Canberra. Jeudi 28 juin, le parlement australien a adopté de nouvelles lois au sujet de l’ingérence dans les affaires intérieures. Avec le soutien de l’opposition, le gouvernement cherche à mettre en place un plan d’action pour réduire l’influence des puissances étrangères qui s’immiscent dans les affaires intérieures par le lobbying et les investissements et font peser des menaces d’espionnage (4).

Le motif principal de cette politique est la relation controversée que la Chine a nouée avec l’Australie. Ces dernières années, le gouvernement australien a particulièrement surveillé les activités de l’United Front Work Department, un organe du Parti Communiste Chinois qui a pris pour cible les politiciens australiens et la diaspora chinoise en Australie.

Le premier ministre Malcolm Turnbull a affirmé que ces mesures n’ont pas été élaborées spécifiquement contre la Chine mais qu’il était question de protéger la sécurité nationale et de garantir la souveraineté du pays. D’autre part, le parti Australian Greens s’inquiète de l’atteinte aux droits individuels que cette nouvelle mesure engendrera. En effet, l’un des buts de cette nouvelle législation est de d’établir la liste des citoyens et des députes qui agissent pour le compte de pays étrangers (1).

Ces inquiétudes politiques sur l’ingérence étrangère ont déjà eu un impact non seulement sur les relations politiques entre l’Australie et la Chine mais aussi sur leurs liens économiques. Ces derniers jours, Huawei, la compagnie chinoise de télécommunication, a été accusée de ne pas assurer la sécurité des données et d’offrir un chemin d’accès illégal aux infrastructures de télécommunication australiennes, ce qui a déclenché de vives tensions entre les deux pays (4). L’Australie est le premier à prendre des mesures si importantes parmi les cinq pays du réseau d’information Five Eyes comprenant l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les États-Unis. La mise en œuvre efficace de ces nouvelles lois sur l’ingérence étrangère poussera peut-être les autres membres à se doter d’un arsenal similaire.

Perspectives :

  • Des mesures similaires ont été votées par le Congrès américain. Cela suggère que l’administration Trump a les mêmes inquiétudes que l’Australie.
  • Ces nouvelles lois pourraient potentiellement se retourner contre l’Australie en détruisant ses liens politiques et économiques avec la Chine, l’un des principaux partenaires économiques du pays.

Sources :

  1. COUGHLAN Matt, LIVINGSTON Angus, Foreign interference laws to pass in days, The Australian, 27 june 2018.
  2. GREENE Andrew, DORAN Matthew, Huawei boss John Lord defends telco as foreign interference debated in Parliament, 27 June 2018.
  3. PEARSON Elaine, Australia’s Government must guard against foreign interference, but not by curbing our rights, ABC News, 14 June 2018.
  4. SMITH Jamie, Australia leads ‘Five Eyes’ charge against foreign interference, Financial Times, 27 June 2018.