Mardi 10 septembre, la présidente désignée de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, a présenté son équipe de candidats aux postes de commissaires. Sa proposition a beaucoup fait parler, de toutes parts, en suscitant autant de curiosité que de critiques .

Mais qui sont ces commissaires ? Que nous dit leur nomination des orientations géopolitiques de la nouvelle Commission ? Le Grand Continent présente une série de plusieurs épisodes pour présenter ces candidats, en choisissant à chaque fois des profils intéressants et révélateurs. Pour chaque candidat sera présentés le parti national d’appartenance ainsi que la provenance géographique. Le premier épisode, avec quatre profils, peut être lu ici.

Pays-Bas : Frans Timmermans (PvdA, S&D)

Premier vice-président de la Commission dans la Commission Juncker, où il était chargé des questions d’État de droit, la tête de liste malheureuse des Socialistes et démocrates lors des élections européennes de mai dernier prendra lors de la prochaine législature l’important portefeuille horizontal du climat, ainsi que le titre de « vice-président exécutif  ». Alors que les thématiques climatiques étaient précédemment du ressort de Miguel Arias Cañete (ES, PPE), leur passage dans le giron de Frans Timmermans correspond aux priorités exprimées par les S&D, qui entendent s’affirmer, en l’absence des Verts, comme les champions des questions environnementales au sein du nouvel exécutif européen.Timmermans avait fait du climat un axe de campagne majeur à la veille du scrutin1, et les sociaux-démocrates s’y étaient attachés particulièrement lors des négociations ayant précédé l’élection d’Ursula von der Leyen. Il pourra compter dans ses nouvelles fonctions sur la réputation de sérieux et de visibilité acquise lors de la législature précédente, mais aussi sur son expérience ministérielle aux Pays-Bas (affaires européennes : 2007-2010 ; affaires étrangères : 2012-2014) et sur de nombreuses années au service de la diplomatie néerlandaise et européenne.

Cette nouvelle nomination du leader de fait des sociaux-démocrates européens, si elle peut sembler symbolique de ce qui doit devenir une nouvelle priorité de l’exécutif – Timmermans devra mettre en œuvre la promesse de von der Leyen d’une législation climatique « dans les cent premiers jours de son mandat »2 et de la réduction de 50 % des émissions de CO2 du continent à l’horizon 2030 -, elle ne doit pas cacher la disparition du portefeuille de l’État de droit et des droits fondamentaux, qui sera probablement réparti entre les ressorts « valeurs et transparence » (Věra Jourová) et « démocratie et démographie » (Dubravka Šuica). La fin de ce portefeuille pourrait constituer une concession faite, en échange de leur soutien, à la droite du PPE, Viktor Orbán en tête, et aux Conservateurs et réformistes européens.

Autriche : Johannes Hahn (ÖVP, PPE)

Membre du Parti populaire autrichien, il a été nominé par le conseil national autrichien à l’unanimité sous le gouvernement intérim pour un troisième mandat en tant que Commissaire européen. La Chancelière de l’actuel gouvernement autrichien Brigitte Bierlein a souhaité de proposer une candidate féminine après la demande de la Présidente élue de la Commission Ursula von der Leyen, mais elle n’a pas réussi à trouver une majorité pour une des candidates potentielles.

Johannes Hahn a commencé sa carrière européenne en 2010 en tant que Commissaire à la Politique régional sous la Commission Jose Manuel Durao Barroso II jusqu’en 2014. Ensuite, il est devenu Commissaire à l’Élargissement et à la Politique européenne de voisinage dans le collège de la Commission sous Jean-Claude Juncker. Les deux étapes les plus importantes pendant son deuxième mandat étaient la résolution du conflit autour du nom de la Macédoine en février 2019 et la décision d’engager les négociations d’adhésion de l’Albanie et la Macédoine du Nord.

De nouveau de retour à Bruxelles, Johannes Hahn souhaite travailler à la tête d’un ressort dans laquelle «  on peut faire fortement avancer le développement européen »3 comme il l’a indiqué lors du Conseil des ministres des affaires étrangères à Helsinki. Dans l’équipe de Von der Leyen il a été assigné l’important et influent poste à la tête du Budget de l’Union.

Avant son engagement politique à l’échelle européenne, Johannes Hahn a été Ministre fédéral de la Science et de la Recherche d’Autriche de 2007 à 2010. Plus tôt, il a été engagé dans la politique régionale en tant que député du parlement du land de Vienne. Vienne est également sa ville de naissance et la ville dans laquelle il a obtenu un doctorat de philosophie en 1987 à l’Université de Vienne.

Finlande : Jutta Urpilainen (SDP, S&D)

La Finlande a désigné Jutta Pauliina Urpilainen, 44 ans, membre du Parti social-démocrate de Finlande (SDP), pour devenir commissaire européenne.

Cette institutrice de formation, présidente du Parti social-démocrate de 2008 à 2014, devenue par la suite ministre des Finances dans le gouvernement de coalition de Jyrki Katainen, premier ministre conservateur (Parti de la coalition nationale, KOK) de 2011 à 2014, peut se prévaloir d’une bonne connaissance des institutions européennes et de son expérience acquise à l’occasion de la crise de la zone Euro en 2011-2012.

Sa candidature a été préférée à celle de l’ancien premier ministre conservateur Alexander Stubb, 51 ans, membre du Parti de la coalition nationale (Kok) qui dirigea deux gouvernements de coalition élargie de 2014 à 2015 avant de devenir ministre des Finances de 2015 à 2016 dans le gouvernement de Juha Sipilä, premier ministre centriste (Parti du Centre, Kesk) de 2015 à juin 2019. Alors que Monsieur Stubb avait été éliminé par l’allemand Manfred Weber à l’occasion de la course à l’investiture au nom du Parti populaire européen (PPE) pour la présidence de la Commission, les rumeurs avaient couru bon train sur une potentielle désignation en qualité de commissaire européen. Il n’en a donc rien été.

Le gouvernement de coalition dirigé par le premier ministre social-démocrate Antii Rinne, issu des dernières élections législatives d’avril 2019 qui ont vu la forte poussée du Parti social-démocrate (SDP) et des écologistes de la Ligue Verte (VIHR), confirmée par les élections européennes de mai 2019, a donc souhaité prendre acte de cette évolution politique notable en choisissant une femme politique social-démocrate, bonne connaisseuse des questions financières et rompue aux négociations européennes, pour devenir la Commissaire pour les partenariats internationaux – une position dans lequelle elle sera en charge de la coopération au développement et d’une nouvelle rélation stratégique avec l’Afrique, entre autres.4.

Chypre : Stella Kyriakides (DISY, PPE)

Membre du Rassemblement démocrate (DISY), parti libéral-conservateur chypriote, Stella Kyriakides est psychologue clinicienne, en particulier de l’enfance, spécialité qui l’a poussée à travailler au ministère de la Santé de Chypre pendant les trente premières années de sa carrière (1976 à 2006). Elle est par ailleurs députée chypriote DISY depuis 2006.

Francophone et anglophone, Kyriakides a également été présidente de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (2017-2018). Elle a aussi endossé plusieurs fonctions politiques liées à la santé en Europe, en étant par exemple présidente de la Coalition européenne du cancer du sein-Europa Donna (2004-2006) ou encore du Comité consultatif des patients au sein de l’Organisation Européenne contre le Cancer. C’est donc logiquement qu’elle est pressentie pour le poste de commissaire européenne à la santé.

Perspectives :

  • 30 septembre – 8 octobre  : dates prévues pour les auditions des Commissaires désignés