• L’article 10 du traité de Washington stipule que l’adhésion d’un pays à l’Alliance nécessite l’approbation de l’unanimité des États membres1. Or, l’adhésion de la Suède et de la Finlande a été bloquée pendant plus d’un mois après la demande d’adhésion officielle des deux pays par le veto de la Turquie. Ankara accusait les deux pays de soutenir des militants kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), dont les YPG — branche armée du PKK en Syrie —, considérés par Ankara comme des groupes « terroristes »2.
  • Cependant, au cours du sommet de l’OTAN du 28 juin 2022, la Turquie, la Finlande et la Suède ont signé un mémorandum commun dans lequel la Suède et la Finlande s’engagent à renforcer leurs lois contre ces groupes kurdes, à faciliter la coopération en matière d’extradition vers la Turquie de certains militants kurdes, et à lever leurs embargos sur les armes à destination de la Turquie3. Cette signature constitue une victoire diplomatique pour Ankara au moment où, sur le plan intérieur, Recep Tayyip Erdogan fait face à d’importantes difficultés économiques avec une inflation annuelle record de 78,6 %, en amont des élections présidentielle et législative de 2023.
  • Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Suède et la Finlande ont ainsi décidé d’abandonner leur statut de neutralité. Vladimir Poutine, qui a fait de l’expansion de l’OTAN en Europe de l’Est un problème majeur pour la « sécurité » de la Russie, a dénoncé les ambitions « impérialistes » de l’OTAN, en précisant que la Russie « répondrait à un déploiement de troupes ou d’infrastructures militaires de l’OTAN en Finlande et en Suède »4. Néanmoins, le président russe a déclaré que l’adhésion des ces deux pays à l’OTAN n’était pas un problème dans l’absolu car la situation de l’Ukraine était « différente ». 
  • Lundi 4 juillet, la Suède et la Finlande ont signé avec les 30 autres États membres de l’Alliance le protocole d’adhésion à l’OTAN, à Bruxelles. Les Parlements de tous les États membres devront ensuite ratifier le protocole pour officialiser l’adhésion de ces deux nouveaux membres. Or, malgré la signature du mémorandum trilatéral le 28 juin entre la Turquie, la Suède et la Finlande, Ankara a finalement menacé de bloquer le processus d’accès des deux pays nordiques à l’Alliance au niveau du Parlement turc, afin de pousser la Suède et la Finlande à honorer rapidement leurs engagements vis-à-vis de la Turquie.
  • Le même jour, à la télévision, le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, a déclaré que le Parlement turc ne ratifiera pas le protocole d’adhésion de la Finlande et de la Suède si ces derniers ne respectent pas leurs « engagements »5. Le président turc a quant à lui évoqué la promesse d’extradition de 73 personnes identifiées par la Turquie comme des « terroristes », ce que la ministre des Affaires étrangères suédoise, Ann Linde, a démenti, expliquant que le mémorandum du 28 juin ne mentionne en aucun cas une telle liste de personnes.
  • Pour L’OTAN, le début de semaine a également été marqué par l’arrivée du nouveau Commandant suprême des forces alliées en Europe (ou SACEUR), le général américain Christopher Cavoli. Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’OTAN souhaite marquer un changement de direction afin de revoir complètement sa stratégie défensive. L’Alliance a également annoncé la semaine dernière vouloir renforcer sa force de réaction en Europe, faisant passer cette dernière de 40 000 militaires à 300 000. Cette annonce correspond au plus grand déploiement de l’OTAN depuis la fin de la guerre froide.