Drapeaux des territoires ultramarins de l’UE participant au scrutin

À ce jour et tant que le Brexit ne sera pas effectif, il existe toujours 31 RUP et PTOM habités associés à l’Union européenne. Alors que neuf d’entre eux (îles Canaries, Guyane, Martinique, Guadeloupe, Mayotte, La Réunion, Saint-Martin, Açores et Madère) possèdent le statut de Régions Ultra-Périphériques et font à ce titre partie intégrante de l’UE, les 22 autres y sont extérieurs et constituent le groupe des Pays et Territoires d’Outre-Mer.

Si tous les électeurs des RUP participent aux élections européennes en cours, la situation des citoyens des PTOM est moins univoque. Elle est avant tout déterminée par l’État-membre dont ils dépendent. Tous les PTOM de France qui ne sont pas déserts voteront le 25 mai. Il en est allé de même jeudi 23 pour les PTOM néerlandais. Les citoyens européens peuvent y voter depuis 2009, année où leur exclusion du scrutin sous prétexte qu’ils résidaient à Aruba et dans les Antilles néerlandaises a été jugée discriminatoire par le Conseil d’État néerlandais.

Au contraire, le Groenland possède l’autonomie interne vis-à-vis du Danemark depuis 1979 et a voté pour sortir de la CEE en 1982 : il ne prend pas part au scrutin en cours. Il en va de même pour l’intégralité des PTOM britanniques. Ces territoires ultra-marins sont en effet en partie peuplés par des British Overseas citizens. Ceux-ci possèdent la nationalité britannique mais ne sont pas pour autant reconnus comme des citoyens britanniques et de l’UE. Au contraire (et sans pour autant être une RUP), Gibraltar est le seul territoire ultra-marin britannique à faire partie de l’UE. C’est à ce titre qu’il a participé au référendum sur le Brexit en 2016 et au scrutin européen de cette semaine.

La participation aux élections européennes est généralement bien plus faible dans les RUP et les PTOM que dans les métropoles. Le taux de votants aux dernières élections européennes dans les territoires d’Outre-mer français oscillait ainsi en 2014 entre 15 % et 20 %1. Ce désengagement est souvent expliqué par le fait que les populations ultramarines se sentent peu représentées par les listes proposées au suffrage. Cette année, ce sentiment risque d’être exacerbé par la disparition des huit circonscriptions interrégionales – dont une était réservée à l’Outre-mer français – qui servaient de cadre au vote européen en France jusqu’en 2014.

Si on en croit les derniers sondages, le nombre d’eurodéputés français originaires des DROM-COM (3 lors de la dernière législature) ne devrait cependant pas baisser. Le Réunionnais Younous Omarjee, quatrième sur la liste de la France insoumise, est en bonne place pour être réélu. La Guadeloupéenne Mexette Pirbakas-Grisoni (douzième sur la liste du Rassemblement national) et le Réunionnais Stéphane Bijoux (en dixième place sur la liste de La République en Marche) seront eux aussi probablement élus dimanche prochain.

Les RUP françaises ne sont pas les seules à se sentir sous-représentées à Strasbourg. Le personnel politique des deux régions autonomes portugaises s’est fréquemment plaint au cours de ces derniers mois de listes nationales incapables de défendre les spécificités des Açores et de Madère au Parlement européen. Pour la première fois, le Parti social-démocrate n’a en effet pas réservé de position éligible à un Açorien2. Sixième sur la même liste PSD, la représentante de Madère a peu de chance d’être élue. S’il a conservé deux places éligibles pour des représentants des deux régions autonomes, le Parti socialiste a quant à lui décidé de ne pas renouveler ses eurodéputés açorien et madérien sortants3, suscitant la déception dans les deux régions.

Quant aux diverses formations autonomistes des Îles Canaries, elles ont trouvé à s’insérer, en fonction de leur couleur politique, dans plusieurs coalitions de partis régionalistes espagnols : Ahora Repúblicas (classé à gauche), Coalición por una Europa Solidaria (centre-droit) ou Compromiso por Europa (fédéraliste et écologiste). Il est cependant très probable qu’aucune de ces listes ne réunisse assez de voix pour envoyer un régionaliste canarien au Parlement européen : elles sont respectivement créditées de 5,2 %, 1,5 % et 1,4 % des intentions de vote.