Le résultat de l’élection ne fait aucun doute : Alexandre Loukachenko, qualifié de « dernier dictateur d’Europe », sera proclamé vainqueur pour un septième mandat.
- En 2020, le résultat officiel de 80 % des voix en faveur de Loukachenko avait déclenché des manifestations massives à travers le pays. Des milliers de Biélorusses étaient descendus dans la rue pour protester contre la fraude électorale. La violente répression policière ayant suivi avait conduit à l’arrestation de milliers de protestataires et critiques du régime. Aujourd’hui, la plupart des opposants et potentiels rivaux sont emprisonnés ou ont été contraints à l’exil.
- Le Royaume-Uni, l’Union européenne et les États-Unis ne reconnaissent pas Loukachenko comme le président légitime du Bélarus.
- Le 22 janvier, le Parlement européen a adopté une résolution demandant « à l’Union européenne de rejeter et de dénoncer le simulacre d’élection présidentielle au Bélarus ».
- « Les députés dénoncent également la complicité du régime de Loukachenko dans la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine et condamnent la subordination délibérée du Bélarus à la Russie dans un soi-disant État d’union » 1.
Si les troupes biélorusses ne sont pas officiellement mobilisées sur le front en Ukraine, le Bélarus est néanmoins partie intégrante de la guerre de Poutine.
- Loukachenko a donné l’autorisation aux troupes russes d’envahir l’Ukraine depuis son territoire en 2022 et d’y entreposer des armes nucléaires tactiques. La révision de la doctrine nucléaire russe en 2024 inclut également les agressions contre le Bélarus comme motif légitime d’utilisation de son arsenal atomique.
- En décembre, Loukachenko et Poutine ont signé un accord remplaçant le concept de sécurité de l’État de l’Union de 1999 2. Vendredi 24 janvier, deux jours avant le scrutin, le secrétaire du Conseil de sécurité russe Sergueï Choïgou a présenté le nouvel accord en suggérant que celui-ci pourrait faire avancer l’objectif de Moscou d’annexer de facto le Bélarus dans le cadre de l’Union supranationale qui lie les deux pays 3.
Kaja Kallas, la Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères, organise ce soir un dîner de travail sur la situation au Bélarus. Les 27 devraient également discuter, lors du Conseil des affaires étrangères de demain, de l’application de sanctions supplémentaires contre le régime.
- Pour Svetlana Tikhanovskaïa, leader de l’opposition en exil, « le temps de Loukachenko viendra ».
Dans un entretien paru dans ces pages, elle affirme que « Loukachenko mettra l’accent sur la participation, mais personne ne comptera les voix ni n’ira chercher les vrais chiffres. Tout est faux. Je crains que les gens ne soient physiquement forcés d’aller voter, c’est pourquoi nous conseillons à tous d’indiquer sur leur bulletin de vote “contre tous” ».
Sources
- Le Parlement dénonce le simulacre d’élection présidentielle à venir au Bélarus, Communiqué de presse, Parlement européen, 22 janvier 2025.
- « « Беспрецедентный уровень стратегического союзничества ». Как совместные программы Союзного государства в области обороны укрепляют безопасность Беларуси и России », БЕЛТА, 26 décembre 2024.
- « Шойгу : концепция безопасности РФ и Белоруссии в мировых условиях необходима », ТАСС, 24 janvier 2025