L’annonce hier, mercredi 22 octobre, de l’imposition par le Trésor américain de sanctions sur les deux géants du pétrole russe, Lukoil et Rosneft, a été reçue avec une certaine prudence à Moscou. Si le rouble et les actions des deux entreprises ont accusé une baisse, plusieurs analystes considèrent que l’impact des mesures sera limité.
- Kirill Bakhtin, cité par Kommersant, estime que les sanctions dévoilées hier sont similaires à celles imposées sur Gazprom Neft par l’administration Biden dans le cadre de son « paquet d’adieu », dévoilé le 10 janvier 1.
- Des experts américains comme Thomas Graham, fellow au Council on Foreign Relations, qualifient « d’illusions » les attentes de la Maison-Blanche quant à l’impact que ces mesures pourraient avoir sur la position russe vis-à-vis de l’Ukraine 2.
- Si les sanctions énergétiques ont un effet direct sur les revenus perçus par le Kremlin, Moscou a démontré une certaine capacité à contourner ces mesures depuis 2022, notamment grâce à sa flotte fantôme de pétroliers.
Mais selon plusieurs sources, les sanctions américaines pourraient conduire à une forte baisse des importations indiennes 3.
- L’Inde, qui représente 22 % des revenus générés par les exportations russes d’hydrocarbures, est en pleine négociations commerciales avec les États-Unis.
- Fin août, la Maison-Blanche avait porté les tarifs douaniers de 25 % à 50 % sur les importations en provenance d’Inde en représailles aux achats de pétrole russe par le pays.
New Delhi et Washington seraient sur le point d’annoncer un accord qui diviserait ce taux par trois, pour le ramener aux alentours de 15-16 %, en échange de quoi l’Inde accepterait de réduire progressivement ses importations de pétrole russe 4.
- L’Inde représente plus du tiers (environ 36 %) du pétrole russe importé dans le monde depuis le début de l’année.
- Près de 70 % du pétrole russe importé par l’Inde cette année provient de Rosneft et Lukoil.
Soucieuse de ménager sa relation avec la Russie, l’Inde n’a, à ce jour, fait aucune déclaration publique sur une éventuelle réduction de ses importations. Par ailleurs, Narendra Modi n’a pas confirmé les propos tenus par Donald Trump le 15 octobre, selon lesquels le Premier ministre indien lui aurait « assuré que son pays n’achèterait plus de pétrole à la Russie ».
- Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères indien avait déclaré le lendemain qu’il n’était pas au courant « d’une quelconque conversation entre le Premier ministre Modi et le président Trump ».
- Trump affirme que Modi aurait réitéré cet engagement mardi 21 octobre lors d’un nouvel appel téléphonique, dont le contenu n’a pas été divulgué par New Delhi.
- Sur ses réseaux sociaux, Modi s’était contenté d’adresser ses remerciements à Trump pour son appel et ses « chaleureux vœux pour Diwali », la fête indienne la plus importante de l’année qui a débuté lundi 20 octobre.
Sources
- « США начали с чистого SDN-листа », Kommersant, 23 octobre 2025.
- Catherine Lucey, Magdalena Del Valle et Skylar Woodhouse, « US Sanctions Rosneft and Lukoil in Push For Ukraine Talks », Bloomberg, 22 octobre 2025.
- Nidhi Verma, « India poised to sharply cut Russian oil imports after sanctions, sources say », Reuters, 23 octobre 2025.
- Dhirendra Kumar et Puja Mehra, « India, US trade deal likely soon, huge tariff cuts on the horizon », Mint, 22 octobre 2025.