Après l’échec d’un premier vote au sein de la commission sur le Budget de la Chambre des représentants la semaine dernière, le nouveau budget de l’administration Trump devrait passer dans les prochains jours la chambre basse du Congrès, avant d’être étudié au Sénat — qui est susceptible de remanier le texte, tout en conservant ses principales lignes.

Hier, mardi 20 mai, Donald Trump s’est rendu personnellement au Capitole afin d’exhorter les élus républicains à faire passer son budget. S’exprimant face à des journalistes, le président américain a revendiqué être le « plus grand faucon budgétaire » de Washington.

  • Une partie du caucus républicain de la Chambre s’oppose au texte en raison d’une réduction des dépenses jugée insuffisante. Le Freedom Caucus, groupe parlementaire à la droite du GOP, dénonce notamment l’impact du texte sur le déficit ainsi que des économies potentielles « qui pourraient ne jamais se matérialiser » 1.
  • Selon la dernière estimation réalisée par le Bureau du Congrès sur le budget (CBO), une agence fédérale non-partisane, les mesures fiscales contenues dans le nouveau budget de Trump conduiraient à creuser le déficit fédéral de 3 800 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. Cette hausse serait notamment causée par la prolongation des dispositions contenues dans la loi fiscale de 2017 2.
  • Si la majorité des think-tanks et centres de recherche indépendants considèrent que le « One Big Beautiful Bill Act » aurait un impact négatif sur les finances du gouvernement fédéral, les économistes de la Maison-Blanche revendiquent quant à eux une hausse du PIB de 4,2 % à 5,2 % à court terme et de 2,9 % et 3,5 % à long terme 3.

Les Démocrates devraient unanimement rejeter ce budget. Compte tenu de la faible majorité républicaine à la Chambre, le speaker Mike Johnson ne pourra se permettre que trois défections — deux élus du GOP, Chip Roy et Thomas Massie, ont déjà signalé qu’ils voteraient probablement contre. Afin de maintenir l’unité au sein de ses rangs, Donald Trump a menacé hier les législateurs républicains qui s’opposeraient au texte de soutenir d’autres candidats lors des primaires du parti. La Chambre des représentants sera entièrement renouvelée en novembre 2026.

  • La Maison-Blanche souhaite réduire les dépenses discrétionnaires (qui ne touchent pas à la sécurité sociale ou aux programmes Medicare et Medicaid) non liées à la défense de 163 milliards de dollars par rapport à 2025, ce qui représenterait une baisse de 22,6 % — soit un retour aux niveaux de 2017.
  • Les dépenses liées à la sécurité nationale seraient quant à elles portées à plus de 1 000 milliards de dollars par an (+ 13 % par rapport à leurs niveaux actuels), dont une augmentation de 113 milliards pour le budget du Pentagone.
  • Cette hausse servirait notamment à financer le « Golden Dome » de Trump, un bouclier anti-missiles inspiré du Dôme de fer israélien, le futur avion de chasse F-47 ainsi qu’une augmentation des capacités de construction navale.
  • En matière fiscale, cette nouvelle loi prolongerait les réductions d’impôt accordées en 2017 par les Républicains. Comme lors du premier mandat de Trump, ce sont les ménages aux revenus les plus élevés qui bénéficieraient des réductions les plus importantes, tandis que ceux gagnant moins de 20 000 dollars par an verraient leurs impôts légèrement augmenter 4.
  • L’un des impacts les plus importants de ce nouveau budget serait la perte de l’assurance santé pour près de 9 millions d’Américains d’ici la fin de la décennie. Le budget du Programme d’aide alimentaire supplémentaire (SNAP), qui fournit chaque mois des bons alimentaires à plus de 40 millions de personnes, serait quant à lui réduit de 300 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.

Les sondages commandés par des groupes d’intérêt alignés sur le parti Démocrate suggèrent que les coupes dans l’aide alimentaire, le programme Medicaid ainsi que les réductions d’impôts pour les ménages les plus aisés sont les mesures les plus impopulaires du budget de Trump 5. La Maison-Blanche nie quant à elle l’impact qu’aurait cette loi sur le déficit fédéral, et met en avant les « économies les plus importantes de l’histoire » 6.