Milei à Davos : le discours intégral
Après l’économie, Javier Milei se lance dans les guerres culturelles. Son projet ? « Rendre à l’Occident sa grandeur » en assumant de prendre la tête d’une internationale réactionnaire aux côtés de ses « camarades de lutte » : Trump, Musk, Meloni Orbán.
Avec son dernier discours à Davos, le style Milei vient de connaître une inflexion majeure. Nous le traduisons et le commentons ligne à ligne.
- Auteur
- Fernando Pittaro •
- Image
- Le président argentin Javier Milei prononce son discours lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, jeudi 23 janvier 2025. © AP Photo/Markus Schreiber
L’intervention du président argentin au Forum de Davos n’est, une fois encore, pas passée inaperçue. Le public, qui oscillait entre l’étonnement et la stupéfaction, a écouté son discours et n’a laissé échapper qu’un faible applaudissement à la fin de son intervention. Insultes, déclarations grandiloquentes et alignement automatique sur les États-Unis sont quelques-unes des clefs d’une nouvelle mise en scène mêlant dogmatisme de marché, autoritarisme politique et vulgarisation rhétorique.
Quelques heures avant de prononcer son discours à Davos, Milei avait écrit une lettre sur le réseau X de son ami Elon Musk pour le défendre des accusations d’être un nazi après son salut devant ses partisans.
« Non seulement nous n’avons pas peur de vous, mais nous vous poursuivrons jusque dans les coins les plus reculés de la planète pour défendre la LIBERTÉ. Tremblez, gauchos fils de pute. La liberté avance. VIVE LA LIBERTÉ, PUTAIN » concluait son message téméraire.
Milei était euphorique. Il revenait de l’investiture de « son allié » Trump et de la promesse du magnat Marc Benioff, propriétaire de Salesforce, d’investir 500 millions de dollars en Argentine.
Une fois derrière le pupitre, sans lever les yeux de ses notes, il a lu le discours d’un ton monocorde, cherchant parfois la complicité d’un public qui semblait plus mal à l’aise qu’attentif.
Jusqu’ici, rien de très différent de sa dernière apparition à Davos il y a un an. Mais certains changements sont à noter.
Cette fois-ci, il a très peu parlé d’économie. La quasi-totalité de son discours a été consacrée à sa nouvelle obsession : la guerre culturelle.
Avec l’aide de ses deux plumes, Nicolás Márquez et Agustín Laje, on voit clairement comment Milei abandonne son discours plus orthodoxe — « libéral libertarien » — pour se rapprocher de plus en plus du cadre proposé par l’alt-right — plus paléolibertarien que libertarien.
Dans le discours qu’il a prononcé il y a deux mois à Buenos Aires, dans le cadre de la Convention CPAC, il avait commencé à donner quelques indices de ce changement de cap. Il y parlait pour la première fois de la nécessité d’assumer une position de droite afin de pouvoir mener la bataille culturelle qu’exige le climat actuel :
« La seule façon de combattre le socialisme, c’est par la droite. Quant à l’extrême centre, ses positions et ses outils sont toujours et partout fonctionnels pour la gauche criminelle. C’est-à-dire que tous ces tièdes qui veulent aller au centre, la seule chose qu’ils font, c’est céder du terrain à la gauche — et on ne peut pas céder un pouce à la gauche. »
Le changement de ligne est évident si l’on compare rapidement l’utilisation du langage entre le discours de l’année dernière au même forum et celui de cette année 2025, comme le propose le biographe de Milei, le journaliste Juan González, auteur du livre El Loco.
Bonjour à tous. Combien de choses ont changé en si peu de temps. Il y a un an, je me tenais ici, devant vous, dans la solitude, et j’ai dit quelques vérités sur l’état du monde occidental qui ont été accueillies avec surprise et étonnement par une grande partie de l’establishment politique, économique et médiatique occidental. Et je dois admettre que, dans un sens, je comprends. Un président d’un pays qui, en raison d’un échec économique systématique pendant plus de 100 ans, de positions pusillanimes dans les principaux conflits mondiaux et d’une fermeture au commerce, a perdu pratiquement toute pertinence internationale au fil des ans… Un président de ce pays monte sur cette tribune et dit au monde entier qu’ils ont tort, qu’ils vont à l’échec, que l’Occident s’est égaré et qu’il faut le remettre sur la bonne voie.
Milei insiste à nouveau, comme il l’a fait à plusieurs reprises pendant la campagne électorale, sur le fait que le déclin de l’Argentine a commencé il y a cent ans, précisément lorsque la pleine démocratie venait d’être inaugurée grâce à la loi Sáenz Peña, qui garantissait le vote « universel, secret et obligatoire ». Il ne se plaint plus de l’échec des « 70 ans de péronisme », comme a pu le répéter le gouvernement de Mauricio Macri. Milei fait remonter l’échec de l’Argentine à plus loin : le pays aurait commencé à aller mal lorsque les droits civiques ont été étendus et que l’élection des représentants publics a cessé d’être un privilège des élites… — paradoxes libertariens.
Un président de ce pays, l’Argentine, qui n’était pas un homme politique, qui n’avait aucun soutien législatif, qui n’avait aucun soutien de la part des gouverneurs, des hommes d’affaires ou des groupes de médias. Dans ce discours, ici, devant vous, je vous ai dit que c’était le début d’une nouvelle Argentine, que l’Argentine avait été infectée par le socialisme pendant trop longtemps et qu’avec nous, elle allait embrasser à nouveau les idées de la liberté ; un modèle que nous résumons dans la défense de la vie, de la liberté et de la propriété privée.
Je vous ai également dit qu’en un sens, l’Argentine était le spectre du futur Noël de l’Occident, car nous avions déjà vécu tout ce que vous viviez et nous savions déjà comment cela se terminerait. Un an plus tard, je dois dire que je ne me sens plus si seul, je ne me sens plus si seul parce que le monde a embrassé l’Argentine. L’Argentine est devenue un exemple mondial de responsabilité fiscale, de respect de nos obligations, de la façon de mettre fin au problème de l’inflation et aussi d’une nouvelle façon de faire de la politique, qui consiste à dire la vérité en face des gens et à faire confiance aux gens pour qu’ils comprennent.
Je ne me sens pas non plus seul, car tout au long de cette année, j’ai pu trouver des camarades dans cette lutte pour les idées de la liberté aux quatre coins de la planète. Du merveilleux Elon Musk à la féroce dame italienne, ma chère amie, Giorgia Meloni ; de Bukele au Salvador à Victor Orbán en Hongrie ; de Benjamin Netanyahou en Israël à Donald Trump aux États-Unis. Lentement, une alliance internationale de toutes les nations qui veulent être libres et qui croient aux idées de liberté s’est formée.
Il reconnaît et défend la consolidation de « l’internationale réactionnaire » qui l’abrite dans son combat idéologique et nomme ses principaux alliés internationaux avec lesquels il partage les mêmes ennemis (agenda woke, féminisme, agenda 2030, etc.), même s’il n’est pas nécessairement d’accord sur des questions telles que le protectionnisme économique, le commerce international et l’immigration. Mais ce qui importe ici pour lui, c’est de tracer la ligne et de dire : les « personnes du bien » sont de notre côté et nous partageons avec elles les « valeurs occidentales civilisées ».
Et lentement, ce qui semblait être une hégémonie mondiale absolue de la gauche en politique, dans les institutions éducatives, dans les médias, dans les organismes supranationaux ou dans des forums tels que Davos, s’est fissuré et l’espoir pour les idées de la liberté commence à émerger.
Je suis ici aujourd’hui pour vous dire que notre bataille n’est pas gagnée, que si l’espoir renaît, il est de notre devoir moral et de notre responsabilité historique de démanteler l’édifice idéologique du wokisme maladif. Tant que nous n’aurons pas réussi à reconstruire notre cathédrale historique, tant que nous n’aurons pas réussi à faire en sorte que la majorité des pays occidentaux embrassent à nouveau les idées de liberté, tant que nos idées ne seront pas devenues la monnaie courante dans les couloirs d’événements comme celui-ci, nous ne pouvons pas abandonner car, je dois le dire, des forums comme celui-ci ont été les protagonistes et les promoteurs du sinistre agenda du wokisme qui fait tant de mal à l’Occident. Si nous voulons changer, si nous voulons vraiment défendre les droits des citoyens, nous devons commencer par leur dire la vérité.
Milei insiste, et il le fera tout au long de sa présentation, sur le fait que le véritable ennemi de la civilisation n’est pas la guerre, la faim, le chômage ou le changement climatique — mais la « culture woke », l’agenda progressiste qui, avec ses postulats, viendrait renverser les idées de la liberté en Occident.
Et la vérité, c’est qu’il y a quelque chose de profondément erroné dans les idées qui ont été promues dans des forums comme celui-ci. Je voudrais prendre quelques minutes, aujourd’hui, pour en discuter. Peu de gens aujourd’hui nient que le vent du changement souffle sur l’Occident. Il y a ceux qui résistent au changement, ceux qui l’acceptent à contrecœur mais qui finissent par l’accepter, les nouveaux convertis qui apparaissent lorsqu’ils le considèrent comme inévitable et, enfin, ceux d’entre nous qui se sont battus toute leur vie pour son avènement.
Comme l’année dernière, fort d’une prétendue supériorité morale que lui confère l’incarnation de l’idéologie de la liberté, il dit en face aux hommes d’affaires les plus riches du monde qu’ils ont tort et qu’ils sont complices du « sinistre agenda woke ». Le paradoxe est frappant : y a-t-il quelque chose de moins « libéral » que de contester des débats, de faire taire des idées ou de dire ce dont on peut parler et ce dont on ne peut pas parler ?
Chacun d’entre vous saura dans quel groupe il se reconnaît, il y a sûrement un peu de chaque dans cette assemblée, mais tous reconnaîtront certainement que le temps du changement frappe à la porte. Les moments de changement historique ont une particularité : ce sont des moments où les formules en place depuis des décennies sont épuisées, où les façons de faire qui étaient considérées comme uniques cessent d’avoir un sens et où ce qui, pour beaucoup, était des vérités incontestables est finalement remis en question. C’est une époque où les règles sont réécrites et où l’on récompense ceux qui ont le courage de prendre des risques.
Mais une grande partie du monde libre préfère encore le confort du connu, même si c’est la mauvaise voie, et s’obstine à appliquer les recettes de l’échec. Et la grande enclume qui apparaît comme un dénominateur commun dans les pays et les institutions qui échouent, c’est le virus mental de l’idéologie woke. C’est la grande épidémie de notre époque qu’il faut soigner, c’est le cancer qu’il faut éliminer.
À l’ère de la cruauté — moment historique auquel nous assistons de manière accélérée et hyperbolique — l’ennemi n’est pas respecté, il est humilié. Il est réduit à l’état d’animal (Milei a pour habitude de qualifier de « rats » ses opposants) ou de maladie (parasite, virus, cancer) et est adjectivé de la manière la plus péjorative qui soit (dégénéré, misérable).
Cette idéologie a colonisé les institutions les plus importantes du monde, depuis les partis et les États des pays libres de l’Occident jusqu’aux organisations de gouvernance mondiale, en passant par les institutions non gouvernementales, les universités et les médias, et a façonné le cours de la conversation mondiale au cours des dernières décennies. Tant que nous n’aurons pas éliminé cette idéologie aberrante de notre culture, de nos institutions et de nos lois, la civilisation occidentale et même l’espèce humaine ne pourront pas retrouver la voie du progrès qu’exige notre esprit pionnier.
Il est indispensable de briser ces chaînes idéologiques si nous voulons entrer dans un nouvel âge d’or. C’est pourquoi je souhaite consacrer quelques minutes aujourd’hui à briser ces chaînes, mais parlons d’abord de ce pour quoi nous nous battons. L’Occident représente le sommet de l’espèce humaine, le terreau fertile de son héritage gréco-romain et de ses valeurs judéo-chrétiennes a planté les graines de quelque chose d’inédit dans l’histoire. En s’imposant définitivement face à l’absolutisme, une nouvelle ère de l’existence humaine s’est ouverte. Dans ce nouveau cadre moral et philosophique qui plaçait la liberté individuelle au-dessus des caprices du tyran, l’Occident a pu libérer la capacité créatrice de l’humanité, lançant un processus de création de richesses jamais vu auparavant.
Les données parlent d’elles-mêmes : jusqu’en 1800, le PIB mondial par habitant est resté pratiquement constant. Toutefois, à partir du XIXe siècle et grâce à la révolution industrielle, le PIB par habitant a été multiplié par 20, ce qui a permis à 90 % de la population mondiale de sortir de la pauvreté alors que la population avait été multipliée par huit. Cela n’a été possible que grâce à une convergence de valeurs fondamentales, le respect de la vie, de la liberté et de la propriété, qui a rendu possible le libre-échange, la liberté d’expression, la liberté de religion et les autres piliers de la civilisation occidentale.
À cela s’ajoute notre esprit faustien, inventif, explorateur, pionnier, qui teste sans cesse les limites du possible. Un esprit pionnier qui est aujourd’hui représenté, entre autres, par mon cher ami Elon Musk, qui a été injustement vilipendé par le wokisme, ces dernières heures, pour un geste innocent qui ne fait que signifier sa gratitude envers le peuple. En résumé, nous avons inventé le capitalisme sur la base de l’épargne, de l’investissement, du travail, du réinvestissement et du travail acharné. Nous avons permis à chaque travailleur de multiplier sa productivité par 10, 100 ou même 1000, déjouant ainsi le piège malthusien. Cependant, à un moment donné du XXe siècle, nous nous sommes égarés et les principes libéraux qui nous avaient rendus libres et prospères ont été trahis.
Une nouvelle classe politique, sous des idéologies collectivistes, et profitant des moments de crise, a vu une occasion parfaite d’accumuler du pouvoir. Toute la richesse créée par le capitalisme jusqu’alors et à l’avenir serait redistribuée dans le cadre d’un plan centralisé, donnant ainsi le coup d’envoi d’un processus dont nous subissons aujourd’hui les conséquences désastreuses. Poussant un programme socialiste, mais opérant insidieusement au sein du paradigme libéral, cette nouvelle classe politique a déformé les valeurs du libéralisme. Elle a remplacé la liberté par la libération, en utilisant le pouvoir coercitif de l’État pour distribuer la richesse créée par le capitalisme. Leur justification était l’idée sinistre, injuste et aberrante de justice sociale, complétée par des cadres théoriques marxistes visant à libérer l’individu de ses besoins. Et au cœur de ce nouveau système de valeurs, le postulat fondamental selon lequel l’égalité devant la loi ne suffit pas, car il existe des injustices de base cachées qui doivent être corrigées, représente une mine d’or pour les bureaucrates qui aspirent à la toute-puissance.
Les bureaucrates représentent « la caste ». Ce signifiant vide que Milei a réussi à remplir de contenu lors de la campagne électorale et qu’il continue d’utiliser comme synonyme du « privilège » que la classe politique détient sur une population sans défense qui est pillée par la voracité d’un État qui vous vole compulsivement par le biais des impôts. C’est avec ce récit simple mais efficace que Milei est arrivé au pouvoir. Comme le disait Giuliano da Empoli, l’addition « colère » + « algorithme » est l’équation de notre temps : Milei l’a parfaitement compris.
Voilà ce qu’est fondamentalement le wokisme, le résultat de l’inversion des valeurs occidentales. Chacun des piliers de notre civilisation a été transformé en une version déformée de lui-même par l’introduction de divers mécanismes de sa version culturelle. Des droits négatifs à la vie, à la liberté et à la propriété, nous sommes passés à un nombre artificiellement infini de droits positifs. Ce fut d’abord l’éducation, puis le logement, et de là, des choses dérisoires comme l’accès à Internet, au football télévisé, au théâtre, aux soins esthétiques et à une foule d’autres désirs ont été transformés en droits humains fondamentaux, des droits que, bien sûr, quelqu’un doit payer. Et qui ne peuvent être garantis que par l’expansion infinie de l’État aberrant. En d’autres termes, du concept de liberté comme protection fondamentale de l’individu contre l’intervention du tyran, nous sommes passés au concept de libération par l’intervention de l’État. C’est sur cette base que s’est construit le wokisme, un régime de pensée unique, soutenu par différentes institutions dont le but est de criminaliser la dissidence. Le féminisme, la diversité, l’inclusion, l’égalité, l’immigration, l’avortement, l’environnementalisme, l’idéologie du genre, entre autres, sont autant de têtes d’une même créature dont le but est de justifier l’avancée de l’État par l’appropriation et la déformation de nobles causes.
Examinons-en quelques-unes. Le féminisme radical est une distorsion du concept d’égalité et, même dans sa version la plus bienveillante, il est redondant, puisque l’égalité devant la loi existe déjà en Occident. Tout le reste n’est que recherche de privilèges, et c’est ce que le féminisme radical vise en réalité, en opposant une moitié de la population à l’autre alors qu’elles devraient être du même côté. Nous allons même jusqu’à normaliser le fait que, dans de nombreux pays prétendument civilisés, si vous tuez une femme, cela s’appelle un fémicide, et que cela entraîne une peine plus lourde que si vous tuez un homme, simplement en raison du sexe de la victime.
À la suite de ces déclarations, le ministre de la justice de Milei fait déjà pression pour que la définition du « féminicide » dans le code pénal soit modifiée.
Inscrire de fait dans la loi que la vie d’une femme vaut plus que celle d’un homme, brandir l’étendard de l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes… Lorsque l’on examine les données, il est clair qu’il n’y a pas d’inégalité pour une même tâche, mais que la plupart des hommes ont tendance à avoir des métiers qui payent mieux que la plupart des femmes. Pourtant, ils ne se plaignent pas que la majorité des prisonniers soient des hommes, ni que la majorité des plombiers soient des hommes, ni que la majorité des victimes de vols ou de meurtres soient des hommes, et encore moins que la majorité des personnes tuées dans les guerres soient des hommes.
Mais si l’on soulève ces questions, nous sommes traités de misogynes dans les médias ou même dans ce forum, simplement pour avoir défendu un principe élémentaire de la démocratie moderne et de l’État de droit, à savoir l’égalité devant la loi et les données.
Le wokisme se manifeste en outre dans le sinistre écologisme radical et la bannière du changement climatique. Préserver notre planète pour les générations futures est une question de bon sens — personne ne veut vivre dans une poubelle. Mais là encore, le wokisme a réussi à pervertir cette idée élémentaire de préservation de l’environnement pour le plaisir des êtres humains, et nous sommes passés à un environnementalisme fanatique où l’homme est un cancer qu’il faut éliminer, et où le développement économique n’est rien de moins qu’un crime contre la nature.
Cependant, lorsque l’on affirme que la Terre a déjà connu cinq cycles de changements brusques de température et que, dans quatre d’entre eux, l’homme n’existait même pas, on nous traite de complotiste afin de discréditer nos idées, sans tenir compte du fait que la science et les données sont de notre côté. Ce n’est pas une coïncidence si ces mêmes personnes sont les principaux promoteurs de l’agenda sanguinaire et meurtrier de l’avortement, un agenda conçu sur la base du postulat malthusien selon lequel la surpopulation détruira la terre et que nous devons donc mettre en œuvre un mécanisme de contrôle de la population. En réalité, ce principe a déjà été adopté, à tel point que le taux de croissance de la population sur la planète commence aujourd’hui à poser problème.
Quelle tâche ils se sont assignée avec ces aberrations de l’avortement ! Depuis ces forums est promu l’agenda LGBT, voulant nous imposer que les femmes sont des hommes et que les hommes ne sont des femmes que si c’est ainsi qu’ils s’auto-perçoivent, et ils ne disent rien lorsqu’un homme se déguise en femme et tue son rival sur un ring de boxe ou lorsqu’un prisonnier prétend être une femme et finit par violer toutes les femmes qui croisent son chemin en prison.
Sans aller plus loin, il y a quelques semaines, le cas de deux homosexuels américains qui, en arborant le drapeau de la diversité sexuelle, ont été condamnés à 100 ans de prison pour avoir abusé et filmé leurs enfants adoptifs pendant plus de deux ans, a fait la une des journaux du monde entier. Je tiens à préciser que lorsque je parle d’abus, il ne s’agit pas d’un euphémisme, car dans ses versions les plus extrêmes, l’idéologie du genre constitue une véritable maltraitance des enfants. Ce sont des pédophiles, je veux donc savoir qui cautionne ces comportements.
Le directeur de cabinet de Milei, Guillermo Francos, a reconnu qu’il n’était pas gêné par les homosexuels, à condition qu’ils fassent ce qu’ils veulent « derrière des portes closes » et qu’ils ne troublent pas les jeunes.
Ils causent des dommages irréversibles à des enfants en bonne santé par des traitements hormonaux et des mutilations, comme si un enfant de moins de cinq ans pouvait consentir à une telle chose. Et s’il arrivait que leur famille ne soit pas d’accord, il y aurait toujours des agents de l’État prêts à intervenir au nom de ce qu’ils appellent l’intérêt du mineur. Croyez-moi, les expériences scandaleuses menées aujourd’hui au nom de cette idéologie criminelle seront condamnées et comparées à celles qui ont eu lieu pendant les périodes les plus sombres de notre histoire. Et pour couvrir cette multitude de pratiques abjectes, il y a l’éternelle victimisation toujours prête à lancer des accusations d’homophobie ou de transphobie et autres inventions dont le seul but est de tenter de faire taire ceux qui dénoncent ce scandale duquel les autorités nationales et internationales sont complices.
D’autre part, dans nos entreprises, dans nos institutions publiques et dans nos universités, le mérite a été écarté par la doctrine de la diversité, ce qui implique une régression vers les systèmes nobiliaires d’antan. On invente des quotas pour toutes les minorités que les politiciens peuvent imaginer, ce qui ne fait que nuire à l’excellence de ces institutions. Le wokisme a également dénaturé la cause de l’immigration. La libre circulation des biens et des personnes étant à la base du libéralisme, nous le savons bien, l’Argentine, les États-Unis et bien d’autres pays ont été rendus grands par ces immigrants qui ont quitté leur patrie à la recherche de nouvelles opportunités.
Cependant, de la tentative d’attirer des talents étrangers pour promouvoir le développement, nous sommes passés à une immigration de masse motivée non pas par l’intérêt national mais par la culpabilité. L’Occident étant la cause supposée de tous les maux de l’histoire, il devrait se racheter en ouvrant ses frontières au monde entier, ce qui aboutirait nécessairement à une colonisation inversée, qui s’apparente à un suicide collectif.
C’est ce que l’on voit aujourd’hui à travers les images de hordes d’immigrés abusant, violant ou tuant des citoyens européens qui n’ont commis que le péché de ne pas avoir adhéré à une religion particulière. Mais quand on s’interroge sur ces situations, on est taxé de raciste, de xénophobe ou de nazi. Le wokisme a imprégné nos sociétés si profondément, promu par des institutions telles que celle-ci, que l’idée même de sexe a été remise en question par l’infâme idéologie du genre.
Cela a conduit à une intervention encore plus importante de l’État par le biais d’une législation absurde, l’État devant par exemple financer des hormones et des opérations chirurgicales d’un million de dollars pour se conformer à la perception que certains individus ont d’eux-mêmes. Nous ne voyons que maintenant les effets d’une génération entière qui a mutilé son corps, encouragée par une culture de la relativité sexuelle, et qui devra passer toute sa vie en traitement psychiatrique pour faire face à ce qu’elle s’est infligée, mais personne ne dit rien sur ces questions. Non seulement cela, mais ils ont également soumis la grande majorité à l’esclavage des perceptions erronées d’une infime majorité et, en plus, le wokisme cherche à prendre en otage notre avenir.
En occupant les chaires des universités les plus prestigieuses du monde, il forme les élites de nos pays à remettre en question et à nier la culture, les idées et les valeurs qui ont fait notre grandeur, endommageant ainsi davantage notre tissu social. Que reste-t-il pour l’avenir si nous apprenons à nos jeunes à avoir honte de notre passé ? Tout cela a été incubé et s’est développé de manière de plus en plus notoire au cours des dernières décennies, après la chute du mur de Berlin, curieusement les pays libres ont commencé à s’autodétruire lorsqu’ils n’ont plus eu d’adversaires à vaincre. La paix nous a rendus faibles, nous avons été vaincus par notre propre complaisance. Toutes ces aberrations et d’autres encore, que nous ne pouvons énumérer pour des raisons de temps, sont ce qui menace l’Occident aujourd’hui et sont, malheureusement, les croyances que des institutions comme celle-ci ont promues pendant quarante ans. Personne ici ne peut prétendre être innocent. Vous avez vénéré pendant des décennies une idéologie sinistre et meurtrière comme s’il s’agissait d’un veau d’or et avez remué ciel et terre pour l’imposer à l’humanité.
Cette déclaration est frappante et inquiétante. « La paix nous a rendus faibles », qui renvoie au premier paragraphe de son discours, affirme qu’une partie du déclin de l’Argentine est due au fait qu’elle a « adopté des positions timorées dans les grands conflits mondiaux ».
Que cachent ces mots ? À quel nouveau conflit, quelle nouvelle guerre Milei veut-il participer ? Où l’alignement automatique sur les États-Unis ou Israël mènera-t-il l’Argentine sur le plan géopolitique ?
Cette même organisation, ainsi que les organismes supranationaux les plus influents, ont été les idéologues de cette barbarie. Les agences multilatérales de prêt ont été un bras extorqueur et de nombreux États nationaux, en particulier l’Union européenne, en ont été et en sont un bras armé. Des citoyens au Royaume-Uni d’aujourd’hui ne sont-ils pas emprisonnés pour avoir révélé des crimes aberrants, véritablement épouvantables, commis par des migrants musulmans et que le gouvernement veut étouffer ?
Ou encore, les bureaucrates de Bruxelles n’ont-ils pas suspendu les élections roumaines simplement parce qu’ils n’aimaient pas le parti qui avait gagné ? Face à chacune de ces discussions, le wokisme tente de discréditer ceux qui remettent ces choses en question en nous étiquetant d’abord, puis en nous censurant : si vous êtes blanc, vous devez être raciste, si vous êtes un homme, vous devez être misogyne ou membre du patriarcat, si vous êtes riche, vous devez être un capitaliste cruel, si vous êtes hétérosexuel, vous devez être hétéronormatif, homophobe ou transphobe. Pour chaque questionnement, ils ont une étiquette, qu’ils essaient ensuite de censurer par des moyens de facto ou de jure.
Car sous le discours de la diversité, de la démocratie et de la tolérance qu’ils prétendent tenir, se cache en réalité la volonté manifeste de détruire la dissonance, la critique et, par essence, la liberté, afin de continuer à faire vivre un modèle dont ils sont les principaux bénéficiaires. N’avons-nous pas entendu ces jours-ci que certaines autorités européennes importantes, plutôt rouges, pour ainsi dire, appellent ouvertement à la censure ; ou qu’en réalité, il n’y a pas de censure, mais que ceux qui pensent différemment de l’idéologie woke doivent être réduits au silence.
Et quel type de société peut résulter du wokisme ? Une société qui a remplacé le libre échange des biens et des services par une distribution arbitraire des richesses sous la menace d’une arme, qui a remplacé les communautés libres par une collectivisation forcée, qui a remplacé le chaos créatif du marché par l’ordre stérile et sclérosé du socialisme. Une société pleine de ressentiment, où il n’y a que deux sortes de personnes, celles qui paient des impôts nets d’une part et celles qui sont les bénéficiaires de l’État, de l’autre. Et je ne parle pas de ceux qui reçoivent une aide sociale parce qu’ils n’ont pas assez à manger, je parle des entreprises privilégiées, des banquiers qui ont été renfloués lors des crises des subprimes, de la plupart des médias, des centres d’endoctrinement déguisés en universités, de la bureaucratie d’État, des syndicats, des organisations sociales, des entreprises publiques et de tous les secteurs qui vivent des impôts payés par ceux qui travaillent.
Ce passage cristallise l’alignement absolu sur le discours anti-élite qui identifie un large éventail de l’extrême droite, dont Milei ne faisait pas partie en principe parce qu’il était libertarien. Cela inclut les discours de Le Pen, Meloni, Abascal, Bolsonaro et Trump. De cette manière, Milei cesse d’être « l’OVNI libertarien » et commence à ressembler davantage à ces leaders qui revendiquent l’étendard de « l’anti-wokisme » comme leur identité constitutive.
Je parle du monde décrit par Ayn Rand dans La Grève, qui s’est malheureusement concrétisé. Un schéma dans lequel le grand gagnant est la classe politique, qui devient à son tour l’arbitre et la partie de cette répartition. Je le répète : la classe politique est à la fois l’arbitre et la partie intéressée dans cette répartition. Et comme toujours, c’est celui qui distribue qui obtient la meilleure part. Là où, sous les différences cosmétiques entre les différents partis se cachent des intérêts communs, des partenaires, des arrangements et un engagement inaltérable que rien ne changera, c’est pourquoi il les a tous appelés le Parti de l’État. Un système qui se cache derrière un discours bienveillant où, selon eux, le marché échoue et ce sont eux qui sont chargés de résoudre ces échecs par la réglementation, la force et la bureaucratie.
Mais la défaillance du marché n’existe pas.
Je vais le répéter encore une fois : la défaillance du marché n’existe pas.
Parce que le marché est un mécanisme de coopération sociale où les droits de propriété sont échangés volontairement. Les prétendues défaillances du marché sont une contradiction dans les termes, la seule chose qu’une telle intervention génère, ce sont de nouvelles distorsions du système des prix, qui à leur tour entravent le calcul économique, l’épargne et l’investissement et finissent donc par générer plus de pauvreté ou un enchevêtrement de réglementations, comme celui qui existe en Europe par exemple et qui tue la croissance économique. Comme je le dis souvent dans mes conférences : « si vous pensez qu’il y a une défaillance du marché, allez vérifier si l’État n’est pas au milieu, et si vous le trouvez, ne refaites pas l’analyse — parce qu’elle est fausse ».
Pour cette même raison, puisque le wokisme n’est ni plus ni moins qu’un plan systématique de l’État-parti pour justifier l’intervention de l’État et l’augmentation des dépenses publiques, cela signifie que notre première croisade, la plus importante si nous voulons retrouver l’Occident du progrès, si nous voulons construire un nouvel âge d’or, doit être la réduction drastique de la taille de l’État. Non seulement dans chacun de nos pays, mais aussi dans tous les organismes supranationaux.
Car c’est la seule façon de couper ce système pervers, de le vider de ses ressources, de rendre au contribuable ce qui lui appartient et de mettre fin à la vente de faveurs. Il n’y a pas de meilleure méthode que d’éliminer la bureaucratie de l’État pour qu’il n’y ait pas de possibilité de vendre de telles faveurs.
Les fonctions de l’État devraient à nouveau être limitées à la défense du droit à la vie, à la liberté et à la propriété. Toute autre fonction que l’État s’arrogerait se ferait au détriment de sa mission fondamentale et aboutirait inexorablement au Léviathan omniprésent dont nous souffrons tous aujourd’hui. Nous assistons aujourd’hui à l’épuisement global de ce système qui nous a dominés au cours des dernières décennies. Tout comme en Argentine, dans le reste du monde, le seul conflit pertinent de ce siècle et de tous ceux qui l’ont précédé devient plus aigu : le conflit entre les citoyens libres et la caste politique qui s’accroche à l’ordre établi, redoublant d’efforts en matière de censure, de persécution et de destruction.
Heureusement, dans le monde libre, une majorité silencieuse s’organise et, dans tous les coins de notre hémisphère, l’écho de ce cri pour la liberté résonne. Nous sommes confrontés à un changement d’époque, à un tournant copernicien, à la destruction d’un paradigme et à la construction d’un autre, et si les institutions d’influence mondiale, telles que cette assemblée, veulent tourner la page et participer de bonne foi à ce nouveau paradigme, elles devront assumer la responsabilité du rôle qu’elles ont joué au cours de ces dernières décennies et reconnaître devant la société le mea culpa qui est exigé d’elles.
En conclusion, je voudrais m’adresser directement aux dirigeants du monde, à tous ceux qui dirigent aussi bien les États nationaux que les grands groupes économiques et les organisations internationales, qu’ils soient présents ici ou qu’ils nous écoutent depuis chez eux. Les formules politiques des dernières décennies que j’ai décrites dans ce discours ont échoué et s’effondrent sur elles-mêmes. Cela signifie que penser comme tout le monde pense, lire comme tout le monde lit, dire comme tout le monde dit ne peut que conduire à l’erreur, même si nombreux sont ceux qui persistent à marcher vers le précipice.
Le scénario des 40 dernières années est épuisé et quand un système s’essouffle, l’histoire s’ouvre. C’est pourquoi je dis à tous les dirigeants mondiaux : il est temps de sortir de ce scénario, il est temps de sortir de ce scénario, il est temps d’être audacieux, il est temps d’oser penser et d’oser écrire nos propres vers parce que lorsque les idées et les textes du présent disent tous les mêmes choses et disent les mauvaises choses, être courageux consiste précisément à être extemporané, à aller à rebours, à ne pas se laisser éblouir par les passagers, en perdant de vue l’universel ; Il consiste à retrouver des vérités qui étaient évidentes pour nos prédécesseurs et qui sont à la base du succès civilisationnel qu’a été l’Occident, mais que le régime de la pensée unique des dernières décennies a perçu comme une hérésie.
Comme l’a dit un jour Churchill, « plus nous regardons en arrière, plus nous pouvons voir loin ». En d’autres termes, nous devons retrouver les vérités oubliées de notre passé afin de dénouer le nœud du présent et de faire un nouveau pas en avant en tant que civilisation vers l’avenir. Et qu’est-ce que je vois quand je regarde en arrière ? Que nous devons adopter, une fois de plus, les dernières thèses qui ont fait leurs preuves en matière de réussite économique et sociale. C’est-à-dire le modèle de la liberté, la réappropriation des idées de liberté, le retour au libéralisme. C’est ce que nous faisons en Argentine, c’est ce que je suis sûr que le président Trump fera dans cette nouvelle Amérique, et c’est ce que nous invitons toutes les grandes nations libres du monde à faire pour arrêter à temps ce qui est clairement une voie menant à la catastrophe.
En définitive, ce que je vous propose, c’est de rendre à l’Occident sa grandeur. Aujourd’hui, comme il y a 215 ans, l’Argentine a brisé ses chaînes et vous invite — comme le dit notre hymne — tous les mortels du monde à entendre le cri sacré : liberté, liberté, liberté, liberté. Que les forces du ciel soient avec nous. Merci beaucoup à tous et… vive la liberté, putain !