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Key Points
- Alors qu’entre 2005 et 2019, les salaires enseignants ont augmenté en moyenne de 11 % dans les pays de l’OCDE, ils ont baissé de 2 à 6 % en France sur la même période (et de 7 % à 10 % depuis 2000).
- Un agrégé ou une agrégée au dernier échelon de la classe normale reçoit ainsi aujourd’hui un salaire net équivalent au salaire d’un ou d’une certifiée à l’échelon 9 en 1982.
- Depuis 40 ans, le salaire net mensuel moyen des enseignants du secondaire, a baissé d’environ 400€ par mois en euro constant, ce qui représente une baisse de 10 % à 15 % de leur pouvoir d’achat.
- La forte baisse du pouvoir d’achat des enseignants à partir des années 1990 n’a pas concerné tous les fonctionnaires. Les données de l’INSEE révèlent un décrochage marqué des salaires enseignants par rapport à ceux des autres cadres, et notamment des cadres de la fonction publique.
Parmi les dossiers laissés sur la table du nouveau ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, par l’ancien titulaire du poste Jean-Michel Blanquer, figure en bonne place la question de la rémunération des enseignants. Lors de l’élection présidentielle de 2022, les différents candidats ont multiplié les promesses, plus ou moins précises, d’augmentation des salaires. Le programme de Yannick Jadot et d’EELV proposait une augmentation de 20 % des enseignants et enseignantes sur le quinquennat, concentrée en priorité sur le début et le milieu de carrière, alors que celui de Jean-Luc Mélenchon et de LFI proposait une augmentation de 30 % (15 % d’augmentation immédiate du point d’indice et 15 % de revalorisation indiciaire à négocier avec les syndicats). Quelques jours avant la fin de la campagne, Emmanuel Macron a lui-même fini par proposer une augmentation des salaires enseignants de l’ordre de 10 %, sans qu’il ne soit très clair au début si cette augmentation concernerait tous les enseignants et enseignantes où seulement les titulaires en début de carrière, et si cela devait se faire en échange, ou non, de contreparties.
Pour éclairer et mettre en perspective ces promesses, nous nous proposons de faire une synthèse en dix points de l’évolution des salaires enseignants. Nous commencerons par replacer cette question dans son contexte politique et au regard des comparaisons internationales, avant de présenter des données nationales inédites sur l’évolution sur longue période des salaires.
1 — Pourquoi la question des salaires enseignants est-elle centrale ?
Les différentes promesses portées par les candidats à l’élection présidentielle s’inscrivent dans un contexte où la question du salaire des enseignants revient régulièrement dans le débat public et politique. En 2019, la question s’était imposée à l’occasion du projet de réforme des retraites qui risquait d’entraîner une baisse massive des pensions de retraite des personnels de l’éducation nationale. Ces dernières semaines la question est de retour sur l’agenda politique du fait de difficultés importantes de recrutement aux concours de l’enseignement. L’éducation nationale fait en effet face, depuis une dizaine d’années, à une pénurie de candidats dans certaines disciplines (plus de 20 % de postes de mathématiques n’ont ainsi pas été pourvus au cours des dix dernières années dans le second degré) et la revalorisation salariale apparaît comme un outil central pour attirer des nouveaux candidats. Mais cette solution a un coût, les implications financières pour l’État de toute politique de revalorisation sont majeures, les enseignants formant le groupe numériquement le plus important des agents de la fonction publique d’État (« FPE ») – représentant environ 45 % des effectifs de la FPE. L’État se retrouve donc en partie face à un dilemme, les précédentes annonces de « revalorisation historique » promise par l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer n’ayant eu aucun effet pour enrayer la baisse marquée de la rémunération des personnels enseignants depuis quarante ans et les conséquences qui l’accompagnent.
2 — Un niveau de salaire plus faible que dans la moyenne des pays européens et de l’OCDE
Ce déclassement salarial des enseignants français se lit dans les comparaisons internationales réalisées par l’OCDE. Que cela soit dans l’enseignement primaire ou dans l’enseignement secondaire, le salaire statutaire des enseignants en France est inférieur aux moyennes internationales, tout particulièrement en début et en milieu de carrière. Les enseignants français commencent leur carrière avec un niveau de salaire inférieur d’environ 10 % à leurs homologues de l’Union européenne et de l’OCDE. Après 15 ans d’ancienneté, l’écart s’est encore creusé et les enseignants français reçoivent un salaire statutaire moyen inférieur de 20 % à celui de la moyenne des autres pays de l’Union et de l’OCDE. À titre de comparaison, les enseignants allemands disposent d’un salaire statutaire deux fois plus important que les enseignants français à chaque étape de leur carrière pour un nombre annuel d’heures de travail statutaire inférieur (720 heures dans le secondaire et 900 heures dans le primaire en France contre 640 et 610 heures dans le premier et le second cycle du secondaire en Allemagne et 691 heures dans le primaire).
Depuis 15 ans cet écart à tendance à se creuser : alors qu’entre 2005 et 2019, les salaires enseignants ont augmenté en moyenne de 11 % dans les pays de l’OCDE, ils ont baissé de 2 à 6 % en France sur la même période (et de 7 % à 10 % depuis 2000).
3 — Depuis 40 ans, tous les salaires ont baissé
En France, ce constat de la baisse sur le long terme de la rémunération des enseignants et enseignantes a déjà été posé pour la période 1960-2004 par les économistes Btissam Bouzidi, Touria Jaaidane et Robert Gary-Bobo 1. En simulation l’évolution du traitement brut et du traitement net réel elles mettaient en évidence une baisse de 10 à 15 % du traitement brut des enseignants et enseignantes du second degré et d’environ 20 % du traitement net entre 1981 et 2004. Pour suivre l’évolution depuis cette date, nous nous proposons de reprendre leur méthodologie en simulant l’évolution du traitement brut et du salaire net réel des enseignants à partir des modifications des grilles indiciaires et de la valeur du point d’indice, de l’inflation et des prélèvements sociaux. Cette approche nous permet d’étudier sur le long terme, et en temps réel, l’évolution du salaire reçu par un ou une enseignante à chaque moment de sa carrière en réalisant une comparaison inter-temporelle des rémunérations de deux groupes d’enseignants qui seraient situés au même moment de leur carrière mais à des époques différentes.
Le constat apparaît sans appel : alors que depuis 1982 le PIB français a augmenté de près de 80 %, le traitement brut réel des professeurs certifiés, qui est à la base de leur rémunération 2, a baissé de plus de 200€ par mois, pour les stagiaires à l’échelon 1, à 800€ par mois, pour les certifiés à l’échelon 11, c’est-à-dire ayant plus de 25 ans d’ancienneté. Depuis 1990, année de création du corps des professeurs des écoles, la baisse est de 300 euros (les stagiaires passant à partir de cette date à l’échelon 2 au bout de trois mois) à 600 euros (à l’échelon 11) pour les certifiés et les professeurs des écoles.
L’explication de cette baisse importante du pouvoir d’achat des enseignants et des enseignantes depuis 40 ans c’est d’abord et principalement la désindexation du point d’indice sur l’inflation depuis 1983 et son gel à partir de 2010. Le pouvoir d’achat du point d’indice a baissé de 24 % depuis 1983, entraînant une baisse de 10 à 20 % du traitement brut des enseignants (selon le moment de leur carrière). Au final, en 2022, une professeure certifiée avec 15 ans d’ancienneté (échelon 8), dispose d’un traitement brut équivalent à celui d’une certifiée avec 4 ans d’ancienneté en 1982 (échelon 4) et un certifié avec 26 ans d’ancienneté (échelon 11) dispose d’un traitement brut équivalent à celui d’un certifié à l’échelon 8 en 1982, soit avec 11 ans d’ancienneté.
4 — Cela n’a pas été compensé par les revalorisations
La baisse du traitement brut par échelon est légèrement moins importante que celle du point d’indice du fait des revalorisations indiciaires qui se sont produites au cours des 40 dernières années et qui ont concerné soit l’ensemble des enseignants et enseignantes, soit certains échelons de la carrière. La diminution en termes de pouvoir d’achat de la carrière des enseignants a été partiellement compensée, pour une partie des enseignants et enseignantes certifiés, par la création d’une hors-classe à partir de 1990. Les enseignants certifiés et les professeurs des écoles se sont alors vus donner la possibilité d’accéder à un nouveau grade (la hors classe) qui possédait deux puis trois niveaux d’indices de rémunération supplémentaires (les échelons 5 et 6 puis 7 de la hors classe). On peut cependant observer, qu’au fur et à mesure du temps, les effets positifs de cette hors-classe sur la carrière des enseignants ont été annulés par la baisse du pouvoir d’achat du point d’indice. Le traitement brut réel au dernier échelon de la hors classe des certifiés et des professeurs des écoles en 2022 est maintenant inférieur d’une centaine d’euros au traitement brut réel du dernier échelon de la classe normale des certifiés en 1982.
La création d’un nouveau grade, la classe exceptionnelle, suite aux accords PPCR signés en 2016, permettra de donner la possibilité d’accéder à quatre niveaux d’indice de rémunération supérieurs, mais ne concernera à terme au maximum que 10 % des enseignants de chaque corps (contre 20 % pour la hors classe et 70 % pour la classe normale).
5 — … ni par les primes
Cette diminution du traitement brut des enseignantes et des enseignants se retrouve logiquement dans l’évolution du salaire net réel. A contrario, d’autres professions de la fonction publique, et notamment des cadres non enseignants, les enseignants et enseignantes n’ont pas vu, collectivement, la baisse du point d’indice être compensée par des primes ou des rémunérations annexes collectives. Si la revalorisation de 1989 a bien créé, à partir de septembre 1992, la part fixe de l’indemnité de suivi et d’orientation des élèves (ISOE) 3 c’est la seule prime collective touchée par l’ensemble des enseignants du second degré quel que soit leur échelon et leur lieu d’affectation (avec la prime informatique annuelle de 176€ brut créée en janvier 2021) 4.
Conséquence de la baisse du traitement brut réel, mais aussi de l’augmentation des prélèvements sociaux, le salaire net réel d’un enseignant certifié est passé d’environ 1850€ à 1450€ pour un enseignant stagiaire, soit une baisse de 20 %, de 2850€ à 2150€ pour un enseignant en milieu de carrière (15 ans d’ancienneté), soit une baisse de 25 % et de 3600€ à 2600€ pour un enseignant en deuxième partie de carrière (échelon 11), soit une baisse de 27 %. Pour les agrégés la baisse du salaire net statutaire est de 15 % à 30 % depuis 1982.
Cette baisse du salaire mensuel net réel statutaire amène le niveau de rémunération des professeurs agrégés en 2022, en dessous du niveau de rémunération des professeurs certifiés en 1982. Un agrégé ou une agrégée au dernier échelon de la classe normale reçoit ainsi aujourd’hui un salaire net équivalent au salaire d’un ou d’une certifiée à l’échelon 9 en 1982.
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6 — La dernière « revalorisation », déjà rattrapée par l’inflation
Dans la fin du quinquennat, et suite au « grenelle de l’éducation » lancé en octobre 2020, une « prime grenelle » a été accordée à partir de mai 2021. Limitée aux enseignants et enseignantes en début, puis en milieu de carrière, son faible montant a déjà été absorbé par l’inflation de 2021 et de début 2022. Non concernés par cette prime, les enseignants stagiaires ont vu leur salaire continuer de chuter et passer de 1550€ fin 2017 à 1400€ en mai 2022. Pour les enseignants et enseignantes aux échelons 5, 6 et 7, le salaire net réel en mai 2022 (prime grenelle incluse) était déjà revenu à un niveau inférieur à celui perçu en septembre 2017, au début du quinquennat. Au total, la « revalorisation » annoncée n’a permis qu’aux enseignants en tout début de carrière (échelons 2 et 3) de maintenir un niveau de rémunération réelle équivalent à celui de début 2017 (autour de 1800€).
7 — Une baisse du salaire net perçu, toutes rémunérations prises en compte
Une deuxième façon d’appréhender l’évolution des salaires enseignants consiste à regarder non plus l’évolution de salaire pour chaque enseignant situé à un moment de sa carrière mais de retracer l’évolution du salaire du groupe des instituteurs, des professeurs des écoles, des professeurs certifiés ou des professeurs agrégés depuis 1982. Cette approche ne mobilise pas les mêmes sources que les précédentes. Alors que dans l’approche précédente on simulait un salaire théorique net à un échelon donné, dans cette approche on mobilise les données de l’INSEE sur les salaires dans la fonction publique d’État 5, ce qui permet une appréhension de la rémunération nette réelle des enseignants (toute rémunération prise en compte, y compris donc les heures supplémentaires et les primes individuelles). Cette approche à l’avantage d’intégrer l’ensemble des rémunérations perçues par les enseignants et enseignantes mais aussi de permettre d’établir des comparaisons avec les salariés et les cadres du privé ainsi qu’avec les autres personnels de la fonction publique d’État.
L’évolution du salaire net réel perçu par les enseignants du second degré depuis 1982 est cohérente avec les simulations réalisées précédemment. On peut observer dans la figure ci-dessous que l’évolution du salaire mensuel net moyen des certifiés et des agrégés suit assez bien les évolutions du salaire net simulées précédemment. En synthétisant d’un chiffre les données issues de l’INSEE, on peut dire que, depuis 40 ans, le salaire net mensuel moyen des enseignants du secondaire, a baissé d’environ 400€ par mois en euro constant, ce qui représente une baisse de 10 % à 15 % de leur pouvoir d’achat.
On peut remarquer une baisse légèrement moins marquée du salaire moyen que dans nos simulations, du fait d’évolutions différentes entre 1982 et 1990 et notamment d’une augmentation assez nette des salaires enseignants entre 1988 et 1990 d’après les données de l’INSEE. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette moindre baisse de salaire pour le groupe pris dans son ensemble. L’évolution du salaire mensuel net moyen perçu peut s’expliquer par une augmentation des primes et rémunérations annexes individuelles sur une période considérée (et notamment des heures supplémentaires) mais aussi par un changement de la composition du groupe enseignant au cours du temps (notamment en termes d’âge ou de sexe). Les deux explications interviennent probablement dans les différences d’évolution entre le salaire mensuel net perçu et le salaire mensuel net simulé. À titre d’exemple les enseignants certifiés effectuaient en moyenne une heure supplémentaire entre 1997 et 2007, alors que depuis 2011 ils effectuent en moyenne 1,4 heure supplémentaire, ce qui peut expliquer la moindre baisse du salaire mensuel net moyen observé par rapport aux simulations depuis cette date. De même, alors que l’âge moyen des enseignants du second degré public était de 41 ans au début des années 80, il approche aujourd’hui des 45 ans, influençant à la hausse la rémunération moyenne des enseignants et enseignantes.
8 — Un décrochage salarial par rapport aux autres cadres et l’ensemble des salariés
Le grand avantage des données de l’INSEE est qu’elles permettent de faire des comparaisons entre l’évolution de salaire des enseignants et celle des autres salariés et fonctionnaires. On peut alors observer que la forte baisse du pouvoir d’achat des enseignants à partir des années 90 n’a pas concerné tous les fonctionnaires. À partir de la fin des années 80, le salaire réel des cadres non enseignants de la FPE va fortement augmenter, alors même qu’il avait évolué de manière relativement similaire à celui des enseignants dans les années 80 6. Cela s’explique par une forte augmentation de leur taux de prime : celui-ci passe de 33 % de leur traitement brut en 1994 à 54 % en 2009, quand dans le même temps celui des professeurs, professions scientifiques et culturelles du public passe de 14 % à 12 % (en lien avec la baisse des heures supplémentaires réalisées).
On va alors assister à un décrochage marqué des salaires enseignants par rapport à ceux des autres cadres, et notamment des cadres de la fonction publique. Alors qu’en 1984 les professeurs certifiés gagnaient 28 % de moins que les cadres du privé ou des entreprises publiques et 15 % de moins que les cadres non enseignants de la FPE, en 2008, un professeur certifié gagnait en moyenne 34 % de moins qu’un cadre non enseignant de la FPE et, en 2018, 37 % de moins qu’un cadre du privé. En parallèle, le salaire moyen de l’ensemble des salariés augmente, du fait de l’augmentation du salaire moyen des différentes catégories socioprofessionnelles mais aussi des changements dans la composition de l’emploi avec l’augmentation de la part des emplois de cadres et de professions intermédiaires par rapport aux emplois d’employés et d’ouvriers 7. En conséquence, alors qu’en 1982 un professeur certifié gagnait 61 % de plus que le salaire moyen, il ou elle gagne aujourd’hui 13 % de plus que le salaire moyen.
9 — Des évolutions de salaires plus complexes à analyser pour les enseignantes et enseignants du primaire
L’évolution du salaire des instituteurs et institutrices et des professeurs des écoles est plus délicate à interpréter, du fait de la création du corps des professeurs des écoles en 1990. À sa création en 1990 il était composé uniquement d’instituteurs et d’institutrices qui y accédaient par liste d’aptitude et le salaire moyen des professeurs des écoles en 1990 n’est donc pas révélateur. La forte baisse du salaire moyen des professeurs des écoles entre 1990 et 1996 est liée à un effet de composition de cette catégorie. L’intégration des nouveaux lauréats et lauréates du concours de professeur des écoles rajeunit progressivement l’âge moyen des membres de cette catégorie ce qui fait baisser le salaire moyen. En parallèle, la catégorie des instituteurs et assimilés suit une évolution opposée puisque l’âge moyen des instituteurs et institutrices va progressivement augmenter au fur et à mesure de l’arrêt de leur recrutement, influençant à la hausse leur rémunération moyenne. Cela explique pourquoi, malgré la baisse du point d’indice qui touche les autres enseignants, le salaire moyen des instituteurs et institutrices va légèrement augmenter dans les années 90.
De même, depuis 1996, la relative stabilité sur le long terme du salaire des professeurs des écoles peut s’expliquer par l’introduction de primes et de revalorisations salariales, mais aussi par l’augmentation de l’âge moyen de la population des professeurs des écoles – il est passé d’environ 40 ans à la fin des années 90 à 43 ans aujourd’hui.
10 — Des promesses, toujours des promesses
En guise de conclusion, on peut s’interroger sur l’effet des promesses formulées par les candidats à l’élection présidentielle. L’augmentation des salaires de 10 % promise par le Président Macron, si elle était généralisée à l’ensemble des enseignants, amènerait les salaires enseignants à un niveau proche de celui du milieu des années 2000 pour les enseignants en début de carrière, et à un niveau proche de 2010 pour la majorité des enseignants, ce qui corrigerait partiellement le gel quasi continu du point d’indice depuis 2010, mais ne serait pas en mesure de compenser la baisse généralisée depuis 40 ans de la rémunération des enseignants.
Les promesses de Jean-Luc Mélenchon et de LFI aboutiraient elles à un rattrapage beaucoup plus important pour les enseignants. Une augmentation généralisée de 30 % des salaires enseignants ramèneraient les salaires net réels des enseignants à un niveau proche du milieu des années 80 pour les enseignants en début et en milieu de carrière et du début des années 90 pour les enseignants en deuxième partie de carrière.
Comme les dernières années l’ont montré, il y a cependant parfois un écart important entre les promesses et annonces de revalorisation et la réalité. Les difficultés de recrutement de la profession changeront-elles la donne cette fois-ci ?
Sources
- Btissam Bouzidi, Touria Jaaidane et Robert Gary-Bobo, Les traitements des enseignants français, 1960-2004 : La voie de la démoralisation ? », Revue d’économie politique, vol. 117, no. 3, 2007, pp. 323-363.
- Les agents titulaires de la fonction publique ne perçoivent pas un salaire, mais un traitement, lié à leur statut, qui dépend de leur corps d’appartenance, de leur grade et de leur ancienneté. Le traitement brut, appelé aussi traitement indiciaire brut, est égal au nombre de points d’indice associé à leur statut multiplié par la valeur du point d’indice.
- Cette prime est venue en remplacement d’une indemnité de conseil de classe qui n’était versée qu’aux enseignants des classes de collège. L’augmentation des salaires net en janvier 1993 est donc en partie surévaluée par le fait que l’indemnité de conseil de classe n’est pas prise en compte avant 1993 (car elle ne concernait pas tous les enseignants).
- Les enseignants peuvent également percevoir, en fonction de leur nombre d’enfants et leur lieu d’exercice professionnel, des rémunérations annexes (le supplément familial de traitement, l’indemnité de résidence et l’indemnité d’exercice en éducation prioritaire). SI l’indemnité de résidence est modélisée ici, ce n’est pas le cas du supplément familial de traitement et de l’indemnité d’exercice en éducation prioritaire qui ne concernent qu’une partie des enseignants.
- Cette source n’a été utilisée, à notre connaissance, que par Bernard Schwengler dans son livre, Salaires des enseignants. La chute, L’Harmattan, 2021. Pour des détails sur la construction de la série de données, le lecteur intéressé pourra se référer à l’annexe méthodologique en lien avec cet article.
- Le salaire des cadres non enseignants de la FPE n’est malheureusement plus disponible à partir de 2011 et le changement de source (passage au Siasp) dans les séries longues des rapports annuels de la fonction publique.
- Alors que les employés et ouvriers représentaient 67 % des salariés en 1982, ils en représentent 52 % en 2018, tandis que les cadres et PI représentent 48 % des salariés, contre 33 % il y a quarante ans.