Ankara. La convocation d’élections anticipées par le président Erdoğan vise à déstabiliser ses opposants, dont Meral Akşener. Mais que connaît-on à propos de la « dame de fer » de Turquie ? Ancienne professeur d’histoire, elle a été ministre de l’Intérieur pendant une période de neuf mois, avant que le mémorandum militaire du 28 février 1997 ne renverse le gouvernement en place. En 2001, elle adhère au parti d’extrême droite Milliyetçi Hareket Partisi (MHP) mais quitte celui-ci lorsque son leader Devlet Bahçeli décide de se rallier à Erdoğan en faisant campagne pour le régime hyper-présidentiel. Accompagnée des renégats du MHP, elle fonde İyi Parti (“Bon Parti”) le 25 octobre 2017.1

Il est possible de faire un parallèle entre le Bon Parti et En Marche dans la mesure où les deux mouvements se sont formés peu de temps avant les élections et proposent d’incarner une troisième voie. Le parti d’Akşener présente certainement un intermédiaire entre les conservateurs de la droite et Cumhuriyet Halk Partisi (CHP), qui se veut le garant de la laïcité en Turquie. Parmi les objectifs du Bon Parti se trouvent la rédaction d’une nouvelle Constitution afin de retourner au régime parlementaire, l’application des standards européens en matière de liberté de la presse et la mobilisation des femmes dans tous les domaines de la vie2. Or, bien qu’Akşener soit capable de séduire les conservateurs qui craignent l’islamisation du pays tout en demeurant réticent à voter à gauche, elle aura du mal à rallier la base électorale du parti pro-kurde Halkların Demokratik Partisi car la place des minorités présente à ce jour un sujet tabou dans ses discours3.

Perspectives

Actuellement, Akşener est la seule candidate désignée contre Erdoğan. Bien que le CHP les ait démenties, il y a de nombreuses rumeurs sur l’ancien président Abdullah Gül, qui sera peut-être désigné comme le candidat du CHP et du parti conservateur Saadet Partisi4. Les élections auront lieu le 24 juin 2018. Selon les dates établies par le Conseil électoral supérieur de Turquie, Yüksek Seçim Kurulu, les partis politiques devront officiellement déclarer leurs candidats entre les 4 et 9 mai 20185.

Sources
  1. GALL Carlotta, « A Rival Steps Up to Challenge Turkey’s President Erdogan », The New York Times, 5 Janvier 2018.
  2. Le site officiel du Bon Parti en français.
  3. JACINTO Leela, « Can the ‘She-Wolf’ Who Rejected the Harem Take On Sultan Erdogan ? », Foreign Policy, 24 Avril 2017.
  4. « CHP’den Abdullah Gül açıklaması », Hürriyet, 25 Avril 2018.
  5. « YSK seçim takvimini açıkladı », Hürriyet, 26 Avril 2018.