Bruxelles. Vendredi 29 juin, 4h40. Après près de neuf heures de négociations, les leaders européens sont tombés d’accord entre eux sur une option pour résoudre la crise migratoire. Le compromis est avant tout de renforcer le contrôle des frontières extérieures et d’entreprendre la création de “centres de désembarquement” dans les pays de la rive de la Mer Méditerranée et des “centres contrôlés” dans certains pays européens pour la gestion des demandes d’asile (1).
Si il est complexe d’estimer si cet accord va tenir et être opérationnel, l’une des batailles dans les conclusions du Conseil était de définir quelle référence serait faite au règlement de Dublin qui encadre les règles européennes d’immigration et d’asile.
En cours de révision depuis 2016, ce règlement implique que des pays comme l’Italie et la Grèce soient responsables des demandes d’asile des migrants arrivant en Europe par leur territoire, alors que ces derniers cherchent avant à s’installer en Europe du Nord. D’où l’option des partis populistes comme en Italie ou du gouvernement autrichien de Sebastian Kurz de pousser les demandes d’asile d’être traitées hors de l’UE, solution politiquement et légalement complexe (2).
Selon les informations de la Lettre du Lundi, le gouvernement autrichien conservateur — qui assume à partir du 1er juillet la Présidence tournante du Conseil — proposera cette option même si des pays comme la France et l’Allemagne devraient s’y opposer. Mais les propositions allemandes et françaises seront aussi contrées par les pays d’Europe de l’Est car Paris et Berlin cherchent également à s’assurer que les demandeurs d’asile puissent être répartis équitablement dans l’UE. Une ligne rouge pour la Hongrie, puisque cela supposerait des “quotas de migrants” nationaux.
En résumé, après deux ans de négociations, la réforme européenne de l’asile n’a guère évolué et les rapports de forces entre les États semblent difficile à dépasser. Toute la question est de savoir comment les leaders européens vont souhaiter — ou pouvoir — boucler le dossier avant les échéances électorales de 2019.
Perspectives :
- 12- 13 juillet : Réunion informelle des ministres européens des affaires intérieures à Innsbruck.
- 20 septembre : Réunion informelle des leaders européens sur la sécurité.
Sources :
- Conseil Européen, Réunion du Conseil européen (28 Juin 2018) – Conclusions , publiées le 29 juin 2018.
- VIGNON Jérôme, Demandeurs d’asile : « Le paradoxe du projet de “l’axe” Vienne-Rome », Le Figaro,17 juiln 2018.