Hugo Marciot


Dans une économie industrielle à la numérisation croissante, l’infrastructure électrique constitue la cible par excellence, moins connue du grand public mais plus stratégique encore que les réseaux de télécommunications. Les réseaux de transport d’électricité constituent en tous points des infrastructures essentielles à la vie économique et sociale de chaque État au point qu’un black-out (c’est-à-dire une interruption de l’alimentation électrique) engendrerait des coûts socio-économiques extrêmement importants. Ils demeurent consubstantiels à la construction européenne et seront à ce titre des infrastructures-clés dans l’émergence d’une plus grande solidarité énergétique européenne.

Alors que l’élection américaine se déroule dans moins d’une semaine, la réaction en chaîne d’attaques, de soutiens politiques, de flashs spéciaux et de scandales reflète l’accumulation des tensions et l’importance des enjeux de cette événement. Si la polarisation des opinions n’est plus à démontrer entre Démocrates et Républicains, la transition énergétique peut en être l’emblème. La question du charbon ne déroge pas à la règle  : a fait l’objet d’efforts intenses de lobbying politique et de dérégulations successives au sein de l’administration Trump. Après le 3 novembre, quel pourrait être l’avenir du charbon américain  ?

Alors qu’elle est dotée d’un marché du carbone depuis 2005, avec l’instauration d’un système européen dit «  EU-ETS  » d’échange de quotas — déjà revisité de nombreuses fois par le passé et objet de critiques régulières —, l’Union européenne a vu ce dispositif majeur de la politique climatique européenne être de nouveau confronté à d’importantes difficultés sous l’effet de la crise du coronavirus. Cette situation exceptionnelle offre l’occasion de revenir sur son efficacité face aux crises, et d’engager une amélioration définitive du marché du carbone européen pour lui permettre d’atteindre l’objectif de neutralité carbone des 27.

Centrale nucléaire, affiche du Grand Continent

Dans un contexte marqué par le projet – dit «  Hercule  » – de restructuration du groupe EDF et le dépassement record du plafond de l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH) à la fin 2019, le gouvernement français a mis en consultation entre janvier et mars 2020 un projet de nouvelle régulation économique du nucléaire existant. Destiné à remplacer à terme l’ARENH, le dispositif envisagé ouvre la voie à un financement mutualisé au niveau européen du parc nucléaire français et pourrait laisser présager une France «  château d’eau nucléaire  » de l’Europe. Décryptage des négociations à venir autour d’un enjeu stratégique pour les marchés européens de l’électricité et sur l’avenir du premier acteur du secteur électrique européen.

Carte aperçu du déclassement des parcs thermiques en Europe L’Europe manquera-t-elle d’électricité ? bas-carbone économie énergie environnement écologie lumière consommation production d'électricité Clean Energy Package smart cities energy

L’équilibre d’un système électrique, qui permet quotidiennement à chacun d’allumer la lumière dans son domicile ainsi qu’à l’économie de fonctionner, repose sur la parfaite adéquation entre un volume suffisant de production d’électricité et la consommation prévue. La vérification de cette bonne adéquation constituant dès lors une préoccupation stratégique pour les Etats membres, différentes évaluations ont vu le jour de manière aléatoire au niveau national, régional et paneuropéen et se sont mutuellement complétées. Désormais, le Clean Energy Package de juin 2019 remplace une grande partie de ces analyses par une évaluation unique – l’European Resource Adequacy Assessment (ERAA) – dont le paramétrage est en cours depuis janvier 2020. Retour sur la genèse de cette nouvelle analyse et les enjeux de son paramétrage pour la sécurité d’approvisionnement en électricité de l’Union européenne.