Cela fait désormais plus d’un an que la population de la ville d’el-Fasher, située dans la province soudanaise du Darfour du Nord, est encerclée par les Forces de soutien rapide (FSR), la milice commandée par Mohamed Hamdan Dogolo, appelé « Hemeti ».
La capitale provinciale est désormais entièrement encerclée par un mur de près de 40 kilomètres visant à filtrer les entrées et les sorties.
- Selon une enquête réalisée sur le terrain par l’ONG MedGlobal, la situation humanitaire n’a cessé de se détériorer ces derniers mois dans le Darfour.
- Près des trois-quarts (74 %) des personnes interrogées par MedGlobal déclarent n’avoir « jamais » ou « rarement » avoir eu accès à de la nourriture lorsqu’ils se trouvaient à l’intérieur des enceintes de la ville d’el-Fasher, et plus d’un quart (26 %) disent ne « jamais » avoir eu accès à de l’eau 1.
- L’enquête a été réalisée à Al Dabbah, dans l’État du Nord — située à 800 kilomètres d’el-Fasher —, où plusieurs milliers de personnes ayant fui la ville ont été déplacées.
L’enquête révèle les conséquences humanitaires de la stratégie armée des FSR contre les populations civiles, dont plus de 90 % déclarent que leur maison a été « endommagée, détruite ou pillée » avant leur départ. L’accès aux soins de santé est quant à lui de plus en plus rare, la ville ne disposant plus que d’un seul hôpital, al Saudi, qui fait régulièrement l’objet d’attaques.
- Environ 260 000 civils vivent toujours à el-Fasher. Avant la guerre du Darfour de 2023, la ville comptait environ 700 000 habitants.
- La stratégie d’Hemeti consiste à rendre la ville — où des troupes de l’armée soudanaise et des groupes armés alliés du Darfour sont retranchées — invivable afin de pouvoir en saisir le contrôle.
- Les commandants des FSR ont déclaré considérer toute personne vivant toujours dans la ville comme un « combattant ennemi », s’arrogeant ainsi le droit de prendre pour cible les populations civiles.
Les combattants d’Hemeti ont intensifié leur offensive depuis la fin de l’été, progressant marginalement dans les parties nord de la ville. Ces derniers utilisent désormais des drones pour mener des attaques au « gaz toxique » transporté dans des bidons en plastique 2. En septembre, des images satellites ont révélé que les FSR disposaient de drones kamikazes longue distance susceptible d’être de fabrication chinoise 3.
Sources
- Surviving the Siege : Voices from El Fasher, Sudan, MedGlobal, 15 octobre 2025.
- « RSF accused of using drone-delivered toxic gas on civilians in El Fasher », Sudan Tribune, 6 octobre 2025.
- Nafisa Eltahir, « Long-range ‘kamikaze’ drones seen near RSF base could worsen conflict in Sudan », Reuters, 12 septembre 2025.