Cox’s Bazar. Des pluies diluviennes se sont abattues sur les camps de Rohingyas au Bangladesh, entraînant des glissements de terrain ayant fait au moins trois morts et des milliers de sans-abris (2).

Des efforts sont entrepris depuis des semaines par le gouvernement bangladais et les acteurs de l’aide humanitaire pour réduire la vulnérabilité de la population des camps mais les défis restent énormes. 215 000 personnes sont exposées aux inondations et aux glissements de terrain, soit environ le quart de la population des camps. Les rares routes permettant d’accéder aux camps ont déjà été endommagées, compliquant le ravitaillement des réfugiés et leur évacuation (3). La situation sanitaire est préoccupante, les pluies occasionnant un débordement des latrines et une contamination des puits d’eau, avec en conséquence une augmentation des maladies diarrhéiques (1). C’est une véritable course contre la montre qui s’est engagée pour protéger les populations hôtes et réfugiées, la région de Cox’s Bazar étant connue pour recevoir les plus importantes précipitations du pays pendant la mousson. Elle est aussi sur la trajectoire des cyclones, une autre épée de Damoclès sur cette communauté Rohingya apatride, venue se réfugier en masse au Bangladesh pour fuir les exactions de l’armée birmane.

La situation est compliquée par l’incertitude de l’avenir : la perspective d’un rapatriement des Rohingyas en Birmanie, que le gouvernement bangladais espère à court terme, constitue un frein à la mise en place de certaines mesures pourtant essentielles, telles que la construction d’abris anticycloniques dans les camps. Pour l’heure, les négociations bilatérales entre le Bangladesh et la Birmanie concernant l’accord de rapatriement signé en novembre 2017 semblent au point mort, laissant craindre un enracinement de cette crise déclenchée le 25 août 2017 et ayant conduit à l’exode de plus de 700 000 Rohingyas au Bangladesh. Tant l’Union que ses partenaires internationaux semblent incapables de parvenir à une sortie de crise, à l’aide de solutions politiques.

Perspectives :

  • Depuis son indépendance en 1971, le Bangladesh a mis en place un dispositif avancé de gestion des catastrophes naturelles qui, étendu aux camps, pourrait permettre de réduire les risques pour les réfugiés.
  • Les besoins financiers pour répondre à cette crise humanitaire sont immenses et l’aide apportée jusqu’à présent ne permet pas de couvrir les besoins des populations. Au 27 juin 2018, 22 % des 951 millions de dollars demandés par l’ONU pour couvrir la période de mars à décembre 2018 avaient été collectés.

Sources :

  1. CHAITY Afrose Jahan, “Monsoon rains wreak havoc at Cox’s Bazar Rohingya camps, Dhaka Tribune, 24 juin 2018.
  2. ELLIS-PETERSEN Hannah and RAHMAN Shaikh Azizur, Three Rohingya refugees killed as monsoon rains hit Cox’s Bazar, The Guardian, 13 juin 2018.
  3. Inter Sector Coordination Group, Monsoon Emergency Preparedness and Response. Cox’s Bazar Rohingya Refugee Crisis (14-21 June 2018), ISCG.