L’armée russe a mené au moins deux assauts mécanisés d’envergure dans le secteur de Pokrovsk, dans l’oblast de Donetsk, au cours des derniers jours. S’ils se sont tous deux soldés par d’importantes pertes matérielles pour Moscou, le recours accru aux chars d’assaut et véhicules blindés signale un changement dans la tactique russe sur ce secteur du front. 

  • En quelques jours à peine, l’armée russe aurait perdu plus de 50 véhicules blindés aux alentours de Pokrovsk, dont plusieurs chars d’assaut 1.
  • Si de telles pertes pouvaient être courantes au cours des premières années de la guerre, Moscou a considérablement réduit le nombre de véhicules blindés envoyés au combat ces derniers mois, face à des niveaux de pertes jugés préoccupants.
  • Selon une étude réalisée par plusieurs analystes OSINT spécialistes de l’armée russe, celle-ci ne disposerait plus que de 92 chars d’assaut en état jugé « décent » dans ses réserves.

Pokrovsk reste le secteur le plus actif du front ukrainien. Moscou continue en parallèle de mener chaque jour des assauts dans l’est de l’oblast de Zaporijia, plus au sud, ainsi qu’en direction de Lyman et de Koupiansk, au nord, dans la région de Kharkiv — toutefois sans grand succès. À Soumy, dans le nord-est de l’Ukraine, les forces ukrainiennes parviennent à repousser les combattants russes.

  • Selon des documents internes ayant fuité obtenus par l’initiative ukrainienne Хочу жить (« Je veux vivre »), les pertes russes en Ukraine s’élèveraient à plus de 280 000 hommes sur la période janvier-août, parmi lesquels 87 000 soldats tués 2.
  • Il pourrait ainsi potentiellement s’agir de l’année la plus meurtrière pour l’armée russe depuis le début de la guerre, dépassant le bilan humain de 2024 qui s’élevait à 360 000 combattants morts et blessés — contre 250 000 en 2023 et 100 000 en 2022.
  • Ce niveau élevé de pertes pour un rythme de progression qui ne cesse de ralentir pourrait conduire le Kremlin à adopter une approche différente.

Lundi 13 octobre, la commission gouvernementale chargée des activités législatives a approuvé une proposition du ministère de la Défense visant à autoriser le recours aux réservistes en temps de paix lors d’opérations armées — notamment hors de Russie 3. Ces derniers pourraient être déployés en Ukraine, probablement à petite échelle dans un premier temps, afin d’y renforcer les effectifs de l’armée.

  • L’Institute for the Study of War estime qu’il s’agit d’un « tournant majeur dans la stratégie de génération de forces de la Russie », qui s’était jusqu’à présent reposée sur le recrutement de soldats sous contrats à l’aide de primes et de salaires élevés 4.
  • Vladimir Poutine avait augmenté le quota de conscription lors de la campagne lancée au printemps, prévoyant le recrutement de 160 000 conscrits. Il s’agissait alors de la campagne la plus importante depuis plus d’une décennie.
  • Bien que les lois russes interdisent d’envoyer des conscrits sur des théâtres d’opération, le ministère de la Défense avait reconnu en mars 2022 que certains d’entre eux avaient été déployés en Ukraine.