L’agence norvégienne de surveillance sismique Norsar a détecté une « explosion probable » dans la zone économique exclusive finlandaise à 1h20 du matin (heure locale en Finlande) dimanche 8 octobre. D’une magnitude de 1 sur l’échelle de Richter, celle-ci a provoqué une chute soudaine de pression dans le gazoduc Balticonnector, reliant la Finlande et l’Estonie, et a endommagé un câble sous-marin situé à proximité1.

Mardi 10 octobre, le président finlandais Sauli Niinistö a déclaré qu’il était probable que « les dommages causés au gazoduc et au câble de communication soient le résultat d’une activité extérieure »2.

  • Les opérateurs du gazoduc ont coupé le flux après avoir observé une « chute de pression rapide, ce qui indique qu’il ne s’agit pas d’une brèche mineure ».
  • Le Balticconnector est entré en service le 1er janvier 2020 et dispose d’une capacité de transport de 7,2 millions de mètres cubes de gaz par jour.
  • L’an dernier, seulement 5,87 % de l’énergie primaire consommée en Estonie était produite à partir de gaz naturel. En Finlande, la part est de 3,31 %.

Le Balticconnector est conçu pour envoyer du gaz dans les deux directions. L’arrêt de la transmission dans le gazoduc ne devrait pas menacer la sécurité énergétique de la Finlande, selon le ministre du Climat et de l’Environnement Minister Mykkänen, bien que le ministère de l’Économie d’Helsinki anticipe une hausse temporaire des prix3. La réparation de la fuite devrait quant à elle prendre au moins plusieurs mois.

  • Le scénario de cet incident est similaire aux explosions ayant touché le gazoduc Nord Stream en septembre 2022, bien que la secousse à l’origine de l’endommagement du Balticconnector est d’une plus faible intensité.
  • À ce jour, aucune certitude n’existe quant aux acteurs à l’origine de l’attaque sur Nord Stream.
  • Si des navires russes ont été observés dans la zone autour du lieu de l’explosion quelques semaines auparavant, des responsables occidentaux ont indiqué en mars qu’un « groupe pro-Ukraine » pourrait être responsable4.
  • Une enquête menée en Allemagne par Der Spiegel et la chaîne de télévision ZDF publiée en août titre quant à elle : Tous les éléments pointent vers Kiev5.

L’enquête ouverte par la Finlande va explorer la piste d’un sabotage qui aurait pu être motivé par l’accession du pays à l’OTAN en avril6. Bien que des photos reçues par les autorités estoniennes confirment que les dégâts sont « d’origine humaine » et « mécanique », suggérant qu’un explosif ait été utilisé plutôt qu’un robot sous-marin ou un plongeur, aucun indice dévoilé à ce jour ne met en cause un pays ou acteur en particulier7.

Sources
  1. Seismic signal detected in vicinity of gas pipelines in the Eastern Baltic Sea, Norsar, 10 octobre 2023.
  2. Anne Kauranen et Terje Solsvik, « Finland says ‘outside activity’ likely damaged gas pipeline, telecoms cable », Reuters, 11 octobre 2023.
  3. Minister Mykkänen on Balticconnector disruption : gas system is stable but the disruption highlights importance of preparedness by gas-using businesses, Gouvernement finlandais, 8 octobre 2023.
  4. Niha Masih, « Who blew up the Nord Stream pipelines ? What we know one year later », The Washington Post, 25 septembre 2023.
  5. Liliana Botnariuc, Jürgen Dahlkamp, Jörg Diehl, Matthias Gebauer, Hubert Gude, Roman Höfner, Martin Knobbe, Roman Lehberger, Frederik Obermaier, Jan Puhl, Alexandra Rojkov, Marcel Rosenbach, Fidelius Schmid, Sandra Sperber, Thore Schröder, Thomas Schulz, Gerald Traufetter, Wolf Wiedmann-Schmidt et Jean-Pierre Ziegler, « All the Evidence Points To Kyiv », Der Spiegel, 26 août 2023.
  6. Kathryn Armstrong et Vishala Sri-Pathma, « Finland investigates suspected sabotage of Baltic-connector gas pipeline », BBC, 10 octobre 2023.
  7. Jari Tanner, « Damage to gas pipeline, telecom cable connecting Finland and Estonia caused by ‘external activity’ », Associated Press, 10 octobre 2023.