Selon le ministère russe des Finances, les recettes issues du pétrole et du gaz ont diminué de 17 % en glissement annuel au mois de mars, pour atteindre 1 080 milliards de roubles 1.

  • Il s’agit d’une baisse de près de 20 % pour le deuxième mois consécutif : de janvier à mars, les recettes tirées par Moscou de la vente de pétrole et de gaz ont chuté de 10 %, atteignant 2 640 milliards de roubles.
  • Cette perte est principalement provoquée par la remise que la Russie se voit obligée d’appliquer après le renforcement des sanctions américaines imposées par l’administration Biden, mais aussi par un léger renforcement du rouble par rapport au dollar. 
  • Surnommé « le paquet d’adieu », cet ensemble de sanctions imposé le 10 janvier — soit 10 jours seulement avant l’investiture de Trump — a visé 160 navires et pourrait provoquer une perte de 10 à 20 % des recettes tirées par la Russie de ses ventes de pétrole. 

Pour la Russie, la situation pourrait se compliquer davantage.

  • Moscou avait estimé dans son budget que les recettes pétrolières et de gaz devraient diminuer d’environ 3 % par rapport à 2024 pour atteindre 10,9 trillions de roubles (113 milliards de dollars) en 2025.
  • Le gouvernement misait en effet sur un prix annuel moyen de 69,7 dollars par baril. 
  • Or, après les annonces de tarifs « réciproques » par Donald Trump le 2 mars, et alors que les pays de l’OPEP+ ont annoncé une augmentation considérable de leur production le 3 avril 2, les cours du pétrole ont atteint leur plus bas niveau depuis quatre ans, passant sous la barre des 60 dollars le 7 avril 3.
  • Au mois de février, le ministère des Finances indiquait déjà qu’il revoyait ses prévisions à la baisse et qu’il s’attendait à ce que le prix moyen du pétrole en 2025 soit plus proche de 60 dollars, entraînant une augmentation du déficit de 1 % 4.
  • Selon les calculs de Reuters, les prix du pétrole russe de l’Oural pour les cargaisons dans les ports de Primorsk, Ust-Luga et Novorossiisk ont chuté à environ 53 dollars le baril le 4 avril, et sont sur le point d’atteindre leur niveau le plus bas depuis 2023 5.
  • Fin mars, l’International Institute for Strategic Studies notait que 2025 pourrait être la première année où le pétrole et le gaz ne compenseront plus l’explosion des dépenses militaires. Les revenus issus du pétrole et du gaz ont compté pour près de 30 % dans les recettes du budget fédéral au cours des mois de janvier et février.

Poutine pousse actuellement en faveur d’un allègement des sanctions dans les discussions avec les États-Unis. Les négociations entre Moscou et Washington en vue d’un cessez-le-feu en Ukraine devraient se poursuivre cette semaine, selon le négociateur russe Kirill Dmitriev.

  • Alors que Zelensky a accepté un cessez-le-feu partiel depuis le 11 mars, la Russie temporise.
  • Ce week-end, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a indiqué que Washington perdait patience avec les « discussions sur les discussions ».
  • Toutefois, l’administration Trump ne semble pas prête à exercer davantage de pression directe sur Poutine.

Les options dont dispose Moscou pour compenser la perte de revenu sont réduites — les liquidités du Fonds souverain sont passées de 7,4 % du PIB à moins de 2 % en janvier 2022.