Comment expliquer ce qu’il se passe au Pérou ?
Le Pérou connaît depuis plusieurs années une crise institutionnelle. En ce sens, ce qu’il s’est passé mercredi n’est pas nouveau. Ce qui est une bonne et une mauvaise nouvelle, c’est la manière dont l’économie a été découplée de la politique.
Pourquoi n’a-t-il jamais vraiment réussi à gouverner ? Qu’est-ce qui lui a manqué ?
Castillo a eu de sérieux problèmes avec la crise institutionnelle qui était là bien avant lui, mais ses décisions ont coûté cher.
L’ancien président a cherché refuge dans l’Organisation des États américains (OEA), qui s’est avérée n’avoir aucune crédibilité pour pouvoir parler de démocratie dans les pays où elle prétend travailler.
Y avait-il une relation quelconque entre Castillo et le groupe de Puebla, et pourquoi ?
Avant que Pedro Castillo ne prenne ses fonctions, nous avons pu le rencontrer et discuter avec le Grupo de Puebla — un forum politique et académique composé de représentants de la gauche politique latino-américaine — aux côtés de Dina Boluarte, dans le cadre d’une réunion protocolaire pour lui souhaiter bon courage pour sa présidence.
Par la suite, nous avons eu — avec le Grupo de Puebla — des relations avec Dina Boluarte, Verónika Mendoza, ancienne député péruvienne et candidate à la présidentielle de 2021, et avec Mocha García Naranjo, ancienne secrétaire-générale du Partido Socialista péruvien.
Nous avons toujours eu des relations très difficiles avec le président Castillo, en raison de ses décisions 1.
Quelle est la réaction à l’auto-coup d’Etat ?
Il nous semble que le président a pris une décision complexe, et que c’est maintenant à Dina Boluarte de garantir la stabilité démocratique qu’il n’a pu obtenir.
Ce qui a échoué dans cet « auto-coup d’État », c’est la légitimité institutionnelle ; la légitimité du président Castillo, et un certain nombre d’attaques très vicieuses de la part d’une opposition implacable — qui ne s’est jamais intéressée au destin du pays, et qui a plutôt toujours fait passer avant toute chose son intérêt à court terme.
Avec une popularité du Congrès aussi faible dans l’opinion publique péruvienne, que signifie défendre la démocratie au Pérou ?
Aujourd’hui, le système politique péruvien montre, une fois de plus, un sérieux problème de stabilité, et Dina Boluarte devra : construire une base de soutien très large ; garantir qu’elle saura travailler avec des secteurs éloignés et construire un plan, une séquence ; au niveau international, il est important qu’elle soit aidée pour faire avancer la stabilité démocratique.