À partir d’aujourd’hui, mercredi 27 août, les États-Unis appliqueront des tarifs douaniers de 50 % sur les importations en provenance d’Inde, soit le double du tarif en vigueur jusqu’à présent. L’administration républicaine espère pouvoir contraindre New Delhi de mettre fin à ses importations de pétrole russe afin d’exercer une pression sur Moscou dans le cadre des négociations sur la guerre en Ukraine.

En amont de l’entrée en vigueur du nouveau taux, les raffineurs indiens — privés et publics — ont décidé de réduire leurs importations de pétrole russe de 10 à 20 %, selon des sources consultées par Bloomberg 1.

  • L’Inde importe actuellement environ 1,8 million de barils de pétrole russe par jour. Ce chiffre devrait ainsi passer à 1,4-1,6 million d’ici octobre.
  • Depuis début 2023, l’Inde est le deuxième principal importateur d’hydrocarbures russes, derrière la Chine. New Delhi représente plus d’un tiers (37 %) des exportations de pétrole de Moscou.
  • Depuis le lancement de l’invasion de l’Ukraine de février 2022, l’Inde a payé près de 150 milliards d’euros d’énergie à la Russie, dont près de 90 % pour du pétrole.

Selon des sources indiennes, les volumes d’importation de pétrole russe pourraient changer si l’Inde parvient à signer un accord commercial avec Trump. New Delhi aurait toutefois du mal à mettre fin entièrement à ses importations depuis la Russie, et une interruption soudaine serait susceptible de conduire à une augmentation globale du prix du pétrole — qui affecterait également les consommateurs américains 2.

Cette hausse des tarifs douaniers américains intervient quelques jours avant l’ouverture du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, qui aura lieu du 29 au 30 août à Tianjin, en Chine.

  • Modi devrait être l’invité d’honneur de la rencontre, qui rassemblera une vingtaine de dirigeants dont Xi Jinping, Vladimir Poutine, Masoud Pezeshkian et Alexandre Loukachenko.
  • L’approche de l’administration Trump envers New Delhi a complètement renversé le partenariat stratégique avec l’Inde, pourtant consolidé par plusieurs administrations successives, et qui constituait la base de la stratégie des États-Unis dans l’Indo-Pacifique pour contenir la Chine.
  • À l’issue d’une rencontre avec le ministre des Affaires étrangères chinois le 19 août, Modi avait souligné l’importance du « respect des intérêts et des sensibilités mutuels ».
  • De son côté, Pékin a affirmé que les deux pays étaient désormais engagés dans une « trajectoire de développement stable » et qu’ils devaient « se faire confiance et se soutenir mutuellement ».
  • Le 21 août, l’ambassadeur chinois en Inde a réaffirmé la solidarité de Pékin, qui « défend le système multilatéral », ajoutant : « Le silence ne fait qu’encourager l’intimidation ».

La baisse des importations indiennes de pétrole russe aura un impact direct sur les finances du Kremlin. Les hydrocarbures, dont les recettes se sont contractées de 34 % en juin par rapport à l’année précédente, représentent environ un tiers du budget fédéral russe.

Sources
  1. Rakesh Sharma et Yongchang Chin, « India to Ease Russian Oil Purchases as Higher US Levies Loom », Bloomberg, 26 août 2025.
  2. Amrita Sen, « US tariff threat over Indian imports of Russian oil could backfire », Financial Times, 26 août 2025.