Chloé Peyronnet


Entre discussions budgétaires et affaire Fakhoury, la rentrée libanaise aura été marquée par un renouvellement des hostilités entre Israël et le Hezbollah, dont certains membres combattent en Syrie au côté de l’Iran, tandis qu’Israël tente de détruire leurs positions sur place. Le survol illégal de Beyrouth-Sud par deux drones israéliens (dont l’un s’est écrasé tandis que l’autre a explosé en vol) a légitimé les propos belliqueux du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah. Depuis lors, les provocations réciproques se sont multipliées, chacune étant mobilisée par les parties aux fins de leurs propres objectifs politiques. L’ensemble dénote à nouveau la faible assise démocratique d’un gouvernement libanais qui, bien qu’élu, peine à s’appuyer sur des citoyens désabusés, pour contrer les mécanismes enclenchés par des entités infra-étatiques non démocratiques.

À l’heure où Jared Kushner vante les mérites du plan de paix pour le Proche-Orient commandé par Donald Trump, le fond comme la méthode avivent les tensions intercommunautaires au pays du cèdre. Depuis 1948, le Liban joue le rôle tampon quant aux conséquences du conflit israélo-palestinien. Dans un contexte où l’équilibredu pays est particulièrement fragile, nous proposons une analyse de sa situation historique vis-à-vis des réfugiés palestiniens à l’aune de l’actualité du «  deal du siècle  ». Cette approche diachronique permet de préciser les contours d’une double injustice — d’une part à l’égard des réfugiés palestiniens, d’autre part à l’égard des libanais — que les développements de la politique extérieure américaine pourraient renforcer.

Un an après la conférence CEDRE qui en avait fait une priorité, la ministre libanaise de l’Énergie Nada Boustani a fait aboutir un plan de réforme visant à remédier au système de rationnement de l’électricité tout en résorbant la dette publique qui y est associée. Fruit de la guerre civile et des défaillances étatiques successives, le dossier de l’électricité mine tant l’économie du pays que le quotidien des libanais·e·s. Adopté à l’unanimité par le gouvernement Hariri III début avril, il a été rapidement entériné par le Parlement. Or l’engagement d’assurer une fourniture d’électricité continue éveille autant d’espoir que de méfiance.

Camille Abousleiman, nouveau ministre du travail du gouvernement Hariri III, a annoncé vouloir briser le système dit “kafala”  : au croisement d’une politique des visas complaisante envers les employeurs et d’une liberté contractuelle exacerbée en faveur de ces derniers, le kafala organise l’exploitation des travailleuses domestiques étrangères en dehors de tout risque de sanction. Or les annonces du nouveau ministre peinent à susciter l’espoir quant à l’adoption de mesures concrètes à l’encontre d’une situation dont le caractère dramatique est pourtant largement documenté.