La France et ses alliés s’apprêtent à commémorer le 80ème anniversaire du Débarquement de Normandie le 6 juin prochain 1. Présence, sans doute une dernière fois pour un anniversaire « en 10 », de dizaines de vétérans, désormais âgés d’une centaine d’années ; invasion russe de l’Ukraine et menaces à Moscou à l’égard des pays européens qui soutiennent Kiev et la démocratie : cette commémoration coïncide avec une double bascule, le versement définitif dans l’Histoire de ces événements du passé, privés de témoins directs d’une part ; le retour de la guerre de haute intensité au cœur de notre continent d’autre part. Les interrogations que certaines déclarations ont suscitées sur l’avenir de la relation transatlantique lui donnent aussi un caractère singulier.
Dans cet article, nous voulons d’abord, en regardant dans le rétroviseur, comprendre comment s’est bâtie la mémoire du D-Day au fil des commémorations successives, avant de décrire, face à cette actualité bouillonnante, leur évolution prévisible, et d’analyser en particulier les risques de divergence possible entre les deux rives de l’Atlantique.
La construction d’une mémoire partagée au gré des commémorations successives de l’opération Overlord
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la reconnaissance des sacrifices consentis et des idéaux défendus pendant la guerre fonde un sentiment de solidarité et d’unité entre les nations occidentales. La France exprime ainsi en 1949 sa reconnaissance pour l’aide américaine de l’immédiat après-guerre à travers un programme trop rapidement oublié, le Merci Train et ses 49 wagons, un par État (Hawaï ne deviendra un État fédéré que 10 ans plus tard), wagons remplis de cadeaux pour le peuple américain et dont j’ai pu retrouver certains, en Alabama et en Arizona 2.
Les relations transatlantiques sont profondément remodelées par la guerre et par les transformations politiques et économiques qui l’accompagnent, dans le contexte de la Guerre Froide naissante. Un nouvel ordre mondial naît, fondé sur les idées de coopération internationale et d’universalité des droits de l’Homme ainsi que sur la propagation des systèmes et valeurs démocratiques, notamment dans les pays vaincus (Japon, Allemagne).
La mémoire, par ailleurs, s’avère être un pilier de nos sociétés démocratiques modernes ; l’importance centrale du travail de mémoire est peu à peu reconnue pour favoriser la paix civile et la réconciliation entre les nations (par exemple entre la France et l’Allemagne) là où auparavant l’on prônait l’oubli après un conflit ou une guerre civile, au nom justement de la réconciliation. Selon Henry Rousso, l’anamnèse de la Shoah, qui s’est opérée plus de deux générations après la fin de la guerre, celle de la période de Vichy comme figure négative, ont joué un rôle central dans la montée en puissance de cette culture de la mémoire 3.
La mémoire de la Seconde Guerre mondiale — et du Rideau de fer qui a longtemps ensuite divisé notre continent — est en particulier un rappel constant de la nécessité de préserver la paix et la démocratie en Europe et dans le monde.
Le développement d’une mémoire partagée entre les nations prend de plus en plus d’importance dans la manière d’aborder les questions mémorielles. Définie dans notre pays comme « la volonté d’encourager et de valoriser les relations bilatérales avec les États et les peuples dont l’histoire militaire a croisé celle de la France, qu’ils aient été alliés ou adversaires », cette mémoire partagée passe par le dialogue entre une pluralité d’approches. La culture populaire joue aussi un rôle important à travers les livres, les films et les arts graphiques. L’intérêt pour le Débarquement de Normandie est ainsi attisé par le best-seller de Cornelius Ryan paru en 1959, Le Jour le plus long ou la traduction cinématographie hollywoodienne de cet ouvrage par Darryl F. Zanuck 4.
La construction d’une mémoire partagée du Débarquement de Normandie s’est ainsi construite progressivement et en empruntant divers itinéraires — les commémorations sont l’un d’eux.
Jusque dans les années 1980, ces commémorations sont essentiellement militaires. Leur mise en place après la fin de la guerre doit beaucoup à Raymond Triboulet, premier sous-préfet de la France libérée et fondateur du comité du débarquement. Cette limite tient aussi aux réticences du Général de Gaulle à célébrer une opération militaire anglo-américaine, dont les Français avaient été en grande partie exclus 5. Le Président de la République de l’époque, en 1964, va en revanche célébrer le Débarquement de Provence, auquel l’armée française d’Afrique a pris une part importante, en inaugurant le mémorial du Mont Faron au-dessus de Toulon et la nécropole de Boulouris à Saint Raphaël.
Aucun président américain ne vient sur les plages normandes avant 1984, excepté Jimmy Carter en 1978, mais à titre privé.
Toutefois, dans un contexte de guerre froide, il s’agit de rappeler, face au récit soviétique magnifiant la Grande Guerre Patriotique, que la Seconde Guerre mondiale n’avait pas uniquement été gagnée à l’Est mais aussi à l’Ouest, grâce notamment aux deux débarquements sur les côtes françaises que Staline à l’époque avait réclamés. C’est peut-être l’une des inspirations qui font que le cérémonial des anniversaires va se trouver davantage médiatisé. Un tournant survient en 1984.
La France décide alors de faire des cérémonies du 40ème anniversaire du débarquement en Normandie « un sommet commémoratif international » 6, avec également l’objectif d’affirmer à travers elles la place de notre pays, dans le concert des nations comme en Europe. Elle accueille pour la première fois dans ce contexte un président des États-Unis 7.
L’intervention de Ronald Reagan, à la pointe du Hoc, est considérée comme l’une de ses plus mémorables. Elle marque les relations transatlantiques au milieu des années 1980. L’évocation de la Seconde guerre mondiale lui permet d’exposer sa vision du monde 8. À la différence de la guerre du Vietnam, qui a profondément divisé son pays, le second conflit mondial y est en effet considéré comme une guerre juste qui fait consensus. En soulignant la contribution des Britanniques et des Canadiens, Ronald Reagan a souligné la force de l’Alliance atlantique sous leadership américain, alors que le monde assiste à la crise des euromissiles.
Dans cette nouvelle orientation de la commémoration des débarquements, où la dimension américaine s’affirme — avec par exemple l’emprunt à l’anglais du terme « vétéran » —, la présence du Chef d’État du principal allié est au centre d’une cérémonie désormais marquée par la présence de nombreux homologues. Cette construction politique va inspirer d’autres commémorations, notamment l’anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz, organisée sur le même modèle.
L’historien Olivier Wieviorka note : « dorénavant, les commémorations ne sont plus axées sur l’idée de victoire, mais sur l’idée de paix, de réconciliation et de construction européenne ». Ces cérémonies commémoratives deviennent en effet aussi des moments de célébration de valeurs universelles de liberté et de paix comme de réconciliation. C’est sur les lieux mêmes où les combattants se sont affrontés que la paix et l’amitié sont célébrées.
Ainsi, le 6 juin 2004, Jacques Chirac et Gerhard Schröder prennent tour à tour la parole devant le mémorial de la paix à Caen ; plus symbolique encore, François Hollande et Joachim Gauck, président de la République fédérale d’Allemagne, se retrouvent à Oradour-sur-Glane le 4 septembre 2013, prolongeant les gestes du Traité de l’Élysée ou de la poignée de main de Verdun. Cette rencontre de réconciliation sur les lieux de l’un des pires massacres de la guerre a été permise par le travail de conviction réalisé par des survivants du massacre, notamment Robert Hébras, le dernier d’entre eux que j’ai eu l’honneur d’accueillir à Berlin.
Cette internationalisation s’accompagne aussi d’une « spectacularisation » des cérémonies commémoratives. Le paysage des plages de Normandie devient le prétexte à une évocation de l’ensemble du conflit dont la conséquence ultime est la construction d’une Europe unie. Le recours à l’allégorie, au spectacle vivant et les mises en scène choisies, notamment en 2014, aboutissent à une esthétisation de la cérémonie, objet télévisuel qui ne pose plus la présence comme condition nécessaire au ressenti de l’émotion 9.
Une autre dimension apparaît en 2014. Le 6 juin 2014, le Président Hollande, en consultation avec la Chancelière Merkel, décide d’inviter le Président Poutine — déjà présent en 2004 — et le Président Porochenko, fraîchement élu en Ukraine. L’idée est d’ouvrir une conversation sur la mise en œuvre des Accords de Minsk. Ceux-ci, à la suite d’une médiation franco-allemande, viennent de permettre l’arrêt des combats de ce qui, rétrospectivement, apparaîtra comme le début de la guerre d’agression russe contre l’Ukraine. Les quatre dirigeants se retrouvent en marge de la rencontre internationale au château de Bénouville. C’est le lancement du format « Normandie » qui va se déployer au cours des années suivantes, en soutien de l’action de l’OSCE, jusqu’au 24 février 2022.
La participation des dirigeants des deux pays les plus importants de l’ex-URSS est aussi un rappel de l’alliance entre l’Ouest et l’Union soviétique contre les nazis et de la contribution des peuples et des soldats de l’ex-URSS à la Libération alors qu’aujourd’hui, le régime de Moscou présente son invasion de l’Ukraine comme une poursuite de la guerre patriotique contre l’ennemi nazi.
Au cœur du récit transatlantique et européen de l’après-guerre, l’avenir d’une mémoire partagée
Le Débarquement de Normandie semble tisser un lien indissoluble entre les États-Unis et l’Europe. S’inscrivant dans l’histoire de l’amitié franco-américaine, il s’ajoute à l’Alliance qui a permis l’indépendance des États-Unis entre 1778 et 1782 et à l’arrivée du corps expéditionnaire du général Pershing en 1917 (« Lafayette, nous voilà »). Le souvenir des héros d’Omaha Beach a presque fait oublier d’ailleurs celui des héros de Bois Belleau dont les séparent seulement 27 ans, du moins jusqu’aux belles célébrations du centenaire de la Grande Guerre — on se rappelle Donald Trump, alors Président des États-Unis, admirer le Défilé du 14 juillet 2017 rendant hommage à l’intervention de son pays cent ans plus tôt.
Car la Seconde guerre mondiale aux États-Unis, on l’a dit, a bénéficié du statut de « Good War », y compris par l’alliance entre la propagande et Hollywood pendant le conflit mondial puis dans les années de guerre froide et jusqu’aux batailles dans l’ex-Yougoslavie, comme l’analyse Peter Novick, historien américain.
La puissance du récit de la « bonne guerre » reste solide, grâce à la culture populaire et à l’art. Pour le 50ème anniversaire, de l’universitaire Stephen Ambrose avec son héroïsation du conflit et des combattants américains 10, aux productions cinématographiques — Saving Private Ryan de Steven Spielberg ou Flags of Our Fathers de Clint Eastwood — tous célèbrent le rôle vertueux des États-Unis.
En mai 2016, pour compléter ce cycle à l’endroit le plus sensible sans doute et 71 ans après les bombardements américains au Japon, Barack Obama est le premier président américain à se rendre à Hiroshima pour rendre hommage aux victimes de la bombe nucléaire.
La volonté de regarder en face toutes les mémoires apparaît aussi plus récemment dans le film de Christopher Nolan, Oppenheimer, ou les travaux de l’historien Sam Edwards, qui analyse la construction ambivalente de la mémoire du conflit en portant son regard sur la propagande de guerre. Certains anciens combattants se tournent vers l’écriture pour décrire la brutalité de la guerre.
Des témoignages directs apportent aussi une vision, une nouvelle approche venue « du terrain », appuyées par les photographes de guerre ou les reporters — comme John Hersey ou Georges Weller, dont les articles furent censurés jusqu’aux années 2000 — qui retouchent la légende 11. Du côté européen, le prix payé à leur libération par les populations civiles sous les bombes alliées est aussi mieux documenté. Ce sera l’objet de l’une de nos cérémonies de cette année, le 5 juin à Saint-Lô — qualifiée de « capitale des ruines » par Samuel Beckett et évoquée par Patrick Modiano dans ses romans.
Malgré ces remises en question et compléments nécessaires, la force positive de cette mémoire partagée reste considérable. Dans une période encore récente, elle a résisté aux pires turbulences survenues dans nos relations bilatérales et d’abord à la brouille consécutive à l’invasion américaine de l’Irak (« la crise des freedom fries »). En 2003, lorsque Paris s’opposa à cette aventure, les milieux officiels américains se déchaînèrent et n’hésitèrent pas à taxer la France d’ingratitude en invoquant le souvenir de 1944. Aux États-Unis, la presse conservatrice compare notre refus, pourtant pleinement justifié, d’endosser l’attaque contre l’Irak à la reddition de la France face à l’Allemagne nazie en 1940.
Non seulement, la mémoire partagée franco-américaine a finalement résisté à cette crise, mais elle a contribué à remonter la pente. Notre ambassadeur à Washington à cette époque, Jean-David Levitte, a ainsi fait comprendre à Paris combien il était important, à l’occasion du 60ème anniversaire du D-Day, d’honorer les vétérans américains, dont il avait fait inviter une centaine à cette occasion sur les plages de Normandie. Ce programme de décorations continue aujourd’hui et donne lieu à des cérémonies particulièrement émouvantes. Lors de la visite d’État aux États-Unis d’Emmanuel Macron, en novembre 2022, le Président de la République lui-même a remis la Légion d’Honneur à cinq vétérans américains. Plusieurs d’entre eux ont rappelé l’attachement historique des États-Unis à la France avec grand enthousiasme. Une séance de dessin réalisée par Elo de la Ruë du Can — qui travaille aussi avec le Military Women’s Memorial d’Arlington — a immortalisé cet instant, comme le montrent les peintures digitales illustrant cet article.
C’est aussi le 6 juin 2004, à Arromanches, que Jacques Chirac entame le difficile travail de réconciliation en présence de George W. Bush — travail qui sera achevé au Liban par le rapprochement franco-américain après l’assassinat de R. Hariri. Il souligne dans son discours « Qu’il n’est pas d’avenir sans mémoire » (…), « Que la France n’oubliera jamais ce qu’elle doit à l’Amérique, son amie et son alliée de toujours. Elle mesure, aujourd’hui comme hier, toute la force, toute l’exigence de ce lien ancien fait d’amitié, de valeurs partagées, de confiance et de respect mutuel. Elle sait, comme tous les pays d’Europe, combien l’Alliance atlantique, forgée dans l’épreuve, demeure, face aux menaces nouvelles, un élément fondamental de notre sécurité collective ». Et au cimetière de Colleville, une chaîne humaine proclame « France will never forget ».
Le mandat du Président Donald Trump, entre 2017 et 2021, n’est pas resté dans la mémoire pour sa célébration de l’Alliance atlantique. Pourtant, ce mandat n’a pas non plus sensiblement affecté l’héritage. Trump était bien présent au cimetière américain, pour le 75 ème anniversaire en 2019, avec Emmanuel Macron. Les deux couples présidentiels ont cette année encore assisté à une cérémonie émouvante marquée par la présence de très nombreux vétérans. Ces derniers n’étaient certes plus capables de sauter en parachute sur Sainte Mère Église, comme certains le firent encore longtemps après la guerre, mais, âgés de près de 95 ans, ils avaient tenu à être là.
Qu’en sera-t-il lors de ce 80ème anniversaire et surtout au-delà ? La communion transatlantique autour de vétérans de moins en moins nombreux et de plus en plus âgés saura-t-elle résister et s’adapter au passage du temps ? Saura-t-elle surtout transmettre dans nos différents pays aux jeunes générations le message de liberté et les valeurs pour lesquels leurs désormais lointains aïeux se sont battus et ont jusqu’à donner leurs vies ?
Ces questions sont celles qui se posent pour l’organisation des commémorations de cette année, en Normandie, en Provence, et dans beaucoup d’autres lieux en 2024 mais aussi en 2025. La responsabilité qui est la nôtre cette année n’est pas seulement de proposer de belles cérémonies, de porter un message d’émotion, d’associer les jeunes : nul doute que les derniers anciens combattants encore vivants, les derniers héros présents seront au cœur des cérémonies de 2024. Mais au-delà, saurons-nous tirer le meilleur parti de cette ultime présence pour enrichir, organiser, diffuser les vecteurs de la mémoire d’une manière telle qu’ils puissent être efficacement passés aux générations qui n’auront plus cette boussole qu’est encore aujourd’hui la présence de nos anciens ?
Aux États-Unis, la question peut se poser de l’effacement progressif de cette mémoire partagée par la combinaison de trois facteurs : la disparition des derniers vétérans, l’évolution de la composition ethnique de la population avec une part élevée d’Américains dont les grands parents sont nés dans d’autres pays et qui n’ont donc pas cet héritage mémoriel en partage, et enfin la polarisation croissante au sein de la société qui vient parfois impacter des enjeux de mémoire sensibles comme l’histoire de l’esclavage ou celle de la ségrégation.
Aujourd’hui, nous faisons heureusement le constat que la saga du D-Day reste un des ciments de l’identité américaine, et que ce consensus est entretenu par les enfants et les petits-enfants des combattants de la Seconde Guerre mondiale, parmi lesquels il y a encore beaucoup de membres du Congrès. Par ailleurs, la société américaine reste attachée à ses vétérans — même ceux des guerres plus récentes, très contestées, du Vietnam, d’Irak et d’Afghanistan — et par extension à leur souvenir, en lien avec leurs familles. La Légion d’Honneur attribuée à des centaines de combattants américains est aussi un patrimoine apprécié de ces familles.
Il convient toutefois d’imaginer les mécanismes communs de transmission de la mémoire qui permettraient de ne pas perdre cet acquis dans la durée. Le travail fait par la French American Foundation, qui a réuni ses « Young Leaders » en Alsace l’an dernier en est un bon exemple. Il faudrait élargir le bénéfice de ces échanges à des jeunes de milieux moins favorisés de nos deux sociétés, en leur permettant de découvrir dans nos deux pays les lieux de cette mémoire partagée que sont les plages de Normandie et de Provence, ou les mémoriaux de Washington (Deuxième Guerre mondiale) et de Bedford, Virginie (D-Day). Peut-être les commémorations des années à venir pourraient-elles donner cet élan.
Il faudrait aussi mettre à l’abri ce trésor de mémoire partagée des polémiques qui pourraient se développer entre Américains et Européens, en cas de divergence politique — comme en 2003. Il appartient aux Européens de répéter avec conviction le message : « we will never forget ». La coopération entre nos armées — aujourd’hui très substantielle et qui doit le rester à l’avenir — est aussi une garantie du maintien de ce lien mémoriel, ne serait-ce qu’à travers les unités héritières de celles qui, dans l’armée américaine comme dans l’armée française, ont participé à la Libération.
En définitive, ce n’est pas tant la fracturation de cette mémoire qui nous menace dans l’espace transatlantique que son effacement progressif jusqu’au point où elle ne pourra plus jouer son rôle de lien, affectif et politique, entre Européens et Américains. Or ce lien est précieux, comme on l’a vu, lorsque des bourrasques se lèvent dans les relations entre les démocraties de part et d’autre de l’océan — a fortiori dans un monde de plus en plus agité.
Sources
- Cet article a été écrit avec le concours d’Anne-Gaël Le Mener, administratrice de l’État stagiaire au sein de la Mission 80ème anniversaire de la Libération.
- Clément Thiery, Le train de la reconnaissance, locomotive de l’entente franco-américaine, France-Amérique, 2019.
- Henry Rousso, Face au passé. Essais sur la mémoire contemporaine, Collection Histoire, Belin, 2016.
- Stéphane Launey, Quand l’armée française rencontre Hollywood : le tournage du film Le Jour le plus long, Revue Historique des Armées, pages 71 à 82, Service Historique de la Défense, 2014.
- Olivier Wieviorka, La mémoire désunie. Le souvenir politique des années sombres, de la Libération à nos jours, Le Seuil, 2010.
- Serge Barcellini, « Diplomatie et commémoration. Les commémorations du 6 juin 1984 : une bataille de mémoire », Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 186, avril 1997, p. 129.
- Hélène Harter, « 1984, la force d’un symbole » in Jean-Luc Leleu (dir.), Le Débarquement. De l’événement à l’épopée, Rennes, PUR, 2018, p.187-199.
- Pierre Mélandri, Reagan. Une biographie totale, Paris, Robert Laffont, 1988, p. 73.
- Patrick Garcia, « Commémorer in situ » in Paysages en guerre, paysages de guerre, numéro Hors-série Les Chemins de la Mémoire, ministère des armées, 2018, p. 20.
- Andrew Knapp, « Stephen E. Ambrose, Patriot and Historian », Revue française d’études américaines, éd. Belin, 2023.
- Ambre Ivol et Simona Tobia, « A Contested Legacy : The Memory of World War II in the United States », Revue française d’études américaines, éd. Belin, 2023.