Le sommet des BRICS contribue à définir notre avenir. Hier, Vladimir Poutine s’y exprimait en visioconférence, quelques heures avant que ne disparaisse son ancien allié Evgueni Prigojine : nous traduisons et commentons ces textes, pour la première fois en français. Que le Président russe ait toujours voix au chapitre dans ce sommet ne devrait pas surprendre : pour les BRICS, le non-alignement est levier de négociation. L’Argentine devrait rejoindre les BRICS l’année prochaine : l’adhésion de la deuxième puissance du MERCOSUR devrait pousser l’Union européenne à accélérer son rapprochement avec cette union économique.
Jim O’Neil, The Growth Map : Economic Opportunity in the BRICs and Beyond, Penguin Books Limited, 2011
« En 2001, Jim O’Neill et son équipe ont conçu l’acronyme BRIC à partir d’une prédiction surprenante : quatre pays en développement — le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine — dépasseraient les six plus grandes économies occidentales en l’espace de quarante ans. The Growth Map présente le récit personnel de Jim O’Neill sur le phénomène BRIC, son évolution et la situation actuelle de ces quatre pays clés après une décennie mouvementée.
Le livre propose également une prédiction tout aussi audacieuse sur les « onze prochains » pays appelés à rejoindre le club : Bangladesh, Égypte, Indonésie, Iran, Mexique, Nigeria, Pakistan, Philippines, Corée du Sud, Turquie et Viêt Nam. Ces pays en développement ne semblent peut-être pas exceptionnels aujourd’hui, mais ils offriront des opportunités intéressantes aux investisseurs au cours de la prochaine décennie, tout comme les BRIC l’ont fait avant eux.
Jim O’Neill révèle également l’intérêt pour les pays en croissance d’être « prêts à jouer » en s’engageant de manière significative dans des politiques qui encouragent la poursuite de la croissance et l’engagement dans la mondialisation. Il explique comment le G20 peut s’adapter pour mieux intégrer les BRICS et mieux refléter l’équilibre de l’économie mondiale. »
Andrew F. Cooper, BRICS : A Very Short Introduction, Oxford University Press, 2016
« Dans le sillage de l’après-guerre froide, des conséquences du 11 septembre, de la crise financière mondiale de 2008 et de l’émergence du G20, peu de commentateurs s’attendaient à une refonte du système mondial dans le sens d’une multipolarité et d’un éloignement des États-Unis. Pourtant, les BRICS — qui regroupent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud — sont apparus comme un défi au statu quo international. Mais quelle est leur capacité de transformation ? Et peuvent-ils fournir un contre-récit significatif à l’ordre mondial dominé par l’Occident ? Andrew Cooper explore l’émergence du concept de BRICS. S’appuyant sur des précédents historiques, il fournit une analyse de la pratique et de l’influence des BRICS en tant que forum et groupe de pression pour faire avancer un programme distinct au sein de la politique mondiale. »
Oliver Stuenkel, Post-Western World : How Emerging Powers Are Remaking Global Order, Polity, 2016
« Le statut de superpuissance des États-Unis est concurrencé par la montée en puissance de la Chine tandis que des puissances émergentes comme l’Inde et le Brésil jouent un rôle de plus en plus important dans les affaires internationales. Mais qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir de l’ordre international ? La Chine dominera-t-elle le XXIe siècle ? Les « BRICS » s’avéreront-ils une force perturbatrice dans les affaires mondiales ? Nous dirigeons-nous vers un monde marqué par des conflits fréquents ou la fin de la domination occidentale rendra-t-elle le monde plus pacifique ?
Oliver Stuenkel affirme que notre compréhension de l’ordre mondial et nos prédictions sur son avenir sont limitées parce que nous cherchons à imaginer le monde post-occidental à partir d’une perspective centrée sur l’Occident. Cette vision est de plus en plus inadéquate dans un monde où des milliards de personnes considèrent la domination occidentale comme une aberration temporaire et la montée en puissance de l’Asie comme un retour à la normale. En réalité, la Chine et les autres puissances ascendantes échappent aux extrêmes simplistes de la confrontation ou de l’adhésion à l’ordre existant et construisent tranquillement un « ordre parallèle » qui complète les institutions internationales actuelles et accroît leur autonomie des puissances. »
PB Anand, Shailaja Fennell et Flavio Comim (dir.), Handbook of BRICS and Emerging Economies, Oxford University Press, 2021
« Depuis que Jim O’Neill, de Goldman Sachs, a inventé l’acronyme BRICS en 2001, ces grandes économies émergentes ont fait l’objet de nombreuses évaluations, certains allant même jusqu’à proclamer que la promesse des BRICS était révolue. Pourtant, ce que l’on pourrait qualifier de « mariage arrangé » entre ces pays semble toujours bien fonctionner, le club étant devenu un forum international officiel, avec sommets, déclarations, réunions ministérielles et de nombreux forums. Cette euphorie est-elle déplacée ? Existe-t-il un modèle de développement économique et humain propre aux BRICS ? Les tensions géopolitiques entre ces nations sont-elles en train de s’aggraver ?
Cet ouvrage rassemble les perspectives pluridisciplinaires de plus de soixante chercheurs et propose une plongée complète et approfondie dans les BRICS et les économies émergentes, ainsi qu’une compréhension des contextes politiques, économiques et sociaux qui peuvent aider à concevoir des approches pour le redressement et la reprise du dernier élan dans le voyage vers les Objectifs de développement durable. »
Rachel S. Salzman, Russia, BRICS, and the Disruption of Global Order, Georgetown University Press, 2019
« Le leadership de la Russie dans la création du groupe BRICS est emblématique de son désir de mettre fin à l’hégémonie des États-Unis et de réécrire les règles du système international. Rachel S. Salzman explique pourquoi la Russie a rompu avec l’Occident, comment les BRICS se sont constitués, en quoi le groupe est emblématique du défi lancé par la Russie à l’ordre mondial existant et comment les BRICS ont changé depuis leurs débuts.
Le groupe des BRICS, composé d’États non-occidentaux dotés d’économies émergentes, est uni par un engagement commun en faveur d’une révision de la gouvernance économique mondiale et d’une non-ingérence stricte dans les affaires intérieures des autres pays. Les BRICS ne sont pas exclusivement une histoire russe, mais il est essentiel de comprendre le rôle des BRICS dans la politique étrangère russe pour saisir le rôle de ce groupe. En cette période d’aliénation du monde euro-atlantique, les BRICS apportent à la Russie le soutien politique et la légitimité dont elle a tant besoin. Bien que la cohésion à long terme du groupe soit incertaine, les BRICS constituent l’une des réalisations internationales emblématiques de Vladimir Poutine. »
Alice Ekman, Dernier vol pour Pékin, Éditions de l’Observatoire, 2023
« La Chine ne peut pas exister sans l’Occident, entend-on souvent. En est-on vraiment sûr ? Alice Ekman prend acte de la fin d’une époque, celle d’une Chine relativement ouverte, et analyse avec précision le début d’une autre, celle de la dissociation des mondes, et de l’émergence de ce qu’elle dénomme la « bimondialisation », structurée par des groupes de pays ennemis. Car c’est un fait : la Chine se ferme à l’Occident, et aux États-Unis en premier lieu, dans un contexte de tensions commerciales et technologiques prolongées. En parallèle, Pékin tente de bâtir une coalition alternative de pays, d’élargir son « cercle d’amis », au cœur duquel se trouve la Russie. La Chine de Xi Jinping est désormais pleinement entrée dans une rude compétition entre systèmes politiques, et semble prête à payer le coût de ses choix idéologiques et géostratégiques. Le commerce n’adoucit pas les mœurs. »
Lire l’entretien avec Alice Ekman dans nos pages
David Monyae et Bhaso Ndzendze (dir.), The BRICS Order : Assertive or Complementing the West ?, Springer, 2021
« Si les BRICS ont émergé en tant que forum suite à la fragmentation visible de l’ordre mondial d’après 1945, ils restent eux-mêmes confrontés à des problèmes émanant de divergences internes entre les États membres et de facteurs externes. Les auteurs s’interrogent sur la mesure dans laquelle cette formation d' »économies émergentes » représente un défi pour l’Occident ou, au contraire, un partenaire potentiel. Ces études — qui englobent l’examen de domaines aussi divers que les systèmes de gouvernance, les questions liées aux relations bilatérales, les menaces pour la sécurité, la mise en place d’institutions multilatérales, la création et la diffusion transnationales de connaissances et l’innovation technologique — s’appuient sur des modèles de convergence et de divergence qui font de ces pays non pas une alliance formelle, mais les précurseurs d’un avenir multilatéral dans lequel l’Occident est lui-même appelé à devenir plus hétérogène. »
John Kirton et Marina Larionova (dir.), BRICS and Global Governance, Routledge
« Les dernières décennies ont vu le développement d’un ordre mondial de plus en plus globalisé et multipolaire, dans lequel la demande de multilatéralisme devient de plus en plus prononcée. Le groupe des BRICS, créé en 2009, est devenu une institution plurilatérale reconnue à la fois par les sceptiques et les partisans du multilatéralisme comme un acteur majeur du système international.
Traitant du rôle des BRICS dans la gouvernance mondiale, ce livre examine de manière critique la naissance et l’évolution du club, les mécanismes de coopération inter-BRICS, les priorités de son agenda, les intérêts de ses pays membres, leur respect collectif et individuel des engagements convenus et les modèles d’engagement des BRICS avec d’autres institutions internationales. Il fait progresser l’état actuel des connaissances sur l’architecture de la gouvernance mondiale, le rôle des BRICS dans ce système et les avantages qu’il a apportés et qu’il peut apporter à l’ordre mondial. »
Patrick Bond et Ana Garcia (dir.), BRICS : An Anti-Capitalist Critique, Pluto Press, 2015
« La montée en puissance des BRICS est l’un des traits caractéristiques de l’économie mondiale moderne. Ce livre explore ces nations qui semblent croître à un rythme beaucoup plus rapide que les nations développées de la zone euro et de l’Amérique du Nord. Sortiront-ils le monde développé du bourbier économique ? Permettront-elles le changement social et l’innovation dans le « vieil ordre mondial » fatigué ? Sur le plan politique, ces pays annoncent-ils une nouvelle ère pour la démocratie ou représentent-ils une régression ? Ce recueil répond à ces questions en proposant une analyse critique de la montée des économies des BRICS dans le cadre d’un capitalisme mondial prédateur, excluant et inégal. De la géopolitique pétrolière chinoise aux « méga-événements » ruineux au Brésil, les auteurs proposent une nouvelle façon radicale de comprendre ces développements controversés. »
Hérodote n° 181, Le Brésil, La Découverte, 2021
« Un peu plus de deux ans après l’élection de Jair Bolsonaro, où en est le Brésil ? Il est dans une mauvaise passe avec une situation sanitaire désastreuse – c’est le deuxième pays au monde par le nombre de décès causés par l’épidémie de Covid-19 – et celle-ci révèle et en aggrave les inégalités. La situation environnementale de l’Amazonie s’est fortement dégradée et le Brésil a perdu sa crédibilité internationale dans sa capacité à gérer en pleine souveraineté son environnement.
Quant à la situation politique interne du Brésil, il semble que les plus solides soutiens à la politique de Bolsonaro commencent à se fragiliser, comme celui de l’armée qui craint pour son prestige si elle est associée de près aux conséquences politiques de certains choix, et même celui des évangéliques déçus de ne pas influencer davantage la politique familiale ou scolaire. Les plus fidèles sont les grands éleveurs dont le poids économique leur permet de se faire entendre par le gouvernement et les institutions qui les concernent. La libération de l’ancien président Lula da Silva, à la suite d’une décision de la Cour suprême, pourrait annoncer une réélection difficile pour Bolsonaro si Lula décidait de se présenter contre lui. »
Hérodote n° 173, L’Inde, La Découverte, 2019
« En avril-mai 2019, l’Inde a conduit ses dix-septièmes élections générales qui ont vu le Bharatiya Janata Party reconduit au pouvoir avec une majorité accrue. Rédigé dans les semaines qui ont précédé la plus vaste consultation démocratique au monde (900 millions d’électeurs inscrits), ce numéro d’Hérodote dresse un bilan géopolitique du premier mandat de Narendra Modi et brosse le portrait d’une Inde en mouvement qui se hausse au rang de cinquième puissance économique mondiale, dépassant ainsi la France et le Royaume-Uni, sans être encore, comme le nationalisme hindou le souhaiterait, une grande puissance incontestable. Sans négliger les dynamiques internes du BJP et l’impact du fédéralisme sur la politique économique, l’essentiel du numéro porte sur l’insertion du pays dans sa région et dans le monde incertain d’aujourd’hui : état présent des questions anciennes mais toujours décisives que sont les relations avec le Pakistan et avec la Chine ; politique de défense et stratégie nucléaire face à ces deux rivaux ; nouveaux horizons que sont les espaces océaniques de l’Indo-Pacifique et l’Afrique. Est interrogée aussi la posture diplomatique indienne vis-à-vis du multilatéralisme, alors que le pays plaide toujours pour une réforme lui ouvrant les portes du Conseil de sécurité de l’ONU.
Experts chevronnés ou jeunes auteurs, l’équipe réunie pour ce numéro entend éclairer une Inde incontestablement émergente dont les interrogations s’inscrivent dans le grand concert contemporain, entre nationalisme identitaire, volonté d’autonomie, quête de puissance et multipolarité. »
