Bulgarie

Sofia. Les élections européennes n’ont pas mobilisé les citoyens bulgares. Le taux de participation, qui s’élève à environ 32 %, est l’un des plus faibles de l’Union européenne. Pourtant, le vote a été rendu obligatoire fin 2016 pour lutter contre la forte abstention qui caractérise les élections en Bulgarie. Mais aucune sanction financière n’est prévue : une simple radiation des listes électorales avec possibilité de réinscription immédiate.

Les résultats quant à eux sont assez fidèles aux tout derniers sondages parus juste avant le week-end. Ainsi, malgré la vague de scandales qui a marqué la campagne électorale et touchant principalement le parti conservateur GERB au pouvoir (Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie – PPE – 6 sièges sortants), ce dernier se place en première position avec 32 % des suffrages et 6 à 7 sièges. La liste socialiste BSP (Coalition pour la Bulgarie – S&D – 3 sièges sortants) prend la deuxième place du scrutin avec 24 % des voix et 5 sièges. Le podium est complété par le Mouvement des droits et des libertés DPS (ALDE – 4 sièges sortant), remportant 16,5 % des suffrages et 3 sièges.

Début mai pourtant, les sondages plaçaient le BSP en tête. Les résultats sonnent donc comme une véritable défaite : si un membre du parti a parlé de résultats « mitigés » (ne voulant pas vraiment commenter avant lundi et les chiffres définitifs officiels), la tête de liste Kornelia Ninova ne s’est même pas exprimée dimanche soir. Le leader de la liste Bulgarie démocratique DB (PPE – 1 siège sortant et qui est au seuil du député avec 5,3 % des voix) a même déclaré : « ces élections montrent que le BSP ne peut pas être une alternative, alors même qu’il est la première opposition du pays : le GERB gouvernera pour toujours ».

Ces chiffres nous montrent que l’on assiste finalement à un rééquilibrage à l’échelle nationale : ces résultats reflètent la composition du Parlement bulgare élu en 2017. Le Mouvement des droits et des libertés, qui avait fait une percée en 2014 (tant aux élections européennes que législatives), perd du terrain sur les deux forces politiques majeures du pays : le GERB d’abord, et le BSP ensuite.

Chypre

Nicosia. Les résultats des élections européennes à Chypre montrent une participation en hausse en particulier parmi l’électorat chypriote grec. Cela a particulièrement profité au Parti Progressiste des Travailleurs (ΑΚΕΛ) qui obtient 27 % des voix et permet pour la première fois à un Chypriote turc, Niyazi Kızılyürek, de siéger au Parlement européen. Le parti libéral au pouvoir, le Ralliement Démocratique (ΔΗΣΥ) perd du terrain mais se positionne en tête (29 %). Les véritables vainqueurs de ces élections sont le Parti Démocrate (ΔΗΚΟ), fondé en automne 2018, et le parti socialiste (ΕΔΕΚ). Ils obtiennent respectivement chacun un eurodéputé et s’affirment comme des formations politiques majeures dans le pays. En revanche, le Front populaire national (ΕΛΑΜ) qui s’inscrit dans une ligne ultra-nationaliste ne sera pas représenté au Parlement européen.

Grèce

Athènes. En Grèce, le parti libéral Nouvelle Démocratie (Νέα Δημοκρατία) emporte les élections européennes avec 33 % des votes. Le parti au gouvernement, SYRIZA (ΣΥΡΙΖΑ), n’obtient que 24 % des voix. Ce résultat est une lourde défaite pour le Premier ministre Alexis Tsipras : SYRIZA devient la deuxième formation politique du pays et la légitimité de sa majorité au Parlement est fragilisée. Le président de la ND, Kiriakos Mitsotakis, et la présidente du Mouvement du Changement (Κίνημα Αλλαγής), Fofi Gennimata, ont appelé à la démission du Premier ministre et à l’organisation d’élections anticipées. Alexis Tsipras a dans la foulée annoncé que des élections anticipées seront organisées après le deuxième tour des élections régionales et municipales prévues pour le 2 juin.

Ces résultats marquent le relatif retour du bipartisme sur la scène politique grecque : la majorité des votes est remportée par deux partis et plusieurs partis intermédiaires perdent du terrain. Le Mouvement du Changement, alliance de partis de gauche issue du parti socialiste grec, le PASOK, n’a pas réussi à rassembler mais s’impose en troisième position avec 7 % des voix. Aube Dorée confirme sa baisse de popularité et fait presque deux fois moins bien qu’aux dernières élections européennes avec environ 5 % des voix, autant que le Parti Communiste Grec (KKE). En revanche, ΜέΡΑ25, le parti de l’ancien ministre des finances d’Alexis Tsipras, Yanis Varoufakis, et la Solution Grecque (Ελληνική Λύση) obtiennent finalement chacun un député après avoir été sur la sellette lors des premières estimations.

Malte

Valletta. Comme l’annonçaient les sondages, le Parti travailliste du Premier ministre maltais Joseph Muscat a remporté une victoire éclatante et sans précédent à l’occasion du scrutin européen du 25 mai. Avec 55,9 % des votes et 51 000 voix d’avance sur le Parti nationaliste, le PT sera en mesure d’envoyer 4 eurodeputés au Parlement européen, 1 de plus qu’en 2014.

Alors qu’il avait mené une campagne extrêmement personnelle, Joseph Muscat a présenté la victoire de son parti comme la preuve de l’unité du peuple maltais. Il a analysé en public le recul du PN comme une sanction à l’encontre de ceux qui s’étaient permis de critiquer ses méthodes et son gouvernement a l’échelle de l’UE. Membres du PPE, les eurodéputés du PN ont en effet plusieurs fois déploré, à la suite de l’assassinat de Daphne Caruana Galizia en octobre 2017, la dégradation du climat démocratique et le recul de la liberté d’expression dans l’île. Prenant acte de sa défaite en fin d’après-midi, le chef de l’opposition Adrian Delia a décidé de se maintenir à la tête du Parti nationaliste malgré cette défaite historique.