New York. L’agence de notation new-yorkaise Moody’s, à travers son département Moody’s Investors Service, a publié un nouveau rapport ce mardi 2 octobre, dans lequel elle indique que l’Union européenne n’est pas suffisamment préparée à affronter une potentielle nouvelle période de récession (6). Mettant en avant quelques avancées de l’Union depuis la crise des subprimes, il souligne les failles qui sous-tendent l’économie européenne.

Le rapport de Moody’s reconnaît d’abord que la gouvernance économique de l’Union a connu des progrès. L’annonce de Mario Draghi en juillet 2018 de poursuivre la politique visant à terminer les rachats d’actifs d’ici la fin de l’année 2018, afin de réduire l’inflation immense qu’a connu le bilan de la BCE depuis 2008 (1), contribue ainsi à la solidité du système monétaire. De plus, l’amélioration des crédits aux entreprises, facilités notamment par le succès retentissant du plan Juncker (5), rassure les observateurs sur la solidité de l’économie de l’Union.

Nombreux sont cependant les facteurs qui fragilisent cette stabilité, selon le rapport de Moody’s. Le très haut niveau de la dette du secteur privé dans l’Union (4) et la récente hausse de la dette publique dans la zone euro, que mettait déjà en exergue un rapport d’Eurostat publié en juillet 2018 (3), couplés à l’inflation du prix des actifs, nourrissent les appréhensions. Le rapport de Moody’s identifie également d’autres facteurs aggravants, parmi lesquels les ruptures technologiques qui bouleversent l’économie et la moindre efficacité des actions publiques de lutte contre la crise. En particulier, les politiques de relance monétaire semblent avoir atteint un pic et ne plus offrir que des perspectives de rendements décroissants. Les récentes annonces autour du budget italien contribuent enfin à ce pessimisme.

Ce rapport, peu reluisant à l’égard de l’économie européenne, bien que précis sur l’étude des mécanismes à l’œuvre, a pourtant été jusqu’à l’heure très peu commenté par les analystes de l’Union. Faut-il y voir un discrédit du discours de Moody’s sur l’Europe ? Après les critiques massives qui leur avaient été adressées à la suite de la crise des subprimes, les grandes agences de notation avaient néanmoins fait leur mea culpa et se réforment actuellement, par exemple en tentant de mieux intégrer des critères environnementaux et sociaux, à l’initiative de Bruxelles (2). Alors, ce rapport de Moody’s, pavé dans la mare ou petite bière ?

Perspectives :

  • Fin 2018 : fin de la politique de quantitative easing (QE), ce qui devrait consolider davantage le bilan de la BCE.
  • Octobre 2019 : fin du mandat de Mario Draghi à la tête de la BCE et possibles changements de politique.

Sources :

  1. BCE, Annual consolidated balance sheet of the Eurosystem, 30 mai 2018.
  2. BOISSEAU Laurence, Bruxelles pousse les agences de notation à mieux intégrer les critères sociaux et environnementaux, Les Échos, 8 mars 2018.
  3. Eurostat, La dette publique en légère hausse à 86,8 % du PIB dans la zone euro, 20 juillet 2018.
  4. Eurostat, Dette du secteur privé, données actualisées le 10 avril 2018.
  5. LENOIR Olivier, Succès retentissant pour le plan Juncker, La Lettre du lundi, 29 juillet 2018.
  6. Moody’s, Europe will be more exposed in the next downturn, moodys.com, 2 octobre 2018.