Rome. La loi budgétaire italienne élaborée par le gouvernement jaune-vert a été rejetée par la Commission européenne, ce qui entamera une procédure d’infraction. À Bruxelles, la Commission dénonce un déficit excessif par rapport à la dette publique italienne élevée et demandent à Rome de corriger le tir avant de se heurter aux sanctions prévues par la procédure. Il s’agit, une fois de plus, de la dette publique et d’une politique de réduction inefficace (1).
Après des semaines de division entre les représentants du gouvernement, cela a conduit à une recomposition temporaire des deux partis afin de faire face à la situation complexe. Les deux vice-premiers ministres Matteo Salvini et Luigi Di Maio devront choisir la ligne à tenir en ce qui concerne l’Union et les marchés, où le spread a de nouveau dépassé les 300 points. La procédure engagée peut donner lieu à une demande de révision des comptes dans un délai de trois à six mois. En conséquence, le budget devra être modifié avant d’être approuvé par le Parlement si Rome veut échapper aux mesures correctives qui seront prises au cours de l’année 2019 (2).
Toutefois, les élections européennes s’inscrivent également dans le même calendrier. Un facteur supplémentaire qui pourrait influer sur la stratégie du gouvernement et son rapport à l’Union. Le gouvernement italien a le choix entre corriger immédiatement le tir ou engager une procédure d’infraction, en espérant qu’après les élections européennes de mai, le bilan sera plus favorable. Mais cette deuxième voie est risquée, car elle est pleine d’inconnues tant pour Bruxelles que pour Rome, et dangereuse car l’exécutif pourrait être contraint par l’augmentation des taux d’intérêt et par la procédure d’infraction à effectuer une manœuvre corrective dès le printemps 2019. Ce serait un signe de faiblesse excessive pour les deux partis, qui verraient leur résistance aux règles de Bruxelles décrédibilisée. Il est donc très probable que, tout en défendant la leur budget en paroles, les deux parties entameront des négociations politiques avec la Commission.
Les corrections peuvent être de deux types : sur les soldes, réduisant ainsi le déficit de quelques décimales, ou sur les politiques, c’est-à-dire le déplacement des ressources vers des mesures qui favorisent les entreprises et les investissements publics au détriment de celles qui sont plus sociales. La dernière solution serait de garder le même budget, en l’accompagnant d’un examen pluriannuel des dépenses ou d’une garantie de la dette publique par les actifs de l’État, principalement les biens immobiliers.
En termes purement politiques, il ne semble pas y avoir de crise gouvernementale aux portes, mais cette pression supplémentaire de l’Europe affectera les deux partis au pouvoir, mettant fin à l’alliance populiste après les élections européennes. Cela ne signifie pas que de nouvelles élections auront lieu automatiquement, mais que de nouvelles coalitions pourront se former au Parlement. Les deux plus accrédités semblent être, à ce jour, celle unissant la Ligue, Forza Italia, Fratelli d’Italia et un groupe de députés qui se sont échappés d’autres partis, ou une alliance entre le Mouvement 5 Étoiles et le Parti démocratique, qui aura déjà choisi son nouveau secrétaire. Si l’un de ces deux scénarios devait se produire, quel qu’il soit, l’anti-européanisme qui a caractérisé le gouvernement actuel jusqu’à présent serait considérablement réduit.
Sources :
- DECRESTINA Paolo, La Commissione Ue boccia la manovra italiana. « Procedura di infrazione giustificata », Corriere della Sera, 21 novembre 2018.
- Manovra, ecco cosa accadrà dopo la bocciatura Ue, Il Sole 24 Ore, 21 novembre 2018.
Lorenzo Castellani