Doctrines de la Russie de Poutine

Long format

L’invasion de l’Ukraine a changé le monde, mais elle a aussi changé le poutinisme.

À partir d’aujourd’hui, le Grand Continent publiera chaque semaine des textes inédits en français d’idéologues du régime de Poutine. Pour introduire cette série qu’elle dirige, nous revenons avec la spécialiste Marlène Laruelle sur la production doctrinaire du Kremlin, ses leviers et ses évolutions les plus récentes.

Peu de récits témoignent de l’expérience combattante russe en Ukraine. Par conviction, par fantasme ou simplement par désespoir, les «  volontaires  » de Poutine sont entraînés dans l’horreur et l’absurdité d’une guerre impériale. Nous publions le témoignage glaçant et les mots — parfois choquants — de l’un d’eux, qui a réussi à fuir le front.

Pour Vladimir Poutine, épaulé par le patriarche Kirill, les «  valeurs traditionnelles  » sont une priorité d’État. Dans cet article fouillé, Marina Simakova engage leur généalogie afin de saisir pourquoi elles sont devenues si centrales pour l’État russe contemporain, au point de déterminer autant sa politique intérieure qu’extérieure. Une lecture clef à deux semaines des célébrations du Noël orthodoxe.

En promettant de les sortir de la misère pour quelques milliers de roubles, le régime russe arrive à aligner une génération de Russes pour mourir au front. Dans une chronique au cœur de cette classe invisible devenue chair à canon du Kremlin, Sergej Černyšov livre une clef qui va à l’opposé d’un discours dominant. Il nous aide à comprendre comment Poutine continue à mobiliser des masses.

Depuis quelques jours, de nouvelles vidéos de propagande affluent sur les réseaux sociaux. Leur but  ? Convaincre les jeunes hommes russes de se battre en Ukraine. En 2024, le budget de la défense deviendra le premier poste de dépense de la Russie, augmentant de 70  %. Alors que la prochaine manche de la guerre infinie de Poutine s’annonce particulièrement brutale, nous décodons les images, caricaturales, choquantes, parfois obscènes, mitraillées à une génération que le Kremlin veut envoyer mourir au front pour un mirage impérial.

«  La politique étrangère russe a sa logique propre, son langage. Tant qu’on ne les comprend pas, on s’interdit de mettre en place une véritable politique d’endiguement.  » Dans cet entretien introduit par Guillaume Lancereau, Vjačeslav Morozov dissèque la mise à jour par Moscou de son document stratégique de référence et nous aide à fourbir une arme — l’intelligence de la guerre.

Le sociologue Grigori Yudin est une boussole pour comprendre la société russe. Dans un nouvel entretien important, il revient sur l’ambition de Poutine de mener une guerre étendue et infinie, dont l’Ukraine ne serait que la première étape. Alors que la Russie met en scène aujourd’hui des élections truquées — y compris sur le territoire ukrainien — il nous plonge dans les structures d’une société affaiblie et profondément divisée.

Comment un partisan de Poutine explique-t-il l’enlisement russe  ? Dans ce texte que nous traduisons et contextualisons pour la première fois, Ivan Timofeev se livre à un exercice dont il faut comprendre tous les ressorts pour répondre, en creux, à une question  : l’État russe peut-il survivre à la guerre  ?

Ce 9 mai, des millions de Russes regarderont, pour beaucoup en ligne, le spectacle d’un monde à l’envers  : ils verront les enfants d’aujourd’hui mener les guerres du passé et les soldats d’aujourd’hui décrits comme rejouant la Seconde Guerre mondiale. Dans cette vaste enquête, Ian Garner explique pourquoi Poutine a eu et continue d’avoir besoin de la guerre perpétuelle.

Il était l’un des seuls à avoir prévu aussi précisément la logique jusqu’au-boutiste de la guerre après l’invasion de l’Ukraine. Plus d’un an après, dans les colonnes de Meduza le sociologue russe Grigori Yudin est revenu sur les buts poursuivis par Poutine. Selon lui, y inscrit la guerre d’Ukraine dans une perspective plus large – qui ne connaît pas de frontières.

Nous traduisons pour la première fois cet entretien clef en français, avec une introduction signée Anna Colin Lebedev.