Dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Suède et la Finlande ont abandonné leur statut historique de neutralité en candidatant à l’OTAN en juillet 2022. 

  • L’article 10 du traité de Washington stipule que l’adhésion d’un pays à l’Alliance nécessite l’approbation de l’unanimité des États membres. Or, l’adhésion de la Suède et de la Finlande a été bloquée par le veto de la Turquie. Ankara accusait les deux pays de soutenir des militants kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), dont les YPG — branche armée du PKK en Syrie —, considérés par Ankara comme des groupes « terroristes ».
  • Les trois avaient signé au cours du sommet de l’OTAN du 28 juin 2022 un mémorandum trilatéral dans lequel la Suède et la Finlande s’engagent à renforcer leurs lois contre ces groupes kurdes, à faciliter la coopération en matière d’extradition vers la Turquie de certains militants kurdes, et à lever leurs embargos sur les armes à destination de la Turquie. 
  • Les protocoles d’accession pour les deux pays nordiques ont été signés le 5 juillet à l’issue des pourparlers d’adhésion. Cependant, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a menacé de geler le processus en raison d’un prétendu retard dans les extraditions. 
  • La Turquie serait prête à reprendre les discussions, après que les négociations aient été interrompues à la suite de plusieurs incidents, notamment l’incendie d’un Coran en janvier 2023 devant l’ambassade de Turquie à Stockholm.

Budapest devrait également ratifier sous peu la demande d’adhésion des pays nordiques. 

  • Mardi 7 mars, une délégation du parti Fidesz d’Orban a déclaré qu’elle soutenait l’élargissement de l’alliance ; la proposition de candidature est à l’agenda du parlement hongrois, qui devra l’examiner la semaine du 20 mars. 
  • Si le délai hongrois est attribué à la proximité du Fidesz avec le pouvoir russe, Orban a aussi cherché à utiliser l’expansion de l’OTAN comme levier lors de son propre bras de fer avec la Commission européenne au sujet de l’État de droit. Plus de 30 milliards d’euros de fonds européens à destination de Budapest sont actuellement bloqués. 

Si plusieurs scénarios restent possibles, le découplage de deux candidatures n’est pas exclu. 

  • Les deux pays s’étaient engagés à ne rejoindre l’alliance qu’ensemble. Le lundi 30 janvier, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, a déclaré lors d’une conférence de presse « qu’il serait juste de faire la distinction entre un pays problématique et un pays moins problématique ». Ses remarques viennent un jour après que le président turc Recep Tayyip Erdoğan ait déclaré que « la Suède serait choquée si nous répondions différemment à la Finlande ». 
  • Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a évoqué le 13 février la possibilité que les deux pays, n’ entrent que séparément dans l’OTAN, la Finlande intégrant l’alliance la première.
  • Le samedi 18 février, lors de la conférence de Munich sur la sécurité, le premier ministre suédois Ulf Kristersson a mis en garde contre un tel découplage, soutenant qu’une adhésion en deux temps mettrait en danger la sécurité de la région ; la Finlande partage de fait 1300 km de frontière avec la Russie.