Europe

Long format

Xhiro. Et si une pratique populaire des rives de l’Adriatique permettait de comprendre les impasses du processus d’élargissement européen  ? Au moment où Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Ursula von der Leyen et les autres dirigeants européens discutent du futur de l’Union, Lea Ypi convoque du passé le souvenir d’une promenade dans l’Albanie communiste. Elle signe un magnifique texte sur une Europe qui peine à affronter ses propres limites pour mieux faire la leçon à ceux qui veulent la rejoindre.

De Charles Quint à Kim Jong-un en passant par Louis XIV — pourquoi ceux qui gouvernent ont-ils besoin de se voir  ?

Sur la période qui s’étend de 1494 à 1788, Jean-Marie Le Gall a recensé plus de 3 340 rencontres au sommet. Dans un ouvrage co-écrit avec Claude Michaud, il déploie une vaste enquête quantitative et qualitative sur la structuration d’une République princière européenne. Battant en brèche les soubresauts juridico-diplomatiques d’un ordre plat entre souverains issu du mythe westphalien, il invite à entrer dans une réalité complexe au prisme de la confiance.

L’Union n’a pas le choix. Pour affronter les fractures de la guerre étendue, elle doit s’élargir. Pour s’élargir, se transformer. Issu de la réflexion collective du groupe d’experts franco-allemand, ce texte signé de ses deux rapporteurs Olivier Costa et Daniela Schwarzer présente trois pistes — sans se payer de mots, mais sans renoncer non plus à l’ambition d’une Union capable d’agir.

Entre Paris et Berlin, les relations ne sont actuellement pas bonnes, et c’est peu dire. De part et d’autre, on ne se comprend plus guère au point où les principaux piliers de la coopération franco-allemande paraissent au point mort. Pour saisir les causes de cet éloignement, Michaela Wiegel, correspondante de la FAZ à Paris, a répondu à nos questions.

À quelques jours du Sommet de Grenade, nous rencontrons celle que Volodymyr Zelensky a chargé de superviser l’intégration européenne et euro-atlantique de l’Ukraine en guerre. Dans un entretien exclusif, Olha Stefanishyna revient sur les opportunités historiques qui justifient l’élargissement de l’Union et sur l’effort de guerre porté par Kiev pour contenir l’agression russe aux portes de l’Europe.

Alors que les négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne devraient s’ouvrir en décembre, la question de l’élargissement se pose à nouveaux frais — plus liée que jamais au sens et à la direction du projet d’intégration continental. Dans une étude fouillée, Laurent Warlouzet revient sur l’histoire des élargissements successifs et leur logique. Pour espérer pouvoir agir, il vaut mieux comprendre ce qui nous attend réellement.

L’élargissement de 2004 serait-il arrivé trop tôt  ? C’est ce qu’avance Ivan Berend dans un entretien consacré à l’histoire de ce moment clef dans l’histoire récente de l’Union. Alors que des négociations vont s’ouvrir sur l’adhésion de l’Ukraine et que les chefs d’État réunis à Grenade cette semaine tentent de penser l’Europe d’après, il se montre critique — voire amer — sur la naïveté des Européens de l’Ouest.

Le couple franco-allemand est en crise. C’est peu de le dire. Dans une perspective informée, André Loesekrug-Pietri porte un diagnostic sévère sur la situation mais veut rester optimiste. Paris et Berlin peuvent vivre une année zéro et imaginer des solutions pour éviter le déclassement durable des deux nations — et de l’Union avec elles.