et la stupidité peuvent souvent empêcher le développement de la nouvelle idée ; c’est pour cela que, pour parvenir à une tolérance réciproque, il faut mener un combat tenace. Seulement ainsi tout va se dérouler naturellement, la science fleurira et s’épanouira, parce qu’on aura conquis le terrain nécessaire pour tout progrès de l’expérimentation libre et de la libre recherche.

(…) Je parle de l’article Panarchie de P. E. de Puydt paru dans la Revue Trimestrielle (Bruxelles), Juillet 1860, pages 222 à 245. L’auteur m’était inconnu jusqu’à ce moment-là, et je n’en voulais pas approfondir la connaissance pour ne pas gâter la première impression de ses idées. Il est bien loin des mouvements socialistes, et pourtant il a une opinion très claire du système politique actuel, selon lequel tous doivent se soumettre à des gouvernements formés soit par décision majoritaire soit différemment, qui heurtent décidément les besoins de liberté les plus élémentaires.

Je veux le résumer et citer littéralement, sans vouloir pourtant m’identifier d’une manière quelconque à sa proposition définie. Je ne prétends pas non plus parvenir à l’explication intégrale de ses pensées.

On pourrait se sentir plus proche de son idée si l’on remplaçait le mot « gouvernement », qu’il utilise constamment, par le mot « organisation sociale ». En effet, lui-même réclame l’existence, côte à côte, de toutes les formes de gouvernement, même de « l’Anarchie de Mr. Proudhon » – chacune seulement pour ses propres intéressés.

Image art contemporain Panarchie. Jalons d’une doctrine

Acte IV. Reprise et diffusion de l’idée

Où une citoyenne du monde sauve l’idée de l’oubli et, par une formidable activité de documentation et de diffusion, jette les bases de son affirmation.

John Zube, Vers les communautés volontaires (1986)

La panarchie ne signifie rien d’autre que l’extension de la liberté d’expérimenter et d’agir dans toutes les sphères, à condition que les mêmes libertés soient pleinement respectées pour les autres et leurs différents choix.

Adhésion volontaire pour tous, fondée sur le sécessionnisme et l’associationnisme individuels ;

Organisation non territoriale en vertu de lois personnelles ou d’accords et contrats personnels et coopératifs.

Le volontarisme et l’organisation non territoriale devront être combinés pour rendre cette solution pratique.

Lorsque les alternatives ne sont autorisées que sur une base territoriale, seuls des États-nations exclusifs sont acceptés, peut-être de plus petite dimension, ou plusieurs ghettos, réserves, camps de concentration et systèmes de déportation, pour atteindre  « l’intégrité territoriale » et l’uniformité souhaitées, qui n’ont rien à voir avec la liberté individuelle.

John Zube, Notes sur Panarchie et Anarchie (1986)

Panarchie signifie :

       – Pas d’imposition sans consentement individuel. (Remplacement des taxes par des prix, des frais et des abonnements.)

       – Pas de dictature – à moins qu’elle ne soit voulue par les individus impliqués.

       – Pas de vote majoritaire – sauf parmi les volontaires et ne s’appliquant qu’à eux.

       – Pas de conscription.

       – Pas de cibles nucléaires.

       – Pas de frontières nationales et d’ennemis nationaux.

       – Pas de monopole ni de privilège économique ou politique. Il ne reste que ceux qui sont fondés sur le consentement unanime des volontaires et qui ne sont pratiqués qu’à leurs frais.

Acte V. Elaborations passées et récentes de l’idée

Où il apparaît que l’idée était présente dans l’esprit de nombreuses personnes, dans des contextes culturels les plus variés et sous des  formulations et des dénominations les plus diverses.

Henri Léon Follin, Paroles d’un Voyant (1934)

Les droits individuels cosmométapolites, qui doivent être reconnus et garantis à tout homme dans le monde entier à quelle que communauté nationale, régionale ou locale qu’il appartienne, peuvent essentiellement se réduire à six :

1. Droit de non-participation sous une forme quelconque, à des compétitions ou conflits entre Etats politiques ou à leurs conséquences ;

2. Droit de choisir l’État ou les États administratifs et juridiques des lois desquels il entend dépendre pour ses rapports privés et de circuler ou s’établir dans un Etat quelconque en respectant les lois de celui-ci pour ses rapports publics ;

3. Droit d’échanger librement sa propriété et ses services avec les ressortissants de tous les autres États ;

4. Droit d’évaluer ses échanges et stipuler des engagements au moyen d’un étalon universel ou même particulier sans intervention d’aucun monopole monétaire ;

5. Droit d’exprimer librement toute sa pensée en toute matière, sauf à ne pouvoir faire aucun appel à la violence contre les institutions établies ;

6. Droit de soustraire l’instruction et l’éducation de ses enfants à toute influence contraire aux cinq droits précédents.

La doctrine cosmométapolitique veut que l’homme ne soit pas, dès sa naissance, soumis à une autorité unique qui se fera sentir à lui dans toutes les manifestations de son existence.

Elle veut que, pour tout ce qui ne porte pas à autrui une atteinte directe et patente, il puisse s’affranchir de la loi commune dont il n’a pas eu le contrôle, qu’il n’ait à se soumettre qu’à la fraction qui lui convient de l’opinion publique humaine, ou qu’aux associations dans lesquelles il est librement entré, par un contrat précis, d’une durée volontairement limitée.

John Gall, Systemantics (1975)

   – Libre choix du Territoire (liberté de distribution)

   – Libre choix du Gouvernement (principe de l’indétermination hégémonique).

Sous le Libre Choix du Territoire, un citoyen de n’importe quel pays est libre de vivre dans n’importe quelle partie du monde qu’il choisit. Il reste citoyen du gouvernement qu’il préfère, auquel il paie des impôts et pour lequel il vote. Toutefois, comme impliqué par le Libre Choix du Gouvernement, il peut à tout moment changer sa citoyenneté et son allégeance de son gouvernement actuel à un autre gouvernement qui offre des taux d’imposition plus attrayants, des retraites meilleures, des fonctionnaires publics plus intéressants ou simplement pour un changement revigorant (la courtoisie semblerait exiger un préavis de deux semaines, l’avis standard que tout employeur donnerait à un employé).

Avec ces deux nouvelles libertés en vigueur, on s’attendrait à ce que, après une courte période d’équilibre, les citoyens de chaque nation soient répartis entre les citoyens de toutes les autres nations – pas nécessairement au hasard, mais suffisamment pour réaliser notre but, c’est-à-dire les soustraire des mains de leur propre gouvernement. Un gouvernement peut difficilement mettre un grand nombre de ses propres citoyens en prison s’il doit les chercher un à un ou s’il doit persuader d’autres gouvernements de la justice de la procédure. Le recrutement dans l’armée deviendrait administrativement impossible. En outre, les guerres d’un gouvernement contre un autre deviendraient impraticables, car un grand nombre «   d’ennemis   » serait distribué dans le monde entier, y compris le territoire du gouvernement d’origine.

Acte VI. Vers le futur

Où se précisent les contours théoriques et pratiques de l’idée qui, au début du nouveau millénaire, commence à se diffuser à travers les multiples canaux de la communication globale.

Michael Rozeff, Liberté de gestion (2009)

Qu’est-ce que le gouvernement ? C’est un véhicule organisationnel par lequel les gens espèrent guider certaines de leurs interactions. C’est le cadre et le moyen par lesquels ils obtiennent la gouvernance. La gouvernance, ou la réglementation de certaines de leurs interactions, est le bien fondamental qu’ils recherchent lorsqu’ils instituent un gouvernement.

La liberté dans le choix de la gouvernance trouve ses racines dans la liberté d’une personne de décider du cours de sa propre vie. Je considère que la liberté dans le choix de la gouvernance est bonne en soi et bonne comme instrument, tant pour les personnes que pour les groupes de personnes. L’idée politique fondamentale de la panarchie en référence au gouvernement est qu’une personne consent à sa gouvernance. L’idéal de la panarchie consiste à être le maître de ses choix par rapport à la gouvernance. La liberté dans le choix de la gouvernance est la racine de la panarchie, par opposition à la tyrannie, ou au fait d’être forcé de vivre sous un gouvernement quelconque.

(…) Le panarchiste ne cherche pas à imposer une forme de gouvernance pour les autres, bien qu’il puisse certainement soutenir que certaines formes sont préférables à d’autres, non seulement pour lui-même, mais pour les autres. Je me qualifie d’anarchiste (ainsi que de panarchiste) parce que ma préférence personnelle est pour aucun gouvernement tel que nous les connaissons. Je veux de la gouvernance. Je pense que la gouvernance ne peut être évitée partout où les gens vivent ensemble. À mon avis, sa forme devrait être tellement décentralisée et ouverte aux choix personnels qu’elle ne sera guère reconnue comme un gouvernement. Mes opinions anarchistes ne sont pas les mêmes que mes idées sur la panarchie. La panarchie prime de loin, car il s’agit d’une théorie sociale générale. Elle précède logiquement le choix d’une forme particulière de gouvernance.

Aviezer Tucker, Panarchie : l’État 2.0 (2017)

Le modèle « westphalien » dominant de l’État, fondé sur la souveraineté sur un territoire ayant des frontières et le monopole de la violence sur les personnes qui y vivent, est obsolète. Il est adapté à la technologie du XVIIe siècle et aux sociétés pré-globales où les distances géographiques ne pouvaient être franchies facilement et où l’information mettait des mois à parcourir le globe. Au contraire, les États peuvent être fondés sur des contrats sociaux plutôt que sur la souveraineté, le service aux citoyens plutôt que sur le monopole de l’emploi de la violence dans un territoire. La panarchie, théorie politique des États non territoriaux fondée sur des contrats sociaux, introduite en 1860 par le botaniste et économiste belge Paul Émile de Puydt, offre une alternative. Il propose que les citoyens puissent littéralement signer un contrat social, une constitution, avec un État, et changer d’État sans bouger, tout comme les clients peuvent changer leurs polices d’assurance. Les contrats sociaux explicites et volontaires présentent plusieurs avantages par rapport aux théories des contrats sociaux classiques. Ils ne sont ni mythiques ni hypothétiques, mais explicites et réels, volontaires et réversibles.

La panarchie permet aux agents politiques de commettre des fautes politiques réversibles, puis de sortir et de rejoindre un autre État. En panarchie, l’incitation à l’innovation politique et à l’amélioration provient de la concurrence entre les États pour attirer les citoyens-clients. La politique développerait alors sa propre version de la destruction créative, lorsque les États en déroute disparaîtraient et seraient remplacés par des États mieux gérés, générant une tendance générale progressiste.

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