Aujourd’hui, lundi 13 octobre en fin de journée, l’Istanbul Bridge, un porte-conteneurs chinois, parti il y a trois semaines du port de Ningbo, situé à une centaine de kilomètres au sud de Shanghai, devrait arriver au port de Felixstowe, en Angleterre.

Cette arrivée est plutôt symbolique, même si le navire est présenté comme inaugurant un nouveau service, l’« Arctic Express », qui doit relier les principaux ports chinois aux ports européens à travers la route arctique. 

  • Pour la première fois dans l’Arctique, un cargo opère comme un véritable service de ligne, avec plusieurs escales prévues sur son itinéraire.
  • La route maritime du Nord offre une réduction significative des distances de transport (et donc des coûts) par rapport à la route passant par le canal de Suez — ou celle du Cap de Bonne-Espérance, de plus en plus empruntée suite à l’intensification des attaques houthistes en mer Rouge.
  • L’Istanbul Bridge devrait ainsi compléter le trajet Ningbo-Felixstowe en seulement 20 jours, contre 40 jours en moyenne en passant par Suez. Il a parcouru seul les 8 000 miles nautiques, sans être escorté par un brise-glace.

La route arctique reste sous-développée pour le transport maritime commercial (autour de 90 conteneurs ont emprunté cette route en 2024), mais il s’agit d’une composante clef dans la stratégie arctique de Moscou.

  • La route se trouve en effet à l’intérieur de la zone économique exclusive de la Russie.
  • La stratégie arctique russe de 2020 vise à faire transiter 90 millions de tonnes de fret par an par cette route d’ici 2030 et 130 millions d’ici 2035, contre 32 millions en 2020.
  • Actuellement, une grande partie des cargaisons qui empruntent ce corridor sont des hydrocarbures (gaz et pétrole principalement).

Alors que le réchauffement climatique — qui a un impact particulièrement marqué dans l’Arctique où la température augmente trois fois plus vite que la moyenne mondiale — devrait réduire la couverture de glace et allonger donc les périodes de navigation, la hausse du nombre de cargos dans la région comporte de graves risques environnementaux et aura un impact sur l’écosystème fragile de la région.