Prague. Les élections européennes ont lieu en République tchèque après plusieurs semaines des manifestations. En effet, depuis presque un mois, des dizaines des milliers de personnes descendent dans les rues de Prague pour demander la démission du chef du gouvernement, Andrej Babis, soupçonné de fraude aux subventions européennes et qui fait l’objet d’une enquête de l’Union1 pour un possible conflit d’intérêts entre ses activités politiques et ses affaires, ainsi que celle de la nouvelle ministre de la Justice, Marie Benešová, ancienne procureure générale, favorable à M. Babis.

Néanmoins, le parti du premier ministre, ANO (ALDE), qui avait gagné les élections législatives de 2017 avec un discours contre la corruption, la migration et l’euro, est crédité par les sondages de 21,74 % des intentions de vote (6 sièges), devant son principal rival, le Parti pirate tchèque (Česká pirátská stråna) crédité de 15,38 % (4 sièges). La coalition électorale des partis de centre-droit TOP 09, STAN et du Parti vert (PPE) devrait ressembler 10,41 % des votes (2 sièges).

Parmi les États membres, la République tchèque enregistre le taux de chômage le plus bas : 1,9 %, comparé à 7,7 % pour la zone euro et 6,4 % pour l’Union dans son ensemble.2 De plus, malgré un léger ralentissement, l’économie devrait enregistrer en 2019 un taux de croissance supérieure à 2,5 %.

Cas exceptionnel parmi les pays de l’Europe centrale et de l’Est, l’opinion publique à l’égard de l’Union reste très ambivalente : selon l’Eurobaromètre publié en avril 20193, 49 % (+7pp) des citoyens pensent que l’Union n’est « ni une bonne ni une mauvaise chose », 56 % (+4pp) estiment que les choses vont dans la mauvaise direction au sein de l’Union et 49 % souhaiteraient que le Parlement européen joue un rôle moins important à l’avenir. Si un référendum sur l’appartenance à l’Union était organisé, seuls 47 % des citoyens voteraient pour rester.

Pour le scrutin de cette année, 39 listes sont en compétition, un nombre plus élevé qu’en France (34). Pourtant, cela ne semble guère mobiliser les citoyens : si, en 2014, la présence aux urnes avait été de 18 %, l’Eurobaromètre d’avril 2019 indiquait que seules 10 % des personnes interrogées se déclaraient sûres d’aller voter.

Sources
  1. RANKIN Jennifer, Czech PM accused of conflict of interest over EU funds to businesses, The Guardian, 30 novembre 2018
  2. Eurostat, Communiqué de presse, 30 avril 2019
  3. Eurobarometer Survey 91.1 of the European Parliament, A Public Opinion Monitoring Study, avril 2019