Les visites de dirigeants étrangers en Corée du Nord sont relativement rares. L’an dernier, en juin, Vladimir Poutine s’était rendu dans le pays pour la première fois depuis près d’un quart de siècle. La dernière rencontre entre Kim Jong-un et Xi Jinping à Pyongyang remonte quant à elle à 2019 — il s’agissait alors de la première visite d’un dirigeant chinois depuis Hu Jintao en 2005, lorsque Kim Jong-il, le père de Kim Jong-un, était encore au pouvoir.
Cette semaine, quatre hauts représentants — parmi lesquels deux dirigeants — de quatre des cinq pays (à l’exception de Cuba) revendiquant un régime communiste se sont succédé à Pyongyang.
- Ces visites ont lieu à l’occasion du 80e anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs de Corée du Nord.
- Plusieurs performances artistiques, concerts, rencontres de haut-niveau sont organisées dans ce depuis mardi 7 octobre.
- Les célébrations devraient s’achever aujourd’hui, vendredi 10, avec un important défilé militaire lors duquel de nouvelles armes nucléaires, notamment des missiles balistiques intercontinentaux Hwasong-20 capables d’atteindre les États-Unis, pourraient être dévoilées.
Le dictateur nord-coréen s’est entretenu mercredi 8 avec le secrétaire général du Parti révolutionnaire populaire lao, Thongloun Sisoulith, et a reçu le dirigeant vietnamien Tô Lâm ainsi que le Premier ministre chinois Li Qiang, qui devrait assister au défilé militaire. La Russie est quant à elle représentée par le vice-président du Conseil de sécurité Dmitri Medvedev.
- Sorti renforcé de sa participation au défilé militaire organisé au début du mois de septembre par Xi Jinping à Pékin, auquel il a pris part aux côtés de 25 chefs d’État et de gouvernement, Kim Jong-un a prononcé hier un discours vantant l’unité des « forces socialistes » contre les « pressions politiques et militaires féroces de nos adversaires » 1.
- Il s’en est notamment pris aux « menaces croissantes de guerre nucléaire proférées par les impérialistes américains », envoyant un avertissement explicite à l’administration Trump et aux bases et installations des États-Unis en Corée du Sud 2.
Courtisé par Donald Trump et le président sud-coréen Lee Jae-myung, qui ont tous deux exprimé à plusieurs reprises leur volonté d’organiser une rencontre avec le dictateur nord-coréen ces derniers mois, Kim Jong-un a signalé qu’il n’avait aucune intention de renoncer à son programme nucléaire. Fin septembre, il avait déclaré être ouvert à un sommet avec Trump si Washington « abandonnait son obsession absurde de nous dénucléariser ».
Tout comme durant le premier mandat de Trump, le Vietnam pourrait être amené à jouer un rôle clef dans l’organisation d’une future rencontre.
- C’est à Hanoï que Trump avait rencontré Kim Jong-un pour la deuxième fois en 2019, suite à un sommet organisé à Singapour l’année précédente.
- La visite de Tô Lâm à Pyongyang vise à indiquer que le Vietnam est prêt à faciliter ce dialogue, contribuant au renforcement de son poids diplomatique au sein de l’ASEAN 3.
Le président américain devrait prendre part au prochain sommet de l’alliance régionale, qui se tiendra du 26 au 28 octobre à Kuala Lumpur, en Malaisie. Il pourrait ensuite se rendre au Japon et en Corée du Sud dans les jours suivants, en amont du sommet de l’APEC, ravivant les perspectives d’une rencontre Trump-Kim.
Sources
- 조선로동당창건 80돐 경축대회에서 한 김정은동지의 연설, KCNA, 10 octobre 2025.
- Helen Regan, Yoonjung Seo et Gawon Bae, « North Korea’s ruling party turns 80 and Kim Jong Un is rolling out the red carpet for a major celebration », CNN, 10 octobre 2025.
- Lien Hoang, « North Korea’s and Vietnam’s communist bosses meet : 5 things to know », Nikkei Asia, 10 octobre 2025.