430 km² en janvier : en Ukraine, le rythme de l’avancée russe se stabilise

Selon les données compilées par l’analyste War Mapper, l’armée russe a avancé de 427 km² en Ukraine au mois de janvier 2025, et a récupéré 42 km² de territoire dans l’oblast de Koursk. Ces chiffres indiquent une stabilisation du rythme de la progression russe qui s’inscrit dans la moyenne observée depuis août 2024 — à l’exception du mois de novembre, au cours duquel Moscou avait avancé de plus de 700 km².

• Sur le front, janvier 2025 a été marqué par la prise par l’armée russe de Kurakhove au début du mois puis de Velyka Novosilka quelques semaines plus tard. Moscou se trouve désormais sur le point de prendre le contrôle de Tchassiv Yar et de Toretsk, deux villes d’une plus grande valeur stratégique et symbolique.
• À Koursk, l’armée ukrainienne ne cesse de reculer depuis septembre 2024, soit dans les semaines ayant suivi le lancement de l’incursion en territoire russe. Elle inflige toutefois d’importantes pertes humaines et matérielles, notamment aux soldats nord-coréens qui se sont partiellement retirés du front.
• Selon les chiffres communiqués par l’état-major ukrainien, l’armée russe aurait subi 48 000 pertes (tués et blessés) en janvier, un chiffre en légère baisse par rapport à décembre 2024 — qui avait été le mois le plus meurtrier pour Moscou.
• Les pertes matérielles subies sont quant à elles colossales : des analyses OSINT montrent que la Russie a perdu plus de 20 000 équipements lourds au combat depuis février 2022, soit environ la moitié des réserves totales dont elle disposait avant le lancement de l’invasion.

La progression russe demeure relativement faible en comparaison des grands mouvements de 2022 et extrêmement coûteuse par rapport à ses pertes. Pour l’Ukraine, elle se traduit cependant par la perte de nombreuses ressources naturelles vitales pour l’économie du pays — et qui pourraient jouer un rôle central dans le cadre des négociations de cessez-le-feu.

• En janvier, Kiev a dû suspendre ses activités à la mine d’extraction de charbon à coke de Pokrovsk en raison de la progression de l’armée russe. Cette dernière se rapproche désormais d’un des plus importants gisements de lithium du pays, à Shevchenko, un village situé à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Velyka Novosilka.
• L’armée russe avait déjà pris le contrôle d’un des quatre principaux gisements ukrainiens de lithium en 2022, à Balka Kruta, dans l’oblast de Zaporijia. Les deux autres gisements ne sont quant à eux pas menacés par Moscou, et se trouvent à plusieurs centaines de kilomètres de la ligne de front, dans la région de Kirovohrad.

Donald Trump a signalé lundi 3 février qu’il cherchait à « conclure un accord avec l’Ukraine pour qu’elle sécurise ce que nous lui donnons », soit l’assistance militaire américaine, « avec ses terres rares et d’autres choses » ¹.

• Zelensky avait inclus dans son « plan de victoire » présenté en octobre un point qui suggérait de partager les importantes réserves de ressources naturelles de l’Ukraine (uranium, titanium, lithium, graphite…) avec les partenaires occidentaux du pays. Lors de leur rencontre à New York fin septembre, le président ukrainien avait présenté le plan à Trump avant que ce dernier ne soit élu.
• Zelensky a déclaré que « l’Ukraine est ouverte à l’arrivée d’entreprises américaines » pour extraire les ressources naturelles du pays ². Cependant, dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu qui gèlerait le front sur ses lignes actuelles, comme semble le souhaiter l’administration Trump, un grand nombre de ces ressources se trouveraient de facto sous contrôle russe.

L’envoyé de Trump pour l’Ukraine et la Russie, Keith Kellogg, ne s’est toujours pas rendu à Kiev ou à Moscou, mais une rencontre avec des responsables ukrainiens devrait avoir lieu prochainement ³. Kellogg sera en Allemagne la semaine prochaine pour la Conférence de Sécurité de Munich, qui s’ouvre vendredi 14 février.