Ankara.La branche médiatique du groupe Doğan Holding a été rachetée le 21 mars 2018 pour 1,1 milliard de dollars (890 millions de dollars en tenant compte des dettes) par la Demirören Holding, proche du président turc Recep Tayyip Erdoğan.

Doğan Holding avait déjà dû vendre deux de ses journaux, Milliyet et Vatan, en 2011 à cause d’une amende record de 600 millions de dollars qui lui a été imposée suite à la publication d’un article dans Hürriyet – un autre journal du groupe Doğan qui est considéré comme le « journal de référence » en Turquie – sur les allégations de corruption concernant un groupe religieux proche d’Erdoğan.

Cet achat vient renforcer le contrôle des médias par le gouvernement turc, qui s’est durci depuis la tentative de putsch du 15 juillet 2016. La Turquie, qui figure à la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse réalisé par Reporter Sans Frontières en 2017, n’a désormais plus d’agence de presse indépendante capable d’informer le public turc sans prise de partie, y compris sur les résultats des élections présidentielles qui seront tenues en 2019.

Perspectives :

  • Le nombre des exemplaires vendus du quotidien Hürriyet était de 312 037 en moyenne dans la semaine précédant l’achat. Ce nombre a chuté à 307 178 la semaine suivante. Cette baisse peut être indicative d’une tentative du boycottage chez les lecteurs.
  • Le principal parti d’opposition Cumhuriyet Halk Partisi a formulé une plainte contre l’achat, soulignant la forte asymétrie dans les médias turcs qui profite à Erdoğan, et a attribué l’affaire à Rekabet Kurumu, l’autorité de concurrence de la Turquie, pour qu’elle réexamine le dossier.  

Sources :

  • It’s an Erdogan-eat-Dogan world, The Economist, 27 Mars 2018
  • TARTANOGLU Sinan, DEVECI Emre, Gözler Rekabet Kurumu’nda : Resen harekete geçebilir , Cumhuriyet, 22 Mars 2018