Des sources du département de la Défense américain estiment que le mois de septembre 2024 a été le plus meurtrier pour l’armée russe depuis le début de la guerre. Cette évaluation est cohérente avec les chiffres publiés le 7 octobre par le ministère de la Défense britannique, qui font état de 1 271 morts en moyenne par jour au cours du mois dernier1.

  • Ces mêmes sources confirment ainsi des chiffres avancés à la mi-septembre faisant état de 600 000 pertes russes (tués et blessés confondus) depuis février 2022.
  • Ce bilan serait aujourd’hui plus proche de 615 000 victimes, dont 500 000 blessés et 115 000 tués. L’Ukraine aurait quant à elle subi la moitié de ces pertes : 57 500 hommes tués et 250 000 blessés2.

L’augmentation des pertes russes observée cette année est principalement due à deux facteurs : l’ouverture en mai puis en août de nouveaux fronts dans l’oblast ukrainien de Kharkiv et dans l’oblast russe de Koursk, ainsi que l’intensification des combats tout au long de la ligne du front, particulièrement dans l’oblast de Donetsk. Le lancement d’une potentielle nouvelle offensive massive dans l’oblast de Zaporijia ferait certainement croître davantage le rythme de ces pertes.

  • Moscou parvient à compenser l’augmentation du nombre de victimes en recrutant entre 25 000 et 30 000 combattants sous contrat par mois.
  • La composition de ces nouveaux éléments est néanmoins en train de changer sur certains secteurs du front : à Kharkiv, 50 % des forces russes seraient désormais composées d’hommes de plus de 50 ans — pour lesquels le taux de mortalité est généralement plus élevé.
  • Des sources militaires russes partagent ces observations dans d’autres zones, comme à Tchassiv Yar, dans l’oblast de Donetsk, où 50 % des pertes subies durant l’été ont été remplacées par des hommes de cette tranche d’âge3.

Afin d’inciter plus de volontaires à signer un contrat avec l’armée pour combattre en Ukraine — évitant ainsi une nouvelle vague de mobilisation qui serait très impopulaire —, Moscou a doublé fin juillet le montant fédéral du bonus à la signature, passant de 195 000 à 400 000 roubles (soit d’environ 1 850 à 3 800€) — auquel s’ajoute ensuite des bonus régionaux, municipaux… pour une moyenne nationale d’environ 1 million de roubles (9 500€)4. Le salaire mensuel minimal pour les contractuels (210 000 roubles) est également 4,5 fois supérieur au salaire médian russe.

La période mai-septembre 2024, au cours de laquelle les pertes mensuelles russes ont progressivement augmenté, correspond également à une période d’accélération des conquêtes territoriales russes, qui ont atteint 468 km² le mois dernier — soit 33 % de plus qu’en août. L’oblast ukrainien de Louhansk pourrait notamment être entièrement contrôlé par l’armée russe au cours des prochains mois, voire des prochaines semaines.