1 — 1947 : l’ONU adopte un plan de partage de la Palestine, ouvrant la voie à la création d’Israël

Intégrée à l’Empire ottoman depuis le XVIe siècle, la Palestine voit son sort basculer avec l’effondrement de celui-ci au terme de la Première Guerre mondiale. Pour préparer l’indépendance à venir et résoudre le conflit apparu à la fin du XIXe siècle entre sionistes et Arabes, la nouvelle Société des Nations (SDN) confie en 1922 au Royaume-Uni un mandat sur la Palestine.

Ayant échoué à trouver un compromis entre Arabes et sionistes, les Britanniques annoncent en 1947 leur intention de mettre un terme à leur mandat en mai 1948. En prévision de cette date fatidique, l’Organisation des nations unies (ONU) élabore un plan de partage de la Palestine en trois entités distinctes : un État juif sur 56 % du territoire, un État arabe sur 42 % et une zone sous administration internationale sur les 2 % restants, autour de Jérusalem 1.

La résolution 181 approuvant ce plan de partage est adoptée le 29 novembre 1947 par un vote de l’Assemblée générale des Nations unies, où la plupart des pays du Sud, pas encore décolonisés à cette date, ne siègent pas. Le Royaume-Uni, en vertu de son implication récente et infructueuse en Palestine, fait le choix de s’abstenir.

Le plan de partage est approuvé par 33 voix pour (dont les deux grandes puissances sorties victorieuses de la Seconde Guerre mondiale : les États-Unis et l’URSS), 13 contre (essentiellement des pays arabes et ou musulmans, mais aussi Cuba , l’Inde et la Grèce) et 10 abstentions (dont deux membres permanents du Conseil de sécurité : la République de Chine et le Royaume-Uni) 2.

2 — 1949 : Israël intègre l’Organisation des nations unies

Le 14 mai 1948, en vertu de la légitimité que leur confère le plan de partage de la Palestine adopté par les Nations unies en novembre 1947, les dirigeants sionistes proclament, par la voix de David Ben Gourion, la création de l’État d’Israël.

Le nouvel État se trouve immédiatement engagé dans une guerre contre ses voisins arabes qui rejettent sa création. Si elle s’achève sur une victoire militaire, la première guerre israélo-arabe révèle toute l’étendue de la bataille diplomatique qui reste à mener par Israël pour être reconnu par les États du monde entier.

Son admission en tant qu’État membre de l’ONU constitue une première étape cruciale sur cette voie. Elle est accomplie — non sans rencontrer des oppositions — le 11 mai 1949 par l’adoption de la résolution 273 de l’Assemblée générale des Nations unies 3.

La résolution est adoptée par 37 voix pour (dont les États-Unis et l’URSS), 12 contre et 9 abstentions (dont le Royaume-Uni) 4.

3 — 1956 : Israël désavoué par les deux Grands

S’estimant lésés par la nationalisation du canal de Suez décidée unilatéralement par le président égyptien Gamal Abdel Nasser en juillet 1956, la France et le Royaume-Uni décident d’organiser une opération militaire conjointe pour s’y opposer.

Ils sollicitent alors le soutien d’Israël qui, malgré des relations historiquement houleuses avec Londres, accepte d’y prendre part — y voyant notamment une occasion d’affaiblir les Fedayins qui harcèlent de longue date sa frontière méridionale.

Le 29 octobre 1956, les troupes israéliennes envahissent sans difficulté le Sinaï. Une semaine plus tard, les le corps expéditionnaire franco-britannique débarque à Port-Saïd au prétexte de s’interposer entre Israéliens et Égyptiens.

Si elle est une totale réussite sur le plan militaire, l’opération tourne vite au fiasco du fait de son impréparation diplomatique : les États-Unis et l’URSS s’entendent en effet pour imposer aux Français, aux Britanniques et aux Israéliens, de mettre un terme à leur offensive contre l’Égypte.

Adoptée le 31 octobre 1956 par 7 voix pour, 2 contre et 2 abstentions, la résolution 119 du Conseil de sécurité condamne l’intervention franco-israélo-britannique 5. Elle convoque une assemblée générale extraordinaire des Nations unies pour y répondre. 

Le vote qui fait suite à la crise de Suez reflète un nouvel ordre international 6 : les vieilles puissances européennes que sont la France et le Royaume-Uni — auxquelles Israël a fait l’erreur de s’allier — ne font plus le poids face aux deux nouvelles superpuissances nucléaires que sont les États-Unis et l’URSS qui parviennent sur cette question à trouver un compromis pour éviter l’escalade.

4 — 1967 : victoire militaire et défaite diplomatique pour Israël

Du 5 au 10 juin 1967, la guerre des Six Jours voit Israël triompher d’une coalition arabe formée par l’Égypte, la Syrie, l’Irak et la Jordanie. 

Les relations entre Israël et ses voisins arabes, notamment l’Égypte et la Syrie, liées par une alliance militaire depuis 1966, se dégradent brutalement durant la première moitié de l’année 1967. En avril, un accrochage frontalier dégénère en une bataille aérienne au cours de laquelle les Mirages israéliens prennent largement le dessus sur les Mig syriens, dont sept sont abattus. Le 17 mai 1967, le président égyptien Nasser exige le retrait des forces onusiennes du Sinaï et envoie ses troupes reprendre le contrôle de la péninsule. Le 23 mai, il ordonne la fermeture du détroit de Tiran, bloquant l’accès au port israélien d’Eilat, sur le golfe d’Aqaba.

Israël décide alors d’engager l’épreuve de force en passant à l’offensive, d’abord par la voie des airs pour éliminer la quasi-totalité des aéronefs égyptiens par surprise, puis au sol. Une stratégie qui s’avère redoutablement efficace et permet à Israël de remporter en un temps record une écrasante victoire sur ses voisins.

Les Israéliens profitent de cette victoire pour étendre leur territoire en prenant le contrôle de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de la bande de Gaza, du plateau syrien du Golan et de la péninsule égyptienne du Sinaï.

L’écrasante victoire israélienne et l’expansion territoriale qui s’ensuit contribuent à modifier l’image d’Israël : de petit État jeune et fragile en proie à l’hostilité irraisonnée de voisins intolérants et bornés, il apparaît de plus en plus aux yeux de certains comme une puissance régionale militariste et agressive dont l’appétit territorial déstabilise les équilibres régionaux.

En Europe, ce regard de plus en plus critique à l’égard de l’État hébreu se perçoit notamment dans les célèbres propos tenus par le général de Gaulle lors de sa conférence de presse du 27 novembre 1967, durant laquelle il parle des Juifs comme d’un « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ».

Il se mesure surtout dans l’unanimité que recueille le 22 novembre 1967, au Conseil de sécurité de l’ONU, la résolution 242 qui, au nom  de « l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la guerre »,  condamne les conquêtes territoriales opérées par Israël dans la foulée de sa victoire de 1967 et l’enjoint à y renoncer 7.

Le Royaume-Uni — qui avait longtemps opté pour l’abstention lors des votes à l’ONU relatifs à la question de la Palestine — vote cette fois-ci en faveur de cette résolution 8.

5 — 1975 : Israël et le sionisme au banc des accusés

Deux ans après la guerre du Kippour (6 au 25 octobre 1973) au cours de laquelle Tsahal parvient difficilement à repousser l’offensive des armées égyptienne et syrienne, les États hostiles à Israël repartent à l’offensive sur le terrain diplomatique.

Ils lui infligent un revers symbolique en faisant voter par l’Assemblée générale des Nations unies une résolution qui définit le sionisme comme « une forme de racisme et de discrimination raciale » 9.

Portée par l’URSS et ses satellites ainsi qu’une partie des non-alignés, cette résolution cherche à assimiler le sionisme aux impérialismes européens dont la décolonisation était alors en train de venir à bout des derniers vestiges. Elle met Israël sur le même plan que des pays ségrégationnistes comme l’Afrique du Sud et la Rhodésie d’alors. 

Adoptée le 10 novembre 1975 par 72 voix pour (parmi lesquelles celles de l’URSS et de la Chine), 35 contre (dont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France) et 32 abstentions 10, la résolution 3379 sera finalement annulée par un nouveau vote de l’ONU en décembre 1991 (111 pour, 25 contre, 13 abstentions).

6 — 1973 : la guerre du Kippour et le premier choc pétrolier

En octobre 1972, à l’initiative de l’Arabie saoudite, les pays membres de l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (OPAEP) — l’Algérie, l’Arabie Saoudite, Bahreïn, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Irak, le Koweït, la Libye, le Qatar et la Syrie — décident de diminuer leur production de 5 % et  d’instaurer un embargo sur les ventes de pétrole aux pays qu’ils identifient comme les soutiens à l’effort de guerre israélien. 

Cet embargo dure jusqu’en mars 1974 et concerne l’Afrique du Sud, le Canada, les États-Unis, le Japon, les Pays-Bas, le Portugal, la Rhodésie et le Royaume-Uni.

Par contrecoup, c’est l’ensemble du marché pétrolier mondial qui se trouve déstabilisé, provoquant le premier choc pétrolier.

7 — 2017 : Trump déplace l’ambassade des États-Unis en Israël à Jérusalem

Le plan de partage de la Palestine adopté par les Nations unies en 1947 prévoyait de placer Jérusalem — revendiquée à la fois par les sionistes et par les Arabes — sous administration internationale.

En 1948, au terme de la première guerre israélo-arabe, la ville se trouve divisée entre sa partie occidentale, passée sous contrôle israélien, et sa partie orientale, aux mains des Jordaniens.

Vingt ans plus tard, pendant la guerre des Six Jours, Israël s’empare de Jérusalem-Est et l’annexe. Le gouvernement israélien proclame alors la ville réunifiée, « capitale éternelle, une et indivisible » du pays. Au regard du droit international, Jérusalem-Est demeure toutefois un territoire palestinien occupé.

C’est la raison pour laquelle la grande majorité des pays entretenant des relations diplomatiques avec Israël ont implanté leur ambassade à Tel-Aviv, qu’ils reconnaissent comme la capitale du pays. 

En décembre 2017, le président américain Donald Trump annonce son intention de transférer l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem 11.

Inaugurée le 14 mai 2018 — jour anniversaire de la création de l’État d’Israël — la nouvelle ambassade des États-Unis en Israël constitue un soutien symbolique de taille à la revendication israélienne de souveraineté sur l’entièreté de la ville sainte. 

La décision de Donald Trump a depuis été imitée par sept autres pays.

  • En mai 2018, Jimmy Morales, président du Guatemala, proche des mouvements sionistes chrétiens, a annoncé le déplacement de l’ambassade de son pays à Jérusalem« Relaciones Bilaterales », Ministère israélien des Affaires étrangères.. 
  • Le même mois, le Paraguay a inauguré son ambassade  à Jérusalem sur décision du président Horacio Cartes. Décision désavouée par son successeur Mario Abdo Benítez qui a rétabli l’ambassade à Tel Aviv en septembre 2018. Avant d’être à son tour désavoué par son successeur Santiago Peña qui l’a réimplantée à Jérusalem en décembre 2024.
  • En juin 2021, le président du Honduras, Juan Orlando Hernández, a déplacé l’ambassade de son pays en Israël à Jérusalem« Relaciones Bilaterales », Ministère israélien des Affaires étrangères..
  • En mars 2021, le Kosovo est devenu le premier pays majoritairement musulman à ouvrir une ambassade à Jérusalem 12.
  • En septembre 2023, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a à son tour inauguré une ambassade à Jérusalem 13.
  • En février 2025, les Îles Fidji ont annoncé l’ouverture prochaine d’une ambassade à Jérusalem. 14 
  • Javier Milei a annoncé le 11 juin 2025 que l’ambassade d’Argentine quitterait Tel-Aviv pour Jérusalem d’ici 2026 15.

En septembre 2025, huit pays ont donc ouvert une ambassade à Jérusalem ou annoncé leur intention de le faire : les États-Unis, le Guatemala, le Paraguay, le Honduras, le Kosovo, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Fidji et l’Argentine.

8 — 2020 : les accords d’Abraham et la normalisation progressive d’Israël dans les pays arabes

Signés à la Maison Blanche le 15 septembre 2020, les Accords d’Abraham ont normalisé les relations entre Israël et deux nouveaux États arabes qui ne reconnaissaient jusqu’alors pas l’État juif : les Émirats arabes unis et Bahreïn.

Dans la foulée, le 22 décembre 2020, le Maroc normalise à son tour ses relations avec Israël, suivi par le Soudan le 6 janvier 2021.

En 2021, 7 des 22 États membres de la Ligue arabe avaient donc normalisé leurs relations avec Israël.

En 2021, 33 pays membres de l’Organisation de la coopération islamique sur 57 reconnaissaient Israël.

9 —  7 octobre 2023 : face aux attaques terroristes du Hamas, un monde divisé

Dans les jours qui suivent l’attaque terroriste orchestrée par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les réactions internationales témoignent d’un monde fracturé. 

Outre l’absence de réaction adoptée par de nombreux pays du monde, trois types de positionnements sont observables allant de la condamnation nette ouvrant à un soutien d’Israël (notamment de la part des pays occidentaux) au soutien affiché au Hamas (par l’Iran), en passant par un appel à la désescalade assorti ou non d’une condamnation explicite de l’attaque du Hamas (Russie, Chine et une large partie des pays latino-américains).

Le Grand Continent avait étudié la cartographie des réactions dans sa granularité en se focalisant sur plusieurs régions : le Moyen-Orient et les pays arabes et musulmans ; l’Amérique latine ; l’Asie et l’Indopacifique ; et l’Afrique subsaharienne.

10 — 2025 : Benjamin Netanyahou aux Nations unies

Le 26 septembre 2025, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou — qui fut ambassadeur d’Israël auprès de l’Organisation des Nations unies de 1984 à 1988 — s’est exprimé, à New York, devant la 80e Assemblée générale. 

Pour protester contre la politique menée par son gouvernement à Gaza et en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023, de nombreuses délégations ont quitté simultanément et bruyamment la salle au début de son discours. 

La délégation israélienne aux Nations unies a dénombré 77 pays — sur 193 États membres — dont la délégation était absente lors du discours de Benjamin Netanyahou 16, sans toutefois que l’on puisse distinguer de manière certaine ceux qui se sont absentés en signe de protestation contre l’orateur de ceux qui étaient absents pour d’éventuelles autres raisons.

Sources
  1. Résolution 181 II, « Gouvernement futur de la Palestine », Assemblée générale des Nations Unies, 29 novembre 1947.
  2. Résolution 181 II, Détail des votes sur le « Gouvernement futur de la Palestine », Bibliothèque numérique des Nations Unies, 29 novembre 1947.
  3. Résolution 273 III, « Admission d’Israël à l’Organisation des Nations Unies », Assemblée générale des Nations Unies, 11 mai 1949.
  4. Résolution 181 II, Détail des votes sur « Admission d’Israël à l’Organisation des Nations Unies », Bibliothèque numérique des Nations Unies, 11 mai 1949.
  5. Résolution 119, Détail des votes sur la « Résolution du 31 octobre 1956 », Bibliothèque numérique des Nations Unies, 31 octobre 1956.
  6. Résolution 119, « Résolution du 31 octobre 1956 », Conseil de sécurité des Nations Unies, 31 octobre 1956.
  7. Résolution 242, Détail des votes sur la « Résolution 242 (1967) », Bibliothèque numérique des Nations Unies, 22 novembre 1967.
  8. Résolution 242, « Résolution 242 (1967) », Conseil de sécurité des Nations Unies, 22 novembre 1967.
  9. Résolution 48/86, « Élimination du racisme et de la discrimination raciale », Assemblée générale des Nations Unies, 16 décembre 1991.
  10. Résolution 48/86, Détail des votes sur la « Élimination du racisme et de la discrimination raciale », Bibliothèque numérique des Nations Unies, 16 décembre 1991.
  11. «  Déclaration du président Trump sur Jérusalem, 6 décembre 2017 », US Department of State, 6 décembre 2017.
  12. « At the building of the Embassy of the Republic of Kosovo in Jerusalem has been placed the plaque and state flag », Ministère des Affaires étrangères et de la diaspora du Kosovo, 1er février 2021.
  13. « Welcome to Papua New Guinea Embassy In Israel, Jerusalem (Kundu Israel) », Département des Affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
  14. « Fiji to Establish its Embassy in Jerusalem », Ministère des Affaires étrangères des Fidji, 18 février 2025.
  15. « El Presidente Javier Milei anunció que en 2026 la Argentina mudará su embajada en Israel a Jerusalén Occidental », Gouvernement argentin, 11 juin 2025.
  16. Tom Bennett, « Netanyahu attacks Palestinian recognition as dozens walk out of UN speech », BBC, 26 septembre 2025.